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Sayed Nasrallah revendique l’envoie du drone «Ayoub» au-dessus de la Palestine occupée

Sayed Nasrallah revendique l’envoie du drone «Ayoub» au-dessus de la Palestine occupée
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13-10-2012

Le principal sujet de ce discours porte sur le drone qui est entré dans l'espace aérien de la Palestine occupée, jusqu'au Sud. Par le biais de cette affaire, je souhaite aussi évoquer quelques thèmes soulevés au cours de la semaine écoulée ou même des derniers quinze jours.

Au sujet du drone : Nous sommes face à une opération très importante et d'un genre nouveau dans l'histoire de la résistance dans la région. En tout état de cause, beaucoup de Libanais et d'arabes sont actuellement distraits du conflit principal qui nous oppose aux Israéliens. Les sionistes ont été unanimes pour reconnaître la gravité et l'importance de cette affaire. Dès qu'elle a eu lieu, les politiciens, les militaires et les journalistes israéliens n'ont cessé de l'évoquer et continuent à le faire. La réalité est que la résistance au Liban a réussi à lancer à partir du territoire libanais (il n'est pas nécessaire de préciser le lieu exact) un drone sophistiqué. Cet avion a traversé des centaines de kilomètres au dessus de la mer et il a réussi à passer à travers les radars israéliens et son bouclier d'acier pour atteindre le Sud de la Palestine occupée. Il a survolé des installations sensibles et importantes de l'ennemi pendant des dizaines de kilomètres et il a été découvert par l'ennemi alors qu'il était proche des installations de Dimona. Une formation d'avions ennemis l'a alors intercepté et l'a fait tomber.

Je n'entrerai pas pour l'instant dans les détails techniques. Je laisse cela aux spécialistes. Je voudrais simplement parler de certains aspects de cette affaire et de ce qu'elle indique. Je dirais ce soir ce que je juge bon pour l'instant. Ce n'est pas le moment de dévoiler tout ce qui touche à ce sujet.

D'abord, je considère que ces propos sont une manière de déclarer la responsabilité de la résistance islamique dans cette opération remarquable.
Les Israéliens sont encore dans la confusion sur de nombreux points et ils ne parviennent pas à déterminer avec précision les responsabilités. Mais aujourd'hui même, Netanyahu a fait clairement assumer la responsabilité de cet avion au Hezbollah. Il a peut-être voulu rattraper les hésitations et devancer notre annonce car il était clair à travers la promotion du discours de ce soir que nous allions revendiquer la responsabilité de cet avion.

Je voudrais passer maintenant à la portée de cette affaire.
C'est la première fois dans l'histoire des résistances au Liban que celles-ci disposent de forces de ce genre. Certes, cet avion est plus grand et plus sophistiqué que Mersad qui avait été utilisé par la résistance en 2006. Pour leur faciliter les analyses, je dirais rapidement que cet avion n'est pas de fabrication russe. Il est de fabrication iranienne et il a été assemblé par les spécialistes du Hezbollah ; Les Libanais devraient être fiers d'avoir des jeunes avec de tels cerveaux et d'un tel niveau scientifique.

De même, c'est la première fois que les mouvements de résistance utilisent un tel avion et parviennent à survoler la profondeur du territoire palestinien occupé et plus précisément le sud, notamment cette zone particulièrement sensible.
Troisièmement, cet avion a suivi avec une grande précision, la trajectoire qui lui avait été fixée sur des centaines de kilomètres. Il a réussi à passer outre les protections israéliennes jusqu'à atteindre le secteur proche de Dimona.
Quant au débat sur les allégations israéliennes au sujet de la découverte de l'avion au-dessus de la mer avant de le laisser sciemment survoler la terre ferme sur une distance de 60 ou de 70 kms, le poussant vers une zone non peuplée et de le faire chuter dans un tel espace, je laisse aux spécialistes le soin de le trancher. La question qui se pose à cet égard est la suivante : la mer était-elle peuplée pour que les Israéliens l'aient laissé la survoler sans le faire chuter ? Je dirais plutôt que l'expérience de cet avion montre qu'il est possible de passer à travers toutes les protections de l'ennemi aussi performantes soient-elles. Il faut donc respecter nos cerveaux d'Arabes, de musulmans et d'orientaux.

Le défi n'est pas de faire descendre cet avion après qu'il ait survolé des centaines de kilomètres au-dessus de la mer et quelques dizaines au sud de la Palestine occupée. Non, cela est prévisible. Le défi est qu'il ait pu faire toute cette distance et passer à travers les défenses ennemies sans être inquiété, dans une zone en principe truffée de radars israéliens, américains, « finuliens » et autres.
En tout état de cause, certains Israéliens ont parlé d'un échec objectif, et de convictions ébranlées. Ils ont ainsi affirmé que les certitudes israéliennes au sujet de la sécurité de l'espace aérien israélien et au-dessus de la Méditerranée ont été ébranlées. Nous ne voulons pas plus pour l'instant.

Quatrièmement, la confusion israélienne au sujet de ce qui s'est passé était claire et elle a duré quelques jours jusqu'à l'annonce claire de Netanyahu aujourd'hui.
Cinquièmement, l'envoi de ce drone et son téléguidage selon une trajectoire préétablie montre le degré de professionnalisme des hommes de la résistance. Les Israéliens eux-mêmes l'ont reconnu en parlant de cette affaire. Je voudrais leur rendre hommage et les remercier d'autant qu'ils ont voué leur jeunesse et leurs cerveaux à la résistance et à la défense de leur patrie, en améliorant les moyens disponibles.

Sixièmement, nous laissons les Israéliens découvrir tranquillement les spécificités de cet avion et ses capacités notamment en survolant la mer et la terre ferme et nous savons tous ce qu'il y a dans la zone qu'il a survolée.

Septièmement, nous dévoilons ainsi une partie de nos moyens et non pas tous. Nous laissons les Israéliens y réfléchir calmement et analyser les diverses possibilités. En dévoilant l'existence de cet avion, nous gardons encore des surprises si nous sommes contraints à affronter une nouvelle guerre au cours de laquelle nous défendrons notre pays, notre souveraineté et notre dignité.

Huitièmement, cet événement montre la capacité de la résistance à dévoiler une partie de ses capa cités et à les dissimuler selon les exigences des différentes périodes. Elle envoie des messages en temps voulu. C'est là la particularité des résistances clandestines. Ce n'est pas le cas des formations militaires qui sont visibles pour tout le monde et qui ne peuvent pas cacher leurs capacités et jouer sur l'effet de surprise.
Neuvièmement, il faut rappeler dans le cadre de cette affaire les multiples violations aériennes israéliennes. Je ne vais pas parler des violations maritimes et terrestres. Les violations aériennes depuis l'adoption de la résolution 1701 en août 2006 s'élèvent à 20864, alors que l'Etat libanais est impuissant. Je pose d'ailleurs la question : comment l'Etat peut-il répondre à ces violations ? Comment une équation susceptible de mettre un terme à ces violations pourrait-elle voir le jour alors que les Nations unies qui ont adopté la résolution 1701 gardent le silence ? et face au silence assourdissant de certains Libanais qui passent leur temps à faire de la surenchère sur la souveraineté ? C'est pourquoi j'affirme que le fait d'envoyer de nouvelles missions aériennes au dessus de la Palestine occupée fait partie de nos droits. Cette mission n'est pas la première et si Dieu le veut ne sera pas la dernière. Grâce à ce type de drones, nous pourrons envoyer des missions au dessus des zones que nous voulons, même si elles sont oubliées dans l'inconscient et le cerveau arabes. Pour citer un exemple, je parlerai des îles arabes Tiran et Sanafer dans la Mer rouge sur lesquelles flotte le drapeau israélien et qui sont oubliées.

Dixièmement, nous avons donné à cette opération qualitative de la résistance le nom de « Hussein Ayoub » alias « Frère Rabih » qui a été l'un des premiers pionniers dans ce domaine au sein de la résistance. Il est devenu martyr en empruntant cette voie. De même, nous voulons appeler cet avion « Ayoub », tout comme nous avions appelé son petit frère « Mersad ». D'abord en hommage au Prophète Ayoub, symbole de la patience qui aboutit finalement au succès et à la réussite et à la mémoire de notre martyr Hussein Ayoub.

Enfin, je voudrais encore dire que cet avion que vous voyez aujourd'hui a nécessité du temps et des préparatifs. Cela signifie que quelle que soit l'ampleur des crises internes et régionales, la résistance ne se laisse pas distraire de l'ennemi principal du Liban et de la oumma. Nous devons constamment améliorer nos capacités car nous parlons d'une confrontation avec "Israël" qui travaille jour et nuit et a accès en permanence à la dernière technologie grâce aux Etats-Unis et à l'Occident pour rester supérieur aux Arabes. Nous devons aussi faire tout notre possible pour préserver les capacités et le potentiel de la résistance. Nous assumons cette responsabilité, avec tout ce qu'elle implique de sacrifices. C'est ce que nous affrontons tous les jours en préservant cette résistance, ses armes, ses capacités et sa clandestinité.

Au sujet de la résistance, je voudrais évoquer quelques titres.
Le premier, que j'appellerai la géographie des armes, porte sur les dépôts de munitions et d'armes. Ce qu'on appelé l'affaire du dépôt de Nabi Chit entre dans ce cadre. L'explosion a coûté la vie à trois de nos moujahidins, que Dieu ait leur âme. Chaque fois qu'un incident de ce genre se produit, la question de la géographie des armes est soulevée. C'est un débat. Je dirai qu'au Liban, on ne peut pas parler de premières lignes de front et de lignes arrière. Je citerai en particulier le Sud et la Békaa pour ne pas éparpiller le débat. Pendant la guerre de juillet 2006 par exemple, la Békaa a été bombardée au même titre que le sud. La plupart des villages de la Békaa, Ouest et Nord (Baalbeck et Hermel) ont été violemment bombardés par l'ennemi israélien. Il y a eu aussi des débarquements de commandos au Sud et dans la Békaa. En 2000, il y en a eu à Jibchit pour enlever cheikh Abdel Karim Obeid et en 1994, un autre à Qsarnaba pour enlever notre frère Abou Ali Dirani. Il y a eu aussi des attentats au sud, dans la banlieue sud et dans la Békaa. Tout cela pour dire qu'on ne peut pas diviser les lignes de front en premières lignes et lignes arrière. En réalité, les premières lignes sont tout le champ d'action de l'ennemi. Et au Liban, il s'étend sur toute la surface de la défense nationale.
Le second point que je voudrais évoquer à ce sujet est le suivant : Même si nous acceptons l'idée de l'existence de lignes arrière et de premières lignes de front, aucune force au monde, dans le passé et le présent, qu'il s'agisse d'une armée régulière oud ‘une résistance, ne place ses dépôts d'armes et de munitions dans un même espace géographique. C'est illogique et irrationnel. Il n'est pas besoin d'académies de guerre, de généraux et autres spécialistes pour le savoir. Même le plus ignare en matière de défense le sait.

Le troisième point dans ce même sujet est le suivant : certains protestent parce que le dépôt est installé à Nabi Chit. L'an dernier, il y a eu la même réaction à la suite d'une explosion similaire à Kherbet Selm, au Sud. En réalité, le problème n'est ni dans le fait que le dépôt est dans la Békaa ou au Sud. Il est avec l'existence même de la résistance. Si le Hezbollah abandonne la résistance, la question serait abordée différemment. Si le Hezbollah cesse d'affronter le projet israélien au Liban, ils auront une autre position. Le problème est donc avec la résistance qui a pour nom au Liban, Hezbollah, Amal, PSNS, Communiste, Laïc, islamiste peu importe le nom, le problème est là.

Il est donc normal que la résistance ait dispersé ses dépôts et cela pour plusieurs raisons. Je n'en citerai que deux : si nous les regroupons tous en un seul lieu et si celui-ci est découvert, nous serons dans de beaux draps. En somme, il s'agit de quelques cibles auxquelles beaucoup de moyens humains et techniques sont consacrés. L'aviation ennemie pourrait être tentée de les bombarder. C'est donc une action irrationnelle. Aucune force ne se risquerait à mettre ses dépôts dans un même lieu, surtout face à un ennemi comme "Israël" qui viole l'espace aérien et la souveraineté terrestre et maritime. Le plus triste, c'est que l'ennemi israélien comprend cette logique et pas certaines parties libanaises. Il a dit, au sujet de l'explosion de Nabi Chit : il est normal que le Hezbollah disperse ses dépôts sur le plus large espace géographique car il sait que comme dans les guerres passées, les forces israéliennes chercheront à couper les voies de communication et de ravitaillement. L'ennemi comprend et des parties libanaises qui se disent soucieuses du pays et de la souveraineté ne comprennent pas, car en réalité, la haine aveugle leurs esprits et leurs cœurs.

En évoquant les guerres précédentes avec "Israël", nous constatons qu'avec ses moyens aériens, l'ennemi cherche à isoler les régions, les axes et les villages. C'est pourquoi toute force ayant un minimum de raison songe à disperser les dépôts pour les protéger de la destruction totale tout en préservant le secret des cachettes.
C'est en tout cas la démarche adoptée par la résistance. Nous essayons de faire en sorte que nos dépôts soient secrets et nous prenons des mesures spéciales pour les protéger. Mais il est normal que face à leur quantité et en dépit des précautions, des failles apparaissent. C'est ce qui s'est passé à Nabi Chit. J'espère que les choses sont claires et que l'opinion publique comprendra notre position. Je souhaite que nos adversaires politiques adoptent la même attitude objective que celle de nos ennemis.

Un autre titre que je veux évoquer : l'histoire de notre prétendue participation aux combats aux côtés du régime syrien et la mort de notre frère hajj Abou Abbas qui fait la une des médias télévisés et sur internet depuis deux semaines. J'ai laissé faire et parler pour qu'ils disent tout ce qu'ils ont à dire sur le sujet. Maintenant, j'ai le droit de donner mon avis sur cette question. Depuis le début de la crise en Syrie, notre position politique est claire. Nous n'en avons pas honte. Depuis le début, nous avons exposé notre vision et nous avons perçu la gravité de ce qui se passe en Syrie et ses répercussions sur la Syrie, le Liban, la cause palestinienne et la région en général. Nous en avons parlé en long et en large et sur le plan politique, nous n'avons ni honte, ni peur ni hésitation à exposer notre position. Celle-ci reflète nos convictions. Certains nous disent même que nous payons le prix de nos positions vis-à-vis de la Syrie. Et je réponds : il n'y a pas de problèmes, la vie est ainsi faite. Il faut assumer la responsabilité de ses opinions. De plus, il faut attendre la fin pour juger.

Mais au deuxième ou au troisième jour de la crise syrienne, alors que les combats n'avaient pas encore commencé, certaines parties au sein de l'opposition syrienne ont commencé à dire que le Hezbollah a envoyé 3000 moujahed et il participe aux combats aux côtés du régime. Nous avons très vite déclaré qu'il s'agit d'un mensonge et je continue à le dire aujourd'hui. Tantôt, c'est 1500 combattants, tantôt c'est 2000, puis 4000 puis 5000. Naturellement, avec les combattants, il y a des martyrs. On parle donc tantôt de 100, puis de 200 et encore de 300. Où sont-ils ? J'ai déjà dit à plusieurs reprises qu'au Liban, on ne peut rien cacher. Et surtout pas lorsqu'il s'agit d'un martyr. Nous nous rendons auprès de sa veuve et de sa famille. Pour nous, le martyr, c'est une cause sacrée. Tout au long de notre histoire de trente ans, nous avons toujours respecté cette question. C'est une affaire de moralité. Alors, comment aurions-nous pu cacher les obsèques de nos martyrs, dans les villages où tout le monde se connaît ? Même si en fait, nous n'enterrons pas nos morts dans la clandestinité. Nous le faisons au grand jour et devant les caméras de télévision. Où sont, dans ce cas, les 300 et 400 martyrs tombés en Syrie ? Il y a quelques jours, les médias proches du 14 mars et certaines chaînes arabes ont insisté sur le fait qu'il existerait 75 morts au sein du Hezbollah tombés en Syrie dans le village de Rablé, proche de la zone frontalière du Hermel. C'est un mensonge dénué de tout fondement. Malgré cela, ils insistent et ajoutent à leur histoire que le Hezbollah mène des négociations pour obtenir un cessez le feu et qu'il a pu retirer 30 martyrs et il en reste encore. Les groupes armés auraient aussi réussi à capturer 14 membres du Hezbollah il y a deux jours dans la campagne entourant Koussayr... Il est en tout cas clair depuis le début qu'il y a une volonté d'impliquer le Hezbollah dans les combats en Syrie. Je le répète : notre position politique est claire et jusqu'à présent, nous n'avons pas combattu aux côtés du régime. D'abord, il ne nous l'a pas demandé. Certains pourront demander si cela signifie que ce serait possible dans l'avenir. Et je réponds nul ne sait à part Dieu de quoi demain sera fait. Je voudrais donc être clair sur cette question.

Encore un dernier point. L'histoire est donc fausse, mais qu'est-il donc arrivé au martyr Abou Abbas et à d'autres morts dans des régions proches du monument de Hermel ? Nous allons raconter leur histoire en libanais. Nous nous comprendrons et nous parviendrons à définir les responsabilités. Je voudrais rappeler que nous ne cachons pas au contraire, nous sommes fiers de nos actes.

En parlant de ce sujet, je voudrais que l'Etat qui n'assume pas ses responsabilités le fasse, ainsi que les forces politiques qui n'assument pas non plus leurs pleines responsabilités. Ce dont je vais parler n'est pas nouveau et figure dans les médias libanais, ceux du 14 mars et ceux du 8. Il suffit de revoir les archives. Mais les Libanais, l'Etat et les médias sont occupés par autre chose, alors que certaines forces politiques ne se soucient pas au départ de cette question. Il existe donc des villages libanais à l'intérieur du territoire syrien, proche de Hermel. La terre est syrienne, les villages sont syriens, mais les habitants sont Libanais, ou une partie d'entre eux.23 villages sont dans ce cas et 12 fermes. Il existe des listes pour identifier les habitants libanais qui appartiennent à toutes les confessions. Il y a donc des chiites, des sunnites, des chrétiens et des alaouites. Ils seraient près de 30000 même si certains Libanais n'ont pas entendu parler d'eux. Ces Libanais possèdent des maisons, des biens et des commerces en Syrie et leurs intérêts sont autour de Kousseyr et Homs. Ils se sont mêlés à tous les habitants de ces régions. Ils sont présents dans ces lieux depuis des dizaines, voire une centaine d'années (certains parlent de 150 ans). En tout cas avant le tracé des frontières. Ces familles ont les mêmes noms que des familles dans la Békaa et d'ailleurs ils sont les fils d'une même région. Une partie de la famille réside de ce côté de la frontière et une autre du côté syrien. L'accord de Sykes-Picot a ainsi divisé le Liban et la Syrie, entre autres zones. Ces familles résidant en territoire syrien ont conservé leur nationalité libanaise et leurs relations avec le Liban. Elles votent d'ailleurs au Liban, leurs cœurs et leurs esprits sont au Liban mais elles vivent en territoire syrien. Certains jeunes de ces familles établies en territoire syrien ont adhéré à des partis libanais depuis des dizaines d'années. Certains sont au Hezbollah et d'autres dans des partis différents. Oui, certains sont membres du Hezbollah. Mais ils n'ont pas été envoyés par lui là bas. Leurs familles sont libanaises, ils sont dans le Hezbollah, ils font partie pour certains de sa structure militaire, et ils sont pour certains aussi, à plein temps dans le parti, ils ont combattu au sud et dans la Békaa ouest depuis 1982, mais ils habitent de l'autre côté de la frontière.

Depuis le début de la crise syrienne, ces personnes ont établi des contacts, mais personne n'a cherché à leur dire ce qu'elles devaient faire : rester sur place, s'en aller, combattre, rester à l'écart etc... Ils ont pris leur décision seuls, en tenant compte de leur situation. Au début- et les médias peuvent enquêter sur le sujet-ils ont choisi à l'instar du Liban, de rester à l'écart. Mais au fur et à mesure que se développait la crise syrienne, l'armée régulière s'est retirée de certaines régions. Elle a dressé des barrages qui ont été frappés, mais ces gens sont restés dans leurs maisons. Que s'est-il ensuite passé ? Les groupes armés ont attaqué ces gens, les ont chassés de leurs maisons et ont incendié celles-ci. Ces groupes ont agressé, enlevé, pillé et tout cela est relevé dans des documents que celui qui le désire peut consulter. Des médias sont allés enquêter sur des Brésiliens d'origine libanaise ou des Argentins etc. C'est bien. Mais il ne faut pas occulter le fait qu'il existe aussi des Libanais détenteurs de passeports libanais qui se sont battus au Liban pour la souveraineté de ce pays et qui sont installés en Syrie et sont la cible d'attaques de la part des groupes armés. Certaines familles ainsi attaquées (et je me suis informé des détails car les médias sont en mesure de les fournir) ont choisi de quitter les villages. Elles se sont réfugiées au Liban, dans la Békaa, à Beyrouth ou au Sud. Mais le plus grand nombre a choisi de rester sur place. Il a acheté des armes pour se défendre. Vous savez que les frontières sont ouvertes et pas seulement au niveau du Hermel. Elles le sont aussi à Ersal, dans la Békaa ouest, au Nord...Les partisans du régime et ceux de l'opposition se procurent des armes à partir du Liban. Nous parlerons plus tard des courants et partis qui fournissent les armes...

Ces gens ont décidé de rester dans els villages et de se défendre. Cette décision n'a rien à voir avec le fait d'être ou non avec le régime. C'est une question de survie et de défendre une cause humaine et noble qui est la légitime défense, celle de sa famille, de ses enfants, de ses proches face aux agressions de groupes armés syriens et autres. Ces gens ont donc acheté leurs armes pour se défendre. Nous autres, nous leur avons envoyé du ravitaillement comme nous le faisons avec d'autres. Ils préféraient le vendre pour se procurer des armes car leur priorité est de protéger leurs biens et leurs familles. Voilà ce qui se passe. Ces gens ont le droit de recevoir de l'aide de notre part ou d'ailleurs. Mais c'est eux qui se battent. C'est leur décision. Le Hezbollah n'a pas ouvert un front et ne participe pas aux combats. Ces habitants choisissent eux-mêmes leur destin. Nous ne pouvons pas les empêcher ni les influencer. C'est qui décident de rester ou de partir. Ils sont libres. Ceux qui sont membres du Hezbollah sont comme les autres habitants de ces villages. Ils sont libres de leur décision, nous ne les influençons pas. C'est la réalité. Je précise encore à ceux qui ont dit que le Hezbollah a ouvert un nouveau front que cela est faux. Tout le monde sait où est notre front. D'autres ont dit que le Hezbollah réclame la restitution de ces villages. Peuvent-ils me dire à qui le Hezbollah a présenté une telle demande ? La diffamation et le mensonge sont des procédés honteux. Tantôt on nous accuse de vouloir revenir à la Grande Syrie et tantôt de réclamer la restitution de villages. Tout cela est faux. Certains ont encore dit que nous voulions un nouveau tracé des frontières dans cette région. C4est encore faux. Tout comme est faux le fait de dire que le Hezbollah a installé un nouveau conflit au cas où il y a un changement en Syrie. C'est de l'imagination pure et c'est dénué de tout fondement. Je le répète : il s'agit d'une terre syrienne et de villages syriens, mais ils sont habités par des Libanais. Nous remercions au passage la Syrie de les avoir abrités tout au long de ces années. Mais le sort de ces 30000 Libanais est aujourd'hui sur la sellette. Au début, ils sont restés à l'écart. Mais face à l'agression dont ils sont victimes, que doivent-ils faire ? Quel est leur devoir ? S'ils posent cette question au gouvernement libanais, à leur Etat et à leurs partis politiques (oublions-nous un instant), pensez-vous qu'ils obtiendront une réponse ? Nous autres en tant que personnes engagées envers notre terre, nous les encourageons à en faire de même. Mais les autres que leur disent-ils ? Quelle est la responsabilité de l'Etat, des autorités religieuses et des partis politiques à leur égard ? Que personne ne nous dise cette question est tardive, puisque vous avez déjà pris la décision. Ce sont les gens eux-mêmes qui ont pris la décision de se battre et de défendre leurs biens et leur présence. Voilà toute l'histoire qui fait l'actualité depuis deux semaines.

Quant au martyr, le frère Abou Abbas, tout ce qui a été dit à son sujet, notamment sur ses fonctions de chef de l'infanterie du Hezbollah en Syrie est faux. Tout le monde dans la Békaa connaît le martyr Abou Abbas. Allez donc leur demander, ils ne sont pas membres du Hezbollah et ils peuvent vous répondre. Abou Abbas est un responsable au sein de la structure militaire du Hezbollah dans la Békaa. Il y est responsable de l'infanterie, des nominations et des combattants. Les combattants originaires des villages relèvent de sa responsabilité et il a un long parcours jihadiste qui est à son honneur.
Je m'approche de la fin et je voudrais rappeler que notre position au sujet de la crise syrienne est claire. Mais toutes les pressions exercées sur nous ne changeront pas nos convictions, notre vision et notre position. Nous pensons que la situation en Syrie est un danger pour la Syrie et pour la Palestine et sa cause. Elle constitue aussi une menace pour le Liban, la Turquie, la Jordanie, l'Irak et l'ensemble de la région. Nous appelons donc jour et nuit à un dialogue, à une solution politique et à l'arrêt du versement de sang. Qu'un milliard de personnes dans le monde nous insulte, cela n'y changera rien. De plus, jusqu'à cet instant, le régime syrien n'a pas besoin de nous, ni de personne d'autre pour combattre à ses côtés. D'ailleurs, il n'est pas dans son intérêt qu'une force étrangère, quelle qu'elle soit, participe au combat, pour de multiples raisons que je ne développerai pas pour l'instant. En résumé, il n'a pas besoin de notre aide, il ne nous l'a pas demandée et nous n'avons pas décidé d'intervenir.

Je voudrais dire en toute franchise que si un jour il nous est demandé d'intervenir et notre sens des responsabilités nous pousse à le faire, nous ne le dissimulerons pas. Mais cela n'est pas à l'ordre du jour et n'existe pas dans les faits. Les chaînes arabes satellitaires en parlent certes, mais cela n'en fait pas pour autant une réalité. Aujourd'hui, n'importe qui peut imprimer des papiers, y ajouter des sceaux et prétendre qu'il s'agit de documents officiels possédés par l'opposition syrienne. Je peux en fabriquer moi-même et dire qu'ils sont du monde entier. Il y a des oppositions partout, en Arabie saoudite, à Bahrein, en Turquie. Je peux donc fabriquer des documents et dire qu'elles viennent de cette opposition ou de telle autre. En tout cas je voudrais conseiller à certaines parties au sein de l'opposition syrienne de ne pas utiliser ces procédés avec nous. Elles ne doivent pas non plus penser à nous menacer et croire qu'elles peuvent nous effrayer. Cela ne marche pas avec nous.

Notre expérience est connue. Elle est vieille de 30 ans. Le Hezbollah est connu dans toutes les étapes qu'il a traversées, les obstacles qu'il a surmontés, les défis qu'il a relevés. Tout le monde sait maintenant ce qui marche ou non avec lui. Les menaces, les diffamations, les mensonges n'ont aucun impact sur lui. Il est donc inutile d'avoir recours à de tels moyens. Tout comme il est vain de continuer à utiliser le dossier des pèlerins enlevés. Maintenant chaque fois qu'un Libanais est enlevé en Syrie on dit qu'il est membre du Hezbollah et qu'il travaille aux côtés du régime syrien. Il y a des dizaines de milliers de Libanais en Syrie et peut-être plus qui y vivent depuis un demi-siècle et plus.

Ils appartiennent à toutes les confessions. Malgré cela, chaque fois qu'un Libanais est enlevé, on dit qu'il est membre du Hezbollah. Imaginez que nous sommes maintenant au Liban dans une situation où les ravisseurs font l'objet de remerciements et de respect alors que la victime est criminalisée. Pourquoi ne les libère-t-on pas ? Si les ravisseurs attendent des excuses de ma part, je ne crois pas qu'il existe quelqu'un qui accepte que je le fasse, indépendamment de mon opinion personnelle. Cette affaire vous condamne d'ailleurs. Vous avez une cause à défendre, pourquoi gardez-vous des innocents chez vous ? Vous voulez en contrepartie de leur relaxe une position politique ? C'est honteux, sur le plan moral et religieux. C'est un signe de faiblesse, non de force. C'est n'est pas comme cela que vous aurez notre respect ou nos excuses. Au contraire, vous nous poussez ainsi vers des choix que nous ne voulons pas. C'est pourquoi je vous dis de laisser ce dossier hors de la lutte et du conflit. Je conclus en rappelant que nul ne peut nous menacer et nous faire peur. Que l'on ne nous cherche pas.

C'est ce que j'ai voulu dire aujourd'hui. Tout ce que nous espérons, c'est que Dieu aide à mettre un terme à cette crise, selon les attentes et les aspirations du peuple syrien et celles de la oumma et de ceux qui tiennent à ses intérêts.

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