«Gilets jaunes»: enquête après des appels au suicide de policiers
Par AlAhed avec Reuters
Le parquet de Paris a annoncé dimanche avoir ouvert une enquête après que des manifestants ont scandé samedi le slogan «Suicidez-vous!» à des membres des forces de l'ordre dans le cortège parisien lors de la 23e journée de mobilisation des «Gilets jaunes».
L'enquête, ouverte du chef d'outrage à personne dépositaire de l'autorité publique commis en réunion, a été confiée à la sûreté territoriale de Paris.
Des syndicats de policiers avaient réclamé des poursuites judiciaires au lendemain de ces propos tenus par certains manifestants sur la place de la République, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.
Des personnalités politiques de tous bords ont également condamné ces discours, alors qu'une trentaine de suicides de policiers sont intervenus depuis le début de l'année.
Le secrétaire national CRS du syndicat Unsa Police, David Michaux, a réclamé dimanche sur France info que les auteurs de ces slogans «inadmissibles» soient «identifiés, interpellés et condamnés».
«Il faut une réponse forte à ce qui s'est passé», a-t-il dit. «Je rappelle que c'est punissable d'une peine (...) de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende», a-t-il ajouté.
Condamnations unanimes
Dans un communiqué diffusé samedi soir, le syndicat Alternative Police CFDT avait déjà appelé les autorités à «faire preuve de la plus grande fermeté et engager toutes les poursuites qui pourront être introduites» à l'encontre des auteurs de ces slogans qui constituent «un véritable appel à la haine des policiers».
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a dénoncé ces faits samedi soir dans un message publié sur Twitter. «Honte à ceux qui se sont livrés à une telle ignominie. Soutien total à nos forces mobilisées, et à leurs familles. L'immense majorité des Français sait ce qu'elle leur doit», a-t-il écrit.
Le directeur général de la police nationale (DGPN), Eric Morvan, a quant à lui critiqué dimanche, également sur Twitter, «la bêtise crasse de certains slogans haineux (qui) ne mérite même pas notre indignation».
De nombreuses personnalités politiques ont fait part de leurs critiques tout au long du week-end.
Sur Twitter, samedi, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a dénoncé des propos «honteux», tandis que François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains (LR) pour les élections européennes, a estimé «qu'aucun de ceux qui ont crié cela ne doit rester impuni».
«Condamnons ensemble ces paroles révoltantes», a dit samedi dans un message publié sur Twitter la tête de liste de La République en marche (LaRem) pour les européennes, Nathalie Loiseau.
Vague de suicides dans la police
Selon la maire socialiste du Xe arrondissement de Paris, Alexandra Cordebard, interrogée dimanche matin sur CNEWS, «c'est parfaitement ignoble que d'entendre de tels propos».
«C'est inadmissible (...) c'est indéfendable, c'est insupportable, c'est immonde de dire ça et de chanter ça», a déclaré dimanche sur BFM TV Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux élections européennes.
L'association «Mobilisation des policiers en colère» (MPC), qui se veut indépendante des syndicats, évoque dans le bilan diffusé sur son site internet, dont la dernière actualisation date de jeudi dernier, un total de 29 suicides et trois morts en service depuis le début de l'année dans la police nationale.
Sur l'ensemble de l'année 2018, 35 policiers s'étaient donné la mort, selon le service d'information et de communication de la police (SICoP).
Face à cette vague de suicides, Christophe Castaner a annoncé mi-avril la mise en place d'une cellule de vigilance sur le sujet. Il a également promis une accélération du plan de renforcement de la prévention des suicides lancé en mai 2018 par son prédécesseur Gérard Collomb.
Selon un rapport sénatorial publié en juin dernier, le taux de suicide dans la police est supérieur de 36% à celui observé dans la population générale.