Attentats au Sri Lanka : au moins 290 morts, pas de revendication jusqu’à présent
Par AFP
Au moins 290 personnes ont été tuées et plus de 500 ont été blessées, dimanche 21 avril au Sri Lanka, dans une série d’attentats contre trois hôtels de luxe et trois églises, alors que les fidèles assistaient à la messe de Pâques, selon les autorités locales.
Ces explosions n’ont pas été revendiquées. Un couvre-feu a été décrété sur l’île pour une durée indéterminée.
Le bilan, communiqué par différentes sources policières, est provisoire et pourrait encore évoluer, car on dénombre des dizaines de blessés dans un état critique dans tous les lieux attaqués.
Une première série d’attentats a eu lieu, presque simultanément, dans la matinée :
Au moins 64 personnes ont été tuées par quatre explosions dans la capitale Colombo. Trois hôtels – le Cinnamon Grand, le Shangri-La, et le Kingsbury – ainsi que l’église catholique de Saint-Antoine, où avait lieu une messe, ont été attaqués et en partie détruits. Parmi les victimes figurent au moins 35 étrangers, dont des ressortissants indiens, turcs, portugais, néerlandais et chinois, trois Danois et au moins cinq britanniques d’après une source gouvernementale citée par l’Agence France-presse (AFP). Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo a confirmé dans un communiqué la mort de plusieurs ressortissants des Etats-Unis.
Au moins 67 personnes ont été tuées dans l’église catholique de Saint-Sébastien de Negombo, une ville à majorité catholique au nord de Colombo.
Au moins 25 personnes ont été tuées dans l’église évangélique Zion de la ville de Batticaloa, de l’autre côté de l’île, sur la côte Est.
Quelques heures plus tard, deux autres explosions ont eu lieu, portant le total à huit :
Au moins deux personnes ont été tuées dans une maison d’hôtes de Dehiwala, en banlieue sud de Colombo.
Trois policiers ont été tués par un kamikaze qui s’est fait exploser alors qu’ils fouillaient un bâtiment à Dematagoda, une banlieue de Colombo.
Aucune revendication, 13 arrestations
Aucun groupe n’a revendiqué ces attaques, mais les autorités ont annoncé l’arrestation au total de treize hommes appartenant au même groupe radical. La police a annoncé lundi qu’une « bombe artisanale » avait été trouvée tard dimanche sur une route menant vers le principal terminal de l’aéroport de Colombo et qu’elle avait été désamorcée avec succès.
En annonçant l’arrestation d’un premier groupe de huit suspects, le premier ministre Ranil Wickremesinghe a déclaré à la télévision: « Jusqu’ici les noms que nous avons sont locaux » mais les enquêteurs cherchent à savoir s’ils ont d’éventuels « liens avec l’étranger ».
Il a par ailleurs reconnu qu’« il y avait des informations », qui « doivent faire l’objet d’une enquête », sur des risques d’attaques. Le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait émis une alerte il y a dix jours, sur la foi d’informations « d’une agence de renseignement étrangère » avertissant qu’un mouvement islamiste, le NTJ, projetait « des attentats suicide contre des églises importantes » et l’ambassade d’Inde à Colombo.
Couvre-feu et réseaux sociaux bloqués
Un couvre-feu a été décrété sur l’ensemble de l’île pour une durée indéterminée. Celui-ci ne concernera pas les touristes, qui pourront se rendre à l’aéroport en présentant leur billet. Le ministère français des affaires étrangères a ouvert une cellule de crise, joignable au 01-43-17-51-00, et il n’a pas dit si des Français figuraient parmi les victimes.
Le gouvernement sri-lankais a pris la décision de bloquer l’accès à tous les réseaux sociaux, dont Facebook, WhatsApp et Viber, pour empêcher la diffusion de « fausses informations ». Le « safety check » de Facebook, aussi appelé « bouton d’absence de danger », avait été préalablement activé. Ce dispositif, que l’entreprise de Mark Zuckerberg déclenche au cas par cas, permet à ses utilisateurs de prévenir leurs amis en un clic qu’ils sont « en sécurité ».
Le président sri-lankais Maithripala Sirisena a ordonné le déploiement de l’armée dans les points sensibles de la capitale et la mise en place d’une unité spéciale de la police et de l’armée pour enquêter sur les attentats.
Après sa traditionnelle bénédiction pascale urbi et orbi au Vatican, le pape François a exprimé sa « tristesse » et sa « proximité affectueuse à la communauté chrétienne ».
Calme précaire
Le Sri Lanka connaissait un calme relatif depuis la sanglante guerre civile avec les séparatistes tamouls. Mais les tensions interreligieuses restaient fortes sur une île où, selon le recensement de 2012, 70 % des 22 millions d’habitants sont bouddhistes, 12,6 % sont hindouistes, 9,7 % sont musulmans et 7,6 % sont chrétiens.
En 2017, l’Alliance nationale évangélique chrétienne du Sri Lanka a recensé une centaine d’incidents contre les chrétiens dans l’île, selon un rapport du département d’État américain. L’année suivante, des heurts entre la communauté bouddhiste cinghalaise et la minorité musulmane ont abouti à l’instauration d’un état d’urgence.