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De délai en sursis, la gestation du gouvernement joue les prolongations...

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L'Orient le Jour/ Par Scarlett HADDAD

La situation

La formation du gouvernement s'approche de l'heure de vérité. Depuis la rencontre de mercredi au Parlement, les négociations se sont accélérées et, à en croire certains participants à cette réunion, le processus serait sur le point d'aboutir à un résultat positif. En clair, le gouvernement devrait être annoncé au cours des prochains jours... sauf imprévu. En effet, comme il l'avait annoncé la semaine dernière, le général Michel Aoun a décidé de faciliter au maximum le processus de formation, ayant accepté de renoncer au ministre Charbel Nahas aux Télécoms. Ce dernier devrait obtenir le portefeuille du Travail, ayant contribué à l'élaboration de la loi sur l'assurance vieillesse et étant très versé dans les questions sociales. Le portefeuille des Télécoms devrait ainsi aller à Gaby Layoun (grec-orthodoxe originaire de Zahlé).

Michel Aoun a aussi accepté de renoncer au sixième ministre maronite qui devrait être choisi par le président de la République parmi les personnalités qui ne seraient pas considérées comme provocantes pour lui. Mais là aussi, la notion de « provocante » est devenue très élastique et le chef du CPL semble prêt à ne plus s'arrêter à des détails et à ne pas poser de conditions pour faciliter au maximum la naissance du gouvernement.

Depuis qu'au cours de la réunion de mercredi un accord sur le partage des portefeuilles a été confirmé, les noms des principaux ministres sont connus, malgré la demande formulée par le Premier ministre désigné aux différents protagonistes de ne pas divulguer les noms des ministrables avant la publication officielle du décret présidentiel. C'est qu'en réalité, cela fait plus de quatre mois que le processus évolue dans un cercle vicieux et la plupart des noms ne constituent pas des surprises. Les spéculations ne concernent désormais plus que celui du sixième ministre maronite, que le président de la République souhaite garder secret, pour ne pas avoir l'air d'accepter le principe de l'aval du chef du Bloc du changement et de la réforme.
Le chef de l'État aurait finalement obtenu deux ministres maronites (le général Marwan Charbel pour l'Intérieur, proposé par Michel Aoun et accepté par Michel Sleiman, et M.X, même si les rumeurs évoquaient hier Fady Martinos ou Wissam Baroudy ou encore Ghaleb Ghanem) et un ministre grec-orthodoxe, Samir Mokbel. Le chef du CPL obtiendrait de son côté Gebrane Bassil (Énergie), Chakib Cortbawi (Justice), Gaby Layoun (Télécoms), Charbel Nahas (Travail). Le portefeuille du Tourisme serait en suspens. Au départ, il devait revenir au Bloc du changement et de la réforme (à Fady Abboud qui le détient actuellement), mais comme celui-ci aurait été choisi pour le ministère de la Réforme administrative (actuellement entre les mains du Hezbollah (Mohammad Fneich), on voit mal le Hezbollah prendre en charge ce dossier. En fait, cette question ferait partie de ce que les négociateurs appellent « les dernières retouches ».
Reste aussi la question de la représentation de l'opposition sunnite. Le Premier ministre désigné aurait encore du mal à accepter la désignation de Fayçal Omar Karamé par égard pour son allié Ahmad Karamé, cousin de Omar, qui estime que le fait de nommer son proche ministre signifie qu'il sera le candidat favori aux prochaines législatives et pourrait ainsi lui arracher son siège. Nagib Mikati a toutefois promis de régler cette question au plus tôt, assurant à ses interlocuteurs qu'elle ne constituera pas une entrave à la naissance du gouvernement.

Comment expliquer cette soudaine détermination au moment où les Libanais commençaient à s'habituer à l'idée de passer de longs mois sans gouvernement ? Les sources des participants à la réunion de mercredi au bureau du président de la Chambre affirment que tant Nabih Berry que Walid Joumblatt et le Hezbollah sont pressés de doter le Liban d'un nouveau gouvernement. Ils considèrent que le vide actuel ne joue pas en leur faveur et qu'au contraire, ils commencent à perdre leur crédibilité auprès de leurs partisans. Nabih Berry, par exemple, estime que sa position devient de plus en plus difficile en tant que chef du Législatif en l'absence d'un exécutif actif. Walid Joumblatt, quant à lui, est soumis à de grandes pressions de toutes les parties et considère que la naissance du gouvernement desserrerait un peu l'étau autour de lui. Le Hezbollah, de son côté, estime que la responsabilité du retard dans la formation du gouvernement lui est attribuée et le discrédite, laissant croire qu'il est incapable de mener la majorité. Il y va de son image et de son efficacité, sans compter le fait que si la situation devait se dégrader au Sud ou même en Syrie, il estime préférable que le Liban soit doté d'un gouvernement en mesure de mettre des garde-fous et de maintenir un minimum de stabilité.
Ces trois parties ont donc fait un forcing pour pousser Nagib Mikati et Michel Aoun à « briser la glace » et à discuter directement des points en suspens. Selon un des participants, il y aurait même eu une discussion en profondeur au cours de cette réunion. Au point que le Premier ministre désigné aurait affirmé qu'il tient à former un gouvernement car il y va désormais de son image et de sa crédibilité. L'éventualité d'attendre les développements en Syrie aurait été aussi évoquée et le point de vue suivant aurait été développé : attendre la Syrie serait une attitude risquée, d'autant qu'une solution radicale dans ce pays pourrait prendre du temps. De plus, si le régime syrien devait l'emporter, il se pourrait qu'un autre Premier ministre soit désigné pour former le gouvernement au Liban, et s'il devait au contraire s'effondrer, le camp libanais qui lui est hostile préfèrerait désigner une autre personnalité que Nagib Mikati pour former le cabinet.

En d'autres termes, ce serait maintenant qu'il faut agir, car les occasions passent et les hommes aussi. C'est aussi dans cette optique que la nouvelle majorité au grand complet a choisi de faciliter au maximum la tâche du Premier ministre désigné, pour ne plus fournir de prétexte au retard dans la formation du gouvernement. La majorité a ainsi placé la balle dans le camp de Nagib Mikati et de Michel Sleiman qui, à moins de découvrir un obstacle encore caché, n'ont plus de véritable raison de ne pas rédiger et promulguer le décret de formation de la nouvelle équipe.
Tout retard supplémentaire conforterait la conviction de certaines parties au sein de la nouvelle majorité de l'existence de pressions occidentales sur le Premier ministre désigné et même sur le chef de l'État qui les empêchent d'aller de l'avant. Et puis, faut-il réellement tant de discussions et de négociations pour former une équipe de 30 ministres ? Le Liban ressemble de plus en plus au pays de l'absurde...

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