Aoun: Le Hezbollah représente plus d’un tiers de la population libanaise
Le président libanais Michel Aoun a regretté qu'«une certaine opinion publique étrangère» soit «déterminée» à faire du Hezbollah un «ennemi», dans un entretien publié dimanche au quotidien français Le Figaro.
Interrogé sur l'éventualité que le Liban soit l'otage du Hezbollah, le chef de l'Etat a répondu : «Les pressions internationales sur le Hezbollah ne sont pas récentes. Elles vont crescendo. Certains cherchent à lui régler son compte politique, faute d'avoir réussi à lui régler son compte militaire, parce qu'il a défait Israël, en 1993, puis en 1996 et, surtout, en 2006. Le Hezbollah représente plus d'un tiers de la population libanaise. Malheureusement, une certaine opinion publique étrangère est déterminée à en faire un ennemi».
Assurant que le Hezbollah lui obéira en tant que chef des armées, M. Aoun a déclaré que les combattants du parti pourraient intégrer l'armée libanaise. «Actuellement, certains lui reprochent son implication dans la guerre contre Daech et al-Nosra en Syrie. Mais les faits sont là: les terroristes attaquaient notre territoire, le Hezbollah le défendait. Il ne joue aucun rôle militaire à l'intérieur du Liban et n'intervient pas aux frontières avec Israël. Il est désormais lié à la question du Moyen-Orient et à la résolution du conflit en Syrie», a déclaré le président libanais.
Par ailleurs, M. Aoun a détaillé les principaux chantiers de son mandat. «Ma priorité est la sécurité de mes compatriotes. J'ai veillé à rétablir l'autorité de l'État. J'ai (...) ordonné une action contre les organisations terroristes installées dans nos montagnes. Elle a porté ses fruits. Nous avons débarrassé le pays des terroristes infiltrés de Syrie. Nous démantelons les cellules dormantes. Nous arrêtons les gangs», a-t-il déclaré.
Questionné sur l'état des relations entre la Syrie et le Liban, il a répondu: «Le Liban refuse de s'ingérer dans les affaires internes d'un pays tiers. Nous adoptons une politique de distanciation vis-à-vis des conflits dans la région, notamment en Syrie. Notre ambassade à Damas et celle de Syrie à Beyrouth sont ouvertes».
Quant à l'éventualité que le président syrien, Bachar Al-Assad reprenne Idlib, il a affirmé: «Idlib fait partie de la Syrie».
Le président libanais a dénoncé les tentatives d'«Israël» de fragmenter la région, ainsi que les menaces à l'encontre de son propre pays.
«Israël cherche à fragmenter la région en pièces communautaires et confessionnelles, des simulacres d'États, pour assembler un puzzle sectaire», a déclaré l'ancien militaire âgé de 83 ans, élu à la présidence du pays en octobre 2016.
Il a dénoncé les «menaces israéliennes» à l'encontre de la République libanaise ainsi que «la spoliation des droits des Palestiniens» et la suspension de la contribution américaine à l'Office pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA):
«On vient de recevoir un nouveau "cadeau empoisonné": la suspension par le Président Trump de la contribution américaine à l'UNRWA, dont dépendent près de 500.000 Palestiniens au Liban. Cela conduira à implanter définitivement les réfugiés palestiniens dans les pays où ils se trouvent», a expliqué le dirigeant libanais.
Dans le même temps, il a rejeté la possibilité d'une confrontation entre l'Iran et «Israël» sur le territoire de son pays.
Source : agences et rédaction