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Victoire 2006: Comment cette victoire a mis un terme à la guerre en Syrie ?

Victoire 2006: Comment cette victoire a mis un terme à la guerre en Syrie ?
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Houssam Matar

«L’administration de Bush était vivement impliquée dans la planification de la riposte israélienne à l’opération de la capture des soldats sionistes en 2006. Le président Bush et le vice-président Dick Cheney étaient convaincus, comme me l'ont dit les diplomates et les responsables du renseignement, qu'une forte campagne de bombardement aérien israélien contre des bâtiments du Hezbollah, où se trouvaient ses munitions, ses cadres et ses centres de contrôle, soulagerait les préoccupations sécuritaires israéliennes et servirait de prélude à une éventuelle attaque américaine contre les installations nucléaires iraniennes, dont certaines sont profondément cachées dans les sous-sols.» "Seymour Hersh, New-Yorker", 21 août 2006.

Victoire 2006: Comment cette victoire a mis un terme à la guerre en Syrie ?

La commémoration du douzième anniversaire de l'agression de Juillet 2006, coïncide avec le début de la phase finale de la guerre syrienne, et l'échec du renvercement de l'Etat syrien dans l'une des guerres les plus dures depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Certainement la victoire de la résistance contre l'agression israélienne en 2006, a influé la situation régionale et a imposé un certain nombre de données et de répercussions. En bref, cette victoire a changé le système régional du Moyen-Orient et a renversé le système qui était en place depuis l’après-guerre froide… et cela n’est pas une exagération. Mais comment la victoire d’une bataille sur un espace géographique limité en comparaison avec la surface du Moyen-Orient, et sans intervention directe des forces internationales, peut-elle avoir des répercussions aussi importantes, pouvant changer l'avenir du Moyen-Orient, en dépit de toute sa complexité ?

Il est possible de parler de deux principaux résultats de la victoire de la résistance en 2006 pouvant expliquer la vraie dimension de cette bataille, de manière appliquée dans le contexte de la guerre syrienne. Le premier résultat est de briser la capacité d'Israël à mener une initiative stratégique, et le second, de nuire à la volonté américaine de s'engager dans des guerres à grande échelle dans la région.

En ce qui concerne le premier résultat, la guerre a permis de tester la force militaire de l'ennemi et la profondeur des changements dans son environnement stratégique, vu que les ennemis de l’entité sioniste, dans l'axe de la résistance ont la capacité de mener des frappes douloureuses au-delà de leur «taille». Ainsi, l'initiative offensive à laquelle est habitué l’armée israélienne face aux armées arabes n'existe plus, et la guerre a glissé au cœur des colonies et des villes de l’entité, et s’est ainsi faufilée dans la conscience des israéliens. La perte par "Israël" de sa capacité à mener l'initiative stratégique signifie qu'elle est incapable de jouer le rôle qui lui a été attribué, en tant que «fouet» pour discipliner les forces d'indépendance et de libéralisation dans la région ou pour créer de nouvelles données et changer les équilibres régionaux. Cela a incité après 2006, à alimenter de nouveau le débat américain sur la faisabilité de soutenir «Israël» et si l’entité s’était transformée en un fardeau stratégique, ce qui a incité l'Institut sioniste à Washington à publier des dizaines d'articles et d’études qui tentent de prouver aux américains qu’ «Israël» est indispensable pour la sécurité nationale américaine. En outre, ce manque d'initiative stratégique a fait perdre à «Tel-Aviv» son indépendance dans l'initiative militaire dans la région et l’a contraint de recevoir une approbation explicite des États-Unis.

Le deuxième résultat de la victoire de la résistance en 2006 est l’affirmation de la défaite américaine en Irak et la confirmation de l'effondrement du système régional de l’après-guerre froide, qui s'est effondré en 2011. L'agent stratégique «Israël» était incapable de sauver le parrain américain, qui a subi des défaites consécutives en Irak militairement et politiquement. Le résultat de la guerre de 2006 a également privé Washington de la volonté et de la capacité d'attaquer Damas ou Téhéran. Depuis lors, il y a eu un quasi consensus au sein des États-Unis que le Moyen-Orient est un grand champ de mines où les grands empires se font fracasser et que Washington ne devrait pas intervenir à nouveau de manière directe dans une guerre terrestre d'envergure !

Ainsi, la victoire de la résistance en 2006 a freiné l'offensive stratégique menée par la force de l’occupation et de l’hégémonie dans la région, qui a été ensuite compensée par l'agression saoudienne contre le Yémen et le soutien régional au projet terroriste en Syrie et en Irak. Cet équilibre qu’a imposé la résistance en 2006 n'était pas un simple fait ni un événement momentané, mais plutôt une nouvelle tendance qui a été exploitée dans le grand défi stratégique du projet de résistance, qui est la guerre contre la Syrie, en tant que rôle et en tant qu’Etat.

La Syrie a vécu un moment très difficile en 2013 où tout était en jeu. Une sorte d'accord implicite pour la défense conjointe, a été mis en place entre les différents partis de l'axe de résistance qui se sont fortement imposés sur le terrain syrien, suivie ensuite par l’implication de l'allié russe en 2015. Durant toutes ces années les États-Unis et «Israël» étaient des forces authentiques dans le conflit syrien et ont déployé des efforts considérables pour influencer les résultats du conflit, y compris certaines interventions directes limitées sur le terrain. Mais Washington et Tel-Aviv ne se sont pas, non plus livrées à une intervention ouverte et directe dans le conflit syrien qui, à certain moment, aurait pu entraîner d'énormes changements sur le terrain.

Washington a été coincée dans un cercle vicieux d’hésitation sur le terrain, lié au consensus américain à ne pas répéter le désastre irakien, et s’est contenté d’un certain nombre de frappes limitées. Israël a suivi le plan américain mais avec un peu plus d’audace, car ses inquiétudes sont bien plus grandes. Pour «Tel Aviv», l’entrave principale, est le résultat de la guerre de 2006 et l'équilibre délicat qui en a résulté. Si les Israéliens et les américains n'avaient pas connu les limites de leur pouvoir et de leur capacité à prendre l'initiative stratégique dans la région, leurs rôles dans la guerre syrienne auraient été complètement différents et auraient causé d'énormes pertes à l'axe de la résistance. Au final, la résistance accumule les réalisations et les équations, non pour les engager dans des conflits sans fin, mais pour les investir, peut-être dans dix ans, dans les batailles majeures qui dessinent l’aspect du nouveau système régional qui remplacera celui qui été éliminé avec le premier coup de feu à Khallet Wardeh.

Source : Al-Ahed, traduit par l’équipe du site

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