La France rapatriera les enfants de terroristes des camps d’Irak et de Syrie
Les enfants mineurs nés de mères terroristes présumées ou compagnes de terroristes, retenus en Syrie ou en Irak, seront bientôt rapatriés en France. Leurs mères, elles, seront jugées sur place.
La France, toujours embarrassée par l'épineuse question des terroristes français en Syrie, a annoncé le 24 octobre vouloir rapatrier une partie des quelque 150 enfants de terroristes français signalés dans le pays, dans les zones contrôlées par les Kurdes.
«On les rapatriera autant que possible à condition que la mère soit d'accord. On a commencé à regarder comment les choses peuvent se faire», a déclaré une source française sous couvert d'anonymat.
Ces enfants, retenus dans le nord de la Syrie avec leurs mères dans des camps gérés par les militaires kurdes depuis l'effondrement de «Daech» en 2017, ont été signalés sur place ou par les familles en France. Seule une partie d'entre eux ont toutefois été identifiés et localisés avec précision, ouvrant la voie au rapatriement.
Les enfants ont pour la plupart moins de six ans et sont donc nés sur place. Les mères, elles, resteraient en Syrie.
Il existe un dernier cas de figure : celui des enfants orphelins retenus dans les camps. Maître Samia Maktouf, connue pour avoir avoir déposé une plainte contre X au nom de 17 familles de victimes du Bataclan, souhaite exfiltrer ces petits sans protection : «Je représente des grands-parents qui souhaitent le retour de ces enfants nés dans la terreur.» «Il faut prioritairement les sauver, car un danger imminent pèse sur leur vie, vu qu'ils vivent dans les camps, dans une zone de non-droit. Leur exfiltration est une nécessité et une urgence. D'autant que ces enfants abandonnés ne représentent pas une menace pour la France», argumente-t-elle.
Ces orphelins stagnent dans les camps depuis plus d’un an. Pourquoi leur rapatriement, non conditionné à la volonté de la mère, prend-il autant de temps ? «Le quai d’Orsay était dans une phase préliminaire pour identifier les enfants, il faut des laissez-passer, la France n’a pas de relation diplomatique avec la Syrie…» L’avocate veut aujourd’hui que la question soit traitée avec toute la diligence qui s'impose : «J’ai lancé des appels au quai d’Orsay, je suis consciente qu’il est actif dans cette phase préliminaire, mais il faut passer à l’action rapide, qui permettra le rapatriement. Ils sont inoffensifs, ils n’ont pas tué. Ils seront probablement affectés par ce qu’ils ont vécu : on ne peut pas faire durer cette situation.»
Les mères jugées en Irak ou en Syrie
A l'instar de nombreux pays occidentaux qui ne souhaitent pas voir revenir sur le sol national des terroristes, la France exclut tout retour des adultes, combattants ou épouses, considérées comme des membres de «Daech», au grand dam des avocats représentant les familles en France. «Ceux qui ont commis des délits ou des crimes en Irak et Syrie doivent être jugés en Irak et Syrie», martèle-t-on toutefois au ministère des Affaires étrangères. «L'exception, c'est les mineurs, dont la situation sera examinée au cas par cas. On a un devoir particulier de sauvegarder l'intérêt supérieur de l'enfant», a-t-elle ajouté.
Nombre d’observateurs ont relevé que les enfants risquaient, en restant dans les camps, de grandir dans un huis clos radicalisé, d'y être endoctrinés au contact des adultes et de devenir eux-mêmes à terme des «bombes à retardement».
L'annonce du Quai d'Orsay a été fraîchement accueillie par les avocats des Françaises retenues en Syrie, qui dénoncent depuis le départ leur détention illégale assortie de très mauvaises conditions sanitaires. «C'est scandaleux et hypocrite de la part du gouvernement français», a déclaré à l'AFP maître Bruno Vinay, avocat d'Emilie König, la plus connue des détenues françaises chez les Kurdes. «La France laisse ces femmes seules face au choix inhumain de se séparer de leurs enfants. Vu que c'est tout ce qu'il leur reste, il est possible que seule une minorité accepte de s'en séparer», estime-t-il.
«Je ne comprends pas la manière dont cette affaire est gérée depuis le début. Le rapatriement de ces enfants sera d'autant plus douloureux qu’on a attendu 18 mois pour le faire», a de son côté affirmé à l'AFP Marie Dosé, avocate de plusieurs autres Françaises détenues dans les camps kurdes.
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