S. Nasrallah: «Le Hezbollah ne cherche à écraser personne à Jbeil, il est toujours au service de sa population»

L’équipe du site

A l'occasion de la cérémonie électorale destinée à la circonscription de Jbeil et Kesserwane, le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a prononcé un discours par vidéoconférence, dont voici les idées principales:

«Que la paix de Dieu soit sur vous. L'objectif de cette cérémonie électorale est d'afficher le soutien et la sympathie à la liste électorale du Hezbollah et du mouvement Amal. Avant de commencer, je voudrais condamner le massacre odieux en Afghanistan, avec l'attentat terroriste dans les bureaux de vote. Quand nous regardons comment le peuple afghan est massacré par Daech, nous nous réjouissons de la grande grâce que nous avons ici au Liban. Figurez-vous que les Libanais ne peuvent pas élire en raison des massacres et attentats terroristes de Daech.

Nous condamnons aussi le massacre commis par l'offensive saoudienne contre une cérémonie de mariage au Yémen. Nous condamnons l'assassinat par le Mossad du savant palestinien Fadi el-Batch en Malaisie.

Cette cérémonie est réservée à la circonscription Kesserwane-Jbeil. Je n'ai pas l'habitude d'évoquer les noms des candidats, mais aujourd'hui je vais le faire pour lever toute ambiguïté.

Cette circonscription a des spécificités sur le plan de la coexistence islamo-chrétienne. Je m'adresse à tous les Libanais, et surtout à la population de Jbeil. Je vais m'adresser à trois parties dans mon discours:

Une partie avec laquelle nous sommes en accord politiquement, mais nous avons divergé électoralement, comme le CPL.

Une autre partie est celle avec laquelle nous sommes en désaccord, comme les Forces Libanaises et les Phalanges.

Une troisième partie à laquelle je m'adresse est celle avec laquelle nous sommes en accord politique, à travers la liste de solidarité nationale. 

Nous croyons fort que le Liban ne peut survivre qu'à travers un véritable partenariat entre les différentes composantes du pays: les chrétiens et les musulmans. 

Que faire pour emmener le pays à ce partenariat? Le Liban se peut plus être dirigé par une seule communauté. Je vous assure qu'aucun des dirigeants chiites ne pensent contrôler les autres communautés, quelle que soit la force de tel parti politique ou de tel autre.

Après l'an 2005, on parlait sans cesse de la marginalisation des chrétiens. Le Hezbollah a tissé des liens avec nos partenaires chrétiens. Nous avons œuvré pour l'adoption d'une loi électorale qui permette aux chrétiens d'élire leurs propres représentants.

Suite aux incidents de mai 2008, nous sommes allés à Doha pour conclure une entente, et où il a été question de la loi électorale. Nos partenaires chrétiens ont préféré la loi de 1960, ce qui a eu lieu lors des dernières élections  parlementaires. Ceci a permis de favoriser la représentativité des chrétiens, mais il demeurait quelques lacunes.

Nous avons alors commencé à parler d'une loi meilleure qui puisse aider les chrétiens à élire leurs propres députés. On nous a dit que la loi orthodoxe est la meilleure: ceci signifie que chaque communauté élit ses députés. Nous avons affiché notre accord malgré certaines réserves. Alors que nous nous préparions pour le vote en faveur de cette loi, les Forces libanaises l'ont rejeté.

Nous avons réclamé la loi proportionnelle puisqu'elle permet une meilleure représentativité. Nous avons accepté cette loi, bien que les grandes forces politiques préfèrent une autre loi qui n'est pas basée sur la proportionnelle puisque ceci lui permet d'écraser les autres.

Pour ce qui est des immigrés, je voudrais souligner le sacrifice du Hezbollah. Du moment où le Hezbollah a accepté le vote des immigrés, ceci a constitué des pertes importantes pour nous, car nous sommes incapables de dépêcher nos candidats pour tenir des cérémonies électorales ni de verser des sommes d'argent en ce sens.

On nous accusait de bloquer le travail du gouvernement puisque nous soutenions tout le temps le droit des chrétiens à une loi électorale équitable.

Nous cherchons un véritable partenariat entre les chrétiens et les musulmans pour faire face aux défis sociaux et économiques.

Le deuxième chapitre de mon discours est l'accusation au Hezbollah de provoquer un changement démographique.  Les conditions économiques ont éloigné les habitants musulmans de leurs villages. Mais aujourd'hui ils veulent rentrer chez eux. On nous accuse alors d'envahir Kesserwane et Jbeil. Dans tout pays, celui qui veut provoquer des changements démographiques doit recourir à deux méthodes: via l'Etat qui appauvrit la population pour la pousser à se déplacer, et via l'exploitation des guerres.

Lors de la guerre civile, le Hezbollah n'avait pas de rôle majeur, on était jeunes à l'époque. De 1982 en 2000, on a combattu l'ennemi à Jezzine et dans la Békaa de l'Ouest. Après le retrait de l'ennemi, on a pris la décision d'interdire l'entrée d'un drapeau du Hezbollah dans cette région. On n'a même pas arrêté un collaborateur. Celui qui veut faire des changements démographiques avait une occasion en or pour l'appliquer à cette époque.

Donc, tout propos selon lequel le Hezbollah cherche à faire des changements démographiques est infondé et provocateur.

Nous encourageons par contre la population de Beyrouth, de la banlieue Sud de rentrer dans ses terres. Les chrétiens ne veulent-ils pas rentrer à leurs villages dans le Mont Liban?

Dans la troisième partie, je vais être franc: l'intimidation permanente de la population contre les armes du Hezbollah.

Ces armes ont favorisé la libération de tous les territoires libanais, assuré une protection au pays, et protégé le Liban contre l'ennemi israélien et takfiriste.

Cette résistance a combattu pour défendre toutes les communautés libanaises, sans aucune distinction. Imaginez que la Syrie est tombée aux mains de Daech. Quel aurait été le sort du Liban? J'appelle les habitants de Kesserwane d'aller à Jezzine. Vous allez voir la paix et la sécurité dont la population jouit. Tout ceci est grâce à l'équation tripartite résistance-armée-peuple.

Comment les secteurs économique et touristique auraient-ils pu fonctionner sans la sécurité assurée par les armes de la résistance?

Les armes de la résistance sont dues à l'absence de l'Etat. C'est par obligation que nous portons les armes, ce n'est pas par amour. Nous voulons que l'armée soit capable de prendre en main la protection du pays. Cette armée qui est en manque de moyens.

Donc, cessez cette politique d'intimidation. Je dis à tout le monde que la résistance est un facteur de stabilité pour tout le pays dans le cadre de la conjoncture actuelle.

Dans la quatrième partie, je voudrais insister sur notre attachement à la coexistence islamo-chrétienne. Pour cette raison, nous avons toujours œuvré pour éviter les stigmatisations.

Il y a des gens qui passent le temps à inciter à la haine sectaire sur les pages de socialisation. De plus, pour ce qui est des litiges en termes d'immobiliers, ces différends existent sur tout le territoire libanais, mais on ne met l'accent que sur la région de Jbeil.

Nous sommes soucieux pour la sécurité de cette région, et nous serons au service de toute la population. Nous étions les premiers à défendre le droit des habitants de Jbeil et Kesserwane au Parlement pour les proclamer une circonscription à part. Nous avons soutenu toutes les revendications vitales de la population de cette région.

Passons au dossier des élections: Je ne vais pas entrer dans les détails des candidatures et des listes électorales. L'important est de se comprendre et d'aller à une concurrence électorale honnête.

Nous apprécions fort la décision du ministre Jean-Louis Qerdahi de former une liste "la solidarité nationale", et d'y inclure les candidats du Hezbollah et du mouvement Amal.

Malheureusement, les adversaires misaient sur l'isolement des candidats du Hezbollah. Ceci est un indice de leur mauvaise intention. La circonscription de Jbeil-Kesserwane renferme des électeurs chiites qui ont le droit de voter et d'élire.

Dans quelques jours, les élections prendront fin. Nous tenons à toutes les amitiés tissées dans les dernières années. Mais nous sommes aussi attachés à ces nouvelles amitiés qui ont été ravivées avec le ministre Qerdahi. L'amitié avec le CPL va se poursuivre mais aussi l'amitié avec les candidats de la liste Solidarité nationale.

Notre frère cheikh Hussein Zeiter est le candidat du Hezbollah et du mouvement Amal à Jbeil-Kesserwane. Je remercie la population et la machine électorale pour leurs efforts et leur soutien à cette candidature.

Je remercie surtout nos frères au mouvement Amal pour leur coopération et ceci est un signe de la forte relation avec Amal.

Cheikh Hussein Zeiter est le seul candidat du Hezbollah et de Amal. On n'a pas d'autre candidat caché. Cette liste de la solidarité nationale est la liste du mandat du président Michel Aoun.

Enfin, nous comptons sur votre fidélité à votre résistance, à vos martyrs, à vos blessés et à ceux qui vous rendent service sans contrepartie».

Source : French.alahednews