RSF demande aux dirigeants du G20 de ne pas accorder «un permis de tuer» au régime saoudien
Reporters sans frontières (RSF) appelle les dirigeants des 20 puissances mondiales, réunis pendant deux jours en Argentine, à ne pas normaliser leurs relations avec l’Arabie saoudite sans exiger du royaume de réelles contreparties en matière de liberté de la presse.
Alors que le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane effectue, à l’occasion du G20 qui se réunit ces vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre à Buenos Aires, sa première sortie sur la scène internationale depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, Reporters sans frontières alerte sur les risques d’une normalisation des relations avec le royaume, où au moins 28 journalistes et blogueurs sont toujours emprisonnés.
«Tout relâchement de la pression, toute politique de compromis, ne seraient pas seulement une défaite de la morale et du droit, cela reviendrait à accorder au régime saoudien un permis de tuer et d’embastiller», avertit Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF. «Il est donc du devoir et de la responsabilité des Etats démocratiques d’agir pour obtenir une enquête internationale et introduire la liberté de la presse dans le royaume, ce qui suppose à très court terme de libérer la trentaine de journalistes et blogueurs arbitrairement détenus ou injustement condamnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et d’opinion.»
Reporters sans frontières qui appelle à la création d’une enquête internationale à l’initiative du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, pour permettre de prendre des sanctions appropriées contre les responsables du meurtre de Jamal Khashoggi, a recensé au moins 28 journalistes et blogueurs détenus.
Certains ont été arrêtés il y a déjà plusieurs années, sous le règne du roi Salmane d’Arabie ou de son prédécesseur le roi Abdallah. C’est le cas du blogueur Raif Badawi, condamné en 2012 à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet pour «insulte à l’islam».
D’autres sont victimes de la récente répression lancée à l’automne 2017 par Mohammed ben Salmane. Parmi eux, trois femmes, journaliste, éditorialiste ou blogueuse engagées pour la cause féministe. Toutes ont été jetées en prison, sans qu’aucun chef d’accusation ne soit officiellement prononcé. La plupart des journalistes arrêtés sont en détention provisoire et attendent encore d’être jugés.
L’Arabie saoudite occupe la 169e place sur 180 au Classement mondial 2018 de la liberté de la presse établi par RSF.
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