noscript

Please Wait...

ramadan2024

Discours à l’occasion de la Journée du martyr 2012

Discours à l’occasion de la Journée du martyr 2012
folder_openDiscours complets access_time depuis 10 années
starAJOUTER AUX FAVORIS


Le 12-11-2012

Je voudrais, pour commencer, rendre hommage aux familles des martyrs qui ont donné ce qu'elles ont de plus cher à Dieu et nous nous retrouvons aujourd'hui pour célébrer leur mémoire.

Je voudrais de nombreux sujets mais je commence par ce qui est lié à la commémoration des martyrs. Tout le monde sait que le 11-11-1982, la première opération spectaculaire de résistance a été accomplie par l'émir des martyrs Ahmad Kassir. Nous avions dit l'an dernier que cette opération était la plus forte. Nous le répétons aujourd'hui. Elle reste la plus importante dans l'histoire du conflit arabo-israélien sur le plan des résultats et des conséquences, tout comme elle a servi de base aux actions futures. Cette opération a brisé le barrage de la peur et celui du désespoir. Il faut pour en comprendre la portée revenir au climat qui régnait en 1982. Cette opération a donc changé les visages, notamment celui de Sharon et marqué le début d'une nouvelle ère, celle des défaites de l'ennemi et des victoires de la résistance.

En cette journée, nous rendons hommage à tous nos martyrs et nous évoquons leurs sourires. Ils sont toujours présents dans nos mémoires, dans nos cœurs et dans nos consciences. Des sentiments complexes nous étreignent, un mélange de tristesse et de joie, tristesse pour la perte d'être chers car nous sommes des humains et joie pour l'importance des réalisations, pour le fait qu'ils ont accompli leur devoir jihadiste, joie aussi parce qu'ils sont maintenant aux côtés du Roi des Rois. De même, nous rééditons notre engagement et notre détermination à poursuivre le chemin qu'ils ont tracé et à appliquer leurs recommandations et à les respecter.

Nous rendons donc hommage à nos martyrs. En cette journée, la résistance islamique a célébré ses trente ans. Certes, il y a d'autres mouvements de résistance plus anciens et nous les respectons tous. D'ailleurs l'islam nous apprend à respecter ceux qui sont plus âgés que nous et qui ont plus d'expérience. Nous nous arrêtons toutefois sur ces trente années de résistance, trente années de lutte, de difficultés, d'obstacles, de défis et de victoires. Quand nous disons trente ans, nous parlons de beaucoup d'hommes, certains sont morts en martyrs, d'autres sont encore vivants. Quel âge avaient-ils au début de la résistance ? 18, 19 et parfois 17 ans. Ahmad Kassir avait 18 ans. Aujourd'hui ceux qui étaient présents dès le début s'approchent de la soixantaine et cette résistance regroupe donc des jeunes de 18 ans et des plus âges qui ont presque 60 ans. C'est cela la force et la vitalité de la résistance.

Nous nous attachons à notre passé. Lorsque nous regardons ce qui s'est passé au cours des 30 dernières années, l'évolution des événements et des positions, nous nous attachons encore plus à notre passé qui est la base de ce que nous sommes devenus. Le passé prépare le présent qui à son tour prépare l'avenir. Le passé est pour toute personne un enseignement. C'est de lui qu'elle tire les leçons et qu'elle peut prévoir l'avenir et comprendre le présent.

Certains veulent que nous oublions ce passé, le nôtre. Certains veulent que tous les peuples des Etats arabes qu'ils oublient leur passé, pour les placer devant un présent fait de duperie, de renversement des valeurs. Au point que le résistant historique devient un agent, ou au mieux suspect dans son nationalisme et son arabisme et l'agent historique devient un nationaliste et un arabe qui délivre même des certificats de nationalisme. Celui qui se soucie de son pays et de son nationalisme devient un criminel et celui dont le passé est truffé de crimes et de violations claires qui n'ont même pas besoin d'être prouvées tant elles sont évidentes, devient un homme honnête plein de moralité, qui donne des leçons de noblesse. Même si nous refusons cette réalité et si nous ne voulons pas la consacrer, nous devons la garder présente dans nos esprits.

Aujourd'hui, ceux qui en 1982 et pendant de longues années étaient les alliés d'"Israël", les agents d'"Israël", des collaborateurs d'"Israël", ont combattu à ses côtés et ont envahi des villes libanaises et des camps palestiniens, ont espionné pour le compte d'"Israël" et ont gardé les geôles israéliennes, viennent demander à ceux qui se sont battus, sont morts ou ont donné ce qu'ils ont le plus cher pour défendre le Liban et le sauver du complot israélien et de l'ère israélienne, des preuves de nationalisme.

C'est triste de voir qu'en 2012, c'est cela la réalité au Liban. Les tribunes sont ouvertes à ceux-là qui distribuent des certificats de nationalisme. Nous sommes d'ailleurs fiers- et ce point constituera une base pour la suite pas seulement sur le plan affectif- du fait qu'on nous demande de participer à une table de dialogue où ceux qui ont ce passé viennent discuter avec nous de la stratégie de défense, de la façon de défendre notre pays, notre peuple et la souveraineté du Liban.

C'est pourquoi je le répète, lorsque nous parlons du présent, et que nous évaluons la situation et les personnes, nous devons garder en tête ce passé. Certes, nous ne sommes pas figés dans le passé et nous ne voulons pas détruire le pays à cause du passé. Mais en évaluant les personnalités, les positions, les événements et leurs dessous, lorsque nous demandons où certains veulent entraîner le pays, nous devons avoir en tête le passé. Sinon, nous adopterons des positions fausses. Je m'adresse ici à l'ensemble du peuple libanais et j'espère que je peux le faire à partir de cette tribune.

J'en arrive à la résistance -qui reste le sujet de cette journée du martyr et le projet des martyrs- et je réaffirme notre détermination à poursuivre la résistance et à augmenter notre préparation à défendre notre pays. Nous continuerons à améliorer nos capacités humaines et techniques, sans la moindre fatigue ou lassitude. Nul-ni l'ami ni l'ennemi- ne doit croire que ce qui se dit au Liban et dans la région a la moindre influence sur notre détermination et sur notre action constante, jour et nuit pour améliorer la résistance. Nous continuons donc à travailler avec la même détermination et la foi et avec une grande confiance dans l'avenir. Grâce au sang de nos martyrs et à notre vision claire, nous avons atteint le stade où l'ennemi reconnaît la réalité de notre pouvoir dissuasif. Peu m'importe dans ces conditions que certains Libanais reconnaissent ou non cette dissuasion. Ce qui compte pour moi c'est l'ennemi et il la reconnaît, car notre but c'est la défense du Liban et de notre peuple. C'est mon devoir de protéger mon pays, mon peuple. C'est un devoir moral, national, religieux et humain.

Je peux le dire en toute franchise et en toute clarté : après la guerre de juillet et ce qui s'est passé ensuite, à travers les équations lancées par les Israéliens, ils reconnaissent d'une façon ou d'une autre la force de dissuasion de la résistance au Liban. Cette opinion fait l'unanimité en "Israël" ; chez les militaires, les hommes de sécurité, les politiciens, les journalistes, les experts et l'opinion publique israélienne. La dissuasion est des deux côtés. "Israël" a une force de dissuasion. Ce n'est pas nouveau. C'est vrai depuis 1948. L'élément nouveau, c'est que le Liban a créé à son tour une équation de dissuasion, alors que certains disaient que le Liban et la région sont soumis à la force israélienne. L'élément stratégique nouveau est que la résistance au Liban a réussi à établir une nouvelle équation de dissuasion qui se confirme et se renforce à travers l'équation : l'armée, la résistance et le peuple.

Dans ce contexte, l'avion Ayoub a constitué un pas important dans ce sens, confirmant la détermination et la planification pour une équation plus performante. Tous les militaires et les hommes de sécurité connaissent l'importance des informations dans toute bataille militaire. Une armée puissante et dotés de moyens techniques considérables ne peut pas être efficace si elle n'a pas d'informations sur l'ennemi. Elle devient comme un éléphant aveugle, qui frappe à droite et à gauche et perd ses moyens dans la mauvaise direction. Il est donc très important, même lorsqu'on se trouve dans une tranchée d'avoir des informations précises sur l'ennemi. Aujourd'hui, la résistance avance à grand pas dans ce domaine. L'ennemi israélien sait parfaitement l'importance pour la résistance d'avoir des informations précises. Ceux qui ne savent c'est qu'ils ne veulent pas savoir. Mais l'ennemi, lui, en est conscient et cela augmente notre pouvoir dissuasif. Quel est le rôle du drone Ayoub dans tout cela ? Lorsqu'on établit une équation de dissuasion et que nous disons : un aéroport contre un autre, un port contre un port, Tel Aviv contre Beyrouth et même contre Beyrouth et la banlieue sud, il s'agit de cibles précises et si vous avez les missiles mais pas les informations, cette menace devient vague et sans contenu. Ce qui complète le missile, ce sont les informations sur les cibles précises. Or, ces informations sont fournies par Ayoub, ses frères et ses sœurs et par d'autres sources. C'est là donc qu'intervient le drone dans l'équation de dissuasion. Certains demanderont : envoyer le drone Ayoub est donc de la dissuasion ? et je dirais : cela fait partie d'un dispositif complet. Je voudrais ici aborder un sujet dont je n'ai pas encore parlé. Comment l'ennemi a-t-il traité l'affaire du drone. Le même jour, Netanyahu et Barak ont affirmé qu'il s'agit d'une affaire très dangereuse et ils ont promis de punir ceux qui ont lancé l'avion. Ils ont attendu les premiers jours pour savoir d'où est venu le drone. Car il y avait plusieurs possibilités. De prime abord, ils ont cru que l'avion venait de Gaza ou du Sinaï. Netanyahu a donc haussé le ton. Pourquoi ? Parce que Gaza est tous les jours la cible d'une agression israélienne -et elle est actuellement la cible de nouvelles agressions qui font de nouveaux martyrs et blessés- et Netanyahu s'est dit : allons-y, vengeons-nous sur Gaza ; Mais lorsqu'il n'a pas eu de données confirmant le lancement du drone à partir de Gaza et lorsque nous avons annoncé notre responsabilité, il n'a plus rien dit. Pourquoi ? Parce que la situation avec le Liban est différente. L'Israélien ne peut pas frapper et détruire le Liban impunément. Au contraire, les analystes israéliens ont parlé de la signification de cet avion, des dessous de l'affaire, de ce que veut la résistance au Liban et de l'échec des Israéliens. Au Liban, que s'est-il passé ? Le 14 mars a multiplié les cris et les pleurs, publiant des communiqués conjoints et individuels pour déplorer le lancement de l'avion. Ils ont même organisé des condoléances et le deuil chez les Israéliens est fini mais pas chez eux. Ils ont donc parlé d'une violation de la résolution 1701, d'une agression qui va entraîner le Liban dans une guerre car il va donner le droit à "Israël" de lancer une attaque contre le Liban. Je le dis à ma responsabilité -et nous célébrons aujourd'hui la journée du martyr- , certains au sien du 14 mars priaient en leur for intérieur pour que l'ennemi lance une attaque contre le Liban. Mais l'Israélien a déçu leurs attentes. Et ce n'est pas la première fois. Car l'israélien ne travaille pas aux ordres du 14 mars. Il travaille pour son projet. En 2006, après la capture des deux soldats, l'Israélien a exécuté un plan américano-israélien. La suite des événements a montré qu'il s'agit d'un plan américain pour lequel les Israéliens ont été sollicités, celui du Nouveau Moyen Orient.

Comment expliquer la position d'une partie libanaise face au développement que constitue le drone Ayoub ? Au lieu que ce sujet soit une source de fierté, le fait qu'il soit pour une partie des Libanais une source de crainte et de tristesse, c'est tout de même curieux. C'est une preuve de plus que ce camp ne croit pas dans la résistance. Il n'y a d'ailleurs jamais cru. Permettez-moi de les diviser en deux : un groupe n'a jamais cru à la résistance et il était aux côtés des Israéliens et un second groupe était avec la Syrie, mais il ne croyait pas non plus à la résistance. Il était simplement pragmatique et il est aujourd'hui dans les rangs du 14 mars. La réalité est que nous sommes devant un camp qui ne croit pas à la résistance. Celui qui vient discuter d'une stratégie de défense ne croit pas au départ qu'"Israël" est l'ennemi et ne croit pas à la résistance. Il croit plutôt au choix de la négociation et au fait de céder aux conditions israéliennes. Cela fait trente ans qu'ils parlent ainsi. Certains pourraient me dire : vous voulez nous ramener trente ans en arrière ? et je dirais rassemblez les déclarations, les parcours et les événements au cours des trente dernières années et vous aurez ce résultat.

De tout cela je tire deux résultats. Le premier est de dire aux Libanais : revoyez ce qui s'est passé entre 1982 et 2012 sur le plan du dossier israéliens. Rappelez-vous l'invasion, l'hégémonie israélienne, l'accord du 17 mais, le retrait partiel, puis 2000, 2006 et aujourd'hui. Voilà notre passé et notre expérience, construite avec notre sang, notre chair, notre sueur et nos efforts. Prenez cette expérience en considération et mesurez ce qu'elle a amené au Liban comme force, victoire et réalisations.

Regardez en comparaison ce qui se passe dans le monde arabe. Gaza est chaque jour la cible de nouvelles agressions. Où est la Ligue arabe ?On vous parle encore de stratégie de défense arabe unifiée. Les mêmes propos depuis trente ans. Si nous avions attendu la Ligue arabe, il y aurait des colonies israéliennes non seulement au sud mais peut-être aussi dans la montagne. Où sont l'OCI, la communauté internationale et les pays arabes ? Je dirais même plus : ce qui se passe à Gaza est un test pour les pays arabes et en particulier ceux du printemps arabe. Comment vont réagir les pays arabes, les mouvements islamistes et nationaux qui sont maintenant au pouvoir ? Quelle sera l'attitude de la Libye, de l'Egypte et de la Tunisie ? C'est un test et une position difficiles. Je prends un autre exemple : le Soudan, , un Etat souverain, membre de la Ligue arabe et de l'OCI. L'Israélien bombarde une usine militaire dans ce pays, violant la souveraineté de ce pays et de la Ligue arabe. Il y a des victimes, et alors ? Où sont la Ligue arabe, l'OCI et le Conseil de sécurité ? Absents. Tous les jours des musulmans sont tués à Burma (Birmanie). Quelle est la réaction à part des communiqués ? Les tueries se sont-elles arrêtées ? Plus encore même, le Prophète des Musulmans a été insulté, qu'ont-ils fait ? Qu'ont fait la Ligue arabe et l'OCI ?

Les Américains ont certes eu peur de la réaction des peuples mais à aucun moment, ils ont craint celle des régimes, des gouvernements et des organisations régionales et internationales. Et je n'ai pas évoqué Bahrein parce qu'il s'agit d'un dossier controversé. J'ai parlé de sujets qui ne suscitent aucune contestation. La Ligue arabe travaille jour et nuit sur le dossier syrien, mais que fait-elle pour Gaza ? Que fait-elle pour le Soudan ? Pour Burma ? Je reviens au point de départ. La seule défense efficace est la plus proche, selon le vieux proverbe libanais. Et c'est ce que s'emploient à détruire les américains, les israéliens, l'Occident et le 14 mars. Mais ils n'y parviendront pas. Ce qui protège le Liban, sa souveraineté, ses frontières, son entité, c'est l'équation armée-peuple et résistance. Si le Libanais ne veut pas protéger son pays, nul ne le fera à sa place. Car en réalité, nul ne se soucie du Liban et des Libanais. Nul ne l'a jamais fait. Renoncer à la fameuse équation est suicidaire. C'est aussi une renonciation au devoir national et aux valeurs humaines.
C'est le premier résultat.

Je passe maintenant au second. Il y a actuellement une table de dialogue qui se réunit pour discuter de la stratégie de défense. Indépendamment du boycott de certains, je voudrais poser deux questions : est-il juste que des personnes dont je viens d'exposer le passé s'assoient pour discuter de la stratégie qu'il faut adopter pour protéger le Liban des visées israéliennes ? les circonstances particulières du Liban imposent ce fait. Mais en réalité, je vous le dis en toute franchise, cela dénote la grandeur de la résistance et sa moralité. Cela prouve aussi le souci de la résistance d'éviter les problèmes, les divisions et les tensions. Nous avons accepté que participent à la table du dialogue ceux qui ont un passé avec d'alliance et de collaboration avec "Israël". Aujourd'hui, certains d'entre eux posent des conditions et se font prier Mais je leur dis : ce n'est pas la peine. C'est uniquement parce que nous sommes nobles que nous avons accepté votre présence à cette table. Tant que nous le serons, vous pourrez être présents. C'est pourquoi je dis aussi, si vous voulez revenir à la table du dialogue vous êtes les bienvenus et si vous ne voulez pas il n'y a pas de problème. Ils croient que le monde ne dort pas la nuit parce qu'ils boycottent la table du dialogue et qu'il s'agit là d'une carte de pression. Mais en réalité, nul ne s'en soucie. Ce n'est une carte de pression que sur eux-mêmes.

La seconde question que je voudrais poser est la suivante : est-il juste que ces parties participent à la conférence de dialogue sur une stratégie de défense alors que d'autres parties libanaises qui se sont battues et ont donné des martyrs au Liban en soient écartées ? Au moment de former un gouvernement, vous dites ils ont des députés au Parlement ou non. Mais lorsqu'il s'agit d'examiner la stratégie nationale de défense, alors que ces parties se sont battues pour le Liban, elles devraient y participer. L'Organisation nassérienne indépendante en fait partie. Mais la liste est longue. Les Nassériens, les Baassistes syriens et beaucoup d'autres forces nationales et islamistes ont donné des martyrs dans la lutte pour le Liban. Ceux qui étaient les alliés d'"Israël" et qui sont contre la résistance discutent de la stratégie de défense nationale et les autres parties n'ont pas le droit de le faire. Je voudrais parler avec mes frères à ce sujet car je ne l'ai pas encore fait. Il se pourrait que nos alliés décident de poser des questions comme les autres le font...

Je passe maintenant aux derniers développements et à la situation gouvernementale avant de conclure par certaines considérations régionales.
Le Liban vit en permanence des crises successives. Certains disent : il y a un problème national aujourd'hui et il faut trouver des solutions. Mais au Liban, il y en a toujours. C'est d'ailleurs ce qui se passe depuis des années, puisque les crises se suivent. Il est certain que l'assassinat du martyr le général Wissam el Hassan a placé le Liban devant un nouveau paysage, non devant une nouvelle crise, puisque les crises continuent. Face à un événement de cette ampleur, il est demandé à tous les leaders politiques, au niveau de l'Etat, des partis et de la population de se comporter avec un grand ses des responsabilités nationales. Car toute erreur pourrait provoquer une explosion.

Les leaders devraient se mettre une chose en tête et ce n'est pas moi qui l'impose. C'est simplement une réalité : Aujourd'hui toute la région est tendue, en Syrie, il y a une guerre sanglante et le Liban vit depuis longtemps des tensions, bien avant la Libye, l'Egypte et la Syrie. Dans ce contexte, lorsqu'un événement se produit, si nous ne sommes pas vigilants et si nous ne faisons pas preuve de sens des responsabilités, le pays peut exploser.

Nul ne peut me dire que je suis en train de brandir une menace. Je suis en train de décrire la situation. Elle exige de nous une action responsable, non opportuniste. Il ne s'agit pas de profiter d'un événement et de l'exploiter sans réserve et sans limite pour servir un objectif politique déterminé, même si cela doit provoquer l'éclatement du pays. Malheureusement, une partie au Liban se comporte ainsi. Je ne veux pas évoquer les anciens événements, mais parler de ce qui vient de se passer.

Après l'assassinat du général el Hassan, certains ont immédiatement désigné la Syrie, sans détenir la moindre preuve. Ils sont d'ailleurs habitués à lancer des « accusations politiques ». On leur a alors dit : la situation est grave. Laissez la Syrie ». Ils ont alors détourné leurs accusations vers la scène interne et commencé à désigner le Hezbollah. Autrement dit, nous sommes revenus à la vieille histoire et je voudrais ici aborder la question sunnite et chiite. Ainsi, le plus haut officier de l'Etat est considéré sous l'angle de son appartenance confessionnelle. Ceux qui ont donc dit que les assassins du général sunnite el Hassan sont chiites, où voulaient-ils en venir ? Et s'il y a parmi ceux qui lancent ces accusations des figures ayant un passé avec "Israël", où veulent-ils en venir ? S'il y a une preuve, une donnée concrète, un indice, une preuve indirecte qu'ils le donnent à l'enquête. S'il s'agit d'une analyse politique, je dois dire qu'il en existe plusieurs. S'il y a une once de logique et de raison, on peut dire : en analysant, on peut dire qu'il existe plusieurs possibilités. Personnellement, je n'accepte pas qu'on dise que le Hezbollah fait partie de ces possibilités. Mais je vais quand même supposer qu'on le fasse. Il y en a d'autres : "Israël" (Ne dites-vous pas qu'il a démantelé 35 réseaux d'espionnage israéliens ?), ou encore un jeu de renseignements internationaux, un plan de discorde entre sunnites et chiites, la piste Al Qaëda etc.

Si nous sommes raisonnables, nous pouvons donc évoquer ces 5 ou six pistes, dont le Hezbollah fait partie. Mais ce qui est étrange c'est que depuis la minute de son assassinat, personne n'a évoqué "Israël". Cela signifie que ces parties défendent sciemment "Israël". Et qui accusent-elles du crime ? Le Hezbollah. Sur quelle base ? Mes frères ont dit qu'il faudrait intenter un procès à ceux qui nous accusent. Mais le problème est qu'il faudra attendre 50 et 60 ans la justice libanaise, comme le font ceux qui intentent des procès. Notre choix est donc de supporter et d'attendre. Mais le plus important c'est que les gens soient vigilants.

Ils ont donc lancé immédiatement des accusations politiques et ont écarté les autres pistes. Il y a même un « malin » qui a parlé de l'existence de photos et de films. Si c'est le cas pourquoi ne les remet-il pas aux enquêteurs ? Ils ont aussi élargi le champ des accusations en s'adressant au Premier ministre. Ils ont réclamé la chute du gouvernement et ils ont boycotté la table du dialogue et le Parlement. Il s'agit d'une position opportuniste. Depuis la formation de ce gouvernement, vous n'avez cessé de tirer sur lui et de lui déclarer la guerre. Vous avez œuvré pour pousser le Premier ministre à la démission, allant jusqu'à envoyer des délégations à l'étranger pour défendre ce point de vue, sous prétexte qu'il s'agit du gouvernement du Hezbollah. Mais personne au sein de la communauté internationale, ni au sein du gouvernement n'est convaincu de cette affirmation. Et je peux l'affirmer, ils n'en sont pas convaincus eux-mêmes. Cela fait partie du mensonge et de la falsification qui sont chez vous un moyen politique que vous pratiquez à la perfection.

Vous avez donc fait tout cela, mais il y a beaucoup de différences entre ce gouvernement et le précédent. Vous avez ensuite utilisé la rue et l'incitation confessionnelle. Vos tribunes ont été ouvertes pour assurer la plus grande mobilisation possible pour les obsèques du martyr el Hassan. Cela n'a pas réussi. Mais vous avez réussi à faire monter la tension dans le pays. Des éléments armés ont fermé les routes. Il est faux de dire que les sunnites ont fermé les routes. Car ceux qui l'ont fait ce sont des dizaines d'hommes çà et là. Si vous les comptez, ils ne seraient pas plus de 300. N'importe qui peut regrouper 200 à 300 personnes et leur donner des armes en leur demandant de fermer les routes. Mais où voulez-vous entraîner le pays ? Provoquer des affrontements à Tripoli, à Tarik Jdidé, à Wata Mousseitbé et à Chiyé est dans l'intérêt de qui ? En contrepartie, une grande partie de la population libanaise est restée en retrait, qu'ils soient du 14 ou du 8 mars. Elle ne s'est pas rassemblée et n'est pas descendue dans la rue. Les obsèques du martyr sont devenues une occasion politique qui a mené à l'invasion du Sérail. Mais l'autre rue a fait preuve d'une grande retenue, car les provocations qui se sont succédé pendant trois jours étaient intolérables. Je voudrais par cette occasion, saluer la retenue et le sens des responsabilités de ces gens qui ont tout supporté pendant trois jours sans réagir et évité ainsi une explosion du pays. Il ne s'agit pas seulement des commandements mais des gens, alors qu'en face, certains partisans du 14 mars attendaient de voir comment les combats vont éclater à Tripoli, à Beyrouth et à Saïda et sur la route du Sud pour refaire leurs calculs.
Grâce à cet éveil et à cette conscience, le pire a été évité et il est maintenant certain -toutes les données l'indiquent- que ces parties politiques avec l'aval de parties étrangères voulaient pousser le pays vers l'explosion. Dans l'autre camp, il existe donc des parties qui veulent pousser le pays vers l'explosion. Ce n'est donc ni le 8 mars ni la Syrie. Il se trouve qu'il y a là une divergence avec les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne. Non pas que ces pays soient avec le gouvernement du Hezbollah. Mais parce qu'ils ne veulent pas une explosion au Liban qui, à leurs yeux, servirait le régime syrien. Mais au Liban, certains ont d'autres calculs et pensent qu'une explosion servirait leurs intérêts. Mais une explosion entre qui et qui ? Ecoutez-moi : certains chrétiens du 14 mars veulent pousser le pays vers une discorde entre sunnites et chiites. Certes, il existe des gens au sein du Courant du futur qui pensent que la tension confessionnelle est grande dans la région et que c'est une chance à saisir. On les voit à chaque incident hausser le ton et utiliser un langage confessionnel. Mais heureusement, certaines personnalités réagissent avec logique et sagesse, comme le mufti et le patriarche maronite, ainsi que d'autres chefs religieux. Ceux-là appellent au calme et demandent de réfléchir et d'avoir des données avant de lancer des accusations. Malgré cela, les autres utilisent tous les moyens pour les exploiter dans leur combat. Je ne veux pas entrer dans les détails de ce qui s'est passé hier à Saïda. Mais je voudrais faire quelques remarques rapides : Saïda ets la capitale du Sud et le restera. Saïda est la capitale de la résistance et le restera. Saïda est la ville des grands martyrs, des grands leaders et des grands ulémas. Saïda qui a accueilli les Palestiniens, la résistance et la cause palestiniennes, certains veulent l'entraîner dans la discorde. Pour l'intérêt de qui ? Chaque jour, une nouvelle bataille est inventée, un nouveau slogan est lancé, alors que de nombreux partis se taisent et que l'Etat démissionne de ses responsabilités. Cela se passe à Saïda et dans tout le pays.

La Journée du martyr, c'est celle de la résistance, de la Palestine, de la dignité, de l'unité, de la loyauté, de l'amour et du sacrifice. Tous les Libanais sont concernés par cela et pas seulement les sunnites et les chiites. Mais je voudrais m'adresser en particulier aux sunnites et aux chiites. L'étape actuelle est très sensible. Il ne faut pas se laisser entraîner dans les exacerbations confessionnelles, dans les rumeurs et les mensonges, car cela pourrait détruire le pays.

Je vous invite donc à vérifier, à vous assurer de la véracité des informations lancées çà et là pour prendre ensuite position. Suivez les conseils de ceux qui appellent au calme, consultez dans votre village les notables, nous devons tous dialoguer et parler entre nous, au téléphone ou de vive voix ; pour traiter les divergences et les problèmes. Tous les Libanais doivent se comporter ainsi et en particulier les sunnites et les chiites.

Il faut aussi de la patience, de la retenue, même s'il y a des erreurs, si certains vous insultent ou vous provoquent. Je vous ai déjà demandés d'être patients et je renouvelle ma demande. Nous devons rester en contact et discuter, nous les sunnites et les chiites pour traiter au mieux les problèmes qui surviennent. L'Etat doit aussi assumer ses responsabilités. Si quelqu'un ferme une route, c'est à l'Etat de l'ouvrir. Si quelqu'un est agressé, c'est l'Etat qui doit le protéger. Nous insistons sur la nécessité pour l'Etat d'assumer ses responsabilités. C'est l'attitude que nous voulons adopter avec ce qui se passe et ce qui pourrait se passer dans l'avenir.

Au sujet du gouvernement, il y a actuellement des appels pour la formation d'un gouvernement de technocrates ou neutre. Je voudrais revenir à 2005. Depuis cette date- et à partir de là, les Syriens ne sont plus là pour qu'on dise qu'ils veulent ceci ou cela. Nous sommes des Libanais présents au parlement-, il y a deux attitudes. La première appelle à la participation la plus large et la seconde veut éliminer l'autre ou l'exclure. J'accuse ainsi l'autre camp d'avoir une logique d'exclusion. En 2005, il y avait un accord quadripartite. Vous êtes devenus la majorité au Parlement grâce à lui. Vous auriez dû former un gouvernement d'union la plus large possible. Le sens national aurait exigé de vous de former un gouvernement d'union nationale, mais vous avez choisi d'exclure le CPL et le général Michel Aoun qui avait pourtant remporté les élections législatives et s'était imposé comme le plus important leader chrétien -il l'est d'ailleurs toujours selon les données actuelles et ce n'est pas nous qui l'avons choisi mais les chrétiens eux-mêmes - et vous avez écarté les pro-syriens, parmi les chrétiens, les chiites, les druzes et les sunnites. Vous avez donc formé un gouvernement d'exclusion, dont nous étions membres. Nous avons quitté ce gouvernement après la guerre de 2006. Le gouvernement est resté en place même s'il était devenu contraire à l'entente nationale et au pacte national. Et c'est là la grande différence avec le gouvernement actuel. Vous êtes restés au pouvoir bien qu'une composante du Liban en soit partie. Il a fallu l'accord de Doha pour que vous acceptiez, forcés, de former un gouvernement d'union nationale, bien que cela soit contre votre pensée et vos convictions. Un premier gouvernement d'union a été formé puis un second et cela est fini par l'incident que vous connaissez. Le gouvernement a été renversé et Négib Mikati a été chargé de former un gouvernement. Le temps est trop petit pour que nous évoquions tous les détails. Dès le premier jour, notre camp politique a déclaré être prêt à former un gouvernement d'union nationale. C'est vous qui avez refusé. Le Premier ministre a passé un mois et demi à discuter avec vous- Il a une patience proportionnelle à sa taille-. Il a donc mené des négociations pendant un mois et demi. En vain. C'est ou vous ou personne. C'est cela votre logique. Vous agi ainsi en 2005 lorsque vous avez formé un gouvernement et vous adopté la même attitude avec le Premier ministre Mikati. Nous autres, nous avons réclamé un gouvernement d'union à Doha. Nous avons souhaité bonne chance à Mikati dans ses efforts pour former un gouvernement d'union. Mais vous avez refusé le dialogue et vous le faites encore aujourd'hui.

Il y a donc deux attitudes dans ce pays. Aujourd'hui encore vous dites : lorsque nous aurons la majorité aux élections, nous formerons le gouvernement du 14 mars, voulant une nouvelle fois exclure l'autre camp. Je reviens sur ce qu'a dit l'un de vous : le 14 mars remportera les élections quelle que soit la loi électorale. Très bien. S'il est tellement sûr de lui, qu'il accepte la proportionnelle avec les 15 circonscriptions, selon le projet du gouvernement. Dans ce cas, sur quoi sommes-nous en conflit et pourquoi le 14 mars provoque-t-il un problème au sujet de la loi électorale ? Je le répète, il y a deux attitudes et deux approches. Voilà un Premier ministre sunnite. Et il y en a un autre que je nommerai pas qui a vu un million de Libanais dans la rue et un sit-in de plusieurs milliers pour qu'il quitte le sérail et lui se contentait de dire : « Je ne frémis pas et je ne quitterai pas ». Un autre, en voyant les obsèques d'un martyr et les gens malheureux, a affirmé : « Je ne tiens pas à mon poste. Mettez-vous d'accord sur un gouvernement qui sauve le pays et je suis prêt à partir ». Cela, c'est la mentalité de la participation. L'autre, c'est la mentalité de l'exclusion. Toute la différence est là. La mentalité d'exclusion est prête à tout détruire pour être au pouvoir et il ne peut donc être en charge du pays, du peuple, des finances, de la stabilité et de la sécurité.

A l'étape actuelle, nous disons, il y a un gouvernement. Il est légal et constitutionnel qui travaille. Parler d'un gouvernement neutre au Liban n'a pas de sens. Il n'y a pas de personnes neutres au Liban. Tout y est politisé. Les enfants, le foot, l'art, tout est politisé. Même chose pour un gouvernement de technocrates. Le technocrate est aussi politisé. Au Liban, seul un gouvernement politique peut être formé. Ceux qui parlent d'un nouveau gouvernement d'union doivent d'abord dialoguer. Venez donc à la table du dialogue et nous discuterons. Chacun donnera son avis. Pour nous, y a-t-il réellement une raison pour changer de gouvernement ? Si c'est le cas, quelle sera la forme du nouveau gouvernement et comment sera-t-il composé ? Toute autre démarche relève des simples propos. Chacun est libre de dire ce qu'il veut et le gouvernement poursuivra son action. En tout état de cause, nous devons collaborer tous ensemble pour surmonter cette étape délicate.

Au sujet de la Syrie, chaque jour qui passe confirme la justesse de notre position qui appelle à une solution politique et à l'arrêt des combats pour servir les intérêts du peuple syrien.

En contrepartie, les autres vers où poussent-ils les événements ? Clinton est venue dire que le conseil national syrien n'est plus représentatif et elle a demandé qu'on trouve une autre structure. Les membres de ce conseil ont tempêté et protesté assurant que leur décision est indépendante. Mais le résultat est le suivant. Tout le monde s'est réuni à Doha et a été enfermé une semaine dans un hôtel avant de sortir avec une nouvelle structure pour l'opposition syrienne. Finalement, ce qu'a voulu Clinton a été exécuté. Mais la nouvelle structure de Doha refuse le dialogue et la solution politique. Qu'est-ce que cela signifie ? Un surplus de combats et de sang versé, encore plus de destructions. Est-ce réellement l'intérêt du peuple syrien ? Ou bien cela rend-il service aux Etats-Unis, à "Israël", à certains arabes et à certaines ambitions régionales ? Ne serait-il pas préférable pour le peuple syrien d'initier un dialogue en vue d'une solution politique ? C'est en tout cas notre position et nous continuerons à lancer des appels dans ce sens.

Reste la situation à Bahrein. Les gens y sont opprimés et laissés à leur sort. Une bombe explose et on accuse le Hezbollah. Bien entendu, nous avons publié un communiqué pour démentir toute implication et pour dire que nous voyons dans ces explosions les traces des services secrets de Bahrein. Le pouvoir dans ce royaume a un problème avec le fait que l'opposition est pacifique. Elle a le souffle long et le pouvoir n'en peut plus ? Il cherche un prétexte pour frapper, tuer et emprisonner. Le fait que l'opposition soit pacifique le dérange et le coince, alors que les objectifs de celle-ci sont clairs. Le pouvoir commence à recourir au retrait de la nationalité. Il s'agit de poursuivre le changement démographique qui a commencé avec l'octroi de la nationalité à certains hommes du Bengladesh ou du Pakistan, d'Inde et d'Afrique. Cela aussi exige une position.

En tout cas, nous appelons dans la région et au Liban, en pensant à ce qui se passe chez nous, en Syrie, à Gaza, à une plus grande conscience de ce qui se prépare, au calme, à la patience dans le raisonnement et dans la prise de position. Nous devons savoir que nous sommes dans l'ère de la discorde. Dans cette ère, l'homme ne peut pas enfouir sa tête dans le sable et dire qu'il n'est pas concerné. Au contraire, il doit ouvrir grand ses yeux et ses oreilles et tenter d'être sincère, de distinguer entre le vrai et le faux, le bon et le mauvais qui cherche à le tromper et à le pousser vers la destruction, en utilisant la religion et les instincts. C'est notre responsabilité à tous d'être conscients de ce qui se trame et de savoir discerner le faux du vrai. En cette journée du martyr, nous rééditons notre engagement envers nos martyrs, cheikh Abbas, cheikh Ragheb, hajj Imad, l'imam Moussa Sadr. Nous réitérons notre engagement à continuer la résistance, à être patients, déterminés et soucieux de l'unité.

Comments

//