Guerre de juillet 2006: les équations établies et les empreintes d’Imad Moghniyeh!
Mohammed Ali Jaafar
De nombreux événements de la guerre de Juillet 2006 n’ont pas été rendus publics vu leurs dimensions stratégiques relatives à la gestion du combat et aux tactiques du Hezbollah. Telle est la règle établie par le chef martyr Imad Moghniyeh. Cette règle s’est ensuite ancrée dans la mentalité du Hezbollah pour devenir finalement sa doctrine de base : il n'est pas nécessaire de mettre en évidence la force, ce qui compte c’est de savoir la gérer en silence. Avec chaque bataille menée par le Hezbollah, des faits liés aux batailles précédentes semblent changer les règles du jeu, des faits jamais évoqués auparavant par les médias du Hezbollah et jamais exploités dans la guerre psychologique. Le Hezbollah laisse de nombreuses situations dissimulées, jusqu’au moment où il devient nécessaire de les dévoiler.
La guerre de juillet 2006 a été une étape cruciale dans le conflit et a causé un changement majeur dans les enjeux régionaux. Les équations établies suite à la guerre, ont découlé des événements qui se sont déroulés tout au long de la guerre. La victoire du Hezbollah en Juillet 2006 était l’événement majeur. Mais ce qui est resté dissimulé furent les détails quotidiens des confrontations, ainsi que l’identité des chefs militaires qui ont assuré la victoire de résistance. Il faut savoir que les empreintes d’Imad Moghniyeh sont présentes dans tous les détails de la guerre.
Tout au long des six années qui ont précédé la guerre de Juillet 2006, depuis la victoire de l'an 2000, Imad Moghniyeh a mené une stratégie qui vise à réduire l'écart entre les capacités qualitatives de l'entité israélienne et les capacités militaires et sécuritaires du Hezbollah. C’est bien lui qui a commencé en 1992 à déterminer la place du Hezbollah dans le conflit. Dans cette phase le parti s’était fixé un objectif bien clair c’est de consolider la présence de la résistance. Puis jusqu'en 1999, hajj Imad a développé l'infrastructure militaire et sécuritaire de la résistance, qui a contribué à la victoire en 2000. Ensuite, il était temps de relever le niveau du Hezbollah dans le conflit à un degré lui permettant de combattre l'armée israélienne et ses capacités sécuritaire et militaire. Cela a été bien remarqué par l’incapacité de l'entité israélienne à fournir un équilibre de dissuasion après l'an 2000, où cinq tentatives ont été faites pour capturer des soldats israéliens avant le succès de la dernière opération en juillet 2006.
À l'époque, les dirigeants israéliens étaient confus face aux tactiques d'Imad Moghniyeh, à ses règles novatrices et inhabituelles pour contrôler le conflit et déterminer ses équations. L'esprit brillant d'Imad Moghniyeh dans le domaine militaire, n'était pas loin de la politique intérieure libanaise. L'homme a réussi à forcer tous les partis au Liban à transposer le débat libanais sur les armes et la légitimité du Hezbollah en un débat sur la stratégie de défense qui était l’objectif de la table de dialogue national.
Ainsi, le parti a réussi à contourner le plan américain, visant à créer une division politique et sectaire après l'assassinat de Rafik Hariri. Imad Moghniyeh prédisait l'avenir et lisait entre les lignes les scénarios du conflit. Il avait les capacités de lier tous les dossiers les uns aux autres et de les investir dans la lutte contre l'entité israélienne. L'homme n’était pas inconscient de la décision des États-Unis visant à écraser le Hezbollah, surtout après la victoire de 2000 et l'occupation de l'Irak en 2003, la question du Hezbollah était alors devenue un moyen de pression sur la Syrie. Imad Moghniyeh a alors capté le mouvement américano-israélien et a informé tout le monde qu'il y avait une décision préalable de mener une guerre contre le Liban. Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que l’opération d’enlèvement conduite par Hajj Imad, a non seulement permis au Hezbollah de réussir à capturer deux soldats, mais lui a également permis de déterminer le timing de la guerre, une guerre indésirable mais qui était inéluctable. Une guerre qu’il avait soigneusement planifiée.
Imad Moghniyah avait une vision de ce qui pourrait arriver si la guerre avait lieu. Il connaissait le comportement de la direction israélienne et a donc développé des stratégies de confrontation. L'armée croyait qu'elle possédait une banque de données sur les cibles de roquettes du Hezbollah. Imad Moghniyeh a attiré la direction israélienne dans le piège, lui faisant croire en sa victoire. A la base de son manque de données, l'armée israélienne a lancé une offensive aérienne massive dans laquelle elle croyait s’être débarrassée de la menace des missiles et a décidé de transformer l'opération militaire en une guerre ouverte. Les médias qui couvraient l'agression israélienne parlaient délibérément de la désintégration des membres du Hezbollah et de leur incapacité à agir face aux frappes surprenantes menées par l’aviation israélienne. Après quelques jours, les médias et les analystes israéliens ont commencé à parler de la supériorité de l'armée israélienne. À l'époque, Imad Moghniyeh avait conçu un plan pour préserver la majorité des missiles du Hezbollah. Lorsque les roquettes ont été tirées sur la Palestine occupée, celui qui se tenait à côté de Hajj Imad, l’a entendu dire : « Israël a perdu la guerre ». Hajj Imad a réussi à tromper les dirigeants israéliens et à pousser le monde entier à se moquer de l’armée invincible. Ces roquettes ont changé le cours de la guerre pour l’intérêt du Hezbollah.
La guerre de juillet s'est terminée, bien que les équations imposées aient été en partie dévoilées au cours de la guerre en Syrie, mais une bonne partie reste encore dissimulée. Aujourd'hui, le nombre de roquette ne compte plus, mais plutôt leur qualité. Le Hezbollah est passé de la quantité à la qualité. Des missiles spécifiques aux drones, de la guerre électronique et psychologique à la guerre sur le terrain, en mer et ailleurs.
Ce sont quelques-unes des réalisations d'Imad Moghniyeh, le reste demeure toujours en secret. Du Liban à l'Iran, à la Syrie, à l'Irak, à la Palestine et au Yémen. Ce sont plusieurs dossiers d'un même conflit dirigé par Imad Moghniyeh: "La libération de la Palestine par la force". Ce sont les mêmes réalisations faites grâce à l’esprit de celui qui a dit un jour "nous gagnons parce que nous innovons". Voilà l'esprit brillant et immortel toujours présent dans toutes les confrontations comme un rappel au monde entier qu'aucune confrontation ne doit faire oublier la cause principale et que toute victoire est une victoire pour la Palestine. Ce sont ces mêmes réalisations qui garderont le dossier d'Imad Moghniyeh. Il est présent dans chaque opération, dans chaque guerre et dans chaque victoire… ce sont ces mêmes exploits qui éradiqueront "Israël" de l’existence et feront d’Imad Moghniyeh l’équation difficile qui troublera à jamais l’esprit de nos ennemis!
Source : Al-Ahed, traduit par l'équipe du site