«Gilets jaunes» : l’exécutif critiqué par l’opposition après les violences
Par AlAhed avec sites web
Les critiques pleuvent sur le gouvernement après les violences qui ont eu lieu samedi le 16 mars en marge de la manifestation parisienne des « gilets jaunes ». Des boutiques, une banque, un immeuble des Champs-Elysées ont été incendiés ; 200 personnes sont en garde à vue. Encore une fois, l’exécutif est accusé par l’opposition d’avoir sous-estimé le risque de violences.
Comme un air de déjà-vu, comme si rien n’avait changé depuis les violences de début janvier. Sur France 3, Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national (RN), dénonce l’inaction d’Emmanuel Macron. « Il y a un sentiment d’impunité pour ces casseurs d’extrême gauche, souligne-t-elle. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a eu énormément d’arrestations dans les 18 dernières manifestations, mais qu'il semblerait que les arrestations de ces casseurs professionnels, ils n’arrivent pas à le faire. Or, ils savent qui ils sont. »
François-Xavier Bellamy, la tête de liste des Républicains aux Européennes, appelle, lui aussi, le gouvernement à réagir. « Je crois que ce gouvernement a failli, dit-il. Il ne s’agit plus de mettre en scène par des jeux de communication qui ne convainquent plus personne cette impuissance collective. Encore une fois, il faut agir. »
Samedi, Emmanuel Macron a promis des mesures fortes, en attendant la validation de la loi anticasseurs par le Conseil constitutionnel.
L’arsenal sécuritaire pourrait être encore renforcé, selon Agnès Buzyn. La ministre de la Santé était sur LCI : « Ce ne sera pas une nouvelle loi, prévient la ministre. Nous avons suffisamment de lois, et la loi anticasseurs devrait répondre à beaucoup des interrogations que tout le monde se pose. »
Des mesures rapides, à mettre en place avant le prochain samedi de manifestations.
Relâchement au sommet de l'Etat ?
Un président de la République en tenue de ski sur les pistes, sous le soleil des Pyrénées et à quelques centaines de kilomètres de là, les Champs-Elysées en feu.
Quand les violences éclatent à Paris, Emmanuel Macron sent vite venir la polémique. Il écourte son week-end pour rentrer à Paris et participer à une réunion de crise au ministère de l'Intérieur.
Mais le mal est fait. Les photos de son escapade dans la station de La Mongie sont diffusées par la presse locale et récupérées par l'opposition qui dénonce un chef de l'Etat « incompétent ».
Alors, relâchement ou excès de confiance à l'issue du grand débat ? Pour Stéphane Wahnich, professeur en communication politique, Emmanuel Macron a toujours du mal à rentrer dans le costume présidentiel.
« Je pense qu’il sous-estime le rôle de représentation d’un élu et encore plus d’un élu président de la République. C’est complètement inconséquent. On a l’impression qu’il y a une espèce de dédain vis-à-vis du peuple français, vis-à-vis des gens, qui est complètement incohérent avec le discours du grand débat national. La communication politique est faite d’un symbole et ce genre de symbole peut être très déstructurant pour un pouvoir en place », explique le spécialiste.
Les photos du ministre de l'Intérieur en train de danser au bras d'une jeune femme dans une discothèque parisienne samedi dernier n'arrangent rien. Après 18 journées de manifestations, le gouvernement n'aura plus le droit à l'erreur samedi prochain. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et celui de l'Economie, Bruno Le Maire, sont convoqués mardi au Sénat après les violences à Paris.
Deux cents personnes en garde à vue
Quelque 1 500 casseurs s'en sont pris pendant plus de six heures aux forces de l'ordre. Deux cents personnes sont en garde à vue.
Deux cent trente-sept personnes ont été arrêtées samedi sur les Champs-Elysées, 200 sont en garde à vue dimanche dont 185 personnes majeures. La plupart devraient être jugées en comparution immédiate. Depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », la justice a pris l'habitude d'agir rapidement contre les fauteurs de troubles, ce qui ne veut pas dire qu'elle a nécessairement la main lourde.
Selon un décompte officiel, datant de la mi-février, 7 400 personnes avaient été interpellées depuis le début du mouvement, sur l'ensemble du territoire. 1 800 condamnations ont été prononcées et près d'un quart des 1 350 personnes présentées en comparution immédiate ont été incarcérées. Le ministère de la Justice se veut ferme.