Plusieurs ministres de May estiment que l’accord de Brexit est mort, selon le Times
De nombreux ministres du gouvernement britannique estiment que l'accord de Brexit négocié par Theresa May avec l'Union européenne est mort, rapporte samedi le Times, après que la Première ministre britannique n'a pas obtenu à Bruxelles les «réassurances» qu'elle était allée chercher.
D'après le journal, les principaux ministres britanniques discutent de différentes options, dont la tenue d'un nouveau référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE après celui organisé en 2016.
Un groupe de ministres, parmi lesquels celui des Finances Philip Hammond, tendent à privilégier l'option d'un second référendum si les autres options sont épuisées, poursuit le Times.
Cependant un autre groupe de ministres, dont Sajid Javid (Intérieur) et Michael Gove (Environnement), ne souhaitent pas une nouvelle consultation populaire.
Toujours selon le journal, d'autres ministres au premier rang desquels Jeremy Hunt (Affaires étrangères) sont disposés à ce que la Grande-Bretagne quitte l'UE sans accord.
Échange tendu entre May et Junker
Les Européens s'étaient tous dits prêts à «aider» la dirigeante britannique, soumise aux assauts incessants de ses détracteurs au Royaume-Uni. En coulisses, ils en faisaient même l'objectif du sommet réuni jeudi et vendredi.
Mais à l'issue de la rencontre, l'une des images qui restera de ce conseil européen est celle d'un échange tendu filmé vendredi entre elle et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ravivant le souvenir douloureux d'un sommet raté à Salzbourg en septembre.
«J'ai eu une discussion musclée», a confirmé vendredi la première ministre devant la presse. «C'est le genre de discussion que vous pouvez avoir quand vous avez développé une relation de travail», a-t-elle tenté de minimiser.
La veille, Jean-Claude Juncker s'était montré ouvertement agacé par les nouvelles «assurances» demandées par la dirigeante conservatrice sur la mise en œuvre de leur accord de divorce. Il avait même regretté devant la presse un débat devenu «nébuleux» autour du Brexit, un mot qui n'a pas plu à Theresa May. «Ce n'est pas d'elle que je parlais», a-t-il assuré le lendemain, interrogé sur leur échange houleux.
Mauvaise ambiance
L'ambiance était «très mauvaise» lors de la discussion à huis clos jeudi entre Theresa May et ses homologues des 27, a confié une source diplomatique. «Theresa May a été incapable de formuler ce qu'elle voulait» et elle a été régulièrement interrompue par la chancelière allemande, Angela Merkel, qui lui demandait ce qu'elle attendait exactement, a expliqué cette source. Une autre source a décrit la dirigeante britannique «comme à côté de la plaque».
Elle «a parlé de l'esprit de Noël pour rallier les soutiens» au Parlement britannique, «mais sans pouvoir dire comment, ni les quantifier». En face, les dirigeants des 27 étaient «incrédules, médusés», selon un participant à la réunion. Résultat: «elle a tellement exaspéré ses collègues qu'elle est sortie avec moins que ce qu'elle aurait pu avoir», a dit une troisième source européenne.
Le premier ministre néerlandais Mark Rutte a lui contesté cette version. «Elle a été très claire, très ouverte sur ce qu'elle voulait de nous et nous l'avons mis noir sur blanc», a-t-il dit. Dans les «conclusions» écrites du sommet, les 27 se sont contentés de reformuler ce qui figurait dans le traité de divorce sur le «backstop», la solution imaginée pour empêcher le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.
Mais ils ont renoncé à ajouter un passage un temps envisagé, où ils auraient évoqué la possibilité «de nouvelles assurances» pouvant être offertes ultérieurement. «A quoi bon faire des promesses de ce type si on n'est pas sûrs que cela suffira à convaincre le Parlement britannique», a commenté une source diplomatique.
Un dernier coup de froid est intervenu à la fin du sommet, après que Theresa May a annoncé de nouvelles discussions prévues «dans les prochains jours» avec l'UE. «Pour parler de quoi? Tout a été dit», a commenté un haut responsable européen sous couvert d'anonymat.
«Je n'ai pas de mandat pour organiser de nouvelles négociations», a dit de son côté le président du Conseil européen Donald Tusk. Mais «nous restons ici à Bruxelles et je suis toujours à la disposition de Theresa May», a-t-il poursuivi. «C'est bon de savoir que Donald restera à Bruxelles pour Noël», a plaisanté à son côté Jean-Claude Juncker. «Il faut faire descendre la température, calmer le jeu» avec le Royaume-Uni, a-t-il toutefois conclu, plus sérieux, disant tout «son respect» pour Theresa May.
Source : agences