Aoun à l’ONU : le Liban refuse la naturalisation de n’importe quel migrant
Dans un discours prononcé à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le président libanais le général Michel Aoun, a affirmé que «le Liban refuse la naturalisation de n’importe quel migrant» soulignant que «l’ONU a cessé de recenser le nombre de migrants qui affluaient au Liban en 2014, sachant que la Sureté générale s’est attelée à remplir cette tâche depuis cette date et a enregistré plus de 1.5 million de déplacés à ce jour», a rapporté la chaine satellitaire libanaise alMayadeen.
Brandissant un document prouvant ses propos, le président Aoun a poursuivi : «je vous présente une carte émise en 2014 par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés qui montre la progression du nombre de migrants inscrits en à peine deux ans, ainsi que leur répartition sur le territoire libanais. Ainsi en 2012, il s’élève à 25 000, un chiffre qui est passé à plus d’un million en 2014 !»
Et d’ajouter : «le nombre considérable des migrants syriens a eu des répercussions graves sur la société libanaise et ce à plusieurs niveaux : sécuritaire avec l’augmentation du taux de criminalité à plus de 30 %, économique avec l’augmentation du taux de chômage à 21 %, démographique avec l’augmentation de la densité allant de 400 à 600 habitant/km2. Ajoutons à cela, la limite de nos capacités et la rareté des aides internationales nous poussant à être dans l’incapacité de continuer à porter ce fardeau d’autant plus que la majorité des régions d’où sont originaires les migrants sont à présent sécurisées en Syrie».
Il a réitéré la position du Liban concernant tout réfugié ou migrant dans le pays: «nous insistons sur le droit d’un retour décent, sécurisé et permanent des migrants à leur terre, et à refuser toute tergiversation ou marchandage concernant ce dossier crucial, le liant à une solution politique incertaine. De même, nous opposons un rejet à toute implantation d’un migrant ou d’un réfugié au Liban».
Par ailleurs, dénonçant la politique de deux poids deux mesures au Moyen-Orient, le président Aoun a rappelé que «la résolution 425 adoptée par le Conseil de Sécurité en 1978, (concernant le retrait des forces israéliennes de tout le territoire libanais et de manière immédiate) ne fut mise en œuvre que 22 ans plus tard sous la pression de la résistance du peuple libanais. En revanche, la résolution 181, approuvée par l’Assemblée Générale en 1947 et qui prévoit la partition de la Palestine, a été immédiatement appliquée alors qu’elle n’avait pas un caractère contraignant. Quant à la résolution 194, également adoptée par l’Assemblée Générale en 1948 et qui appelle au retour des réfugiés palestiniens à leur terre le plus tôt possible, elle est restée lettre morte durant 70 ans».
«Et pendant ce temps, les violations israéliennes de la résolution 1701 se poursuivent au sol, par mer et par air, bien que le Liban respecte entièrement cette résolution», a-t-il indiqué.
Il a appelé à une réforme du conseil de sécurité en remettant en question l’efficacité du droit de veto : «le droit de veto , adopté sur une base tenant compte de considérations valables, a des conséquences négatives sur beaucoup d’Etats et de peuples notamment dans notre région, les empêchant de jouir de leurs droits élémentaires».
Et de noter : «Récemment, les Nations ont voté dans le cadre du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée Générale, contre la proclamation d’al-Qods comme capitale d’Israël. Malgré le résultat des deux votes qui reflète la volonté de la communauté internationale, certaines ambassades ont déménagé à al-Qods. Par la suite, la loi de +l’Etat-nation juif+ a été adoptée. Une loi poussant à l’exode et basée sur le refus de l’Autre sapant clairement toute tentative de paix et de projet reconnaissant deux Etats».
Il a indiqué «Et pour compléter le tableau voilà qu’arrive la décision de couper les aides à l’UNRWA. Or de par sa définition, elle est l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Son but, répondre à leurs besoins et les protéger jusqu’à ce qu’une solution à leurs souffrances soit trouvée».
Et de s’interroger : «Est-ce que les souffrances des réfugiés palestiniens sont terminées pour que le rôle de l’UNRWA le soit aussi ? Le fait de paralyser son rôle n’est-ce pas une façon de préparer la suppression du statut de +réfugiés+ afin d’aboutir à leur assimilation dans les pays d’accueil, d’éliminer l’identité palestinienne et de consacrer l’implantation».
«Du jour au lendemain, tout un peuple s’est retrouvé sans identité, sans patrie par le fait d’une décision prise par ceux-là mêmes qui sont censés défendre les Etats faibles. Que chacun d’entre nous imagine un instant qu’une telle résolution internationale, sur laquelle il n’a aucune emprise, le spolie de sa terre et de son identité. Et tandis qu’il tente de résister, les coups lui sont assénés pour le faire lâcher prise… Telle est aujourd’hui la situation du peuple palestinien, un peuple disséminé aux quatre coins du monde. Peut-on l’accepter pour nous-mêmes et nos peuples ? La conscience mondiale peut-elle l’accepter ? Est-ce que les chartes et les pactes internationaux le stipulent ? Qui peut garantir que les petits peuples, comme le peuple libanais, n’auraient pas à subir un tel destin ?, a-t-il martelé.
Source : sites web et rédaction