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Sayed Nasrallah : « Un nouveau système mondial est en train de naître »

Sayed Nasrallah : « Un nouveau système mondial est en train de naître »
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Le secrétaire général du Hezbollah a considéré que « nous sommes face à une nouvelle étape où des changements majeurs ont lieu au niveau du monde et de la région ». Dans une longue interview accordée à la chaîne de télévision AlMayadeen, Sayed Nasrallah a estimé qu’à travers ces changements se dessine un nouveau système mondial et régional. « Ce qui se passe dans notre région déterminera l’avenir de cette région pour les décennies à venir », a-t-il annoncé.

Dans ce qui suit les principales idées de l’interview avec le chef du Hezbollah :

« Il suffit de voir les positions de la Russie et de la Chine comme quoi les évènements en Syrie ne sont plus une affaire interne. Les signes de la formation de nouveaux axes et de la fin du monopole américain se font voir au Conseil de sécurité. Un système multipolaire est en train de se former actuellement. Il ne s’agit pas du duel russo-américain mais on parle désormais de l’influence de plusieurs pays dans le monde et dans la région. Dans notre région, des régimes et des alliances datant de plusieurs décennies ont pris fin alors que de nouveaux axes et de nouvelles alliances se forment. Nous sommes face à une nouvelle situation régionale.

En tant que peuples arabes, nous sommes manipulés mais nous pouvons devenir de grands acteurs sur le plan régional et mondial. A titre d’exemple, l’Egypte est face à un nouveau défi qui lui permettra de regagner son ancienne position régionale et mondiale. De même pour l’Irak qui était isolé lors du règne de Saddam Hussein, il peut désormais jouer un rôle important sur la scène régionale.

Le monde arabe peut jouer un rôle mondial mais ceci dépend de la volonté des peuples arabes qui se sont révoltés. Avant le début de la crise en Syrie, les changements de régimes en Tunisie, en Libye, au Yémen, en Egypte ainsi que la révolution à Bahrein et la montée des mouvements islamistes ont redonné un grand espoir à l’axe de la résistance et ont inquiété énormément "Israël". Nous connaissons bien les nouvelles directions et leur position sur la cause palestinienne.

L’ennemi sioniste était dans un état de deuil lors de la révolution qui a renversé Hosni Moubarak. Mais, avec le début de la crise syrienne, lorsque toute l’attention a été tournée vers la Syrie, l’environnement stratégique a changé de tournure : au lieu que les résistances du monde arabe soient rassurées quant aux nouvelles évolutions, elles sont actuellement dans un état de doute face à l’avenir. Toutefois, j’ai de grands espoirs que nous pourrons franchir cette étape et contribuer à la formation d’un environnement stratégique qui soutient la cause centrale, la cause palestinienne.

Sayed Nasrallah : « Un nouveau système mondial est en train de naître »

Les développements sur la scène régionale ont pour objectif de nous faire oublier la cause palestinienne. Pis encore, on cherche à transformer la cause palestinienne en une affaire accablante pour les combattants. Ceci est très dangereux. Je dis à tout le monde : quelles que soient les divergences, la Palestine et alQods restent un devoir dogmatique et éthique auquel il faut tenir. La Palestine constitue le facteur qui unit tout mouvement de résistance.

Pour nous, l’animosité envers l’ennemi israélien reste inchangée, quels que soient les changements. Les victoires que nous avons réalisées ont eu lieu grâce aux sacrifices des martyrs et des combattants. En effet, tous les événements qui ont eu lieu depuis 1982 sont une chaîne unie, mais l’exploit de l’an 2000, à savoir le retrait israélien du Liban, fut le plus important parce qu’il a permis la réalisation d’une victoire claire et sans aucune condition dictée par l’ennemi. Par ailleurs, la victoire de la guerre de 2006 a planté le dernier clou dans le cercueil du grand "Israël".

Malheureusement, on tente de désorienter les révolutions du monde arabe pour camoufler la cause palestinienne. Alors que le monde entier est occupé par la crise syrienne, l’ennemi sioniste poursuit sa politique contre la Palestine et alQods, et continue l’annexion des terres pour la judaïser. L’objectif primordial des Etats-Unis et des grandes puissances est de faire oublier au monde arabe la cause de la Palestine.

Quand je prononce des discours et je menace l’entité sioniste d’une dure riposte en cas d’agression contre le Liban, certains politiciens libanais se soulèvent contre moi. Notre devoir est de rappeler toujours aux peuples la cause palestinienne et de défendre notre pays lorsqu’"Israël" nous menace de détruire notre pays. "Israël" est le Mal absolu et nous sommes dans la position de l’autodéfense en cas d’agression israélienne. Nous ripostons aux menaces par les menaces.

Nous disons à tout le monde qu’"Israël" a besoin de récupérer sa force pour réaliser ses projets. Notre problème en tant qu’Arabes est le manque d’organisation des priorités. Nous devons fixer nos priorités et la première de ces priorités reste la cause palestinienne.  Si on laisse "Israël" tranquille, et si on ajourne la lutte contre cette entité, elle redeviendra forte de nouveau, surtout que ses ambitions dans la région sont toujours les mêmes. 

Dans mon dernier discours j’ai évoqué l’équation du poids de qualité israélien. L’ennemi israélien pense toujours à la première frappe, et cette fois il projette de bombarder les lance-roquettes du Hezbollah. J’avais dit que même si cet ennemi réussit à dévoiler l’emplacement de nombreux lance-roquettes, il ne parviendra pas à les retrouver toutes. Donc, le reste des lance-roquettes sera capable de transformer la vie des milliers d’Israéliens en enfer.

Depuis 2006, une véritable force de dissuasion a été établie. Nous avons une banque de cibles importantes. Nos missiles sont capables de les atteindre toutes. Lorsque l’ennemi parle de la destruction du Liban, nos cibles ne restent plus militaires. Quand il dit qu’il détruira le Liban, je lui dis que je détruirai tout. L’ennemi possède plusieurs points de faiblesse et nous tentons de les exploiter. Parmi ces points faibles la présence de cibles à aspect économique, industriel, électrique et nucléaire. Si les Israéliens mènent une guerre sans aucune ligne rouge, nous ferons de même.  L’arme de l’air israélienne est capable d’exterminer une armée classique mais elle est incapable de finir avec une résistance. La résistance au Liban possède une force de dissuasion non négligeable et cette résistance est sincère, comme le montre notre expérience qui date de  30 ans. Quand je profère des menaces, c’est parce que je suis certain que je suis capable de les exécuter. Notre peuple et notre ennemi nous croient à la fois.

Pour les Israéliens, le Hezbollah constitue désormais la première menace stratégique dans la région. Notre position actuelle est de loin meilleure que celle de la guerre de juillet 2006, et nous ne sommes points inquiets. Je peux dire clairement : face à tous les changements qui ont lieu dans la région, nous possédons une vision très optimiste et objective pour l’avenir.

En cas d’agression israélienne contre le Liban, toutes les options seront à table, la défense comme l’attaque. Lorsque Barack avait dit aux soldats de se préparer toujours à la possibilité de retourner au Liban, j’ai dit aux combattants d’être toujours prêts à la possibilité de pénétrer à alJalil. Je dis à tous ceux qui croient que le Hezbollah est occupé par les crises internes, que dans notre parti, toute une équipe est chargée de se préparer jour et nuit au jour J de la confrontation avec "Israël". Cette équipe n’est point occupée par les développements libanais ni par les problèmes internes.

Au sujet d’une attaque israélienne contre l’Iran, je pense que Netanyahu et Barack sont sérieux dans leurs menaces de mener une offensive contre l’Iran, parce qu’ils trouvent qu’on ne peut laisser l’Iran multiplier ses forces. Sachant que les Américains et les Israéliens sont certains que la République Islamique ne développe pas d’arme atomique, mais l’affaire nucléaire constitue pour eux un alibi pour l’attaquer et entraîner la région entière dans une guerre globale, dans l’espoir de sortir indemne. Mais l’autre équipe israélienne s’oppose catégoriquement à l’option de la guerre : de hauts responsables politiques, militaires, Elyahu Winograd… je ne pense pas qu’"Israël" puisse recourir à une frappe contre l’Iran, surtout à l’ombre de la crise économique mondiale. La communauté internationale craint une frappe pareille parce qu’elle a peur de ses répercussions.

La riposte iranienne sera très grande en cas d’attaque israélienne, et les Etats-Unis assument la responsabilité de cette attaque. Les bases militaires américaines dans le Golfe seront toutes soumises au feu de l’Iran. Aux Etats-Unis, le pétrole, le lobby sioniste et les néoconservateurs sont le trio qui tranche les décisions dans le monde. Ce qui se passe dans la région est dû à une décision américaine et non sioniste. Cessez de croire que les Etats-Unis sont une marionnette dans les mains des Israéliens. Le contraire est vrai.

Sayed Nasrallah : « Un nouveau système mondial est en train de naître »

Dès le premier jour du début des révolutions arabes nous avons fixé notre position à la base de deux facteurs : la position de tel régime arabe face à la résistance, à "Israël" et au projet américain dans la région d’un côté et la disponibilité de ce régime à entamer des réformes et un dialogue avec l’opposition. Nous sommes hostiles à un régime pro-israélien et anti-réformiste. Tel fut le cas en Libye, en Tunisie, à Bahrein et en Egypte. Mais en Syrie le régime est anti-sioniste voire anti-américain. Malgré les problèmes internes, ce régime s’est dit prêt à dialoguer avec l’opposition. Toutefois l’opposition a rejeté le dialogue et a réclamé le départ de Bachar elAssad. Pourquoi combattre alors ce régime et détruire la Syrie ? Rappelons tous de l’intervention militaire en Irak.

En effet, les grandes puissances cherchent à changer la position stratégique du régime syrien. On veut que ce dernier renonce à tout. Je vous assure si Assad accepte de renoncer aux droits arabes, la crise syrienne prendra fin rapidement. En pleine crise, l’un des pays arabes soutenant la rébellion armée en Syrie a demandé à Bachar elAssad de rompre ses liens avec l’Iran, le Hezbollah et les mouvements de résistance pour arrêter le conflit dans son pays.

La mise en place d’un système arabe qui renonce à tous ses droits est très dangereuse pour la région, la Syrie, le Liban et les saintetés.
L’approche iranienne dans la région est une approche palestinienne alors que l’approche américaine est une approche sioniste. Pour nous, le régime syrien a besoin de réformes, nous ne nions pas cette réalité. Pendant des mois, l’Iran a entrepris des négociations et des médiations pour faire réussir le dialogue politique et a fourni toute l’aide nécessaire pour former un bloc de communications en vue de régler la crise dans ce pays. J’écarte une intervention militaire en Syrie. Les Européens, comme les Français étaient clairs dans leur rejet de l’option militaire, et les Américains sont incapables de faire la guerre actuellement.

En Irak, les Américains sont sortis humiliés et en Afghanistan ils cherchent le dialogue avec les talibans, donc ils sont incapables de supporter le prix d’une nouvelle guerre. De même, "Israël" est le point de faiblesse dans les comptes des grandes puissances quant à une intervention en Syrie.
De nombreux suicidaires qui se sont fait exploser dans des mosquées et des églises en Irak ont été infiltrés avec l’aide américaine, parce que les Etats-Unis voulaient faire éclater une guerre civile dans ce pays. Ayant échoué ce plan grâce à la résistance irakienne, les Etats-Unis veulent déclencher une guerre pareille en Syrie. Washington désire prolonger la durée de la crise pour qu’il ne reste ni peuple ni armée dans le pays. Ils veulent faire régner le chaos dans ce pays et dans toute la région pour soulager "Israël".
 
La Turquie, le Qatar, l’Arabie Saoudite ainsi que l’Egypte doivent organiser un dialogue pour parvenir à une solution à la crise syrienne. On ne peut demander ni du régime ni de l’opposition de capituler. Ces pays peuvent fournir le plus grand service à la cause palestinienne en imposant un cessez-le-feu et un règlement politique en Syrie.

Nous mettons en garde contre les provocations confessionnelles, notamment sunnite-chiite. Il ne faut point donner à la crise dans ce pays une dimension confessionnelle parce qu’il s’agit de divergences sur le choix politique. La dimension confessionnelle ne sert pas les réformes ni l’opposition syrienne parce que le résultat sera la division du pays.

Les oulémas sunnites et chiites sont appelés à se mettre à la table du dialogue pour débattre des moyens nécessaires pour épargner à la population arabe les divisions confessionnelles. Pourquoi parler de l’expansion chiite alors qu’elle n’existe pas réellement ? L’imam Sayed Ali Khamenei a prohibé toute atteinte à Sayeda Aicha (la femme du prophète), et aux symboles de la communauté sunnite. Venez mettre fin à la vague des mouvements takfiris. Le plus dangereux est d’autoriser l’effusion du sang à la base des convictions religieuses des gens. La seule solution est un dialogue sérieux à ce sujet.
J’ai toujours appelé au Liban à un pacte d’honneur parce que la situation confessionnelle dans ce pays est vulnérable.

Au sujet des pèlerins libanais enlevés en Syrie, Sayed Nasrallah a imputé à l’Etat libanais la responsabilité de poursuivre cette affaire. « La confusion est née lorsqu’on nous a dit que les pèlerins ont été transportés en Turquie et qu’ils sont en route vers le Liban. Les parties qui effectuaient les contacts sur cette question, notamment l’ancien premier ministre Saad Hariri et ses amis ont informé le Premier ministre et le chef du Parlement que les kidnappés sont désormais en Turquie. Pour cette raison, les gens ont célébré ce nouveau développement.  Mais  il s'est avéré que la réalité est tout autre. Actuellement, le gouvernement et les responsables ainsi que certains oulémas poursuivent cette affaire », a-t-il dit.

« On ne peut prendre en otage un groupe de personnes innocentes pour me pousser à changer d’avis, ceci est erroné », a-t-il indiqué, se demandant quand est-ce que prendra fin l’hospitalité des ravisseurs.
Et de s’adresser aux kidnappeurs : « Si vous êtes partisans de la liberté, pourquoi détenez-vous des gens innocents ? ».

S’exprimant sur le dossier du gouvernement libanais, le secrétaire général du Hezbollah a demandé à ceux qui taxent l’actuel gouvernement de non productivité de lui montrer la productivité des anciens gouvernements. « En effet, ce gouvernement est aussi productif que les gouvernements précédents, il ne reflète pas les aspirations du peuple mais il cherche à améliorer son efficacité ».

« Au Liban, d’aucuns cherchent à provoquer le chaos dans le pays. Le maintien de ce gouvernement préserve la stabilité et la sécurité du pays. La chute de ce gouvernement nous entrainera vers l’inconnu. On ne peut former de gouvernement neutre dans notre pays. Le Premier ministre Najib Mikati avait appelé à un gouvernement d’union nationale, mais l’autre camp a refusé cette proposition. En cas de chute de ce gouvernement, nous aurons besoin d’un an pour former un autre, et le pays ne peut supporter le vide politique ».

Concernant la situation sécuritaire dans le pays, Sayed Nasrallah a exhorté l’Etat de préserver la paix civile, affirmant que le Hezbollah ne peut utiliser ses armes pour imposer la sécurité.
Enfin, Sayed Nasrallah a salué la visite du Pape Benoit XVI, la qualifiant d’historique. Nous serons présents aux côtés des chrétiens pour participer aux différentes étapes de la tournée.

Source: moqawama.org

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