Le gouvernement israélien approuve un projet de loi pour nourrir de force les détenus palestiniens
La proposition de loi doit encore être présentée à la Knesset et adoptée en première et deuxième lecture pour entrer en vigueur.
Le ministre de la Sécurité intérieure, Guilad Erdan, qui promeut le projet de loi, a déclaré après son approbation qu'il cherche à ce que la législation soit adoptée dès que possible.
La loi vise à empêcher les prisonniers de sécurité (en détention administrative) de tenter de faire pression sur le gouvernement et d'éviter le déclenchement de troubles avec les Palestiniens dans le cas d'un décès de prisonnier suite à une grève de la faim, selon des sources impliquées dans le processus législatif citées par le quotidien Haaretz.
La version approuvée par le cabinet ne comprend pas un certain nombre de modifications visant à assouplir la loi à la lumière des critiques sévères portées contre elle.
Le président de l'Association médicale israélienne (IMA), Dr Leonid Eidelman, a critiqué le texte, estimant que nourrir les gens de force était «contraire aux règles de l'éthique médicale reconnues en Israël comme dans le monde entier». Dans une lettre communiquée à Erdan ainsi qu'au ministre de la Justice Ayelet Shaked, le Dr Eidelman a aussi souligné que l'IMA «ordonnerait aux médecins d'agir uniquement en fonction du code éthique et de ne pas nourrir ou alimenter des grévistes de la faim contre leur volonté».
De son côté, l'association Physicians for Human Rights a qualifié la législation d'«honteuse» et dit qu'elle reviendrait à légaliser la torture. «Au lieu de les nourrir de force, tout en les humiliant et au péril de leur vie, Israël doit répondre aux demandes des grévistes - y compris en mettant fin aux détentions administratives arbitraires» a déclaré l'organisation dans un communiqué.
L'alimentation forcée par tube des prisonniers contre leur volonté a été interdite en 1975 par la Déclaration de Tokyo de l'Association médicale mondiale, à condition que le prisonnier soit «capable de formuler un jugement conscient et rationnel». La procédure peut entraîner une douleur extrême et de graves hémorragies ainsi que la propagation de diverses maladies.
Aux États-Unis, l'alimentation par force a été une source de controverse politique, et plus particulièrement son application dans la prison militaire de Guantanamo Bay.
Le Service pénitentiaire d'«Israël» a déclaré que quatre prisonniers refusent actuellement de s'alimenter, et a averti d'une vaste grève de la faim après la fête du Ramadan, qui commence le 18 juin.
La semaine dernière, le gouvernement palestinien a averti que le prisonnier Khader Adnan en grève de la faim était «en danger de mort» après 36 jours de protestation.
«Israël est entièrement responsable de la vie des prisonniers en détention administrative » a exprimé le gouvernement dans un communiqué, en référence à une procédure en vertu de laquelle «Israël» peut contenir les Palestiniens sans procès indéfiniment pour des périodes de six mois renouvelables. Adnan est «en danger de mort» peut-on encore y lire.
Le prisonnier a été hospitalisé il y a quelques jours, et il poursuit sa protestation contre les conditions de son emprisonnement, selon les Club des prisonniers palestiniens.
Deux autres prisonniers sont aussi en grève de la faim - Mohammed Rashdan, qui protestait contre la privation de visites familiales, et Ayman al-Sharbati, un résident de «Jérusalem-Est» placé à l'isolement.
En 2012 et 2013, une grande grève de la faim et des protestations palestiniennes ont conduit l'entité sioniste à libérer un certain nombre de prisonniers de la détention administrative.