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Première étape de la bataille du Jurd: mission accomplie pour le Hezbollah

Première étape de la bataille du Jurd: mission accomplie pour le Hezbollah
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Par Scarlett Haddad

En cinq jours, le Hezbollah et l'armée syrienne auront en principe achevé la première étape de la bataille du Jurd, appelée «opération imam Sadek», en chassant les combattants d'«al-Nosra» de la superficie qu'ils occupaient depuis au moins trois ans dans la zone située entre le Liban et la Syrie. Il ne s'agit pas seulement d'une importante victoire militaire en raison de l'espace géographique ainsi reconquis et de la difficulté de se battre dans une zone aussi escarpée, mais aussi d'une étape importante dans le plan global du Hezbollah pour la pacification de la frontière avec la Syrie dans le but de stabiliser l'intérieur libanais.

Première étape de la bataille du Jurd: mission accomplie pour le Hezbollah

En effet, depuis le déclenchement de cette opération à l'aube du vendredi, les analystes se sont demandé pourquoi le Hezbollah et l'armée syrienne ont commencé à s'attaquer à la zone contrôlée par «al-Nosra» et «Saraya Ahl ech-Cham» (pour la plupart des anciens de l'Armée syrienne libre), plutôt qu'à celle, plus au nord, contrôlée par «Daech». Selon une source sécuritaire qui suit de près le dossier, les raisons sont multiples. La source précitée révèle ainsi que le souci principal du Hezbollah est actuellement de sécuriser la frontière entre la Syrie et le Liban, pour permettre à sa base arrière dans le nord de la Békaa de souffler et d'être sécurisée, mais aussi pour consolider la stabilité dans l'ensemble du pays afin d'éviter des attaques terroristes qui bouleverseraient la donne interne.

C'est dans ce but qu'il a entamé un processus de retour progressif des déplacés syriens dans leurs villages de l'autre côté de la frontière, en coopération avec des notables syriens de la région, l'armée syrienne, et l'armée libanaise du côté libanais pour assurer la sécurité du déplacement des déplacés. Pour le Hezbollah, ce processus s'inscrit dans une vision stratégique. Mais l'opération est restée limitée en raison de l'opposition des éléments armés installés dans le jurd. De plus, les enquêtes avec les réseaux terroristes, découverts jusqu'à présent par les services de sécurité, montrent que le jurd de Ersal et du Qalamoun syrien constituent un relais important entre les cellules à l'intérieur du pays et le commandement à Raqqa. La décision de pacifier cette zone a donc été prise. Il restait simplement à l'exécuter dans les meilleures conditions militaires et politiques possibles.

Dès le départ, le jurd a donc été divisé militairement en deux, la région contrôlée par «Daech», au Nord, et celle contrôlée par «al-Nosra» et «Saraya Ahl ech-Cham», plus au sud, face à Ersal. La seconde zone était toutefois considérée prioritaire en raison de sa proximité avec les camps de déplacés syriens installés autour de Ersal qui abritent près de 100 000 personnes. Le Hezbollah considérait ainsi que le «Front al-Nosra» a plus d'influence au sein de ces camps que «Daech», et c'est pourquoi il lui semblait primordial de couper le lien géographique entre le jurd et les camps. De plus, la dernière opération préventive de l'armée dans les camps d'el-Nour et Qariyé a montré que les combattants d'«al-Nosra» ont pu se cacher dans ces camps avant de se faire exploser au milieu des civils.

 

Aussitôt, des contacts diplomatiques et sécuritaires ont été entrepris pour préparer le terrain politique à une éventuelle opération. Des négociations ont été ainsi menées avec les responsables des combattants pour étudier la possibilité d'une reddition sans combat, avec un retrait des combattants vers Idleb ou Raqqa. Avec le chef local d'«al-Nosra» Abou Malek al-Tallé, les négociations ont échoué à la dernière minute en raison des conditions que ce dernier avait posées. Il ne restait donc plus d'autre choix que de passer à l'action militaire.

Les rôles ont été distribués de manière à éviter de coincer l'armée libanaise sur le terrain en la plaçant en confrontation directe avec les combattants. Son rôle se limitera donc à empêcher l'infiltration des combattants vers le Liban et plus particulièrement vers les camps, tout en empêchant d'éventuels sympathisants des combattants dans les camps de bouger.

 

 

 

 

 

De même, des contacts ont été entrepris avec des parties régionales et internationales pour assurer un minimum de couverture à l'opération. Le Qatar, qui revoit actuellement ses positions sur l'ensemble des dossiers régionaux, a montré de l'indifférence, alors que l'Arabie saoudite ne s'est pas opposée, sachant qu'«al-Nosra» est considérée comme étant appuyée par le Qatar. Sollicités, les Américains ont aussi adopté «une neutralité tacite» et des contacts ont été entrepris avec les organisations palestiniennes pour éviter un éventuel mouvement de protestation dans les camps. L'opération a donc été menée par le Hezbollah du côté libanais, et par les soldats syriens du côté syrien, selon le plan établi avec toutefois une rapidité inespérée. Les combattants de «Saraya Ahl ech-Cham» ont rapidement négocié leur retrait, alors que ceux d'«al-Nosra» sont poussés dans leurs derniers retranchements et que le lien géographique avec les camps autour de Ersal a été en principe coupé. C'est donc une victoire foudroyante qui a été enregistrée, pour le Hezbollah, mais aussi pour le Liban.

Reste maintenant la seconde étape. Selon la source sécuritaire précitée, des négociations indirectes se poursuivent avec les représentants de «Daech» pour trouver un accord sur leur retrait de la zone qu'ils contrôlent sans combat. Si elles échouent, l'opération militaire aura forcément lieu, mais selon le timing choisi par les différents protagonistes, le Hezbollah, l'armée syrienne, mais aussi l'armée libanaise. Cette opération pourrait aussi être reportée, sachant que la priorité absolue était de pacifier le jurd de Ersal contrôlé par «al-Nosra» parce qu'il est en contact direct avec les camps de déplacés syriens dans le secteur, eux-mêmes reliés à la bourgade de Ersal.

Source : L'Orient le Jour

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