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Opération séduction de Hollande en Tunisie

Opération séduction de Hollande en Tunisie
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Le président a reconnu les "blessures" subies par la relation franco-tunisienne lorsque Paris a tardé à apporter son soutien à la révolution.

Le président François Hollande a proclamé vendredi sa volonté de refonder la relation franco-tunisienne au-delà des "blessures" du passé, exprimant sa "confiance" dans une "Tunisie nouvelle" alliant islam et démocratie. Dans une volonté supplémentaire d'apaisement, alors que Paris avait soutenu presque jusqu'au bout le régime de Zine el-Abidine Ben Ali, François Hollande a assuré que "l'islam et la démocratie (étaient) compatibles" et a accordé ainsi sa confiance au gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahda.

François Hollande a cependant rappelé à la tribune de l'Assemblée nationale constituante (ANC) que la transition démocratique en Tunisie n'était pas des plus simples, saluant la mémoire de l'opposant anti-islamiste assassiné en février, Chokri Belaïd, "un homme de conviction, tué pour ses idées". "Je forme le voeu qui est aussi le vôtre que toute la lumière soit faite sur son assassinat", a-t-il dit. Rappelant qu'il était le premier chef d'État français à se rendre en Tunisie depuis la révolution, M. Hollande a déclaré à la tribune de l'ANC vouloir "tirer les leçons du passé".

Opération séduction de Hollande en Tunisie

"Refonder notre relation"

"Refonder notre relation, c'est tirer toutes les leçons du passé, même le plus brûlant, car il y a des blessures, je les connais, il y a eu des incompréhensions au moment de la révolution" de janvier 2011, a-t-il souligné. "À ce moment-là, à Paris et partout en France, des Tunisiens venaient me voir, espérant le soutien de la France dans ce moment décisif, disaient leur déception", s'est souvenu François Hollande, qui était alors dans l'opposition. Le soutien français à Ben Ali sous la présidence de Nicolas Sarkozy a laissé un goût amer à de nombreux Tunisiens, en particulier les déclarations de la ministre des Affaires étrangères d'alors, Michèle Alliot-Marie, proposant le "savoir-faire" policier français alors que la répression battait son plein.

François Hollande est aussi revenu sur le passé colonial, annonçant une mesure symbolique attendue depuis longtemps en Tunisie : l'ouverture des archives françaises sur l'assassinat du dirigeant nationaliste et syndical Farhat Hached. "Refonder notre relation, c'est d'abord assumer la vérité", a-t-il souligné avant de se recueillir dans l'après-midi au mausolée de Farhat Hached en compagnie de son homologue tunisien . À sa veuve et à son fils qu'il devait rencontrer un peu plus tard, François Hollande devait promettre de "rechercher toute la vérité sur son assassinat en 1952".

"Les archives rendues publiques"

"J'ai d'ores et déjà donné instruction que toutes les archives soient rendues publiques, sans aucune exception", a-t-il dit sans révéler leur contenu. Cet assassinat est largement considéré en Tunisie comme l'oeuvre de la Main rouge, organisation paramilitaire à l'époque du protectorat français. Aucune preuve d'une implication des autorités françaises n'a été jusqu'à présent apportée. Dans l'après-midi, François Hollande a donné un tour plus économique à sa visite, alors que la France est le premier partenaire économique et commercial de la Tunisie, qui compte déjà plus de 1 300 entreprises françaises représentant 125 000 emplois.

"En servant l'économie tunisienne, vous servez la transition démocratique", a-t-il lancé devant un parterre d'hommes d'affaires des deux pays réunis au siège de l'Utica, le patronat tunisien, au moment où la Tunisie, minée par ses difficultés politiques et sociales, peine à relever son économie, en particulier le tourisme. "L'agence française de développement investira notamment dans la réhabilitation des quartiers populaires, l'alimentation en eau potable, la formation professionnelle, l'amélioration des liaisons ferroviaires et le développement agricole", a promis François Hollande devant l'ANC, évoquant aussi "la conversion de dette en investissements pour des projets de développement".

"J'invite à travers cette visite tous les Français à venir nombreux passer leurs vacances en Tunisie", a-t-il aussi dit. "Ceux qui n'ont pas vu le soleil en France depuis longtemps doivent savoir qu'il est là, en Tunisie", avait-il plaisanté la veille. Enfin, le président français a assuré vouloir aider la Tunisie à récupérer les biens mal acquis du clan Ben Ali, qui vit en grande partie en exil à travers le monde : "Tout ce qui a été mal acquis vous sera rendu."

Source: Le Point

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