Turquie: l’ambassadeur saoudien convoqué suite à la disparition d’un journaliste critique envers Ryad
L’ambassadeur d’Arabie saoudite à Ankara a été convoqué au ministère turc des Affaires étrangères en lien avec la disparition du journaliste Jamal Khashoggi, critique envers Riyad, après son entrée dans le consulat de son pays à Istanbul.
Le ministère avait demandé à l'ambassadeur des explications sur cette affaire.
Mercredi 3 octobre, l'association turco-arabe de journalistes a annoncé que Jamal Khashoggi, rédacteur d'articles d'opinion pour The Washington Post, avait disparu en Turquie après être entré dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.
L'agence Anadolu a fait savoir en se référant à la fiancée turque du journaliste, dénommée Hatice A., que le journaliste avait été invité au consulat pour des démarches administratives. Après cinq heures d'attente, un employé du consulat a annoncé à la jeune fille que le journaliste était déjà parti et qu'il ne fallait plus l'attendre.
Avant de se rendre à la mission diplomatique, M. Khashoggi avait prié sa fiancée d'avertir les autorités turques et l'association turco-arabe de journalistes dans le cas où il serait retenu au consulat.
La Turquie a déclaré mercredi que Jamal Khashoggi, 59 ans, porté disparu depuis plus de 24 heures, se trouvait toujours à l'intérieur du consulat saoudien à Istanbul où il s'était rendu pour des démarches administratives.
Pour sa part, Riyad a réagi via l'agence officielle de presse saoudienne SPA, affirmant que l'intéressé avait quitté les locaux de la mission diplomatique.
M. Khashoggi s'est exilé aux Etats-Unis l'année dernière par crainte d'une arrestation, après avoir critiqué certaines décisions du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l'intervention militaire de Ryad au Yémen.
Le département d'Etat américain a indiqué qu'il cherchait à en savoir davantage sur son sort. L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a qualifié la disparition du journaliste d'«extrêmement inquiétante», et a appelé les autorités saoudiennes et turques à «faire le nécessaire en sorte qu'il réapparaisse libre aussi tôt que possible».
L'Arabie Saoudite figure à la 169ème place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. Ryad promeut une campagne de modernisation depuis que le prince Mohammed ben Salmane a été désigné héritier du trône en 2017. Mais la répression contre les dissidents, avec des arrestations de religieux, de personnalités libérales et aussi de militantes de la cause des femmes, s'est accentuée depuis. Jamal Khashoggi est l'un des rares journalistes saoudiens en vue à élever la voix contre cette répression. Dans l'un de ses derniers tweets, il avait ainsi critiqué le procès intenté à un économiste saoudien de renom, Essam Al-Zamel, après son arrestation par les autorités saoudiennes.
Source : agences et rédaction