Brexit: Theresa May se démène pour vendre l’accord au pays et au Parlement
Après avoir arraché un accord sur le Brexit avec l’UE, la Première ministre britannique Theresa May réunit lundi matin son cabinet puis doit s’employer à convaincre avant Noël son pays et le Parlement d’avoir trouvé le «meilleur accord possible».
Dans l’après-midi, Mme May va rendre compte aux députés, très sceptiques, du sommet européen qui a entériné dimanche l’accord de retrait et la déclaration politique sur la future relation.
Elle va réaffirmer son «absolue certitude» qu’il «n’y a pas de meilleur accord possible» et les appeler à le soutenir au nom de l’intérêt national. Un rejet de l’accord serait «un retour à la case départ» qui «ouvrirait la porte à plus de divisions et d’incertitude», avertira-t-elle, selon des extraits de son discours diffusés à l’avance.
«Mme May a raison: la seule alternative à l’accord est l’absence d’accord ou pas de Brexit», écrit lundi The Times (conservateur): c’est un «mauvais accord» mais un second référendum n’engendrerait pas forcément un résultat différent.
Le Daily Mail se montre conciliant également. «Choisissez le Brexit de May ou sautez dans l’abîme», met en garde le tabloïd tandis que le Guardian (europhile) voit dans le Brexit «un désastre économique et politique».
Pour The Sun, tabloïd pro-Brexit à grand tirage, l’accord conclu avec Bruxelles après de longues et douloureuses négociations est une «capitulation». Même son de cloche dans le Daily Telegraph: l’accord de retrait «échoue à mettre en œuvre le Brexit pour lequel le peuple britannique a voté».
L’accord, bien accueilli par la Bourse de Londres lundi, prévoit une période de transition de 21 mois après le Brexit, fixé au 29 mars 2019, pendant laquelle quasiment rien ne change entre les deux parties et qui pourrait même être prolongée jusqu’en 2022.
Il doit être soumis au Parlement britannique pour approbation avant la fin de la session et probablement le 12 décembre ou aux alentours de cette date, selon la presse.
«Etat satellite»
Or l’opposition travailliste emmenée par Jeremy Corbyn, les Brexiters purs et durs du propre camp conservateur de Mme May et son remuant petit allié, le parti unioniste nord-irlandais DUP, clament qu’ils voteront contre, balayant ainsi sa courte majorité d’une dizaine de sièges.
La dirigeante conservatrice a reconnu devant ses interlocuteurs européens ce week-end qu’elle ne disposait pas d’une majorité au Parlement à ce stade, selon une source européenne, mais elle a fait valoir qu’elle comptait convaincre les députés de son parti en les prévenant que la moitié d’entre eux perdraient leurs sièges lors des élections législatives qui pourraient suivre un vote négatif.
Faire approuver l’accord par le Parlement sera un «défi», a reconnu lundi sur la BBC le nouveau ministre du Brexit, Stephen Barclay. Mais, selon lui, «la Première ministre, après avoir travaillé deux ans jour et nuit dans l’intérêt national, a conclu un accord qui respecte le résultat du référendum» de juin 2016 ayant voté le Brexit avec 52% des voix.
«L’arithmétique à l’heure actuelle pose un vrai défi mais beaucoup de choses peuvent changer dans les deux semaines à venir», avait fait valoir la veille le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt sur la BBC.
Mais du côté des Brexiters, tel l’ancien chef de la diplomatie Boris Johnson, l’accord est «un désastre» et une «humiliation» pour le Royaume-Uni, qui demeure «un Etat satellite» de l’UE.
«Lettre à la nation»
Même si le Parlement vote pour son accord, les ennuis de Theresa May ne sont pas finis. La cheffe du DUP Arlene Foster, qui est résolument contre en raison du statut spécial accordé à l’Irlande du Nord pour éviter une frontière physique avec la République d’Irlande, a menacé de retirer son soutien au gouvernement si l’accord passe.
Theresa May s’est également lancée dans une opération de communication en direct avec ses concitoyens.
Elle a écrit dimanche une «lettre à la nation» aux accents solennels, qui appelle le pays à l’union nationale derrière l’accord, avec la perspective d’une «réconciliation» après des années de déchirement entre europhiles et eurosceptiques.
Selon la presse, elle devrait se rendre au Pays de Galles, en Ecosse et en Irlande du Nord cette semaine, et elle étudie la possibilité d’un débat télévisé avec Jeremy Corbyn.
Source: agences et rédaction