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Des souvenirs de l’époque de la révolution

Des souvenirs de l’époque de la révolution
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Par Nour Rida

Quarante ans après la victoire de la révolution islamique, l'Iran se trouve dans une situation très différente, tant sur le plan national qu'international, tout en étant un acteur principal dans le système mondial actuel. À l’époque, la révolution était inattendue, le monde a été pris au dépourvu, le pouvoir du Chah soutenu par les États-Unis était à son apogée. Cependant, le peuple iranien, de tous les niveaux et les classes sociales, au sein du pays ou expatriés, s’est soulevé pour soutenir la révolution et les idées du fondateur de la révolution islamique, l'ayatollah Ruhollah Khomeiny, dont la philosophie principale était le soutien des opprimés.

Dans le contexte de la célébration du 40eme anniversaire de la révolution iranienne, le site Al-Ahed a interviewé, l’un des principaux acteurs ayant joué un rôle dans la consolidation des fondements de la révolution et de ses piliers, qui ont largement affecté les projets du gouvernement iranien visant à améliorer la situation en Iran sur le plan sanitaire. L'ancien ministre, M. Alireza Marandi, se souvient de certains événements ayant marqué l’époque de la révolution et qui restent vivants dans son esprit. Il raconte des souvenirs de l’époque de la révolution, lorsqu’il vivait aux États-Unis et travaillait en tant que médecin et lors de son retour en Iran après la victoire de la révolution.

Dr. Marandi est un médecin iranien et professeur de pédiatrie et de néonatologie à l’université du martyr Beheshti. Il était professeur associé à la Wright State University en Amérique avant de retourner en Iran après la victoire de la révolution. Il fut nommé ministre de la santé pendant neuf ans, il a intégré l’enseignement médical et les prestations des soins de santé, en créant des facultés de médecine et des sciences médicales dans chacune des 29 provinces iraniennes dans le but de fournir à l’Iran une autosuffisance en termes de potentiel, de ressources humaines, de compétences et de services médicaux. Parmi ses principales contributions, la mise en place d’un programme national de vaccination (comprenant également un programme de lutte contre la poliomyélite en Iran), une réduction significative des taux de mortalité infantile et juvénile, ainsi que l’organisation de l’un des programmes de contrôle des naissances les plus réussis au monde. Il est le président de l'Association iranienne des médecins néonatals et membre du conseil d'administration de l'Association de soutien à l'allaitement maternel de la République islamique d'Iran et du Comité national pour la réduction des décès néonatals. Il fut nommé président de l'Académie des sciences médicales de la République islamique d'Iran et il est récipiendaire du prix des Nations Unies pour la population (1999).

Avant la révolution ...

L'ancien ministre assit tranquillement dans son bureau à l'Académie des sciences médicales au nord de Téhéran, nous raconte en bref les différentes phases de sa vie, d’un simple citoyen iranien, et ancien médecin du peuple, puis ministre à l’époque de la révolution islamique qui cherche à renforcer la république et à la pousser à l'autosuffisance.
Dr. Marandi nous raconte quelques événements qui se sont déroulés bien avant la révolution de plus d’une décennie. A l’époque, il était très intéressé à la pensée islamique et à la philosophie de l’imam Khomeini depuis les premiers jours de la révolution. En 1963, lors du soulèvement du 15 Khordad (mois solaire équivalant au mois de juillet dans le calendrier grégorien), les iraniens décidèrent de protester contre l'arrestation de l'imam Khomeini qui avait critiqué le Chah et le régime sioniste. A l’époque Marandi était étudiant à la Faculté de médecine à l'Université de Téhéran et faisait partie des militants les plus actifs.

«Nous étions peu nombreux mais nous ne craignons pas le régime du Chah et sa tyrannie. Bien que la majorité des étudiants étaient opposés au régime du chah, tout le monde avait peur, donc peu d’étudiants avaient rejoint la manifestation. Quelques étudiants et moi avions décidé de créer une petite association sur le campus universitaire et nous y avons invité des personnalités renommées tels que l’ingénieur Bazarkan, l'ayatollah Muttahari et l'ayatollah Rashad pour prononcer des discours. Je distribuais également les discours de l'imam Khomeini, sous forme de tracts ou de cassettes audio. Bien que l'armée n’ait pas le droit de faire irruption au sein de l’université, un soir elle s’est infiltrée au campus universitaire, pour arrêter plusieurs étudiants et j’étais parmi eux. Comme il n'y avait pas de place dans les prisons vu le grand nombre de détenus, ils nous ont emmenés dans une caserne militaire à Jamshidiya et nous sommes restés enfermés pendant trois mois. Ils nous torturaient, nous subissions tout type d'interrogatoire : nous ne pensions pas sortir un jour, nous étions complètement coupés du monde extérieur, pas de journaux, ni de radio, ni d'autres moyens de communication. Un jour, soudainement nous avions été relâchés.»

Après la libération de M. Marandi et de ses camarades, le Chah a tenté par différentes manières de les forcer à collaborer avec ses services et à promouvoir ses idées, mais M. Marandi a toujours réussi à échapper à ces tentatives sans se mettre en confrontation directe ou indirecte avec le Chah, ses agents et sa révolution blanche. C'était aussi une sorte de résistance douce face au règne despotique du Chah.

L’ancien ministre a décrit l’expérience vécue en disant «la prison et la torture ne nous ont pas découragés à poursuivre le chemin que nous avons pris. Dès que j'ai terminé mes études universitaires, un an après mon arrestation, j'ai commencé à me déplacer de village en village pour rencontrer les gens, leur donner des informations et des conseils médicaux. Le régime du Chah versait beaucoup d’argent pour nous inciter à prononcer des discours lors des différentes célébrations. La gendarmerie militaire nous demandait également, à moi et à mes compagnons, de faire l’éloge du Chah et de la révolution blanche pendant les discours. Quand je me mettais devant la foule je m’adressais aux gens en leur parlant de médecine et en donnant des conseils médicaux, jusqu’à la fin du discours sans louer, ou même évoquer le Chah et son régime. Pour ce qui est de l'argent, je ne gardais pas un seul sou pour moi, mais j'achetais des médicaments pour les gens. A la suite, j'ai été accusé de conspiration contre le régime du chah qui voulait m’arrêter, mais je me suis rendu aux États-Unis et la peine n’a pas été exécutée. Les hommes du Chah ont tenté de faire pression sur mon père et ils l’ont arrêté plusieurs fois pour me forcer à revenir et m'arrêter, mais je n’ai jamais cédé.»

Le soutien de la révolution en exil

Dr. Marandi qui pratiquait la médecine aux États-Unis, avait occupé plusieurs postes aux universités et établissements médicaux. Mais son esprit et son cœur étaient toujours préoccupés par la révolution et les nouvelles qui venaient d’Iran. Il n’a jamais hésité à soutenir la révolution qui n’avait pas encore complètement muri. «Ma femme et moi avons acheté les livres et les cassettes enregistrés par la voix de l'imam Khomeini. Nous avions une petite bibliothèque à la maison. Les étudiants, les médecins et les membres de la communauté iranienne venaient toujours chez nous pour emprunter ces objets précieux. Mes collègues et moi avions également créé une association, dont j’étais le président, regroupant tous les médecins iraniens aux États-Unis et au Canada. L’association publiait un petit journal et organisait des rencontres pour tenir des discussions dans diverses régions.»

Etant en exil la seule chose qu’il pouvait faire pour soutenir ses compatriotes s’était d’envoyer de l’argent. «Beaucoup de personnes quittaient le travail pour participer aux manifestations pacifiques, ce que je pouvais faire, s’était d’envoyer de l'argent pour les soutenir et les aider», explique le médecin. Malgré la bonne situation financière et sociale de M. Marandi aux États-Unis, il n’a jamais hésité, ainsi que sa femme, à tout quitter et revenir en Iran une fois qu'il a appris que l'imam revenait de son exil en France et que la révolution allait commencer.

Le retour et l’assumation du devoir

Dès que Dr. Marandi est rentré en Iran, il chercha un emploi. Il a essayé de circuler dans les villages avec sa propre voiture pour vacciner les enfants, mais le projet n'a pas réussi car la fondation Jihad Al-Binaa l’a informé que cette question faisait partie des responsabilités du ministère de la Santé.

Il rejetait tous les offres qu’on lui proposait pour des postes administratifs, «je ne m'intéressais qu'aux travaux universitaires et scientifiques et je n'ai jamais voulu occuper un poste administratif». Jusqu’au jour où le destin, lui fait rencontrer des personnes telles que les martyrs de Lucani et Sayed Velayati et d’autres encore, par pure coïncidence. Un ami l'avait invité à dîner avec d’autres amis. Lors de cette réunion, l'ayatollah Beheshti a demandé aux invités s’il y avait quelqu’un qui pourrait être intéressé par le poste de ministre de la Santé. Dr. Zerker a accepté le poste, mais il avait besoin d'un assistant, il a proposé à M. Marandi, qui refusa le poste car il ne voulait pas de poste administratif. Les événements se sont poursuivis et un jour le ministre de la Santé lui proposa le poste de président de l’association de soutien aux enfants (Children's Support Association), mais M. Marandi refusa. Beaucoup ont essayé de le convaincre mais en vain. Cependant, la dernière fois qu’il a refusé le poste, il a entendu des mots qui l’ont vivement frappé comme un éclair.

Avant de quitter son bureau, le ministre Zerker m'a dit «si quelqu'un vous demande pourquoi vous êtes rentré en Iran, ne dites pas que vous l’aviez fait pour soutenir la révolution, dites plutôt que vous êtes rentré pour vos intérêts personnels !».
«Je n’avais aucune réponse, il avait raison, je prétendais être revenu pour la révolution, mais je n'ai accepté aucun travail administratif alors que c'était mon devoir de la faire», a-t-il déclaré.
Il occupa par la suite plusieurs postes, et malgré toutes les circonstances difficiles, il toujours essayait d’accomplir ses fonctions au maximum et même quand il a été nommé ministre de la santé son principal souci était d’aider les plus démunis et les opprimés.

L'ancien ministre a décrit en détails, la différence entre le secteur de la santé avant et après la révolution, en disant, «il n'y avait pas de soi-disant secteur de la santé sous le règne du Chah. Je voulais appliquer les enseignements de l'imam Khomeiny en soutenant et en servant les plus vulnérables et les opprimés.»

Après un travail acharné, le ministre a pu lancer un projet de services de santé dans le pays. «Nous avons lancé le projet dans 70 000 petits villages jusqu'à ce que le programme englobe tout l'Iran par la suite. La situation sanitaire dans le pays s'est remarquablement améliorée, le nombre de décès chez les nouveau-nés est passé de 278 à 51 enfants sur 100 000 nouveau-nés.

Les enfants mouraient en abondance en raison des maladies telles que la diphtérie, le tétanos, la rougeole et la tuberculose, mais le nombre a diminué de manière significative, par exemple, le nombre de décès à cause du tétanos est passé de 11 mille enfants à 7 ou 8 cas seulement. L'accent a été mis sur les zones défavorisées et isolées».

«Avant la révolution, le Chah faisait venir des médecins d'Irak, d'Inde, du Pakistan et des Philippines, mais après la révolution nous avons pu atteindre l’autosuffisance en médecin», a ajouté Marandi. «Nous avons créé une université pour la médecine dans toutes les grandes villes d'Iran. Aujourd'hui, grâce à Dieu, il y a environ 150 000 médecins, nous n’avons plus besoin d’appeler des médecins de l’étranger ni d’importer les matériaux médicaux de base, bien qu’auparavant l’Iran ne produisait même pas les aiguilles et les files pour coudre une blessure.»

La révolution est dans son meilleur état

«40 ans après la victoire, la révolution est dans la meilleure situation», tous ceux qui ont vécu en Iran avant et après la révolution sont conscients de l'ampleur des changements qui ont marqué l’Iran. A l’époque du Chah, il n'y avait ni rues ni infrastructures, et de nombreux villages n’avaient pas accès à l’eau ni à l’électricité. Aujourd'hui, grâce à Dieu, au peuple iranien, à l'imam Khomeiny et à l'imam Khamenei, la république est de mieux en mieux et l'Iran est actuellement indépendante et profite d’une autosuffisance malgré la guerre et les sanctions imposées et toutes les difficultés». C’est une victoire divine, «Si vous faites triompher (la cause d') Allah, Il vous fera triompher et raffermira vos pas», ajouta l’ancien ministre.

Traduit par AlAhed Français

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