Après 2006: «Israël» est dissuadé
Par Jihad Haidar
Le discours sur les réalisations stratégiques et historiques de la victoire de 2006 n'est plus seulement une évaluation théorique faite par les experts et les observateurs, en échange d'une campagne délibérée visant à contourner les effets de cette victoire dans les arènes libanaise et arabe. Au fil des 12 années, ces réalisations se sont transformées en faits concrets, affectant la résistance, ses partisans et même ses adversaires. Ce qui compte le plus parmi ces faits c’est l'état de dissuasion sans précédent dans l'histoire du Liban, qui a fourni une couverture stratégique permettant au Liban de faire face à la menace takfiri qui menaçait le peuple et l’entité libanaise, empêchant d’autre part, l'ennemi de profiter de l'implication du Hezbollah dans la guerre contre les groupes terroristes pour attaquer le Liban et la résistance.
La force de dissuasion imposée à l'entité ennemie par le Hezbollah, est le plus grand accomplissement de cette guerre vu qu’elle affecte directement les décisions et les choix de la classe politique et sécuritaire, et révèle ce que le Hezbollah a creusé dans la conscience des institutions politique, sécuritaire et militaire à «Tel-Aviv». Bien que la dissuasion soit le résultat de la victoire sur le terrain, sa forte présence dans la vie des gens, est remarquable vu qu’elle se caractérise par sa continuité. Vu les conséquences nous pouvons dire que cette victoire est à deux niveaux. Le premier celui du terrain (le niveau militaire), le second est le niveau de la conscience et de la volonté. La victoire n’a pas seulement vaincu les israéliens sur le terrain mais, a également empêché les israéliens de se jeter dans une autre aventure et d’attaquer le Liban, les dirigeants israéliens prennent maintenant les menaces du Hezbollah au sérieux, cette force de dissuasion qu’a gagné le Liban grâce à la guerre de 2006, dure encore depuis plus d’une décennie.
L’une des traductions pratiques de cette dissuasion, s’est manifestée clairement dans le cadre de la protection, qui a été formée et a permis au Hezbollah de construire et développer ses capacités militaires, dans le but de se préparer au prochain tournoi contre l'ennemi. Ce dernier a commencé au lendemain de la guerre à se préparer à la prochaine confrontation afin de récupérer sa dignité perdue suite à sa défaite, ainsi que sa force de dissuasion, fracassée durant la guerre, comme l’ont reconnu les hauts dirigeants israéliens, notamment Shimon Peres (vice-premier ministre pendant la guerre), qui a admis ces faits dans son témoignage devant le Comité Winograd, en disant: «nous avons perdu la force de dissuasion internationale, nous sommes aujourd'hui plus faible qu’avant, et nous avons perdu la force de dissuasion vis-à-vis des arabes», mettant en garde que cette perte pourrait délégitimer l'existence d'«Israël», soulignant qu’ «avant la guerre presque tous les Arabes étaient prêts à reconnaitre notre existence mais maintenant cela a changé».
Après la guerre, «Israël» a dû affronter la baisse de son pouvoir de dissuasion face à ses adversaires, ceux qui pariaient sur elle, ainsi que ses alliés. Cela a été déclaré explicitement par le chef actuel d'état-major de l'armée, Gadi Eizenkot lorsqu’il était chargé du commandement de la région du Nord après la guerre, à l’époque dans une interview accordée à Yedioth Ahronoth (10-03-2008), il a reconnu qu’ «Israël a des difficultés à dissuader le Hezbollah de maximiser ses capacités, ce à quoi nous sommes confrontés à la frontière nord est un axe composé de l'Iran, de la Syrie et du Hezbollah, et nous n'avons aucun moyen d’empêcher cela». Cette reconnaissance, et d'autres positions similaires, révèlent que la vraie bataille, est celle de la reconstruction et du développement des capacités militaires, du Hezbollah d’une part et de l’entité sioniste de l’autre. Le chef du Conseil national de sécurité, (auparavant le chef de la planification et des opérations dans l’armée israélienne), le major-général Giora Eiland, avait déclaré à ce propos, que «l'amélioration des capacités du Hezbollah depuis la guerre, est égale à l'amélioration des capacités de l'armée israélienne» (Haaretz / 5/10/2008).
A partir de là, on peut dire, qu’il est donc vrai que le Hezbollah a gagné la bataille de la volonté et de la préparation qu'il a menée contre l'entité israélienne tout au long de la guerre de 2006. Cela explique pourquoi l'ennemi s'est abstenu de commettre une agression à grande échelle en dépit des événements en Syrie, censés constituer une occasion idéale pour une telle agression. Mais malgré cela, l’entité n'a pas osé étendre les attaques irrégulières lancées contre le Liban. Cette situation ne s’est établie qu'après des messages effectifs et les positions fermes émises par le secrétaire général du Hezbollah sayyed Hassan Nasrallah à plusieurs occasions, laissant un effet dissuasif cumulatif dans la conscience des dirigeants ennemis.
Source : Al-Ahed, traduit par l’équipe du site