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Discours de sayed Nasrallah à l’occasion de la fête de la libération

Discours de sayed Nasrallah à l’occasion de la fête de la libération
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Au nom de Dieu

Je voudrais commencer par le fait que nous n’avons pas organisé une cérémonie centrale à cette occasion. D’abord parce que nous sommes en pleine période de jeûne et ensuite parce que nous ne voulons pas vous mettre la pression, surtout que nous nous retrouverons pour la Journée Internationale d’Al Qods et que nous vous avons trop sollicités pendant la période des élections, avec les meetings. C’est pourquoi, à l’occasion de la fête de la libération, cette année, nous avons demandé à nos frères et à nos sœurs de la célébrer chacun dans son village ainsi que dans les régions frontalières d’une façon différente. Mais concernant la cérémonie centrale, nous nous contenterons de mon discours. Dans l’espoir de vous retrouver le dernier vendredi du mois de Ramadan pour la Journée Internationale d’Al Qods. Nous considérons que cette année, cette Journée doit être célébrée de façon particulière sur les plans populaire, politique et culturel, en raison des circonstances particulières traversées actuellement par Jérusalem et par les symboles sacrés chrétiens et musulmans qui s’y trouvent. Les circonstances sont d’ailleurs particulières pour l’ensemble de la Palestine, surtout après la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et le transfert de l’ambassade de son pays dans cette ville. Il faut aussi une célébration digne de l’occasion pour suivre « les marches  du retour » à Gaza et les immenses sacrifices présentés par les habitants de la Palestine, surtout à Gaza et en Cisjordanie et même à l’intérieur des terres de 48. C’est pourquoi nous espérons que tous ceux qui croient dans cette cause, tous les croyants et ceux qui pratiquent le jeûne accordent l’importance qu’il faut à cette occasion.

 

Discours de sayed Nasrallah à l’occasion de la fête de la libération

Je commence mon discours par présenter mes vœux aux musulmans pour le début du mois de jeûne.  Quelques jours sont déjà passés, mais il en reste encore. Ce mois est une occasion  divine pour méditer sur nos fautes et demander le pardon, tout en demandant à Dieu de nous aider dans ce monde et dans l’autre. C’est le mois de la prière, du jeûne, de la méditation et de la lecture du Coran. C’est le mois de la purification des esprits et des cœurs et de l’aide à ceux qui sont dans le besoin, aux pauvres et aux orphelins. C’est le mois de la fraternité, de la coopération et des contacts. Nous ne devons pas nous comporter comme s’il s’agissait d’un mois de paresse et de divertissement. Au contraire. C’est un mois de travail et il faut profiter de chaque instant, de jour comme de nuit, car c’est l’un des mois préférés chez Dieu. C’est ce qui a été rapporté du Prophète. Nous demandons à Dieu de nous aider en ce mois à faire le plein de bonnes pensées pour nos vies dans ce monde et dans l’autre.

En cette fête de la résistance et de la libération, je vous présente mes vœux et je vous félicite pour cette victoire. Cette célébration annuelle est très importante, non seulement pour le peuple libanais mais aussi pour tous les peuples de la région. C’est une étape  humaine, nationale et jihadiste pleine de leçons. Nous devons nous baser sur elles pour construire le présent et l’avenir. C’est ce que nous avons fait depuis 2000 et nous continuerons à le faire, je l’espère.

Lorsque nous présentons nos vœux et nos félicitations  à notre peuple en cette occasion, nous devons d’abord commencer par remercier Dieu qui nous a permis de remporter cette victoire, à nous, à notre patrie et à la oumma en général. C’est à Lui que revient le plus grand mérite. Nos mots sont incapables d’exprimer l’ampleur de notre gratitude.

Après Dieu, il faut remercier ceux qui ont accompli le travail. Nous le faisons chaque année et nous le faisons encore. Il s’agit en premier lieu des résistants, des moujahidins qui ont pris la responsabilité de lutter à partir de 1982 et même avant cela. Ils ont passé leurs vies, dans les champs et sur les fronts, le fusil à l’épaule, dans les vallées et sur les collines, loin de leurs familles, dans la peur et le danger pour libérer cette terre  et chasser l’occupant. Ils ont été des héros, certains sont devenus des martyrs, mais grâce à Dieu, la grande majorité d’entre eux sont toujours en vie. Certains d’entre eux sont des chefs martyrs tombés avant 2000. Je parle ici de sayed Abbas Moussaoui et de cheikh Ragheb Harb, du chef martyr Mohammed Saad et du chef martyr Khalil Jradi. Au sein de la résistance islamique et du Hezbollah, nous avons une longue liste de chefs. Il faut faire en sorte de faire revivre leur souvenir et de rappeler leurs noms pour que les nouvelles générations qui n’ont pas connu cette époque sachent ce qu’ils ont fait et mesurent l’ampleur de leurs sacrifices, comme c’est le cas dans d’autres organisations de la résistance. Nous parlons des chefs mais aussi des auteurs d’opérations suicides ou qui ont mené des confrontations héroïques, en profondeur ou dans des attaques directes de certaines positions ennemies. Ils sont tombés dans tous les champs de confrontation avec cet ennemi que ce soit dans les premières ligne sou dans les lignes arrières ou encore dans les camps d’entraînement. Nous pensons aujourd’hui à eux tous et nous évoquons leur souvenir.

Les blessés qui continuent à souffrir des séquelles de leurs blessures ( que Dieu les guérisse), les otages qui ont passé leurs plus belles années dans les prisons, à Khiam, à Aïtanit et à Ansar et même dans les geôles de l’occupant sioniste et qui grâce à Dieu ont pu bénéficier de la liberté ( Il y a encore des dossiers en suspens), leurs familles, celles des blessés et des martyrs, tous ont donné beaucoup de sacrifices. Les gens en général, les habitants des villages qui ont vécu sous l’occupation, ceux qui ont vécu le long des lignes de démarcation avec l’occupant, dans la bande frontalière et ailleurs ont tous souffert pendant une longue période, tout comme  les villages sous occupation, toutes les régions qui ont subi l’occupation  et même celles qui ont subi les attaques et les bombardements comme la Békaa, les gens qui ont résisté aux côtés des combattants dans leur vie quotidienne, aux côtés aussi de l’armée qui était présente et qui avait ses martyrs, ses blessés, toutes les forces de sécurité et les différentes factions palestiniennes, tout ce monde a eu son rôle dans la période allant de 1982 à 2000.

Je parle aussi de la période de 2000 au cours de laquelle l’armée arabe syrienne  a eu des sacrifices et des martyrs et ils ont aussi leur contribution dans la victoire. Tout comme ceux qui se sont tenus aux côtés du Liban, que cet appui soit politique, moral, médiatique ou financier ou encore humain en accueillant ceux qui ont quitté leurs villages et parfois leur pays , tous ceux-là sont des partenaires dans la victoire de 2000. Je dois aussi préciser que la seule aide externe, à part celle de la Syrie est venue de la République islamique d’Iran. C’est connu et nous devons le rappeler.

Lorsque nous évoquons l’aide de l’Iran et de la Syrie dans la victoire de 200 ? nous ne pouvons pas ne pas parler de la lâcheté du reste du monde, ce monde qui a adopté la résolution 425 et qui n’a rien fait pour l’appliquer. Ce monde qui assistait en spectateur aux agressions israéliennes, aux bombardements, aux destructions aux morts causés par ces attaques, sans jamais réagir.

La victoire est donc le fruit de tous ces sacrifices. La terre est revenue à ses propriétaires et le Liban a retrouvé sa souveraineté, exception faite des fermes de Chebaa, des collines de Kfarchouba et de la partie libanaise de la localité de Ghajar, il ne faut pas l’oublier. Les gens sont revenus dans leurs maisons, leurs villages et  dans leurs champs en toute dignité. La sécurité est revenue le long de la frontière avec la Palestine occupée, où désormais, tout le monde vit en paix, en sécurité et dans la dignité que ce soit au Sud ou dans la Békaa.  C’est ce qui importe : vivre dans la sécurité, la liberté et la dignité.

La victoire a eu lieu. Je voudrais développer deux points dans ce cadre qui me permettront d’aborder quelques sujets.

Le premier point est le suivant : cette victoire a eu lieu en dépit du déséquilibre dans les forces. C’est important lorsque l’on veut tirer les leçons. Je vais dire plus que cela. Entre 1982 et 2000, les moyens de la résistance étaient plus que modestes. Non pas en comparaison avec ceux de l’ennemi, mais en comparaison avec ses propres moyens en 2018. Même le nombre de combattants, qu’ils soient à plein temps ou à temps partiel, était aussi modeste. Certaines armes dont nous parlons aujourd’hui n’étaient pas en notre possession en 2000. Il s’agit notamment des protections, des capacités de feu et des missiles, ni en qualité ni en quantité. Malgré cela, nous avons pu remporter cette victoire grandiose. Je vais donner un exemple. Je le donne dans nos rencontres privées mais il est bon que tout le monde l’entende. Lorsque la résistance voulait attaquer une position ennemie, elle était contrainte de puiser dans les armes et les résistants postés sur d’autres axes. C’est dire combien les moyens étaient limités. Malgré cela, nous avons pu remporter la victoire. Celle-ci a une dimension divine et une autre humaine et morale. Il faut donc mentionner la détermination de la résistance, sa volonté et son aptitude au sacrifice ont joué un rôle déterminant dans de grandes confrontations comme en juillet 1993 et en avril 1996 dans le cadre de l’attaque dite « les raisins de la colère », jusqu’à 2000. Je reviendrai sur ce point lorsque je parlerai des sanctions, du blocus et de l’assèchement des sources de financement.

Le second point que je voudrais évoquer concerne le titre de notre commémoration cette année : « La victoire vous sied ». Si Dieu a donné cette victoire aux gens et à leurs fils résistants, c’est parce qu’ils l’ont méritée.

 

Dieu ne donne rien gratuitement. Je vais donner un exemple pour simplifier l’idée. Lorsque vous avez un enfant que vous chérissez beaucoup, mais qui ne sait pas préserver les objets et prendre soin d’eux, vous ne lui donnez pas une pièce de valeur à laquelle vous êtes très attaché et que vous avez passé de longues années à préserver et à rassembler les fonds pour l’acheter, pour qu’il la casse, ou la perde. Il en est de même de la victoire que donne Dieu. IL a posé ses conditions qui existent dans le Coran. Lorsque Dieu a vu votre loyauté, votre sincérité, votre dévouement, lorsqu’Il a vu que vous étiez prêts à faire des sacrifices illimités et que vous étiez dignes d’assumer les responsabilités, sans chercher à les fuir, comme vous auriez pu le faire, en cherchant des prétextes variés. Non, vous avez tenu bon, vous avez patienté, sacrifié, souffert et finalement, vous avez obtenu la victoire en dépit du déséquilibre dans le rapport des forces.

Tout cela est fini en 2000. L’ennemi était dans une situation de peur et il n’avait plus confiance dans son armée et son peuple. Il ne pouvait plus supporter l’ampleur des pertes. Il a donc préféré se retirer sans conditions, sans accord ni même une entente sur des mesures sécuritaires. L’ennemi s’est retiré humilié, défait, en fuite. Il a laissé ses agents derrière lui et il est parti sans demander son reste. Qu’est-ce que cela signifie d’être digne de la victoire ? C’est quand on sait la préserver et la protéger.

Le 25 mai 2000, vous, nos gens, nos résistants, notre peuple, toutes les factions  de la résistance, vous avez tous prouvé que vous étiez dignes de la victoire, par votre comportement civilisé et noble lorsque vous êtes entrés dans les localités qui venaient d’être libérées dans la bande frontalière. Vous avez protégé les gens et les biens. Vous vous êtes élevés au-dessus de la vengeance envers ceux qui vous avaient torturés et avaient bombardé vos maisons et effrayé vos enfants. Vous étiez dignes de la victoire. Après 2000, vous êtes restés attachés à la résistance, vous avez continué à l’entourer et à la renforcer. Vous avez donc été dignes de la victoire, car vous aviez compris que ceux qui l’avaient réalisée c’était les résistants, vos fils. Vous avez donc su qui étaient les auteurs de la victoire, vous les avez remerciés et vous les avez protégés. En 2006, vous étiez aussi dignes de la victoire par vos sacrifices, votre détermination, votre volonté et votre loyauté. Vous avez aussi montré que vous étiez dignes de la victoire, lorsqu’après les 33 jours de guerre, vous êtes rapidement rentrés dans vos villages, vous installant sous des tentes face à vos maisons détruites, refusant de partir. Vous avez aussi protégé la résistance et vous ne l’avez pas lâchée en dépit des menaces, du blocus, des listes de terrorisme et des campagnes pour ternir son image. Toutes ces manœuvres ont été inutiles.

Nous sommes donc face à un peuple qui a prouvé avant 2000 qu’il était digne de la victoire. Elle lui a été donnée. La victoire de 2006 lui a été aussi donnée parce qu’il a fait ses preuves  et, si Dieu le veut, ils continueront à avoir des victoires, parce qu’ils continueront à en être dignes.

Concernant le futur, je dois dire que nous ne cherchons pas la guerre, mais nous ne la craignons pas. L’ennemi multiplie les menaces. Il gronde et hurle. Mais nous autres, nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre, que Dieu l’éloigne de notre pays et de notre région. Mais lorsque nous évoquons cette possibilité, dans  nos rencontres internes ou publiques, nous en parlons avec la confiance de la certitude de la victoire. Dieu ne nous abandonnera pas, comme il est resté avec nous au cours des années précédentes, parce que nos gens, notre peuple, nos résistants sont présents et sont dignes de la victoire que Dieu leur donne.

C’est notre principal élément de force sur lequel nous nous appuyons et qui nous pousse à dire : vous êtes dignes de la victoire. C’est ce que nous avons constaté dans le cadre des dernières élections. Les gens ont beau avoir des remarques, voire des critiques, mais lorsqu’il s’agit de protéger la résistance et de briser les paris et les plans des ennemis, nous voyons leur réaction. Ils oublient tout ce qui n’est pas la protection de la résistance. Ils l’appuient avec force et c’est sur eux qu’elle compte le plus. Cette expérience dure depuis 1982 au moins et elle a fait ses preuves. On peut donc continuer à se baser sur elle pour l’avenir.

J’en arrive à un point important de mos discours, il s’agit du blocus imposé par les Américains et le Golfe à la résistance au Liban et en Palestine, sous différentes formes. L’une de ces formes est la liste des organisations terroristes. Certes, ce n’est pas nouveau. Mais il y a malgré tout des développements nouveaux dans ce contexte. Je dois en parler avant de passer aux autres points car il s’agit de la bataille de la résistance.

Dans le passé, des noms de chefs politiques ou militaires du Hezbollah avaient figuré sur les listes des terroristes chez les Américains ou chez les membres du Conseil de Coopération du Golfe et chez les Saoudiens. Désormais, de nouvelles listes ont été publiées me concernant personnellement, moi et des frères. Cette question n’a pas de répercussions financières. Nous n’avons pas d’argent à déposer dans les banques. En fait, nous n’avons pas d’argent, ni de biens commerciaux, ni rien. Il ne s’agit donc pas d’une sanction financière ou matérielle. Ils le savent. Mais ils veulent mettre nos noms dans leurs listes pour éloigner les gens de nous. Ceux qui vont s’installer avec nous devraient donc se méfier et être prudents. Il s’agit donc d’une forme de pression morale et psychologique. Une autre des conséquences, c’est que les frères dont les noms figurent sur les listes des pays du Golfe ne peuvent plus faire le pèlerinage des Lieux Saints.

Mais ce qui fait vraiment mal dans cette affaire, ce n’est pas de mettre mon nom ou celui des frères, c’est de toucher aux gens et à leurs intérêts. Lorsqu’ils mettent des noms de sociétés libanaises pour la plupart, d’usines, d’entités commerciales ou autres qui doivent circuler, faire des transactions, voyager etc, cela fait mal. Il ne faut donc pas prendre ces mesures à la légère. Sauf en ce qui nous concerne directement. Ces mesures sont nuisibles  et font du tort aux gens, notamment aux commerçants et peut entraîner la confiscation de leurs fonds dans certains pays.

Je dois préciser que le Liban se contente avec ce point de prendre note. C’est ce qu’ont fait les Libanais, l’Etat et le gouvernement. Ce n’est pas juste. Il s’agit de citoyens libanais et en principe, l’Etat est responsable d’eux. Il doit les défendre et défendre leurs intérêts. Sur un plan minimal, les Américains ne doivent pas être plus Américains que les Américains eux-mêmes. Autrement dit, ils ne doivent pas relayer les sanctions au Liban. Lorsque le gouvernement sera formé, nous évoquerons ce point. Ces sanctions ne sont pas une décision isolée, c’est un processus américano-israélien auquel participent des Etats du Golfe. C’est un processus qui vise à se venger non pas seulement de la résistance, mais aussi de la force d’émigration libanaise en Afrique et en Europe.

Quelle est la responsabilité de l’Etat dans ce contexte ? Il faut un débat. Je ne vais pas parler maintenant de ce que nous proposons et de ce que nous demandons. Je veux simplement dire à l’Etat libanais et au gouvernement qu’ils sont responsables de ces Libanais dont les noms figurent sur les listes des terroristes.

Certaines personnes dont les noms figurent sur les listes n’ont absolument rien à voir avec le Hezbollah. Ils n’appartiennent pas à la résistance et ne lui donnent pas de l’argent. D’autres ont peut-être donné de l’argent aux enfants des martyrs. Ils en ont pris certains en charge ou alors ils ont fourni des aides aux déplacés. Mais à supposer qu’ils aient donné des fonds à la résistance, celle-ci n’est pas considérée au Liban comme une organisation terroriste. Elle a même une fête au Liban, celle de la résistance et de la libération.

Ces personnes sont donc punies parce qu’elles sont nationalistes, parce qu’elles ont assumé des responsabilités, parce qu’elles ont participé à la confrontation , à la libération et au retour de la souveraineté. Comment l’Etat libanais et le gouvernement peuvent-ils leur tourner le dos et les abandonner ?

Il faut débattre de ce sujet car il ne concerne plus une deux ou trois personnes. Il s’agit d’un processus  destiné à se poursuivre.

Ceux qui sont derrière ce processus, les Américains et leurs instruments régionaux ont des objectifs en utilisant ce procédé ; Nous devons en parler pour pouvoir les affronter.

Il s’agit d’abord de faire directement pression sur l’environnement de la résistance, ceux qui l’appuient, l’entourent et votent en sa faveur. Ce n’était pas une boutade lorsque le secrétaire d’Etat américain a déclaré que les résultats des élections législatives au Liban n’ont pas correspondu aux souhaits de l’administration américaine.

Il a ensuite parlé de son souci du peuple libanais. Evidemment, il mentait. Qu’a-t-il à voir avec le peuple libanais qui a exprimé sa volonté à travers les urnes ? Si on procède à un décompte des voix obtenues par les listes de « l’espoir et de la fidélité » ( je ne fais pas ici de distinction entre Amal et le Hezbollah) et par leurs alliés, on peut voir combien de Libanais ont voté en faveur de ce choix. Sur cette base, on peut alors parler de ce que souhaite ou non le peuple libanais. Bien entendu, nous ne sommes pas compris dans les souhaits du secrétaire d’Etat américain ni dans ceux de ses instruments. C’est pourquoi il a voulu exercer des pressions  morales, économiques et financières sur notre environnement pour le punir, pour l’affaiblir et le faire reculer.

Deuxièmement, il s’agit de faire pression sur nos alliés et nos amis pour les pousser à s’éloigner de nous.

Troisièmement et c’est là l’objectif le plus important : il s’agit d’assécher les sources de financement de la résistance et du Hezbollah, ainsi que celles de tous les mouvements de résistance dans la région. Ce n’est pas nouveau. Ils travaillent sur ce sujet depuis les années 90. Depuis cette date, nous sommes sur les listes terroristes.

C’est dans ce cadre que s’inscrivent les sanctions  continues contre la République islamique d’Iran qui est un appui essentiel à la résistance. Ce qui est à mettre à son actif et qui est un honneur pour elle. Quel est le problème des Américains avec l’Iran ? Vous avez entendu récemment la liste des 12 conditions posées par le secrétaire d’Etat américain pour revoir les relations de son pays avec l’Iran. Que veut-il en réalité ? Que l’Iran devienne un Etat faible, n’ayant pas de missiles, ni de capacités nucléaires pacifiques, n’ayant aucune influence dans la région, un Etat appauvri et malléable qui fait ce qu’on lui demande de faire. On lui

l’ennemi. Nous refusons cela, nous faisons face à ce projet, nous nous battons, nous nous sacrifions et nous remportons au final des victoires.

Israël est le premier projet américain et la base militaire avancée des Etats-Unis dans la région. L’affronter et vaincre son armée considérée comme invincible, la chasser du territoire libanais sans condition et humiliée constitue un tournant stratégique dans le conflit arabo-israélien. Ce qui s’est passé en 2000 a été déterminant dans le déclenchement de l’intifada à l’intérieur de la Palestine. Il y a eu un changement culturel extraordinaire dans la région. Nous nous sommes dressés contre le projet américain. C’est aussi ce qui s’est passé en 2006 contre le projet du « nouveau Moyen orient » prôné par Mme Condoleeza Rice et dont elle avait dit qu’il naissait au Liban. Lorsque nous avons combattu le projet américano-sioniste, je ne dis pas que nous l’avons vaincu, mais nous avons contribué à cela, chacun dans une proportion déterminée dans la région, cela signifie qu’il y a une force qui refuse l’hégémonie américaine et israélienne sur le Liban, la Palestine et les autres pays de la région. Nous avons lutté pour la souveraineté, qui n’est pas seulement un slogan. D’ailleurs à ce sujet, il faut rappeler que l’ennemi israélien viole notre espace aérien tous les jours, hier il a bombardé la Syrie en utilisant notre espace aérien et nous n’avons pas entendu les protestations des souverainistes ?...La souveraineté c’est de chercher réellement l’indépendance et la liberté de décision, loin du suivisme à l’égard des Américains ou de n’importe quel autre pays. La souveraineté c’est d’empêcher n’importe quelle partie étrangère de mettre la main sur un pouce de territoire national, sur une parcelle de nos ressources, qu’il s’agisse d’eau ou de pétrole. A ce moment-là, l’ennemi se sentira menacé dans ses projets, dans ses intérêts et dans son hégémonie. Il lancera alors des agressions contre ceux qui s’opposent à lui et fomentera les complots et les plans pour tenter de leur nuire par tous les moyens, même en utilisant les pressions sur les sociétés et les organisations de bienfaisance. Il faut donc comprendre que tout cela fait partie de la bataille et du prix à payer pour la confrontation. Exactement comme une famille donne un martyr ou a un de ses membres blessés ou encore dont la maison est détruite par les bombardements et qui est contrainte de vivre sous une tente. Cela fait donc partie des sacrifices à consentir dans cette confrontation. Nous devons considérer ainsi les sanctions qui nous visent et nous devons y faire face.

Dans la confrontation, il faut neutraliser les objectifs des ennemis. Nous autres, nous n’avons pas de banques ni un secrétariat d’Etat pour le Trésor, ni la possibilité de convertir les dollars en euros. Mais nous pouvons neutraliser leurs objectifs. Comment? 

L’objectif vise à ébranler notre détermination., celle de notre peuple et de nos partisans.  Il vise à nous faire douter de nos moyens et à nous pousser à abandonner ce chemin et nos positions. Tant que nous ne cédons pas, tant que nous ne changeons pas, l’objectif ne sera pas atteint. Mais il y a un prix à payer. Comme c’est le cas dans les confrontations militaires, lorsque nous avons des martyrs, des blessés, des maisons détruites. C’est le prix quand on assume ses responsabilités.

Jusqu’à présent, ils ont essayé avec nous les tueries, les massacres, les destructions, l’exode, les assassinats et cela n’a pas marché. Je peux dire dès maintenant que ces nouvelles méthodes ne réussiront pas non plus. Elles ne changeront pas notre détermination. Elles provoqueront des dommages, c’est certain, mais cela fait partie des sacrifices, au même titre que les veuves, les orphelins, les pères ayant perdu des fils. Certes, cela fait mal, nous sommes des humains et nous avons des sentiments, nous souffrons, mais cela fait partie de la bataille. Nous le supportons et nous nous basons sur ces sacrifices pour construire nos victoires ; Nous n’avons pas peur, nos ne reculons pas et nous ne renonçons pas.

Je vais revenir ici au point évoqué au début. J’ai dit qu’en 2000, les moyens de la résistance étaient modestes. C’est vrai qu’aujourd’hui, nos moyens sont devenus bien plus importants et que cela exige des financements. Mais même si vos sanctions et vos mesures vont couper une partie importante de nos moyens, je peux dire aux Américains et à leurs instruments dans la région, ainsi qu’à l’ennemi israélien, que vous faites erreur dans la compréhension de cette résistance et de ses partisans. Où réside l’erreur ? Elle est dans votre culture. Vous ne voyez les gens qu’à travers le prisme des mercenaires. Pour eux, les gens ont un prix et ils ne les considèrent que comme des chiffres, avec des dollars à la fin. Combien vaut celui-là ? Combien vaut cette voix ? C’est comme cela qu’ils évaluent les gens. Selon l’argent et l’intérêt. Les valeurs, les idéologies, n’ont aucune place chez eux. Tout comme le nationalisme. Seules les affaires, seul l’argent et seule la vente d’armes ont une place dans leur approche. Pour eux, cette résistance est composée de mercenaires pour le compte de l’Iran. L’Iran leur donne de l’argent, la Syrie leur donne des facilités, ils combattent donc pour eux. Si nous arrêtons leur financement, ils cesseront de se battre et changeront de position. C’est ce que les Américains croient.

Cette résistance au Liban, en Palestine et dans la région, ces gens qui manifestent tous les vendredis à Gaza ne sont pas des mercenaires. Ils ont une cause. Ces résistants et leurs familles, leurs proches et leurs populations ont une idéologie et des valeurs auxquelles ils croient et pour lesquelles ils sont prêts à faire des sacrifices. Pour leur cause, ils sont prêts à donner leurs vies et celles de leurs enfants. Pour cela, vous ne pouvez pas les vaincre et les briser avec des listes de terrorisme, ni des sanctions économiques et financières, ni un blocus. Au Liban et en Palestine, vous avez devant vous un peuple déterminé et qui croit dans sa cause. C’est pourquoi votre nouvelle bataille sera perdante. Mais comme pour les batailles militaires,  la condition de la victoire est de comprendre toutes les dimensions de la confrontation et tous ses objectifs pour les neutraliser. Si nous sommes conscients de tout cela, notre détermination et notre volonté ne seront pas ébranlés. Même l’isolement politique n’aura aucun effet. Comme par exemple la dernière démarche du royaume marocain qui a coupé les relations avec nous pour de faux prétextes et à cause d’un faux dossier. Le ministre marocain des Affaires étrangères a remis un dossier à son homologue iranien sur ce sujet. Mais le dossier est vide. Un ami m’a remis le dossier. Il n’y a rien dedans. Juste un bout de papier que le ministre marocain s’est mis à lire en égrenant des noms. Son interlocuteur lui a demandé de lui remettre le papier. Mais il a refusé de le faire, lui demandant de noter les noms cités. Où sont les preuves ? Où sont les films, les écoutes téléphoniques ?  Les enregistrements, les témoins ? Il n’y a rien de tout cela. Juste une liste de noms de membres du Hezbollah, dont certains n’ont aucune responsabilité militaire ou sécuritaire, alors que les fonctions de certains sont très éloignées de celles d’autres. Il n’y a aucun lien entre eux. Il est clair que ce sont les renseignements israéliens lui ont donné la liste. Donc, le Hezbollah appuie le Polisario, nous rompons nos relations avec l’Iran, point. Mais nous avons déjà déclaré que nous n’avons aucune relation avec le Polisario. Même pas politique. Nous n’avons aucun contact avec eux. On nous accuse pourtant d’avoir été chez eux et de les avoir reçus chez nous. Mais je ne connais même pas le nom de leur ville. Malgré cela, ils nous accusent de les aider, de les avoir entraînés et de leur donner des armes. C’est évidemment entièrement faux. Mais cela importe peu. Cela ne change rien à notre détermination. Lorsqu’en 2000, la résistance a remporté cette victoire dont nous célébrons aujourd’hui le 18ième anniversaire, elle n’avait pas de relations médiatiques. Il y avait l’Iran et la Syrie, c’est tout. Il y avait de temps à autre des contacts et des amitiés avec l’ambassade d’Algérie et du Soudan, avec tel Etat ou tel autre, mais nous n’avions pas de relations régionales. Au contraire, nombreux étaient les Etats qui n’osaient pas établir des relations avec nous car nous étions sur la liste terroriste depuis 1992. Tout ce blocus politique, diplomatique et financier n’a aucun effet. En 2000, l’occupant est parti la tête basse, humilié, sans condition et la résistance est aujourd’hui bien plus forte, plus solide au niveau de la foi et de la conviction. La nouvelle génération est celle qui a combattu en 2006, et qui est née dans les années 90,  elle est encore plus déterminée que celle qui l’a précédée. Cette nouvelle génération n’a pas hésité à combattre en Syrie, pour faire face au même projet. Nous avions dit à l’époque que les Etats-Unis et leurs alliés ont amené les takfiristes de tous les coins du monde pour faire chuter Damas et l’Etat syrien. J’avais déclaré à l’époque, dans un discours où il n’y avait pas un auditoire en face de moi que le commandement syrien, le peuple syrien et les alliés de la Syrie ne permettront pas la chute de ce pays, ne permettront pas la chute de Damas, à aucun prix. Aujourd’hui, à l’occasion de la célébration de la fête de la résistance et de la libération, je peux annoncer au peuple syrien, à l’armée syrienne, au commandement syrien et à leurs alliés forts et déterminés, la libération de Damas  et de son rif en entier de toute menace terroriste, surtout après la dernière bataille contre Daech. La Syrie va de victoire en victoire qui jettent les fondements de la défaite totale de Daech et d’une nouvelle étape. Chacun doit assumer ses responsabilités et choisir dans quel camp être. Nous autres, nous sommes plus forts et plus déterminés qu’avant et si Dieu le veut, toutes ces mesures n’auront aucun effet.

J’en arrive à la dernière partie de mon discours qui porte sur la situation interne. Je laisserai la situation régionale liée à la Palestine à mon discours  à l’occasion de la Journée Internationale de Jérusalem, si  Dieu nous donne la grâce de nous garder en vie.

Il a donc été dit que les listes de terroristes pourraient entraver la formation du gouvernement. C’est faux. Je ne crois pas que ces listes auront le moindre impact sur la formation du gouvernement. Le Hezbollah est sur les listes des organisations terroristes depuis 1992. Si on parle de son rajout sur les listes des pays du Golfe, depuis deux ou 3 ans, cela été fait par le Conseil de Coopération du Golfe suite à la guerre au Yémen. Ce Yémen martyrisé que même le mois de Ramadan n’a pas épargné. Nous sommes donc sur les listes terroristes et cela n’a pas empêché la formation des gouvernements successifs, auxquels nous avons d’ailleurs participé. Ce sujet n’a donc rien à voir avec la formation du gouvernement. Certains disent que le Hezbollah veut accélérer la formation du gouvernement parce qu’il craint ce qui pourrait arriver. C’est faux aussi. Nous voulons accélérer la formation du gouvernement, comme la plupart des forces politiques, dans l’intérêt du pays. Pour qu’on ne perde pas de temps, d’autant que le pays doit faire face à des échéances  importantes et des dossiers graves. Ceux-ci ont besoin d’un gouvernement pour les traiter. Mais ceux qui croient que nous voulons accélérer la formation du gouvernement dans notre intérêt se trompent. Nous ne sommes pas inquiets, ni à cause des Américains, ni à cause des listes terroristes, ni à cause des développements  dans la région. Au contraire.  Nous considérons que les développements régionaux sont en notre faveur.  C’est ce que nous disons depuis des mois, voire des années. A ce moment-là, on nous accusait de prendre nos désirs pour des réalités. Mais revoyez un peu l’évolution de la situation depuis 2011 jusqu’à aujourd’hui, lorsque les troubles ont commencé dans la région. Nous ne sommes pas inquiets. Nous avons confiance en Dieu, en notre peuple, en nous-mêmes et nous lisons correctement la situation régionale. Si nous ne voulons pas de retard dans la formation du gouvernement, c’est donc dans l’intérêt du peuple libanais et dans l’intérêt national.

A ce sujet, je voudrais dire deux mots. Dieu merci, le président du Parlement a été élu, ainsi que les membres du bureau du Parlement. Le Premier ministre a été désigné. Il s’agit d’un processus positif qui s’est déroulé souplement. . Aujourd’hui, tout le monde attend la formation du gouvernement. Certains disent qu’il existe des entraves et des nœuds. C’est normal. Tous les blocs parlementaires réclament des portefeuilles, sur le plan du nombre et de l’importance des ministères. Des efforts sont déployés dans ce sens. Certains médias locaux, du Golfe ou arabes ont commencé à parler des conditions posées par le Hezbollah, qui vont entraver la formation du gouvernement et compliquer la mission du Premier ministre désigné. D’où ont-ils sortis cela ? Jusqu’à présent, nous n’avons pas parlé de conditions. Nous n’avons rien annoncé de tel. Lorsque nos députés s’entretiendront avec le Premier ministre, ils développeront ce point. Mais d’où vient l’idée que nous avons des conditions  qui entravent le processus ? Quelles sont d’ailleurs ces conditions ? Il faut des efforts sérieux certainement  et une coopération entre toutes les parties pour aboutir à la formation du gouvernement.

A ce sujet et en ce qui nous concerne, je vais dire deux mots : Nous attendons un gouvernement fort, efficace et sérieux, capable de déployer des efforts pour suivre les nombreux dossiers qui attendent. Nous voulons aussi un gouvernement reflétant la représentation des forces politiques et des blocs parlementaires. Nous réclamons donc la représentation de toutes les parties au sein du gouvernement et nous leur demandons de venir avec leurs programmes électoraux. J’ai eu l’occasion de le dire pendant la campagne électorale. Nous avons vu que dans les différents programmes présentés, que ce soit par les forces politiques ou par la société civile, il y a de grands espaces communs et des points  qui reviennent. C’est pourquoi nous demandons à ceux qui veulent être au gouvernement de venir avec leurs programmes électoraux pour tenir leurs promesses face aux électeurs. Tous ont parlé de la lutte contre la corruption et de l’arrêt de la dilapidation des fonds. Tous ont parlé de la réforme administrative, de la décentralisation administrative et des dossiers sociaux, des ordures, de l’électricité et du développement équitable des régions. Il faut donc être sérieux et sincère dans les promesses électorales. Les gens doivent aussi suivre et réclamer. Il faut que le fameux adage qui dit au Liban qu’ « avant les élections, les députés se souviennent des gens pour les oublier sitôt les élections terminées », ne soit plus vérifié. Il faut tenir compte de cela en formant le gouvernement. De même, nous insistons sur la création d’un ministère du Plan pour que l’action soit placée dans le cadre d’une vision. , claire, au lieu de continuer à agir dans tous les sens, au jour le jour. Nous ne réclamons pas un portefeuille régalien. Je sais que beaucoup d’ambassades posent cette question. Des médias écrivent des articles sur ce point, affirmant que le Hezbollah compte réclamer un portefeuille régalien ce qui va entraver la formation du gouvernement. . je le dis clairement : nous ne réclamons pas un portefeuille régalien. Dans le cadre de la répartition confessionnelle des portefeuilles régalien, celui qui sera destiné aux chiites, nous sommes d’accord avec le président de la Chambre, le frère Nabih Berry pour qu’il aille au mouvement Amal.  Nous voulons toutefois avoir une présence efficace au sein du gouvernement. Nous l’aurons je l’espère. Lorsque nous arriverons à la distribution des portefeuilles,  nous nous entendrons sur ce point avec le mouvement Amal. Inchallah, il n’y aura aucun problème à ce sujet. Ce duo national est un modèle dans plus d’un domaine. J’espère donc que tout ira bien et que toutes les parties coopèreront entre elles pour la formation du gouvernement.

Dans mon dernier paragraphe, je vais parler de la lutte contre la corruption. Il ne s’agit pas d’un point secondaire. Nous en avions parlé lors de la campagne électorale et nous voulons tenir notre promesse.  Nous voulons lutter contre la corruption dans les administrations publiques et arrêter la dilapidation des Fonds publics.  Je vais dire que nous sommes décidés à passer à la phase de l’exécution. Le Hezbollah est déterminé à assumer cette responsabilité. Ce sera pour nous, une responsabilité collective, le Conseil consultatif central, le secrétaire général, les ministres, les députés, les responsables, les cadres, ce sera notre responsabilité à tous, au niveau du plan, de la décision, du suivi et de l’exécution.

Au cours des prochains jours, nous mènerons des concertations avec nos amis et nos alliés sur le sujet. Nul ne doit croire que le Hezbollah compte ouvrir un front çà et là, car toutes les parties sont en train de dire qu’elles veulent combattre la corruption. Il faut donc se réunir  et en discuter pour nous entendre sur des démarches et des mécanismes d’action communs. Nous sommes ouverts et c’est dans l’intérêt du pays. Il faut mener une guerre nationale contre la corruption. Cela ne doit pas être la bataille d’un parti ou d’une partie, qu’elle soit politique ou confessionnelle. Il ne faut pas que cette bataille soit « confessionnalisée » comme c’est le cas de tout au Liban. Si nous parvenons à mener une bataille nationale, globale à la corruption, ce sera une grande réalisation et c’est l’une des conditions de la réussite. Nous voulons des résultats et protéger le Liban et l’Etat. Nous voulons arrêter l’effondrement général, par notre coopération à tous.  Mais comme c’est le cas lorsqu’il y a un problème aussi important, chaque parti ou institution doit composer un dossier solide. Nous avons promis de le faire. Le commandement du Hezbollah s’est réuni dans ce but et a décidé de former un dossier et de le confier à un responsable qui travaillera sous l’œil direct du secrétaire général. Comme je l’avais promis pendant la campagne électorale, je suivrais personnellement ce dossier, en dépit de mes nombreuses préoccupations. Mais en raison de l’importance de ce dossier, il faudra le suivre de près. Il aura un responsable  aidé par un groupe de cadres. Ce groupe sera chargé  de mettre au point des plans d’action, d’établir une vision et de trouver des idées, tout comme  d’entrer en contact avec les amis et les alliés. Ce groupe sera aussi responsable de la réception des informations en provenance des institutions  du Hezbollah ou de celles de l’Etat. Tout le monde peut aussi donner les informations qu’il détient, ses idées et ses propositions et le groupe aura la charge de suivre cette bataille. Mais cela reste une responsabilité collective qui nous concerne tous. Nous pourrons même coopérer, dans ce cadre, non pas seulement avec nos alliés et nos amis, mais même avec ceux  qui ont des divergences stratégiques avec nous sur certains points, notamment régionaux. Il n’y a donc aucun problème à s’entendre avec ceux-là sur tel dossier de la lutte contre la corruption. C’est ce que nous voulons dire par la confrontation nationale et globale pour lutter contre la corruption et arrêter la dilapidation des Fonds publics et empêcher l’effondrement.

Comme je l’avais dit, nous avons décidé de désigner un responsable de ce dossier. Nous avons pris cette décision pour faciliter le processus pour qu’il centralise les idées et les projets et reçoive els informations. Nous avons voulu le choisir  parmi ceux qui travaillent dans la politique, de préférence un député, parce que les ministres ont déjà trop à faire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons renoncé au cumul entre les ministres et les députés. Cela n’engage que nous et nous avons décidé de tenter cette expérience pour les quatre prochaines années. Nous avons donc choisi un député parce qu’il est sur la scène politique et qu’il a une expérience du fonctionnement des institutions de l’Etat, à travers sa participation aux commissions parlementaires, en plus de ses qualités personnelles. Il s’agit du frère sayed Hassan Fadlallah qui sera responsable de ce dossier, et à ses côtés, tous les frères du Hezbollah participeront à cette lutte. Nous espérons pouvoir réaliser de bons résultats dans ce combat national devenu inévitable. Nul ne doit pas croire que nous sommes coincés pour agir ainsi. Je vois déjà les commentaires et les analyses qui seront faits et qui diront que le Hezbollah est coincé c’est pourquoi il se lance dans cette bataille. Ce sujet nous a toujours intéressé, mais comme je l’ai dit lors de la campagne électorale, selon les chiffres et les données, nous avons le sentiment que le pays va vers l’effondrement si le processus n’est pas stoppé. Cela ne signifie pas que le pays est en faillite aujourd’hui, mais si nous continuons de la même manière, le pays ira vers l’effondrement. Nous n’avons pas donné notre sang ( nous et les autres), nous n’avons pas libéré la terre et nous continuons de porter les armes aux côtés de l’armée libanaise et de tout le peuple prêt à défendre le pays, pour le laisser  s’effondrer et devenir la proie du chaos, de la guerre civile et des tueries entre les gens.

Il s’agit donc d’une grande responsabilité. Je souhaite que tout le monde comprenne qu’il s’agit  pour nous, d’une bataille stratégique  importante que nous mènerons avec détermination et sérieux dans les circonstances qui ont mené à notre victoire le 25 mai 2000.

Il reste le souci régional. Après la libération de Damas et de son rif, où va la Syrie ?  Où vont les développements au Yémen, à Bahrein et le plus important, la Palestine, Jérusalem et la lutte du peuple palestinien ?  Je laisse ces dossiers au prochain discours.

Je vous souhaite une belle fête de la résistance et de la libération et j’espère que nous célébrerons encore beaucoup cette fête, nous et le peuple ainsi que tous les commandements, même ceux qui, à l’époque n’avaient rien à voir avec la résistance. Je souhaite aux Libanais et à tout le Liban une bonne fête et encore plus de victoires, de dignité et de fierté.

 

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