Pourquoi les révolutions de couleur de la CIA échouent-elles en Afrique noire?
La tentative de coup d’État au Burundi reproduit presque intégralement les scénarios de renversements avortés de dirigeants africains inspirés par la CIA. Ces fameux scénarios de révolutions de couleur, mécaniquement projetés d'Europe de l'Est sur le sol africain. Mais en vain.
C'est seulement à première vue que Washington semble déstabiliser méthodiquement la situation dans les pays d'Afrique en suivant un plan précis couché sur papier avec des points, des dates d'exécution et des noms de responsables de la CIA. Même dans les années les plus tumultueuses de la Guerre froide pour la politique étrangère américaine, la politique des USA en Afrique était en fait un ensemble de réactions chaotiques à une politique bien plus active de l'URSS.
Même si, après que les États africains ont acquis massivement leur souveraineté en 1960 (17 États ont obtenu leur indépendance cette année-là), l'URSS suivait avec méfiance le processus de décolonisation, Moscou a tout de même pris l'initiative aux USA parce qu'en Afrique noire, elle n'avait pas besoin de se faire des alliés. La grande majorité des mouvements anticoloniaux arrivée au pouvoir naturellement dans les pays d'Afrique était plus ou moins marxiste. Ils se distinguaient uniquement par le niveau d'éducation des personnalités concrètes et les particularités nationales de leur mouvement de libération. L'URSS a réussi à attirer dans son camp une majorité écrasante d'États d'Afrique noire, malgré tous les concepts développés par les anciennes métropoles européennes.
Les métropoles s'y sont opposées de diverses manières. La France et la Grande-Bretagne ont été les premières à se rendre, alors que le Portugal s'est battu jusqu'au bout, ce qui a déterminé le niveau d'influence de l'URSS en Afrique par régions. Les mouvements de libération des colonies portugaises — Mozambique et Angola — avaient particulièrement besoin d'aide financière et militaire. Au final, c'est dans ces pays que l'influence de l'Union soviétique était la plus forte.
Les USA se sont ressaisis seulement quand la majeure partie de l'Afrique était déjà perdue. Toutefois, la Grande-Bretagne a conservé une influence conséquente sur ses anciennes colonies via le Commonwealth, même dans les pays où une guerre de libération sanglante était en cours (par exemple au Kenya). Mais les Britanniques avaient un avantage indéniable: ils étaient «locaux» dans une certaine mesure. Ils ont conservé les liens personnels, la propriété, ils comprenaient la situation ethnique et pouvaient à leur manière maintenir leur influence dans certaines anciennes colonies qui n'étaient pas atteintes par le socialisme ou le nationalisme africain.
Les USA n'avaient pas de tel appui en Afrique, et n'en ont toujours pas. Face à l'échec total et à l'abandon d'un continent presque entier entre les mains des communistes, la CIA a utilisé la «démocratie invasive» — ce qu'elle fait le mieux. Un exemple classique en est l'ingérence directe dans la guerre civile au Congo, l'assassinat de Patrice Lumumba, l'étrange histoire de l'avion abattu, transportant le secrétaire général de l'Onu Dag Hammarskjöld. Dans la plupart des cas, les méthodes terroristes de la CIA en Afrique n'ont pas fonctionné et les USA n'ont pas réussi à établir de contrôle ne serait-ce que sur un seul pays.
Langley n'a pas tiré les leçons de ces échecs et a achevé la crise des changements idéologiques aux USA. L'abandon par la CIA des opérations de force a coïncidé avec le triomphe progressif de la tolérance, et au final les actions de l'agence sont tombées dans le même piège du faux internationalisme qu'en URSS. Les USA ont cessé de distinguer les particularités nationales au sein des pays d'Afrique et les contradictions qui les opposaient, comme les différends entre les groupes ethniques et leurs particularités religieuses. A cela s'ajoute l'attitude controversée envers l'Afrique du Sud — vis-à-vis de l'apartheid et du gouvernement blanc de la Rhodésie. La communauté internationale libérale a de facto contraint les USA et le Royaume-Uni à abandonner à leur triste sort les gouvernements blancs en Afrique du Sud et en Rhodésie, en les anéantissant par les sanctions alors qu'ils résistaient. Finalement, les USA se sont eux-mêmes exclus de la bataille pour ces pays et par la même occasion, de pratiquement toute la région sud de l'Afrique.
Le génocide des Tutsis au Rwanda fut une autre erreur fondamentale de la CIA. Ou plutôt l'incompréhension totale de la question dont ont fait preuve les services de renseignements occidentaux, passés totalement à côté d'un conflit interethnique flagrant vieux de plus de cent ans. Mais aucune conclusion n'a été tirée — la situation actuelle au Burundi a peu à voir avec la «lutte pour la démocratie». Il s'agit d'une confrontation similaire à celle qui opposait les Hutus et les Tutsis, mais dans d'autres conditions. Et peu importe, dans les conditions de haine raciale, de savoir combien de fois un président a été réélu quelque part. Un autre représentant des Hutus sera élu au Burundi, ce qui ne simplifiera pas la vie des Tutsis. Même si la Constitution était réécrite encore une fois. Comme le montre l'expérience des pays voisins, même l'établissement de quotas dans les parlements pour les minorités ethniques ne protège pas contre les massacres.
Par la suite, la politique des USA fut davantage définie par l'idéologie plutôt que par les intérêts pragmatiques. Les États-Unis ne considèrent toujours pas l'Afrique comme une sorte de suite du schéma idéologique selon lequel les valeurs libérales mondiales peuvent être inculquées de force à tout moment, dans n'importe quel pays et à n'importe quel peuple.
La méthodologie utilisée à ces fins ne se distingue en rien de celle employée en Europe orientale. En faisant appel aux ONG spécialisées, la CIA crée dans un ou quelques pays d'Afrique un noyau de jeunes ayant suivi des stages spéciaux. L'ambassade se charge d'inventer comment relier ce groupe aux réalités locales, par exemple par des slogans qui «sonnent bien». Après cela on lance un mécanisme de «maïdan» en l'adaptant aux réalités locales, c'est-à-dire avec encore plus de bruit, de poussière et de cris. On suppose que le comportement de toute société africaine dans ces circonstances, sous la pression d'ONG artificielles, sera le même qu'en Serbie, en Géorgie et en Ukraine.
Mais en Afrique cette méthodologie ne fonctionne pas. Les efforts de la CIA se sont concentrés sur le Burkina Faso, qu'il était prévu de transformer en point d'appui. C'est ici que sont organisés les stages pour les jeunes du Congo, du Cameroun, d'Angola, du Rwanda, d'Ouganda, de Centrafrique, du Nigeria, du Niger, du Mali, du Ghana et de Guinée. C'est d'ici qu'ils partent à destination des pays «cibles», sachant que ces groupes ne sont pas forcément composés de représentants des tribus locales. C'est pourquoi on ne parvient pas à organiser de «maïdan» au Congo par les représentants de jeunesse des ONG du Burkina Faso, qui ethniquement n'ont rien à voir avec les peuples congolais. Ce maïdan raté a été supervisé par un agent de l'ambassade américaine à Kinshasa, qui a été simplement arrêté par les forces de sécurité locales.
A titre de prétexte pour ces révolutions de couleur, on utilise en général les élections législatives ou la présidentielle. C'est ainsi qu'on avait tenté de renverser en 2013 au Zimbabwe Robert Mugabe en lui imposant Morgan Tsvangirai, de l'opposition, au poste de premier ministre. Mais Mugabe a quand même gagné grâce à l'appui du principal groupe ethnique du pays — Shona — et il a pratiquement enfermé ses opposants politiques (en réalité — tribaux) Ndébélés dans des réserves en mettant leur territoire à feu et à sang.
Même histoire au Kenya en 2013, quand les résultats de la présidentielle ont été contestés «dans la rue» à l'instar du scénario de Kiev. Mais la situation est devenue incontrôlable parce que la manifestation «pour les valeurs démocratiques» a dégénéré une nouvelle fois en conflit intertribal où les Kikuyus, habitués au pouvoir, ont à nouveau vaincu les peuples côtiers et des montagnes, peu nombreux. Cette fois, les Européens ont dû intervenir pour mettre fin aux pogroms et aux massacres. Du point de vue de la CIA, il ne peut y avoir aucune contradiction de nature intertribale ou interraciale dans les élections, parce que ce n'est pas prévu par l'idéologie dominante aux USA. Mais la réalité refuse de se soumettre: il demeure impossible de créer une société libérale parfaite en Afrique par le biais d'innombrables coups d'État, guerres civiles, pogroms et éclats de violence et de haine.
De la même manière ont échoué les tentatives de forcer les Européens à se concentrer sur les problèmes humanitaires du continent africain en adoptant à nouveau une idée libérale sur la cause de tous ces problèmes. La lutte contre la pauvreté était supervisée à une époque par le FMI, ce à quoi s'opposent formellement les leaders de certains pays d'Afrique. Ils ne voulaient pas prendre d'engagements et ont commencé, lors de diverses conférences, à exiger simplement de l'argent des anciens colonisateurs. La position européenne d'«éternelles excuses» a conduit à un nouvel élan de nationalisme africain, qui cette fois n'était plus anticolonial mais rejetait tout ce qui était européen. Si pendant les années de libération de l'Afrique cette position était adoptée par certains dirigeants (essentiellement dans les pays francophones), aujourd'hui l'anti-européanisme teinté de religiosité est un thème commun pour la majeure partie de l'Afrique noire.
La tentative de «soigner tout le monde» menée par les compagnies pharmaceutiques européennes, américaines et canadiennes a également échoué. L'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, qui dirigeait le «fer de lance de la nation», aile militaire du Congrès national africain, pendant la lutte contre l'apartheid, a nié publiquement l'existence du SIDA en tant que phénomène. Puis il s'est mis à blâmer les Blancs qui, selon lui, avaient inventé ces maladies avant de les envoyer sur les peuples d'Afrique. Très récemment, le président actuel d'Afrique du Sud Jacob Zuma a déclaré au Cap que la chrétienté importée par ces mêmes hommes blancs avait fortement nui aux peuples africains. Par conséquent, il convient de retourner aux origines de la civilisation africaine — aux anciennes traditions et croyances.
Aucune révolution de couleur n'est possible dans ces conditions. La CIA se frappe la tête contre ses propres schémas idéologiques en refusant de regarder les choses en face. Les Américains ne préparent de spécialistes pour l'Afrique, ils manquent de ressources pour assurer réellement leur présence (aussi bien humaine que physique). Mais surtout — ils pensent sincèrement se trouver encore quelque part dans le centre de Tbilissi ou de Kiev, même quand ils voient par la fenêtre des palmiers, des girafes et le Kilimandjaro.
Source: Sputnik
C'est seulement à première vue que Washington semble déstabiliser méthodiquement la situation dans les pays d'Afrique en suivant un plan précis couché sur papier avec des points, des dates d'exécution et des noms de responsables de la CIA. Même dans les années les plus tumultueuses de la Guerre froide pour la politique étrangère américaine, la politique des USA en Afrique était en fait un ensemble de réactions chaotiques à une politique bien plus active de l'URSS.
Même si, après que les États africains ont acquis massivement leur souveraineté en 1960 (17 États ont obtenu leur indépendance cette année-là), l'URSS suivait avec méfiance le processus de décolonisation, Moscou a tout de même pris l'initiative aux USA parce qu'en Afrique noire, elle n'avait pas besoin de se faire des alliés. La grande majorité des mouvements anticoloniaux arrivée au pouvoir naturellement dans les pays d'Afrique était plus ou moins marxiste. Ils se distinguaient uniquement par le niveau d'éducation des personnalités concrètes et les particularités nationales de leur mouvement de libération. L'URSS a réussi à attirer dans son camp une majorité écrasante d'États d'Afrique noire, malgré tous les concepts développés par les anciennes métropoles européennes.
Les métropoles s'y sont opposées de diverses manières. La France et la Grande-Bretagne ont été les premières à se rendre, alors que le Portugal s'est battu jusqu'au bout, ce qui a déterminé le niveau d'influence de l'URSS en Afrique par régions. Les mouvements de libération des colonies portugaises — Mozambique et Angola — avaient particulièrement besoin d'aide financière et militaire. Au final, c'est dans ces pays que l'influence de l'Union soviétique était la plus forte.
Les USA se sont ressaisis seulement quand la majeure partie de l'Afrique était déjà perdue. Toutefois, la Grande-Bretagne a conservé une influence conséquente sur ses anciennes colonies via le Commonwealth, même dans les pays où une guerre de libération sanglante était en cours (par exemple au Kenya). Mais les Britanniques avaient un avantage indéniable: ils étaient «locaux» dans une certaine mesure. Ils ont conservé les liens personnels, la propriété, ils comprenaient la situation ethnique et pouvaient à leur manière maintenir leur influence dans certaines anciennes colonies qui n'étaient pas atteintes par le socialisme ou le nationalisme africain.
Les USA n'avaient pas de tel appui en Afrique, et n'en ont toujours pas. Face à l'échec total et à l'abandon d'un continent presque entier entre les mains des communistes, la CIA a utilisé la «démocratie invasive» — ce qu'elle fait le mieux. Un exemple classique en est l'ingérence directe dans la guerre civile au Congo, l'assassinat de Patrice Lumumba, l'étrange histoire de l'avion abattu, transportant le secrétaire général de l'Onu Dag Hammarskjöld. Dans la plupart des cas, les méthodes terroristes de la CIA en Afrique n'ont pas fonctionné et les USA n'ont pas réussi à établir de contrôle ne serait-ce que sur un seul pays.
Langley n'a pas tiré les leçons de ces échecs et a achevé la crise des changements idéologiques aux USA. L'abandon par la CIA des opérations de force a coïncidé avec le triomphe progressif de la tolérance, et au final les actions de l'agence sont tombées dans le même piège du faux internationalisme qu'en URSS. Les USA ont cessé de distinguer les particularités nationales au sein des pays d'Afrique et les contradictions qui les opposaient, comme les différends entre les groupes ethniques et leurs particularités religieuses. A cela s'ajoute l'attitude controversée envers l'Afrique du Sud — vis-à-vis de l'apartheid et du gouvernement blanc de la Rhodésie. La communauté internationale libérale a de facto contraint les USA et le Royaume-Uni à abandonner à leur triste sort les gouvernements blancs en Afrique du Sud et en Rhodésie, en les anéantissant par les sanctions alors qu'ils résistaient. Finalement, les USA se sont eux-mêmes exclus de la bataille pour ces pays et par la même occasion, de pratiquement toute la région sud de l'Afrique.
Le génocide des Tutsis au Rwanda fut une autre erreur fondamentale de la CIA. Ou plutôt l'incompréhension totale de la question dont ont fait preuve les services de renseignements occidentaux, passés totalement à côté d'un conflit interethnique flagrant vieux de plus de cent ans. Mais aucune conclusion n'a été tirée — la situation actuelle au Burundi a peu à voir avec la «lutte pour la démocratie». Il s'agit d'une confrontation similaire à celle qui opposait les Hutus et les Tutsis, mais dans d'autres conditions. Et peu importe, dans les conditions de haine raciale, de savoir combien de fois un président a été réélu quelque part. Un autre représentant des Hutus sera élu au Burundi, ce qui ne simplifiera pas la vie des Tutsis. Même si la Constitution était réécrite encore une fois. Comme le montre l'expérience des pays voisins, même l'établissement de quotas dans les parlements pour les minorités ethniques ne protège pas contre les massacres.
Par la suite, la politique des USA fut davantage définie par l'idéologie plutôt que par les intérêts pragmatiques. Les États-Unis ne considèrent toujours pas l'Afrique comme une sorte de suite du schéma idéologique selon lequel les valeurs libérales mondiales peuvent être inculquées de force à tout moment, dans n'importe quel pays et à n'importe quel peuple.
La méthodologie utilisée à ces fins ne se distingue en rien de celle employée en Europe orientale. En faisant appel aux ONG spécialisées, la CIA crée dans un ou quelques pays d'Afrique un noyau de jeunes ayant suivi des stages spéciaux. L'ambassade se charge d'inventer comment relier ce groupe aux réalités locales, par exemple par des slogans qui «sonnent bien». Après cela on lance un mécanisme de «maïdan» en l'adaptant aux réalités locales, c'est-à-dire avec encore plus de bruit, de poussière et de cris. On suppose que le comportement de toute société africaine dans ces circonstances, sous la pression d'ONG artificielles, sera le même qu'en Serbie, en Géorgie et en Ukraine.
Mais en Afrique cette méthodologie ne fonctionne pas. Les efforts de la CIA se sont concentrés sur le Burkina Faso, qu'il était prévu de transformer en point d'appui. C'est ici que sont organisés les stages pour les jeunes du Congo, du Cameroun, d'Angola, du Rwanda, d'Ouganda, de Centrafrique, du Nigeria, du Niger, du Mali, du Ghana et de Guinée. C'est d'ici qu'ils partent à destination des pays «cibles», sachant que ces groupes ne sont pas forcément composés de représentants des tribus locales. C'est pourquoi on ne parvient pas à organiser de «maïdan» au Congo par les représentants de jeunesse des ONG du Burkina Faso, qui ethniquement n'ont rien à voir avec les peuples congolais. Ce maïdan raté a été supervisé par un agent de l'ambassade américaine à Kinshasa, qui a été simplement arrêté par les forces de sécurité locales.
A titre de prétexte pour ces révolutions de couleur, on utilise en général les élections législatives ou la présidentielle. C'est ainsi qu'on avait tenté de renverser en 2013 au Zimbabwe Robert Mugabe en lui imposant Morgan Tsvangirai, de l'opposition, au poste de premier ministre. Mais Mugabe a quand même gagné grâce à l'appui du principal groupe ethnique du pays — Shona — et il a pratiquement enfermé ses opposants politiques (en réalité — tribaux) Ndébélés dans des réserves en mettant leur territoire à feu et à sang.
Même histoire au Kenya en 2013, quand les résultats de la présidentielle ont été contestés «dans la rue» à l'instar du scénario de Kiev. Mais la situation est devenue incontrôlable parce que la manifestation «pour les valeurs démocratiques» a dégénéré une nouvelle fois en conflit intertribal où les Kikuyus, habitués au pouvoir, ont à nouveau vaincu les peuples côtiers et des montagnes, peu nombreux. Cette fois, les Européens ont dû intervenir pour mettre fin aux pogroms et aux massacres. Du point de vue de la CIA, il ne peut y avoir aucune contradiction de nature intertribale ou interraciale dans les élections, parce que ce n'est pas prévu par l'idéologie dominante aux USA. Mais la réalité refuse de se soumettre: il demeure impossible de créer une société libérale parfaite en Afrique par le biais d'innombrables coups d'État, guerres civiles, pogroms et éclats de violence et de haine.
De la même manière ont échoué les tentatives de forcer les Européens à se concentrer sur les problèmes humanitaires du continent africain en adoptant à nouveau une idée libérale sur la cause de tous ces problèmes. La lutte contre la pauvreté était supervisée à une époque par le FMI, ce à quoi s'opposent formellement les leaders de certains pays d'Afrique. Ils ne voulaient pas prendre d'engagements et ont commencé, lors de diverses conférences, à exiger simplement de l'argent des anciens colonisateurs. La position européenne d'«éternelles excuses» a conduit à un nouvel élan de nationalisme africain, qui cette fois n'était plus anticolonial mais rejetait tout ce qui était européen. Si pendant les années de libération de l'Afrique cette position était adoptée par certains dirigeants (essentiellement dans les pays francophones), aujourd'hui l'anti-européanisme teinté de religiosité est un thème commun pour la majeure partie de l'Afrique noire.
La tentative de «soigner tout le monde» menée par les compagnies pharmaceutiques européennes, américaines et canadiennes a également échoué. L'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, qui dirigeait le «fer de lance de la nation», aile militaire du Congrès national africain, pendant la lutte contre l'apartheid, a nié publiquement l'existence du SIDA en tant que phénomène. Puis il s'est mis à blâmer les Blancs qui, selon lui, avaient inventé ces maladies avant de les envoyer sur les peuples d'Afrique. Très récemment, le président actuel d'Afrique du Sud Jacob Zuma a déclaré au Cap que la chrétienté importée par ces mêmes hommes blancs avait fortement nui aux peuples africains. Par conséquent, il convient de retourner aux origines de la civilisation africaine — aux anciennes traditions et croyances.
Aucune révolution de couleur n'est possible dans ces conditions. La CIA se frappe la tête contre ses propres schémas idéologiques en refusant de regarder les choses en face. Les Américains ne préparent de spécialistes pour l'Afrique, ils manquent de ressources pour assurer réellement leur présence (aussi bien humaine que physique). Mais surtout — ils pensent sincèrement se trouver encore quelque part dans le centre de Tbilissi ou de Kiev, même quand ils voient par la fenêtre des palmiers, des girafes et le Kilimandjaro.
Source: Sputnik