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Sayed Nasrallah: Nous sommes capables de transformer la vie des milliers d’Israéliens en enfer

Sayed Nasrallah: Nous sommes capables de transformer la vie des milliers d’Israéliens en enfer
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 Discours du secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah à l’occasion de la Journée internationale Al Qods, le 17 août 2012

Nous nous retrouvons de nouveau pour une occasion chère celle de la Journée internationale d’Al Qods que l’imam Khomeiny avait décrétée le dernier vendredi du mois de Ramadan. Le vendredi est le meilleur jour de la semaine et le mois du Ramadan le meilleur mois de l’année. Le mois du Ramadan est celui du jeune, du pardon, de l’effort sur soi, de la construction de soi, de la correction, du regret et de la spiritualité. C’est donc sciemment que l’imam Khomeiny a choisi le dernier vendredi de ce mois pour le consacrer à Jérusalem afin d’orienter tous les efforts de spiritualité vers la cause principale de la oumma en cette ère, celle de la Palestine et de Jérusalem. D’année en année, la sagesse du choix de l’imam Khomeiny se confirme, notamment dans le choix d’une journée pour Jérusalem et en particulier le dernier vendredi du mois sacré. Car, dans cette région du monde, et en raison de la multitude des problèmes, les peuples sont détournés de la cause centrale de la Palestine et de Jérusalem. C’est un fait, que nous le voulions ou pas. C’est pourquoi nous avons besoin de revenir au moins une journée par an, et celle-ci en particulier, à Jérusalem et à la Palestine. Nous avons besoin de rappeler nos constantes à la oumma, ainsi que nos responsabilités religieuses, légales, morales et humaines envers Jérusalem et la Palestine et son peuple.  Nous devons confirmer notre engagement à l’égard de ces constantes en dépit des difficultés, des obstacles, des divisions, de la mobilisation psychologique fausse dans de nombreux pays et redire avec l’imam Khaménéi que la Palestine et Jérusalem reste une priorité religieuse, idéologique et une question de foi, en dépit des divergences politiques, des polémiques et des rivalités politiques. Celles-ci ne doivent pas influer sur la position à l’égard de la Palestine et de son peuple. Vous remarquez d’ailleurs qu’en dépit des problèmes dans plusieurs pays arabes, notamment à Bahrein, la Palestine et la Journée d’Al Qods ont été célébrées, même si le monde arabo-musulman qui ne leur a pas trouvé une place dans son  dernier sommet à la Mecque. Les populations ont confirmé que la question de Jérusalem et de la Palestine reste une affaire religieuse.

Même en Irak où les explosions font tous les jours des victimes souvent hélas sur des bases confessionnelles, les Irakiens sont sortis dans la rue pour clamer que la Palestine reste pour eux une cause centrale. C’est aussi le cas dans d’autres pays arabes. Le message principal de cette journée est destiné à l’ennemi israélien. Il signifie que celui-ci ne doit pas trop se réjouir ni trop miser sur les divisions dans le monde arabo-musulman, car elles ne changent rien dans la position à l’égard de la Palestine.

Nous aussi, au Liban, nous aussi au Hezbollah, ainsi que les partisans de la résistance, nous disons en cette journée de l’imam Khomeiny consacrée à Jérusalem que la Palestine est au dessus des calculs. C’est pour nous une question de foi, d’idéologie, de rapport avec l’au-delà et d’engagement et ces composantes ne peuvent pas être ébranlées ne serait-ce qu’une seule seconde.

La journée d’Al Qods est aussi une occasion pour évoquer l’avenir stratégique et politique de la Palestine et de la région. C’est donc l’occasion de parler de notre avenir en général, car l’événement grave qui s’est produit dans cette région il y a plus de soixante ans et qui consiste dans l’occupation sioniste de la Palestine continue à avoir des effets sur les peuples et les pays de la région.

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas imaginer l’avenir de Jérusalem sans parler de l’avenir de ce qu’on appelle « Israël ». Nous ne pouvons parler de Jérusalem qui revient à la oumma et au peuple palestinien à l’ombre d’un « Israël » fort. On ne peut parler de l’avenir de Jérusalem tant qu’  « Israël » continue d’exister. Car Jérusalem est un point qui faut l’unanimité pour les Israéliens, qu’ils soient de gauche ou de droite, laïcs ou extrémistes, ashkénazes ou sépharades. Toutes les divergences s’effacent dès qu’il s’agit de Jérusalem, comme cela devrait être le cas pour les arabes et les musulmans. Pour les Israéliens, Jérusalem est la capitale éternelle des Juifs. C’est pourquoi le plan de judaïsation de la vielle avance rapidement avec l’approbation unanime des Israéliens. Lorsque Netanyahu déclare il y a quelques semaines : je continuerai à construire dans la ville de Jérusalem même si le monde entier s’y oppose, il se base sur un appui israélien total, cet appui qui lui fait défaut sur d’autres sujets que j’évoquerai plus tard. Mais lorsqu’il s’agit des colonies à Jérusalem, de la judaïsation de la ville au prix de la destruction de la mosquée Al Aqsa et celle de l’Eglise de la résurrection, il bénéficie d’un appui total. Même chose lorsqu’il continue à construire des colonies en Cisjordanie, à exproprier les terres à Jérusalem et à grignoter progressivement les terres des wakfs chrétiens et musulmans et à menacer les habitants originaux pour les pousser à l’exode, en les privant des services élémentaires comme les écoles pour les enfants, le travail etc. En disant cela, je me base sur un témoignage paru dans le quotidien israélien Haaretz qui précise que les habitants de Jérusalem est (les Arabes) qui constituent en réalité 38% des habitants de Jérusalem, vivent dans les pires conditions, notamment sur le plan du chômage et de la pauvreté. Selon le rapport qui date de 2011, 84% des enfants de Jérusalem est vivent dans le dénuement. Si les enfants sont dans cette situation, c’est que leurs parents le sont aussi. Selon le rapport, le chômage atteint 40%  chez les hommes et 85 chez les femmes palestiniennes. Une autre raison pour la pauvreté c’est le mur de séparation. Car avant ce mur les Palestiniens de Jérusalem est pouvaient trouver du travail en Cisjordanie. Ils ne le peuvent plus à cause du mur et sont devenus prisonniers de leur ville. Voilà la situation d’Al Qods alors que les arabes et les musulmans sont plongés dans leurs problèmes. J’en arrive à notre sujet habituel dans ce genre dans cette célébration : « Israël », la Palestine, Jérusalem. A la fin du discours, je consacrerai quelques minutes aux développements libanais et je parlerai de la stratégie de l’environnement pour « Israël ». C’est un sujet important pour eux et pour nous. Car chaque Etat a un environnement stratégique régional et international qui a un impact direct sur son avenir, sa force et son existence même.

Malheureusement, notre ennemi a des caractéristiques parfois bonnes alors que notre oumma qui a donné les gens les plus nobles, comment se comporte-t-elle ?

Une des caractéristiques de l’entité israélienne est qu’elle organise chaque année des congrès célèbres et réputés destinés à étudier la stratégie israélienne, les menaces qui pèsent sur elle, politiques, militaires, démographiques, et les plans possibles pour contourner ces menaces.  L’ennemi travaille ensuite selon les plans adoptés. A ma connaissance, ce processus est inexistant dans le monde arabe. Il y a peut-être quelque chose qui y ressemble dans certains milieux à dimension de la oumma ; mais au niveau des régimes, des gouvernements, des Etats et des grandes forces politiques, il n’y a rien de tel. Où sont les parties, les personnes et les groupes qui organisent de telles réunions dans le monde arabe ? Il nous arrive de nous réunir pour quelques heures. Des personnalités prononcent des discours et cela se termine par un communiqué modeste…

Pour en revenir à « Israël », nous lisons chaque année les traductions des projets discutés dans le cadre de ces congrès. Si nous nous penchons sur les débats de l’année 2010-2011, alors que les mouvements avaient commencé dans le monde arabe. Certains les ont appelés le réveil arabe, nous autres, nous avons dit : le printemps arabe, qu’importe l’appellation. Ce qui compte c’est qu’avec ce mouvement, une inquiétude grandissante israélienne est apparue. La chute du président égyptien Hosni Moubarak a été un des principaux motifs d’inquiétude. Le second a été le retrait américain de l’Irak qui a constitué une véritable défaite face à la résistance irakienne et la volonté du peuple irakien. De plus, les régimes dits arabes modérés ont  commencé à tomber l’un après l’autre, en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen. Même si dans ce cas précis, il y a eu une récupération de la révolution et le régime est revenu, alors que seules quelques figures ont changé. Ce qui se passe à Bahrein est aussi terrible. Mais en gros, « Israël » a vu que les régimes arabes modérés sont en train de tomber ou sont menacés de chute. Ce qui a provoqué chez les Israéliens une grande inquiétude. Autre facteur de souci pour les Israéliens, le renforcement des capacités de la République islamique d’Iran (notamment le programme nucléaire). J’en parlerai plus longuement dans le cadre des menaces israéliennes contre l’Iran.

Il est donc apparu pour « Israël » qu’un axe important pourrait se former à travers les changements dans la région, en faveur de la Palestine, du peuple palestinien et de la résistance. La relation entre la Turquie et l’Iran est excellente, celle de la Turquie et de l’Irak l’est aussi, la Turquie a aussi de très bonnes relations avec la Syrie (avant le déclenchement des événements en Syrie), alors que depuis l’affaire du bateau Marmaris, sa relation s’est détériorée avec « Israël ». En même temps, le régime de Moubarak est tombé. Il lui est donc apparu de prime abord, qu’un nouvel axe régional favorable à Gaza et à la Palestine est en train de se former. Dans leurs congrès, les Israéliens ont estimé que la menace devenait très grave. D’autant que la situation américaine est connue, après le retrait d’Irak et alors qu’ils s’apprêtent à quitter l’Afghanistan, celle des Européens l’est aussi. Mais depuis que les événements en Syrie ont pris une tournure dramatique et inquiétante, l’espoir et les propos sur l’existence de chances à saisir ont grandi en « Israël ». C’est logique. Car que voit-on si on regarde le paysage après l’éclatement des événements en Syrie ? La Turquie qui aurait pu faire partie d’une manière ou d’une autre d’un grand axe régional favorable à la cause palestinienne a désormais des relations au plus bas avec la Syrie. Ses relations avec l’Irak sont tendues. Il en est de même avec l’Iran ou le moins qu’on puisse dire c’est que les relations sont froides. Les priorités de la Turquie sont désormais ailleurs qu’en Palestine.

Concernant les pays arabes ayant connu des changements, ils sont actuellement pris par leurs problèmes internes. Et nul ne peut dire quand ils auront la possibilité ou l’envie de jouer un rôle dans le conflit israélo-arabe.

Certes, l’inquiétude israélienne est toujours là, surtout à l’égard de l’Egypte. Mais certains pays qui ont connu des changements se sont tournés contre la Syrie au lieu de se concentrer sur la cause palestinienne. Ils envoient des combattants, des armes et de l’argent en Syrie. « Israël » observe donc les divisions qu’il n’a pas pu obtenir alors qu’il y a travaillé depuis de décennies. Plus même, il y a eu une exploitation de la position iranienne à l’égard de la Syrie qui est une position stratégique de principe pour l’utiliser contre les pays arabes. Pourtant, les Etats-Unis ont toujours regardé la région à travers le prisme israélien, alors que la république islamique iranienne l’a toujours fait à travers le prisme palestinien. C’est d’ailleurs parce qu’elle le fait ainsi que sa position à l’égard de la Syrie a été exploitée pour provoquer ce climat de tension et d’animosité… En voyant ces changements, « Israël » sent l’espoir renaître en lui et estime qu’il y a des opportunités à saisir. « Israël » parle aujourd’hui d’un avenir prometteur concernant la Syrie en estimant possible la victoire de l’opposition et la signature d’un accord « de paix » avec elle. De la sorte, l’axe de la résistance sera brisé et la résistance à Gaza sera encerclée. Ils ne cachent pas leurs espoirs, leurs joies et leurs paris. En « Israël », il y a une opinion publique qui est très importante parce qu’elle peut entraîner des investissements un mouvement d’immigration ou au contraire, affaiblir les investissements et entraîner un mouvement d’émigration. Les dirigeants israéliens sont donc très soucieux de rassurer leur population et de lui dire : Nous sommes forts. C’est pourquoi, dès qu’ils sentent la moindre opportunité, ils en parlent avec joie et lorsqu’ils voient le danger, ils ne le cachent pas mais cherchent à le minimiser car tous les facteurs ont un impact politique, économique, démographique, électoral, financier et sécuritaire.

Dans ce climat, le discours israélien a enregistré une escalade inhabituelle contre l’Iran, le Liban et Gaza. Ils évitent la Syrie et n’évoquent le dossier que par le biais des armes chimiques comme prétexte d’une intervention militaire possible un jour. Ces fanfaronnades israéliennes sont basées sur une nouvelle lecture de l’environnement stratégique différente de celle qui avait lieu il y a deux ans et qui est liée aux transformations dans la région. Je parlerai rapidement de l’Iran, du Liban, de Gaza et des menaces israéliennes.

Au sujet de l’Iran, il y a actuellement une escalade verbale israélienne contre la république islamique, notamment de la part de Netanyahu et de Barak qui disent régulièrement : nous allons frapper l’Iran, notre patience est à bout etc. Ils prennent pour prétexte le programme nucléaire iranien, alors que tout le monde sait qu’il est pacifique. Nul ne peut présenter la moindre preuve sur le fait qu’il est militaire, car il ne l’est pas. L’Iran l’a clairement déclaré et l’imam Khaménéi a officiellement annoncé une fatwa au sujet des armes nucléaires. « Israël » sait qu’il ment au monde, comme les Etats-Unis avaient menti au sujet des armes de destruction massive en Irak. Le problème d’« Israël » est ailleurs. Il est dans le fait que l’Iran qui a des potentialités énormes sur les plans technologiques, scientifiques, économiques, militaires etc est un Etat islamique fort qui est idéologiquement et religieusement engagé à l’égard de la Palestine, de Jérusalem et du peuple palestinien qu’’il place au dessus des calculs politiques. Il l’a prouvé en 32 ans, en dépit des guerres et des circonstances difficiles. Cette position n’a pas commencé avec le triple non du sommet de Khartoum pour se terminer avec l’initiative de paix arabe en 2002. En Iran l’imam Khomeiny a déclaré en 1979 : « Israël » doit disparaître.  Le pays a ensuite affronté une guerre et des sanctions qui continuent jusqu’à aujourd’hui, tout comme il a été ostracisé par de nombreux régimes y compris arabes et pourtant, malgré tout cela, l’imam Khaménéi a déclaré récemment : « Israël » est une tumeur cancéreuse, une création artificielle dans la région et il n’y restera pas. Même les propos restent pratiquement les mêmes. Et c’est là le vrai problème d’« Israël » avec l’Iran. La République islamique se tient aux côtés des peuples de la région et des mouvements de résistance. Il ne s’agit pas d’une position verbale. Elle leur fournit des armes en sachant les conséquences de cette action. C’est pourquoi pour « Israël », l’Iran est l’ennemi numéro 1. En cette journée Al Qods, je voudrais demander aux Arabes et aux musulmans : le fait qu’« Israël » considère l’Iran comme l’ennemi numéro 1 n’a-t-il aucune signification ? « Israël » pense jour et nuit comment frapper l’Iran et cherche à l’encercler partout dans le monde. De leur côté, les pays arabes peuvent acheter des armes selon leur bon vouloir ; en France, en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. Mais l’achat de 300 armes de défense antiaérienne entre la Russie et l’Iran a été arrêté par les Etats-Unis et l’Europe pour servir les intérêts israéliens. Pourquoi cette crainte de voir l’Iran se doter d’armes de défense antiaériennes, alors que les pays arabes sont autorisés à se doter d’armes offensives et pas seulement défensives ? Cela ne devrait-il pas avoir une signification pour les populations arabes ?

En cette journée Al Qods où le faux doit être démêlé du vrai, en tant que musulmans en général et islamistes en particulier nous  disons qu’« Israël » est absolument faux et l’Iran est totalement à l’opposé. Cela ne devrait-il pas nous pousser à nous tenir aux côtés de l’Iran ? Ceux qui tous les jours dans le monde arabe critiquent l’Iran et complotent contre elle ou encore incitent les populations contre elles ne devraient-ils sentir qu’ils rendent ainsi service à « Israël » ? Aujourd’hui le débat en « Israël » n’est pas sur le fait de savoir si l’Iran est l’ennemi numéro un ou non, ni sir le fait de savoir si elle constitue la principale menace ou non. Il porte sur le fait de savoir comment traiter avec elle. C’est là le second volet de mon propos sur l’Iran qui devrait d’ailleurs nous servir de leçon au Liban et dans le monde arabe, ainsi qu’en Palestine. Le débat en « Israël » porte donc sur la question suivante : faut-il ou non bombarder l’Iran ?

Netanyahu et Barak veulent frapper l’Iran et ils font face à une opposition quasi-unanime de la part des généraux en poste et à la retraite ainsi que de la part des responsables sécuritaires anciens et actuels. Cette divergence n’est basée sur des considérations morales. Elle n’est pas due au fait que les politiciens en « Israël » n’ont pas de moralité alors que les militaires en ont. Non, d’ailleurs, les militaires israéliens sont ceux qui ont le moins de sens moral. La question n’a donc rien à voir avec la morale, les lois internationales ou les coutumes. Elle porte sur une équation à laquelle se heurte « Israël » quand il singe à l’Iran, au Liban et à Gaza et la Palestine. Cette équation s’appelle le coût et l’utilité d’une opération militaire. Il s’agit donc d’une question de pertes et profits. C’est cela le cerveau sioniste. Avant, les Israéliens n’hésitaient pas à lancer des guerres et des agressions contre les arabes car leur prix étaient moins élevé que leur utilité. S’il y a donc un débat aujourd’hui sur une opération militaire contre l’Iran, il est causé par le coût et l’utilité d’une telle opération. Il y a des divergences sur leur appréciation. Netanyahu et Barak mentent à leur peuple et affirment qu’au total, cette opération causera entre 500 et 800 morts en « Israël ». Les militaires disent non. Il y aura des dizaines de milliers de morts et les militaires sont des spécialistes et ils sont précis.

Si l’Iran était forte mais lâche, « Israël » n’hésiterait pas à mener une attaque, car si le pays est lâche ses dirigeants n’oseraient pas prendre la bonne décision, en dépit de leur force. Si L’Iran était faible, lâche, « Israël » n’aurait pas hésité à frapper les installations nucléaires depuis des années. Le fait de ne pas avoir lancé une attaque depuis des années est la preuve que l’Iran est forte et courageuse. Le débat en « Israël » est aussi la preuve que l’Iran est courageuse et forte. Je sais et il ne s’agit pas d’une analyse mais d’informations- que l’Iran ripostera fortement, rapidement et avec ampleur si elle était visée. Je dirais même plus, « Israël » donnera ainsi une occasion en or à la République islamique, une occasion dont elle rêve depuis 32 ans. C’est pourquoi les Israéliens discutent et hésitent. Que personne ne comprenne mes propos comme si je disais qu’« Israël » ne bombardera pas l’Iran. Je veux simplement dire qu’« Israël » a peur de bombarder l’Iran. Il est inquiet, a très peur et craint de lancer une telle opération. Cet élément est très important. Les arabes savent tous qu’ils ne sont pas à l’abri d’une attaque israélienne. Au cours du dernier sommet de la Mecque, les dirigeants arabes ont d’ailleurs affirmé : Nous sommes dans un monde qui ne respecte que les forts. Comment devenons-nous forts ? En livrant nos pays au confessionnalisme, en les détruisant et en les divisant ? Chaque pays arabe qui veut être à l’abri d’une agression doit être fort. Tout le reste n’est que de la poésie ou un film arabe. Ceux qui veulent la réalité, elle est là.

Nous en venons au Liban. « Israël » a multiplié récemment les menaces contre notre pays. Il menace non pas seulement de frapper le Hezbollah mais aussi de détruire le Liban. En cette journée Al Qods, je voudrais commenter ces menaces : Premièrement, nous ne nions pas le fait qu’« Israël » possède une grande force destructrice. Deuxièmement, le cerveau israélien est un cerveau barbare et sanguinaire qui commet des massacres, le Liban et la Palestine témoignent. Il a d’ailleurs détruit une partie du Liban en 1982. Sur le plan israélien, il n’y a donc rien de nouveau dans ces menaces : la force, l’intention et les armes sont les mêmes. Par contre, au Liban, il y a un élément nouveau : la guerre de 2006. Aujourd’hui, je ne vais pas dire que nous pouvons détruire « Israël ». Je suis réaliste. Pour cela, il faut des moyens gigantesques. Par contre, je dis qu’au Liban, nous pouvons transformer la vie de millions de sionistes sur l’ensemble de la Palestine occupée en véritable enfer. Oui, nous pouvons transformer le visage d’« Israël ». Si, selon les estimations des politiciens israéliens, le coût d’une attaque contre l’Iran s’élèvera à 300 morts, quel sera celui d’une attaque contre le Liban ?

Je ne vais pas répéter ce que j’ai déjà dit et que les Israéliens  ont confirmé, je voudrais juste y ajouter une chose pour que les Libanais se rassurent et pour que les Israéliens prennent la chose au sérieux : une attaque contre le Liban coûtera très, très, très, (on peut le répéter jusqu’à en perdre le souffle) cher. Certaines cibles en Palestine occupée peuvent être atteintes avec un petit nombre de missiles. Nous avons ces missiles et grâce à eux, avec un petit nombre d’entre eux (je tairais leurs noms), nous transformerons la vie de milliers de sionistes en enfer véritable. On pourra parler de dizaines de milliers de morts. Nous sommes loin des 500 morts.

En cette journée Al Qods en 2012, je dis aux Israéliens, ces cibles existent pour nous, nos missiles sont prêts et programmés pour atteindre leurs cibles dans un secret très satisfaisant. Si notre pays est attaqué, nous n’hésiterons pas à utiliser ces missiles à un moment donné de l’affrontement si nous pensons que c’est nécessaire pour protéger notre peuple et notre pays.

Les Israéliens doivent savoir que le prix de l’agression sera extrêmement élevé, bien plus qu’en 2006. Malheureusement, le souvenir de la grande victoire du 14 août 2006 est passé discrètement cette année, alors que les Libanais sont occupés à échanger des insultes et à fermer les routes.

Je voudrais vous rapporter un incident qui a été diffusé par une chaîne de télévision israélienne au sujet du débat en « Israël » sur le bombardement ou non de l’Iran. Il s’agit d’une réunion entre Ehud Barak et deux généraux de l’armée israélienne. Barak veut bombarder l’Iran et les généraux s’y opposent. Finalement, Barak devient dur avec les généraux et selon la chaîne de télévision, il fait en sorte que ses propos soient diffusés dans les médias. Que dit Barak aux généraux, après avoir vainement tenté de les convaincre de frapper l’Iran ? « Vous n’êtes pas encore sortis du choc de la guerre de 2006 ». Selon Barak, celui-ci continue donc de bloquer les généraux israéliens en 2012. En « Israël », ils discutent d’environnement stratégique et de plans militaires et au Liban, nous avons une chance unique et nous nous efforçons jour et nuit de la détruire, nous discutons et nous faisons des réunions pour nous en débarrasser !

En juillet et août 2006, deux idiots Ehud Olmert et Amir Perez ont commis une erreur stratégique et ce fut la guerre de 2006. Aujourd’hui, je dis aux Israéliens : vous avez deux idiots : Netanyahu et Barak. Nul ne peut mesurer l’étendue de l’erreur qu’ils commettront surtout si elle est dirigée contre l’Iran. Certes, Gaza est encore sous le feu des menaces et des agressions. Mais c’est toujours le cas, même si la tension grandit ou faiblit selon les circonstances. En tout cas, la situation de Gaza ou du Liban est différente de celle en Iran.  Gaza est encore encerclée mais elle abrite une grande volonté de résistance qui s’est manifestée en 2008 et 2009 pendant la guerre dite de Gaza. Pourtant, cette bande était devant une chance d’améliorer sa situation. Mais un officier et des soldats égyptiens ont été tués. Naturellement nous avons condamné cette action, mais le fait qu’une chance a été perdue et un accord possible a volé en éclats. La situation est encore plus difficile. J’espère que les choses s’arrangeront.   Ce que je veux dire c’est que l’Iran est forte face aux menaces. Nous autres, nous avons plus de courage que de moyens. Mais je voudrais quand même préciser que si notre pays est attaqué, nous sommes prêts à le défendre et nous n’attendrons pour cela la permission de personne. La peur principale est à Gaza et le souci principal est Jérusalem et la mosquée al Aqsa. S’il y a une agression là bas, que se passera-t-il ? Quelle sera la riposte et quels sont les moyens ? Quelles sont les chances et quelle est la responsabilité de la oumma ? Ce qui nous amène au dernier point de cette partie. Il y a quelques jours, un sommet extraordinaire islamique a eu lieu à la Mecque. C’est important que des dirigeants arabes et musulmans se réunissent sur la terre sainte à la Mecque. Ce qui a été dit sur la solidarité et sur la nécessité d’éteindre les feux de la discorde confessionnelle est très beau. Le rôle des médias dans les dissensions confessionnelles a aussi été évoqué ce qui est très bien. Tout cela a même figuré dans le communiqué final. Une décision très importante a même été prise sur une initiative du roi Abdallah d’Arabie, celle de créer un centre pour le dialogue entre les différentes branches de l’islam, basé à Riyad. Le secrétaire général de l’organisation islamique (OCI) a confirmé la nouvelle, ajoutant que le dialogue aura lieu entre les 4 branches connues : hanafite, hanbalite, chaféite et malikite ainsi qu’avec quatre autres branches désormais reconnues : jaafarite, zaydite, zahirite et abadite, ces derniers se trouvant à Oman, en Algérie et dans certains autres pays arabes. L’OCI a donc reconnu 8 rites différents au sein de l’islam et elle a décidé de créer un centre pour le dialogue entre ces rites à Riyad. C’est très bien. Mais c’est insuffisant car il faudrait aussi que cesse les accusations contre les membres d’autres rites par certains de ces rites d’être hérétiques. Or cette opération se poursuit. Je demande donc à ceux qui ont décidé la création de ce centre de dialogue islamique et en particulier l’Arabie saoudite qui est derrière l’idée et qui veille à son application de cesser de financer les chaînes satellitaires qui ne cessent de véhiculer ce genre d’accusations contre les rites islamiques avec lesquels elles sont en désaccord. Il faut œuvrer pour que cesse le financement de toutes les parties. Il faut aussi revoir les programmes éducatifs qui élèvent les enfants dans la haine et le rejet des autres rites musulmans. C’est par là qu’il faut commencer. Il faut que l’on apprenne à reconnaître l’islam de l’autre. En cette journée Al Qods en plein mois de Ramadan, il faut reconnaître que les autres rites sont musulmans, que leur sang, leurs biens, leur honneur sont les nôtres et que les divergences portent sur des détails.

Pour que ce dialogue réussisse, il faut qu’il n’y ait pas autour de la table quelqu’un qui condamne l’autre et l’accuse d’être un hérétique. Mais il vaut mieux commencer même en retard plutôt que de ne pas le faire du tout. Cette démarche tardive a en tout cas besoin de suivi et de sérieux. Essayons, dans ce sujet, de voir la coupe à moitié pleine. Ce qui nous amène à parler de la Palestine. Là, l’image est différente. En cette période exceptionnelle, où les menaces contre la Palestine et contre le Liban, où le processus de judaïsation de Jérusalem avance à pas de géants, où la mosquée Al Aqsa est menacée d’effondrement, que dit le sommet islamique exceptionnel sur la question ? Je vous invite à lire le communiqué final. La question palestinienne s’y résume à deux phrases : La cause palestinienne est pour nous une question de principe et il faut revenir à l’application des résolutions internationales, alors que l’initiative de paix arabe est toujours sur la table des négociations. Le communiqué relève aussi le fait que le blocus de Gaza est injuste et qu’il faut s’occuper de Jérusalem. Excusez-mois de poser cette question :si n’importe quel Israélien, responsable ou simple personnage à l’intelligence limitée décide de traduire ce communiqué publié par les représentants de tous les pays islamiques (sauf la Syrie) réunis en sommet  à quelle conclusion aboutit-il ? Qu’« Israël » peut rayer Al Aqsa, détruire Jérusalem, frapper Gaza, le Liban et même l’Iran (Je sais que l’Iran ne partage   pas les opinions publiées dans le communiqué), car il n’y a pas de monde islamique.

En tant que citoyen arabe qui comprend cette langue, en lisant ce communiqué, en cette période particulière et à l’ombre des menaces israéliennes, je me dis qu’il n’y a pas de monde musulman, comme nous disions auparavant qu’il n’y a pas de monde arabe. Je parle bien sûr au niveau des gouvernements. Pour nous, ce n’est pas nouveau. Lorsque nous avons pris les armes en 1982 pour défendre notre pays, nous étions convaincus qu’il n’y avait pas de monde arabe, de monde musulman et de monde tout court. En 2006, nous n’attendions pas non plus le monde arabe, le monde musulman ou le monde tout court. Aujourd’hui, je dis aux frères à Gaza, regardez ce qui s’est passé depuis 62 ans. La seule conclusion qu’il faut en tirer c’est que pour changer l’équation dans la région, il faut être fort. Si vous êtes forts, « Israël » vous respecte et tiendra compte de vous, même le monde arabe tiendra compte de vous. Le pari sur le monde arabe et musulman après le sommet de la Mecque est perdant, comme il l’était d’ailleurs dans le passé.

Dans mon dernier discours prononcé pour célébrer la victoire de juillet, je m’étais adressé aux frères palestiniens et certains ont mal interprété mes propos. Ils ont cru que je voulais les coincer. Ce n’est pas le cas. Nous nous exprimons car nous sommes inquiets pour eux, pour Gaza et pour Jérusalem. La leçon à tirer de cette expérience et que nous et les Palestiniens devront rester fort. Mais ce qui se passe dans la région, et surtout en Syrie, montre que certains pays arabes et islamiques cherchent à laisser passer nos chances d’être forts en contribuant à la destruction et à la partition de la Syrie. Je ne demande pas aux frères palestiniens de prendre position sur la Syrie. Ils sont libres de le faire ou non et je ne veux pas les coincer. Mais en ce qui nous concerne, nous regardons ce qui se passe en Syrie sous l’angle de la cause palestinienne et du conflit israélo-arabe. Hélas, les pays qui exerçaient des pressions sur nous pour nous pousser à faire des concessions et à céder face à « Israël » se présentent aujourd’hui en leaders du monde arabe. Mais ils sont les chefs de quelle guerre ? Celle contre « Israël » ? Certes, non. Ils mènent la guerre interne pour la discorde en Syrie, au Liban, en Irak et dans d’autres pays.

En ce qui concerne la Syrie, si le sommet de la Mecque était réellement soucieux de la Palestine, de Jérusalem et de la oumma, il aurait dû assumer une responsabilité historique et entourer la Syrie au lieu de la chasser. Il aurait dû l’inviter pour discuter. Il aurait dû constituer une équipe regroupant les principaux chefs du monde arabe et musulman qui se rendrait en Syrie, à Riyad, en Turquie, à Doha et dans tous les lieux liés au conflit en Syrie. Le but serait de dire à tous : il faut cesser le combat et le versement de sang et participer à une conférence de dialogue. Si le sommet de la Mecque avait le sens de la responsabilité historique il aurait pris cette voie, mais il a préféré poursuivre ce qui avait été déjà commencé en Syrie. Mais la perte probable de l’Egypte pour cet axe dit des arabes modérés et pour les Etats-Unis et « Israël » ne peut être compensée que par la perte de la Syrie par l’axe de la résistance. C’est sur cette équation qu’on est en train de travailler actuellement. Et la position s’est accompagnée d’une décision de retirer les observateurs. Que signifie une telle décision de la part de l’Onu ? Elle signifie qu’il n’y a plus de solution politique. Les Syriens doivent mourir encore plus, subir plus de destructions et de combats et en définitive, on verra la partie qui vaincra sur le terrain et on étudiera s’il faut ou non traiter avec elle. C’est le sort devant lequel ils ont placé la Syrie. Cela n’aurait pas dû se produire. En ce mois du Ramadan, nous sommes face à une nouvelle année qui verra des échéances décisives pour toute la région et pas seulement au Liban et en Syrie. Mais aussi  en Egypte, en Irak, en Palestine en Iran et comme je l’ai dit dans toute la région. Nous devons tous faire preuve de patience, de calme, de sagesse et de retenue. Quand nous le pouvons, nous devons éviter de nous laisser entraîner là où nous ne le devons pas.

En ce jour, qui tombe au milieu du mois d’août, nous ne pouvons qu’évoquer l’absence de l’imam Moussa Sadr, un chef qui nous est cher et qui a disparu le 31 août, avec ses deux compagnons, cheikh Mohammed Yacoub et Abbas Badreddine. Que Dieu les ramène tous.

Cette année, cette cause est devant une nouvelle réalité :le régime de Kadhafi est tombé et les prisons se sont ouvertes. Nous ne savons pas si les nouveaux responsables prennent cette affaire au sérieux, mais en cette journée, nous devons nous souvenir de ce grand imam qui a fondé la résistance au Liban et qui aimait dire : Sachez abou Ammar que l’honneur de Jérusalem exige qu’elle soit libérée par les Fidèles. Il disait aussi : Je protègerai la résistance palestinienne avec mon turban et ce que j’ai de plus cher. La résistance palestinienne n’était bien entendu pas libanaise mais le regard que portait l’imam Moussa Sadr sur la région et Jérusalem le poussait à adopter cette position. Nous attendons du nouveau pouvoir en Libye et des responsables libanais de traiter sérieusement cette affaire car le temps ne joue pas en sa faveur. Des mois se sont écoulés depuis le changement de régime et ce dossier doit rester présent dans els esprits et dans les soucis.

Je vais aborder maintenant le dossier des Libanais enlevés. Il y a quelques jours Hassan Mokdad a été aussi enlevé. Les ravisseurs l’ont pris pour un franc tireur du Hezbollah et l’ont arrêté sur cette base. C’est bien entendu dénué de tout fondement. Il y a eu les réactions que vous savez et la couverture médiatique que vous connaissez qui n’a pas épargné les sentiments des familles de ces otages.

Pourtant, depuis le premier jour de l’enlèvement, nous nous sommes comportés avec un grand sens des responsabilités, appelant à la retenue et à se retirer de la rue. Avec le frère Nabih Berry et le Hezbollah, nous avons appelé les proches des personnes enlevées à rester chez eux, en leur disant que le règlement de cette affaire relève de la responsabilité de l’Etat. Je ne veux pas aujourd’hui juger l’attitude de l’Etat envers ce dossier. Certes, au début, on a dit que suite à la médiation de cheikh Saad Hariri, les personnes enlevées vont être relâchées et qu’elles sont déjà en Turquie où l’avion de cheikh Saad les attend pour les ramener. La joie a empli les coeurs  et il était normal que moi et d’autres prenions la parole à ce sujet. Mais il ensuite apparu que l’information était fausse.  A partir de ce jour, nous avons pris au Hezbollah la décision de ne plus évoquer cette question. Je suis franc avec vous. Nous disions que l’affaire relève de la responsabilité de l’Etat et nous nous sommes tus pour que nos paroles ne soient pas utilisées pour nuire aux personnes enlevées. Nous voulons qu’ils rentrent chez eux sains et saufs et nous pensions qu’un mot ou une prise de position pouvaient être utilisés contre eux. D’autant que jusqu’à présent, nous ignorons qui est la partie qui les détient. Même ceux qui apparaissent sur les chaînes de télévision n’ont rien à voir avec les otages. Ils parlent soi disant d’Alep et de Homs et on apprend finalement qu’ils se trouvent à Beyrouth. Nous ne connaissons pas l’identité de la partie qui a enlevé les pèlerins, ni son cerveau, ni comment elle réfléchit, ni encore ses réactions. Nous nous sommes tus et nous avons remis la responsabilité entre les mains de l’Etat pour ne pas que notre attitude nuise au retour des pèlerins enlevés sains et saufs.

Un moi, puis deux, puis trois et même quatre se sont écoulés et je dois dire ici que l’attitude des médias libanais – en dépit du respect que je porte à la liberté de la presse- a été catastrophique et déplorable. Les médias libanais n’ont vu l’affaire que sous l’angle du scoop, oubliant qu’il y a onze familles éplorées qui ont des sentiments et qui vivent dans l’angoisse. Généralement, même dans le cas d’un accident de voiture, la nouvelle est annoncée doucement avec égards aux proches. On commence par leur dire qu’il y a eu un accident, qu’il a été blessé, puis que sa situation est grave… ainsi de suite, avant d’annoncer la nouvelle de la mort. Les médias libanais ont fait preuve d’une grande indélicatesse. Imaginez un peu la scène. Les familles sont chez elles en train de regarder la télévision, comme c’est souvent leur situation depuis l’enlèvement de leurs proches. Et soudain, la bande rouge de la nouvelle urgente apparaît sur leurs petits écrans. Il y est dit que les pèlerins ont été tués par les bombardements et se trouvent sous les décombres. Comment peut-on penser que les familles qui regardent cela ne vont pas perdre l’esprit ? Bien entendu les malins diront ensuite : voilà Amal et le Hezbollah sont en train de perdre leur influence sur les gens et je ne sais trop quoi encore dans le même genre.

Je vais être très franc et clair. Nous ne jouons pas et nous ne mentons pas. Nous connaissons toutes les ruses mais nous craignons Dieu et nous ne les utilisons pas. Nous ne cherchons même pas à distribuer les rôles. Il faut que tout le monde, le gouvernement, le conseil supérieur de Défense, les forces politiques, les partenaires du dialogue et tous les Libanais, sachent que ce qui s’est passé ces deux derniers jours a échappé à tout contrôle. Je serai encore plus clair : Ce qui s’est passé est hors du contrôle d’Amal et du Hezbollah. Que chacun comprenne cette déclaration comme il veut et qu’il agisse en conséquence. L’idée selon laquelle la situation au Liban est sous contrôle et que le duo Amal et le Hezbollah contrôle la rue et que si untel ou untel parle à la télévision et demande aux gens de se retirer de la rue, ils lui obéissent au doigt et à l’œil doit être revue. Il faut aussi revoir  l’attitude politique et celle des médias qui ont été inhumains. Oui, avec une telle attitude, il y a une scène qui est en train de devenir incontrôlable et que chacun assume ses responsabilités.

Lorsque les gens sont descendus dans la rue et ont coupé la route de l’aéroport, nous avons tenté, à Amal et au Hezbollah de les convaincre de se retirer au cours de la première heure, puis de la deuxième et encore à la troisième heure. L’armée de son côté ne pouvait pas se heurter aux gens. Nous avons continué à parler avec les manifestants, à essayer de les calmer et finalement, nous avons réussi à la fin de la nuit. Mais il faut désormais une nouvelle approche.

L’affaire des Libanais enlevés s’est transformée en un drame humain et en une mascarade médiatique, ainsi qu’en un grand chantage politique. Un point c’est tout. Je n’en dirais pas plus. Nous ne sommes pas en mesure de faire pression sur les Turcs, d’atteindre les personnes enlevées et d’agir. En tout cas pour l’instant. Dans l’avenir je ne sais pas ce que nous pouvons faire. Nos choix sont limités. Mais en définitive, en tant que Libanais, si nous pouvons avoir pitié les uns des autres, avoir pitié de ces familles, si nous pouvons nous comporter sur le plan interne avec humanité et d’une façon civilisée, médiatiquement et politiquement, nous devons le faire. Nous verrons ensuite jusqu’où ira cette affaire.

En cette journée Al Qods, en cette journée de la Palestine, du Jihad, de la résistance, de l’imam Khomeiny, de la foi et de l’engagement, en cette journée de retour à Dieu et à la dignité, je voudrais vous affirmer que votre résistance restera et continuera à libérer la terre et à défendre le pays et la dignité du peuple…

Source: moqawama.org

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