«Gilets jaunes»: Macron exclut une interdiction nationale des manifestations
Par AlAhed avec AFP
Une interdiction nationale des manifestations, préconisée notamment par le député Les Républicains (LR) Éric Ciotti, serait «inefficace», a estimé vendredi Emmanuel Macron, à la veille du seizième samedi de mobilisation des «gilets jaunes».
«Interdire partout en France les manifestations aujourd'hui serait sans effet», a déclaré le chef de l'Etat lors d'un échange organisé dans le cadre du «grand débat national» avec des élus de la région Nouvelle-Aquitaine à Bordeaux.
Et de poursuivre: «J'ai décidé (...) de ne pas revenir à l'état d'urgence, je pense que c'eût été une erreur, on ne décide pas de l'état d'urgence parce qu'on a des tensions sociales dans son pays».
«J'assume pleinement cette décision», a-t-il ajouté, estimant que le retour de l'état d'urgence «aurait été plus contraignant sur les libertés publiques» mais «n'aurait pas permis d'apaiser le débat».
S'il n'exclut pas de nouvelles interdictions au niveau local, comme ce fut le cas par le passé notamment à Rennes, le chef de l'Etat a estimé que la seule solution pour mettre un terme aux manifestations était «le discernement et la morale collective».
«Chacun doit être conscient des actes qui sont les siens», a-t-il dit.
«Les sanctions seront renforcées, maintenant chacun doit revenir à la raison, ce n'est pas par une interdiction d'ensemble que je pourrai avoir un effet efficace samedi après samedi. J'espère que les samedis qui viennent permettront de voir une décrue», a conclu le président français.
Quelque 46.000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, ont manifesté samedi dernier dans toute la France pour le quinzième samedi consécutif dans le cadre du mouvement des «gilets jaunes», un mouvement hétéroclite qui réclame notamment plus de justice sociale et de démocratie participative.
Ils étaient 41.000 la semaine précédente.
Depuis le 17 novembre, ces manifestations ont été émaillées de violences, parfois spectaculaires comme à Paris début décembre, dénoncées par certains dirigeants de l'opposition comme du laxisme de la part de l'exécutif.
Mi-février, le député LR des Alpes-Maritime Éric Ciotti a réclamé une interdiction des manifestations pour éviter des violences «inacceptables».
A deux semaines de la fin du «grand débat national» lancé le 15 janvier et qui doit déboucher sur des «décisions concrètes», Emmanuel Macron a estimé que le pays avait désormais «besoin d'un retour au calme».
«La situation que nous vivons n'est plus compréhensible par nos concitoyens», a-t-il jugé.
«Une société démocratique dans laquelle chacun peut exprimer avec la plus grande violence le moindre de ses désaccords, où plus aucun compromis n'est possible (...), c'est la négation de la démocratie».