Sayed Nasrallah: Venons construire ensemble l’Etat qui protège son peuple comme c’est le cas en Iran

A l'occasion du 23ème anniversaire du départ du fondateur de la République Islamique en Iran, l'imam Rouhollah Moussaoui Khomeiny, l'ambassade iranienne au Liban a commémoré cette occasion à la salle de l'UNESCO à Beyrouth. S'adressant aux centaines de participants via un écran, le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a prononcé un discours, dont voici les principales idées:

"Que la paix de Dieu soit sur vous. En cette occasion, et avant de commencer par nous rappeler du départ de l'imam khomeiny, nous évoquons la défaite du 5 juin 1960 et l'invasion israélienne du Liban le 6 juin 1982. Les Israéliens ont appelé cette invasion la première guerre alors que la deuxième guerre fut celle de juillet 2006.
Ces deux occasions doivent constituer une leçon aux peuples arabes, quant aux souffrances, exploits, et facteurs positifs, surtout que cette guerre n'a pas encore pris fin. La Palestine est toujours occupée, tout un peuple vit dans la diaspora, des milliers de prisonniers dans les geôles sionistes, et des centaines de martyrs dont les corps sont toujours détenus par les occupants.

Je commence par la remise des 91 corps de martyrs palestiniens il y a quelques jours. Ce processus nous a donné le sentiment de la tristesse mais aussi de la gloire, la gloire face aux sacrifices et à la bravoure de ces combattants martyrs.
A ce sujet, nous nous rappelons aussi des corps des martyrs libanais toujours détenus par les Israéliens et nous appelons l'Etat libanais à assumer ses responsabilités dans ce dossier.
Les images des corps de retour aux territoires occupés est une preuve sur la barbarie de l'ennemi qui détient les corps des martyrs pour humilier tout un peuple.
 
Concernant l'imam Khomeiny, ce penseur créatif, ce philosophe était le dirigeant de la révolution populaire en Iran qui a renversé le régime du laquais des Etats-Unis, le Shah d'Iran.
C'est lui qui a lancé la révolution dans les années 60. Il était le seul à prêcher parmi les gens et à les inciter à se révolter. C'est lui qui a souffert de l'oppression du régime à cause de sa pensée. Il était exposé à la peine de mort, alors que ses étudiants étaient torturés et emprisonnés.

L'imam est aussi le fondateur de la République Islamique. L'an dernier, j'ai parlé de l'importance de la confiance de l'imam en sa population pour la reconstruction de l'Etat. La reconstruction de l'Etat est une mission difficile à accomplir. De nos jours, plusieurs peuples et pays arabes doivent reconstruire leurs pays. L'imam s'est basé sur une pensée idéologique islamique pour reconstruire l'Etat. Cette pensée confirme l'importance d'avoir un Etat, et c'est quelque chose d'évident. Reste à discuter de la forme du régime qui gouverne tel ou tel peuple. On ne peut régler les affaires d'un peuple sans l'établissement d'un Etat. Au lendemain de la chute du Shah, l'imam et la direction qui était autour de lui étaient conscients de l'importance de la préservation de l'armée, des institutions étatiques, des propriétés publiques, l'imam avait demandé au peuple de restituer tous les dossiers appartenant à l'Etat. L'imam a appelé le peuple à élire un conseil d'experts qui regroupaient des hommes de religion, des personnes cultivées, d'économistes, et d'autres. Il y a eu ensuite l'élaboration d'une constitution de l'Etat, et ensuite un référendum. Le tout a eu lieu en moins d'un an. Après un an et un mois, le parlement a été formé malgré les circonstances difficiles qui menaçaient l'Etat.

Les gens ont coopéré pleinement avec l'imam parce qu'ils avaient une confiance absolue en lui. Il publiait une lettre et tout le monde la respectait. Il pouvait décréter l'état d'urgence à l'ombre des conditions difficiles, mais il cherchait à construire un Etat qui sert les intérêts du peuple. L'exploit le plus important réalisé par l'imam fut la reconstruction d'un Etat exemplaire qui réunit entre la modernité et l'originalité.
Mettez de côté les campagnes de désinformation qui portent atteinte à la République Islamique parce que l'Occident a peur de ce modèle.

Aucune condition politique internationale n'a pu changer d'un iota les positions de l'imam surtout en ce qui concerne la cause de la Palestine. Il était le premier à appeler à l'unité islamique. Une guerre de 8 ans a été menée par Saddam Hussein, avec le soutien de la plupart des pays arabes et internationaux, alors que le peuple palestinien souffrait des maux de l'occupation et de l'oppression. Malgré ces maux, l'imam n'a pas renoncé à sa défense des droits du peuple palestinien, alors qu'il pouvait tout simplement abandonner le monde arabe et allait à la recherche des intérêts de son peuple en Asie.

Je passe au Liban et à la construction de l'Etat. Tout le monde reconnaît qu'on n'a pas de véritable Etat libanais. Depuis des années, nous sommes occupés des développements sur la scène arabe et stratégique, nous ressemblons à des journaliers qui cherchent à prendre telle ou telle position sur les développements quotidiens. Ces dernières semaines, le peuple est préoccupé de l'éclatement d'une guerre civile au Liban. Allons effectuer un sondage parmi la population sur ses craintes. La priorité des Libanais est actuellement la sécurité et la stabilité du pays. La deuxième préoccupation est la situation vitale des gens.

Au sujet de la sécurité qui est une question pressante. Certains médias et forces politiques tentent d'amplifier le danger sécuritaire. La sécurité et la paix civile sont toutefois un processus complémentaire qui regroupe les domaines juridique, politique, médiatique, civil… et seul l'Etat a la capacité de préserver la sécurité. Les partis politiques ne peuvent pas protéger le peuple, seul un Etat fort et légal a le pouvoir de le faire.

La situation vitale des gens: il est évident que le fait d'assurer les besoins primordiaux de la population est aussi un processus complémentaire dans les domaines juridiques, économiques, sociaux… on ne peut se contenter de chercher à régler les problèmes économiques d'une telle ou telle région. Il y a une économie libanaise qui concerne tous les Libanais. L'Etat doit protéger son économie nationale pour pouvoir persister en tant qu'Etat et subvenir aux besoins de sa population.

Les partis politiques ne peuvent que faire des exploits limités. Ils peuvent embaucher des gens, régler un problème vital dans leur entourage. Mais le Liban en tant qu'Etat doit assumer ses responsabilités. Tous les Libanais doivent prendre conscience que leur pays ne peut pas être divisé et que la seule solution réside dans un pays fort et juste. Même au sujet de la défense nationale, si nous avions un Etat qui protège et libère ses frontières, les étudiants et les jeunes n'auraient pas eu besoin de quitter leurs universités pour prendre les armes et défendre leur terre.

Pour cette raison, je propose aux participants dans quelques jours à la table de dialogue de débattre des modalités de la formation d'un Etat fort au Liban, et je propose de tenir un congrès national voire élire un congrès constitutionnel d'hommes politiques, de professeurs universitaires, de syndicalistes et qu'on leur donne un délai d'un an pour discuter de toutes les options. Certains au Liban ne pensent qu'à l'accord de Taëf quand on parle d'un congrès constitutionnel. Venons donc cherchez les modalités de la construction d'un Etat. Une telle élite pourra emmener le Liban vers le salut, comme c'est le cas de la République Islamique d'Iran qui a persisté malgré les défis.

En cette journée, nous nous rappelons du Président martyr Rachid Karameh dont l'assassinat a créé un vide sans semblable sur la scène libanaise. En cette occasion, nous soutenons la famille du président Omar Karameh.
Dès le début de la crise, nous avons appelé les familles des pèlerins libanais enlevés en Syrie à observer le calme. Nous avions dit que l'Etat libanais est responsable de leur libération et nous aidons l'Etat en tant que forces politiques dans cette affaire. L'Etat déploie en effet tous ses efforts pour mener à bien cette question. A l'ombre des efforts de responsables libanais, nous rappelons que l'Etat est la seule partie responsable de diriger cette affaire. De plus, nous saluons la patience des familles et j'appelle à donner plus de temps à l'Etat pour tenter de trouver une issue. Je dois remercier cheikh Ahmad Zein pour son soutien à la résistance.

Aux ravisseurs je dis: "Vous avez dit hier que vous n'avez pas de problème avec une quelconque communauté, libérez alors les détenus. Mais si vous avez un problème avec le Hezbollah venez régler l'affaire avec nous, au lieu de prendre en otage les innocents, c'est une grande oppression envers eux. Quant à nous, nous avons déjà dit que notre position découle de notre souci pour la stabilité de la Syrie. J'implore Dieu pour qu'il libère ces innocents et que sa Miséricorde berce les âmes des martyrs".



Source: moqawama.org
Photos: Moussa Housseïni