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Discours de sayed Nasrallah en hommage aux chefs martyrs

Discours de sayed Nasrallah en hommage aux chefs martyrs
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Bismillah al rahmane al rahim,

Je vous souhaite à tous la bienvenue et je vous remercie d’être présents à cette commémoration majestueuse.

«Nous avons préservé le testament». C’est le titre  que nous avons choisi cette année pour rendre hommage à nos chefs martyrs, alors que nous sommes en train de sortir  de la guerre la plus féroce, internationale et régionale, menée contre la résistance et l’axe dont elle fait partie et contre la cause centrale de la résistance, à savoir la Palestine et Jérusalem. Nous avons préservé la résistance après être sortis victorieux de la guerre de juillet 2006 et nous avons tenu bon depuis.

Aujourd’hui, nous disons à nos chefs martyrs, à notre sayed, notre guide et notre chef bien aimé, le sayed des martyrs de la résistance islamique, sayed Abbas Moussawi, à son épouse, une dame noble, respectable elle aussi tombée en martyr, Oum Yasser et avec elle leur fils, Hussein, l’enfant martyr. Nous disons au modèle le cheikh des martyrs de la résistance islamique, cheikh Ragheb Harb, à notre cher chef hajj Imad Moghnié, hajj Radouane, nous leur disons à tous : votre testament a toujours été de préserver la résistance, de la garder avec sa force, sa détermination, son élan, sa dignité et ses capacités à réaliser les victoires. Cela a toujours été le testament que vous nous avez laissé. Comme vous avez façonné cette résistance par votre lutte, vos efforts, vos veilles et vos sacrifices, avec vos larmes et au final avec votre sang, vos héritiers ont préservé ce testament. Des chefs ont suivi le chemin du martyre que vous avez tracé. Ils sont tombés dans tous les champs de batailles et ils ont poursuivi avec les larmes, les sacrifices et le sang le chemin que vous avez entamé. Les caravanes des martyrs se sont multipliées et le sang continue de couler dans nos veines et sur les champs de bataille sans peur et sans faiblesse.

Ô chefs, je voudrais vous dire qu’aujourd’hui, le parcours que vous avez entamé se poursuit. Il est plein de vie, d’âme, de confiance, d’espoir et de force. Hommes, femmes, jeunes vieux, tous ont de grands espoirs et des rêves tout aussi grandioses.

En cette cérémonie de commémoration de nos chefs martyrs, sayed Abbas, cheikh Ragheb, hajj Imad, nous repensons à leur esprit, leur cerveau, les plans, les objectifs et les priorités qu’ils avaient fixés. Nous leur disons : voilà votre parti qui continue à porter le même esprit, la même flamme. Vous étiez et vous resterez les chefs de la résistance et les lanternes qui éclairent nos chemins. Vous avez défini l’ennemi et il continue de l’être. Vous avez tracé le chemin et nous continuons  à l’emprunter. Vous avez défini les objectifs que nous continuons à brandir. Vous nous avez insufflé l’esprit, la volonté, la force et la détermination qui continuent d’emplir nos poitrines. Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de l’héritage que vous nous avez laissés, sur le plan humain, au niveau du jihad et de la morale, car depuis votre départ, les défis se sont amplifiés et continuent de grandir chaque jour.

Chers frères et sœurs, cette commémoration arrive à un moment où des échéances importantes nous attendent.

Je vais donc diviser mon discours en trois parties, la première est consacrée au conflit avec l’ennemi israélien, en lien direct avec la commémoration, la seconde portera sur des sujets régionaux autant que le temps le permettra et la troisième portera sur la situation locale, en particulier l’échéance électorale qui occupe actuellement tous les Libanais.

Concernant le conflit actuel sur les frontières maritimes et terrestres, ainsi que sur les ressources gazières et pétrolières du Liban, je voudrais préciser que la région tout entière semble être entrée de plain-pied dans la bataille pour le pétrole et le gaz. Il ne s’agit donc pas seulement d’un conflit autour du bloc 9, comme l’a dit le ministre de la guerre israélien Lieberman. Donc, nul ne doit aborder ce sujet comme étant un cas isolé. La lutte pour les ressources pétrolières et gazières dans la région est connue. Elle n’a pas besoin d’être expliquée. Tout comme les ambitions sur ce sujet. Mais ce qui a donné une nouvelle impulsion à cette bataille aujourd’hui, c’est la présence d’une administration américaine comme celle de Trump, qui a cette mentalité matérialiste, qui est vorace sans la moindre honte (Il dit d’ailleurs sans la moindre honte qu’il a des appétits immenses). C’est dans ce contexte que les Israéliens ont ouvert la bataille sur les droits du Liban au sujet notamment du bloc 9.

Aujourd’hui, dans les médias israéliens et dans les centres d’études spécialisés, les études sont légion sur l’existence d’importants gisements pétroliers et gaziers dans le Golan syrien occupé. Il faut donc supposer que c’est aussi le cas dans les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba, en raison de la règle de proximité. C’est pourquoi la question est indiscutable pour les Israéliens et ils cherchent à profiter de la présence de Trump à la tête de l’administration américaine, ainsi que de la situation arabe en général et de la guerre en Syrie pour annexer  totalement le Golan. Car le Golan n’est plus seulement une question de sécurité nationale, ni de réservoir d’eau. Il fait désormais partie de la guerre du bataille et du pétrole.

Si nous nous dirigeons vers la Syrie, on trouve qu’il y a de nombreuses raisons qui expliquent la guerre qui s’y déroule. Mais si l’on y regarde de près, on découvre, il y a eu des études, de grands généraux et des dirigeants arabes et étrangers en ont parlé, qu’il y a d’importants gisements  pétroliers et gaziers dans son sol et dans ses eaux territoriales. C’est d’ailleurs l’une des causes de la guerre en Syrie.  Certes, la cause principale est la question de la résistance et de son axe, ainsi que le fait que le régime n’est pas dans l’orbite américaine et ne se rend pas à Israël. Tout cela est vrai, mais ils disent aussi que la guerre est liée à l’existence de pétrole et de gaz en Syrie, dans le sol et en mer et cette question devrait s’amplifier dans la prochaine étape.

Les Américains occupent l’est de la Syrie jusqu’après Bou Kamal vers la frontière irakienne, et remontent vers Hassaka et Kamechli et vers Menbej. Il y a des bases américaines là-bas. Les Américains avaient dit dans le passé, qu’après en avoir fini avec Daech, ils quitteront cette région. Mais Daech est finie et ils sont encore là. Il y a encore un petit groupe de Daech et ils le protègent et empêchent qui que ce soit de s’en approcher.  Ils empêchent la résistance, l’armée arabe syrienne et même les Russes de les combattre. La dernière confrontation dans cette région a eu lieu pour cette raison. Plus même, selon ce que nous avons lu, dans le budget du Pentagone, entre 500 et 750 millions de dollars sont consacrés aux forces démocratiques syriennes. Sous le titre des unités de défense kurdes, le montant atteint 750 millions de dollars au début de 2018. Pourquoi ? Pour faire régner la démocratie en Syrie ?  pour protéger les Kurdes, auxquels je voudrais conseiller d’éviter les expériences du passé. Non, les Américains utilisent des instruments  dans leurs conflits et dans leur bataille contre le régime syrien, contre la République islamique, contre la Russie et l’axe de la résistance. Mais au final, ils ne font que leurs intérêts et ils abandonnent ceux qu’ils affirment appuyer lorsqu’ils n’en ont plus besoin.

Pourquoi cette somme importante ? Ils disent d’ailleurs qu’ils vont rester. Même dans la base de Tanaf, ils sont encore là. Daech a été totalement expulsée du désert syrien, et malgré cela, les Américains restent à Tanaf et à l’est de l’Euphrate. Pourquoi ? Parce que les plus importants gisements de pétrole en Syrie, sont dans cette région. L’administration de Trump ne voit dans l’Irak que les gisements de pétrole. Pour Trump et son administration, l’Irak n’est qu’un puits de pétrole. Ce n’est pas un pays, un peuple, un Etat, un régime, un avenir, une sécurité et un pays qui sort d’une guerre catastrophique qui a laissé de graves séquelles dans l’infrastructure. Trump ne voit dans l’Irak qu’un immense puits de pétrole. Il l’a d’ailleurs déclaré dans le cadre de sa campagne présidentielle : Nous avons commis une erreur. Nous devons envoyer de nouveau des forces en Irak pour protéger les puits de pétrole.

C’est pourquoi les Irakiens doivent faire très attention car cet homme tient ses promesses électorales. Ce qu’il a fait au sujet de Jérusalem  n’est pas une petite chose. Il a agressé et a insulté la dignité de deux milliards de musulmans et de chrétiens, au plus bas mot. C’est pourquoi lorsqu’il dit : nous ne voulons pas rééditer les erreurs du passé commises par l’administration Obama il faut le prendre au sérieux.

L’approche en Irak est donc pétrolière. Il faut ajouter qu’entre la Turquie et Chypre, il y a désormais un conflit au sujet du pétrole.  On dit aussi, et c’est peut-être vrai, que le véritable enjeu de la crise entre les pays du Golfe est la volonté de certains de ces Etats  de prendre le contrôle des ressources pétrolières et gazières du Qatar, qui sont immenses.

Il y a donc une bataille de pétrole et de gaz, dirigée par les Américains, notamment à l’est de l’Euphrate et en Irak. Dans le Golfe aussi. Nul n’ignore par exemple que si Trump voulait réellement régler le conflit entre l’Arabie saoudite et le Qatar, ce serait fait en deux heures. Aujourd’hui, dans le dossier israélien, les choses sont aussi menées avec la même mentalité et les mêmes arrières pensées.

J’ai voulu faire cette introduction pour dire aux Libanais que nous nous trouvons devant une bataille que nous devons aborder d’une manière différente. Par exemple, lorsque l’ennemi israélien a occupé le Sud du Liban et lorsqu’il s’en est retiré sans conditions en 2000, certains Libanais ont pu se dire que cette bataille n’est pas la leur, mais celle des habitants du Sud et de la Békaa. Cette approche n’est plus de mise aujourd’hui, car les ressources pétrolières présentes au Sud, sont comme celles qui se trouvent dans tout le Liban. Elles appartiennent à tous les Libanais et leurs recettes iront dans un fonds qui appartient à tous les Libanais. C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui, les Libanais sont écrasés sous les dettes, celle de l’Etat pouvant atteindre 80 milliards de dollars. Nous allons d’ailleurs prendre des crédits en plus de 17 milliards de dollars. Ce qui fait que la dette publique pourrait bientôt atteindre les cent milliards de dollars et dépasser ce montant dans les prochaines années. Au Liban, il n’y a pas de recettes suffisantes, ni de ressources. C’est pourquoi l’espoir est placé dans les ressources énergétiques qui existent dans nos eaux territoriales, et comme tout l’indique dans notre sol. Ce dossier doit être ouvert et j’en parlerai plus tard.

Ces ressources appartiennent donc au Liban et elles sont son espoir. Elles constituent la voie du salut et elles pourraient modifier la vie des Libanais et leurs conditions sociales. Comment allons-nous aborder cette bataille, celle du bloc 9 ? C’est la bataille de tout le Liban. La bataille pour la zone économique exclusive au Sud, à la limite de la Palestine occupée est celle de tous les Libanais.

Nous devons aussi savoir que le conflit principal aujourd’hui ne porte pas sur les frontières terrestres, qui peuvent être réglées facilement. Par contre, le problème est dans les frontières maritimes, dans la zone économique exclusive et dans l’eau. Les Américains et d’autres veulent nous donner nos droits faciles, dans les points conflictuels le long de la frontière terrestre pour mettre la main sur nos droits difficiles, en matière pétrolière, dans la mer. Nous devons faire attention à ce point. Aujourd’hui, l’ennemi construit un mur à la frontière. Tant que ce mur n’est pas en territoire libanais (il est construit en territoire palestinien), il fait partie de l’occupation et de ses pratiques. L’occupant a d’ailleurs construit un mur à l’intérieur de la Palestine. Mais c’est un autre sujet.

Lorsque l’Etat et le Conseil Supérieur de défense ont pris la décision de réagir, alors que l’ennemi poursuit la construction du mur, il n’y a aucune contradiction, tant que ce mur est construit dans un territoire qui n’est pas Libanais. Le problème aura lieu si le mur est construit en territoire libanais ou dans les zones dites conflictuelles. Dans ce cas, dans une précédente réunion du Conseil Supérieur de Défense, les responsables se sont mis d’accord pour dire que le Liban ripostera. On verra alors ce qui se passera. Pour  l’ instant, le problème n’est pas dans les frontières terrestres mais maritimes.

Il faut aussi noter que les Libanais étaient et continuent d’être unis dans cette bataille, celle des frontières maritimes et des droits sur les ressources pétrolières et gazières.

Ils sont unis dans l’appel à préserver les droits du Liban dans ses ressources et dans la volonté de ne pas les brader. L’unité de la position libanaise officielle et populaire est importante (je ne dis pas l’élément le plus important) et elle constitue un facteur de victoire dans cette bataille. Les responsables libanais et les forces politiques libanaises doivent empêcher les démons  de chercher à diviser les Libanais pour affaiblir leur position dans ce dossier. Quand je dis démons, je vise  les Américains.

Un autre point que je voudrais évoquer : nous avions dit précédemment que nous sommes engagés depuis 2000 – et nous continuons de l’être-, en tant que résistance, à ne pas intervenir dans le tracé des frontières terrestres et maritimes. Cela relève de la responsabilité de l’Etat. Nous avons transmis cette position aux responsables en leur disant que nous n’intervenons pas dans les kilomètres, ni dans les mètres, ni en longueur, ni en largeur. Cela relève de la responsabilité de l’Etat. Je me rappelle en 2000, lors du discours de la victoire que j’avais dit : en tant que résistance, nous sommes engagés à défendre chaque pouce du territoire libanais que notre Etat déclare être libanais. Ce n’est donc pas à la résistance de déclarer que tel pouce de territoire est libanais ou non.  C’est cela notre position. Je ne vais expliquer maintenant ce qui dicte cette position.

Aujourd’hui, je voudrais donc répéter que nous sommes en dehors de ce débat. Les frontières terrestres et maritimes, les droits du Liban sont définis par l’Etat et ses institutions. . Il ne s’agit pas d’un privilège que nous donnons, mais c’est une responsabilité. La défense du pays relève de la responsabilité de l’Etat et la résistance a pris le relais en l’absence de ce même Etat. La résistance est venue combler un vide. Il ne s’agit donc pas de donner un privilège. Il s’agit donc d’une responsabilité. Cela veut dire aussi que les responsables de l’Etat et ses institutions doivent être à la hauteur de cette responsabilité dans ce dossier historique, délicat qui touche aux intérêts des Libanais. Les responsables doivent être courageux et assumer pleinement la responsabilité. Le peuple libanais les regarde. Nous sommes tous concernés par cette question et nous devons nous tenir aux côtés de l’Etat, l’appuyer et l’aider dans tout ce dont il a besoin. Mais de son côté, il doit adopter une position solide, forte et constante.

Je veux ajouter –et c’est très important- que l’Etat et le peuple libanais abordent ce dossier d’une position forte. Nous sommes forts et non faibles. Si les Libanais se considèrent faibles, c’est le début de la perte de cette bataille. Si au fond d’eux, les responsables éprouvent un sentiment d’impuissance ou de faiblesse, s’ils ont des doutes ou s’ils subissent des pressions internationales très fortes qu’ils ne peuvent pas supporter, cela signifie que nous sommes sur le chemin de la défaite.

Je voudrais dire à tous : Nous, au Liban, (et je ne parle pas seulement de la résistance), si nous sommes unis, avec nos moyens et nos capacités, nous sommes forts. Nous négocions en position de force et nous devons suivre ce dossier à partir de cette position. Israël qui vous menace, vous pouvez aussi la menacer. Aux Américains qui pourraient vous dire : faites ce que je vous dis pour que j’empêche Israël de vous attaquer, vous devez répondre : Vous devez répondre à nos demandes pour que nous empêchions le Hezbollah de riposter contre Israël.

Les Israéliens et les Américains savent et ceux qui viennent soulever la question du Hezbollah le savent, mais je voudrais aujourd’hui le dire aux Libanais : La seule force que vous avez dans cette bataille, celle du pétrole et du gaz, c’est la résistance et la protection de l’équation en or. Pourquoi la résistance ? Car l’armée libanaise n’a pas le droit  de posséder des missiles sol-sol, sol-air ou sol-eau. Cela non parce que l’armée est faible. Au contraire, ses soldats et ses officiers sont aptes à assumer les responsabilités et ont un grand courage, mais ces missiles leur sont interdits. Qui impose cette interdiction ? Les Américains et je reviendrai sur ce sujet.

Aujourd’hui, n’importe quel Libanais pourrait dire : Attendez un peu. Si vous voulez nous empêcher, nous en ferons de même avec vous. Si vous nous bombardez, nous vous bombarderons. Si vous nous frappez, nous vous frapperons. Nous possédons le courage et la force pour cela. Notre ennemi le sait. Il ne s’agit pas là d’une réédition des discours arabes de la triste période. Il ne s’agit pas non plus de menaces en l’air. Les Israéliens le savent d’ailleurs. Tout ce que nous souhaitons c’est que l’Etat parle en position de force et que vous preniez conscience de cette force. Dans ce dossier, nous sommes à vos ordres. Faisons une tentative que le Conseil Supérieur de Défense  libanais, officiel, décide que les installations pétrolières installées dans la mer palestinienne violée par Israël ne doivent pas fonctionner et je vous promets qu’en quelques heures, elles s’arrêtront de fonctionner.

Autrement dit, nous devons réagir sur la base du fait qu’il s’agit de nos droits. Nul ne doit croire qu’il peut nous faire l’aumône sur ce sujet. Ce sont nos droits et nous devons les obtenir. Et nous sommes en mesure de le faire.

Le point suivant concerne le médiateur actuel. Certes, l’Etat a la liberté d’accepter le médiateur de son choix. Nous ne posons aucun véto à ce sujet. Même pas en tant que force politique ou en tant que ministres participant au gouvernement. Vous avez donc choisi de parler avec les Américains. Ok. Mais je voudrais attirer votre attention sur le fait que les Américains ne sont pas des médiateurs honnêtes. Surtout si l’autre partie du conflit est l’entité israélienne.  Vous voulez une preuve ?  Ecoutez ce qu’en disent les Palestiniens eux-mêmes, l’Autorité palestinienne, l’OLP et tous les Palestiniens. Ils ne cessent de dire à toutes les tribunes que les Américains ne sont pas un médiateur honnête. Après ce qu’a fait Trump au sujet de Jérusalem, le doute est-il encore permis ? Les Etats-Unis ne sont pas un médiateur honnête et vous devez les considérer comme l’avocat d’Israël.  En fait, dans ces négociations, il n’y a pas une troisième partie. Les Libanais négocient avec les Israéliens représentés par Tillerson ou Satterfiled ou X ; c’est la réalité.  Par conséquent, ne misez pas beaucoup sur cette médiation. Les américains ne veulent absolument pas l’intérêt des Libanais. Ils veulent l’intérêt des sionistes. Ils veulent donc nous soutirer le maximum de nos ressources dans l’intérêt des sionistes. Nous devons avoir cela en tête lorsque nous négocions avec les Américains. Et même plus que cal. Chers frères et sœurs, vous savez tous ce qui s’est passé cette semaine. Il n’est pas besoin d’avoir sur ce sujet des informations particulières. Les Américains en ont parlé ouvertement. Ils ont dit  qu’il n’y a pas de médiation américaine. Ils sont venus imposer leur volonté et proférer des menaces, en disant aux responsables : si vous n’acceptez pas nos conditions, il n’y aura pas de frontières, ni de ressources maritimes ni de compagnies décidées à investir dans ce domaine. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais les Américains étaient porteurs de menaces aux Libanais. Peut-on dans ce cas les considérer comme des médiateurs ? Ils n’ont d’ailleurs même pas préservé les formes.

Je vais conclure cette partie en disant : nous nous trouvons devant une échéance historique et très importante pour le Liban, pour son avenir, son économie et sa souveraineté. Nous devons en tant que Libanais rester unis et nous comporter avec courage et sens des responsabilités. C’est  une lourde responsabilité qui pèse sur nos épaules. Nous devons croire en nos droits et en notre force et ne pas tenir compte des menaces et de ceux qui cherchent à nous faire peur. Inchallah nous serons victorieux.

L’unité, la solidité, la fermeté, l’attachement aux droits entraîneront la victoire. Il n’y a pas de débat sur ce sujet. Les choses peuvent prendre du temps et susciter des tiraillements et des débats animés, mais je l’espère, elles se termineront bien.

Le second point porte aussi sur le contexte israélien. Au Liban et dans toute la région, nous devons rester vigilants et prudents.

Les frontières et le sujet de la guerre tout doit être discuté. Même si la construction d’un mur  signifie beaucoup de choses. On en a parlé précédemment.  La construction du mur est un signe de faiblesse et de peur. Elle signifie que les Israéliens ne sont plus dans la position d’attaque ou ne pensent plus seulement à l’offensive mais cherchent aussi à se protéger et à se défendre. Ils ont peur pour leurs colonies, pour la Galilée et pour tout leur Nord. Il faut tenir compte de cette réalité. Mais en même temps, il y a d’autres tendances dangereuses.

Dans mon dernier discours, j’ai évoqué les opérations sécuritaires israéliennes au Liban. Ce qui s’est passé à Saïda, avec la tentative d’assassinat d’un frère cadre du Hamas ( qui n’est pas mort heureusement, ce qui a fait baisser la tension dans le pays), n’est pas une petite affaire. C’est une opération dangereuse.

Je ne dis pas cela en tant que résistance  concernée par le dossier israélien. Les services de sécurité libanais ont mené leur enquête et ils ont prouvé concrètement, par le biais d’arrestations et d’investigations que les Israéliens ont exécuté l’opération. Certaines personnes ont été arrêtées, d’autres qui ont fui en Turquie ont été ramenées. Il faut d’ailleurs remercier pour le gouvernement et les services de sécurité libanais.

Israël a donc exécuté une opération en territoire libanais, à Saïda. Il s’agit d’une tentative d’assassinat. C’est une atteinte à la sécurité libanaise, à la souveraineté du pays et aux gens. Finalement, que la personne visée soit Libanaise, Palestinienne ou Syrienne, elle n’en réside pas moins au Liban et cela relève de la responsabilité de l’Etat libanais. Que va faire maintenant l’Etat ? Les Israéliens vont-ils poursuivre leur action dans ce sens ? Il s’agit d’un processus dangereux qui nécessité une prise de position et un plan. On ne peut se taire sur une telle agression.

Bien que certains cherchent à minimiser l’affaire, des indices montrent que les Israéliens commencent à inciter à d’autres assassinats au Liban. Ce n’est pas moi qui en parle. Les services de sécurité l’ont fait, ainsi que la justice libanaise. Des personnes ont été arrêtées dans ce cadre. Si ces attentats avaient été exécutés, dans la situation actuelle du pays, ils auraient mené à une discorde interne. Il ne s’agit plus d’une simple question sécuritaire, mais de sécurité nationale, personnelle et sociale. Que va faire l’Etat ? Il faut donc suivre ce dossier.

Pour méditer sur ce sujet, je vais me contenter de ces propos. Mais je rappelle qu’on ne peut pas ignorer ce sujet ou passer outre ses conséquences et sa portée.

Je vais parler maintenant de la violation israélienne de l’espace aérien libanais. Le Liban n’a-t-il pas un Etat ? J’ai remarqué au cours des deux dernières semaines qu’on parlait beaucoup de la souveraineté territoriale et maritime. Mais le Liban n’a-t-il pas un espace aérien ? Avons-nous renoncé à notre souveraineté aérienne au profit des Israéliens ?

Tous les jours, voire toutes les heures, l’espace aérien libanais (et syrien  ainsi que celui d’autres pays voisins) est violé. Comment allons-nous traiter ces violations ?Je ne dis pas cela pour inciter à l’action, car certains diront : voilà le sayed veut nous entraîner dans la guerre en Syrie. La Syrie se défend.

J’en arrive à ce qui s’est passé la semaine dernière au sujet du fait que la Syrie se défend. Ce qui s’est passé la semaine dernière est une grande réalisation, une grande action militaire et il est certain que l’après chute de l’avion ne sera pas comme l’avant. Au moins, et je dis bien au moins, les Israéliens ne se comporteront plus en toute liberté. Pendant la guerre de juillet 2006, le jour de Saër a poussé les Israéliens à modifier leurs plans maritimes. Aujourd’hui, ils vont modifier leurs plans aériens.

Incontestablement, cela laissera des traces très importantes sur le mouvement de l’armée de l’air israélienne. Ce n’est pas nous qui le disons mais les Israéliens eux-mêmes. Mais je veux parler de ce qu’indique cet événement ainsi que de ses conséquences sur la résistance et son axe, et sur le cours du conflit dans la région.

Je voudrais préciser que le commandement syrien  a décidé de lancer les missiles anti-aériens contre les avions israéliens  qui pénètrent dans l’espace aérien syrien, depuis qu’il s’est senti plus à l’aise à l’intérieur. Il n’y a pas de débat sur cette question. Même si des missiles sont envoyés en direction du territoire syrien, la défense antiaérienne syrienne doit les intercepter. Cette décision est appliquée depuis dix mois. Mais ce qui s’est passé la semaine dernière était plus violent et Dieu a permis aux lanceurs des défenses syriennes de réussir leur coup.

Pourtant, il y a eu des tentatives pour minimiser la portée de ce qui s’est passé. C’est un processus qui existe depuis des années en Syrie. Pour réduire l’impact de ce qui s’est passé, ils disent qu’il s’agissait d’une décision iranienne et russe. C’est faux. La décision d’affronter les avions israéliens qui violent l’espace aérien syrien est syrienne. C’est la décision du commandement syrien, et du président Bachar Assad en personne. Les alliés ont été informés de la décision, et nous l’avons  transmise sur une large échelle pour l’exécution. Je vous dis cela pour que vous soyez au courant. Minimiser sa portée c’est une fois de plus, vouloir  réduire l’importance de l’armée syrienne et des armées arabes, bref tout ce qui touche aux Arabes. Qui a fait chuter l’avion ? Qui a lancé les missiles ? Ce ne sont ni les Russes, ni les Iraniens, ni même le Hezbollah. Ceux qui l’ont fait, ce sont les officiers et les soldats de l’armée arabe syrienne.

Au cours des sept dernières années, nous nous sommes mélangés à eux, bien plus que lorsqu’ils étaient au Liban. D’ailleurs, lorsqu’ils étaient au Liban, nous n’étions pas très amis avec eux...Mais en nous mêlant à eux, en les côtoyant, nous avons trouvé chez eux, beaucoup de savoir-faire, de vigilance, de courage et de précision. Ils sont d’un haut niveau militaire.

Pourquoi minimiser leur rôle, alors que nous devrions en être fiers ? Même ceux qui ne sont pas d’accord avec le régime syrien, dans le monde arabe, devraient être fiers de ce qu’a fait l’armée arabe syrienne et ses défenses anti-aériennes.

Cela devrait être un sujet de fierté. Nous saluons le savoir-faire, la vigilance et le courage de ceux qui ont accompli cet acte héroïque.

Revenons au Liban. Qu’en est-il de la violation de notre espace aérien ? Jusqu’à quand va-t-elle durer ?  Lorsque Tillerson est venu, et avant lui Satterfield, certains ont pu croire – bien sûr, il ne s’agit pas de nous- qu’ils ont dit aux Libanais : nous nous tenons à vos côtés. Nous empêcherons Israël de déstabiliser le Liban et de violer votre souveraineté. Nous vous donnerons vos droits maritimes. Les Israéliens ont demandé au Pentagone un financement de 3 milliards 300 millions de dollars, je peux me tromper de 300 millions. En comparaison, combien donne l’administration américaine à l’armée libanaise ? 40 millions de dollars, allons même jusqu’à 150 millions de dollars ! La différence reste énorme. Il faut arrêter de se moquer de nous.

Le Pentagone donne ses avions stratégiques les plus modernes aux Israéliens et le Liban ne reçoit pas d’avions, ni même une défense anti-aérienne, pour se protéger et se défendre.

Aujourd’hui, je dis cela, mais je sais qu’il n’y a pas de débat au Liban sur le fait de considérer Israël comme l’ennemi. Ce n’était pas le cas en 1982, lorsque le Hezbollah, Amal et des forces nationales et islamiques ont dû affronter de nombreuses voix qui ne considéraient pas Israël comme un ennemi. Il y avait eu alors un débat. Aujourd’hui, tout cela est fini. Après tout ce qui s’est passé, y a-t-il un Libanais qui peut encore discuter du fait de savoir si Israël a des ambitions au Liban ? Et sur cette base, si à cause de ses ambitions au Liban, Israël ne menace-t-il pas le Liban ? Je ne crois pas qu’il y a encore un débat sur cette question. En tout cas cela ne devrait pas faire l’objet d’un débat. Même si c’est lié aux armes du Hezbollah. Les Américains ne veulent pas régler les causes du problème, mais ses résultats.

Pour affronter les menaces israéliennes et les ambitions israéliennes dans notre pays, nous avons des éléments de force. Les Israéliens veulent arracher au Liban ses éléments de force. En tout cas, nous restons vigilants sur cette question. Je ne veux pas dire que les développements augurent d’une guerre, comme le font certains médias et analystes. Au sujet de la guerre, je répète ce que j’ai dit dans un précédent discours : si Israël dit qu’il ne veut pas faire la guerre au Liban, nous ne devons pas le croire. Il peut la vouloir ou non, mais ce qui est sûr, c’est ce qui l’empêche de la mener c’est qu’il n’est pas certain de la victoire. C’est l’équation qui a été instaurée avec le sang de nos chefs martyrs.

Je vais maintenant évoquer rapidement la situation régionale.

La Palestine. Le blocus américain continue d’encercler le peuple palestinien etd ‘empêcher les aides de lui parvenir, sachant que l’Autorité palestinienne est responsable en quelque sorte de la situation sociale, financière et quotidienne des Palestiniens. Des organisations palestiniennes résistantes sont placées sur la liste terroriste, de nouvelles sanctions américaines sont imposées à des organisations palestiniennes et de plus en plus de pressions sont exercées sur les Palestiniens. L’espoir pour les Palestiniens est représenté par l’unité des Palestiniens pour rejeter la décision de Trump et refuser de céder au « deal du siècle ». Ce sont les positions déclarées.

Le peuple palestinien  a donné au cours des dernières semaines plusieurs exemples qui méritent d’être relevés. Je me contenterai de citer trois noms.

Le martyr, fils de martyr Ahmed Jarrar est un modèle noble. La oumma tout entière devrait s’incliner devant lui, et pas seulement le peuple palestinien. Un seul jeune homme, un cadre, a affronté l’armée israélienne avec toute son arrogance, ses services de sécurité et sa puissance. Le sort de ce combattant héroïque a été de tomber en martyr. Nous avons tous entendu les propos de sa mère aux médias.

Le second nom que je voudrais citer est celui de la fillette Ahd Tamimi. Sa position courageuse, audacieuse, cette fillette a frappé les soldats israéliens et leur fait face. Elle fait face aux juges et ses parents l’encouragent et lui disent de tenir bon.

Le troisième nom est celui de Omar al Abed.  Il a été jugé hier et condamné à quatre détentions perpétuelles sans pouvoir faire l’objet d’une opération d’échange de prisonniers.  Comment il a réagi à ses condamnations ? Avec le sourire. Ce qui provoque la colère de Lieberman. C’est d’ailleurs cette colère qui m’a frappée. Elle exprime l’incompréhension de Lieberman face à un homme condamné quatre fois à la détention perpétuelle avec impossibilité de bénéficier d’un échange et qui sourit.

Il est comme cela le peuple palestinien. Lorsque nous parlons d’espoir, d’avenir et de nouvel horizon dans ce conflit, c’est parce que nous misons sur ces gens. Ces trois noms appartiennent à à leur environnement. Ils ne sont donc pas isolés.

Le point suivant : en février, nous célébrons la victoire de la révolution islamique en Iran. Ce régime, issu de la révolution islamique, a désormais 39 ans. La révolution islamique a fait chuter le régime du shah. Le peuple iranien a créé ce régime et cette constitution qui sont là depuis 39 ans. Le peuple iranien construit cet Etat et cette République et protège sa véritable indépendance. Nul dans le monde n’intervient dans les décisions de l’Etat iranien. Ni dans ses lois, ni dans sa constitution, ni dans sa politique, ni dans sa stratégie. Nul n’intervient dans son programme. 39 ans d’agression américaine et occidentale ainsi que de la part de certains pays arabe contre ce peuple, ce régime et cet Etat n’y ont rien changé. Au contraire, cette agression permanente ne fait que provoquer une plus grande résistance. Les agresseurs avaient pourtant fait de nombreux paris. On les a entendus au cours des dernières semaines. Et nous avons vu hier les manifestations de plusieurs millions d’Iraniens dans les villes du pays.

Avec l’anniversaire de la victoire de la Révolution iranienne, nous exprimons notre fierté, notre amour et notre foi dans cette révolution bénie et dans ce régime béni. Nous leur rendons hommage et nous les remercions de se tenir à nos côtés au Liban et aux côtés de la Palestine, de la Syrie, de l’Irak, de Bahrein, du Yémen, aux côtés des peuples arabes et de leurs droits ainsi qu’aux côtés des musulmans. Ils subissent d’ailleurs le contrecoup de leurs positions. En votre nom à tous, j’adresse mes hommages  à l’imam chef l’ayatollah Ali Khaménéi,  à tous les responsables de la République islamique et au peuple iranien si cher, à chaque individu en particulier.

En fait, les Américains viennent aider les Libanais. Mais en réalité leur objectif est d’empêcher une intervention iranienne au Liban. J’en parlerai plus longuement, car les Américains travaillent beaucoup sur ce point. Je me contenterai cette fois d’une phrase sur laquelle les Libanais devraient méditer : Montrez-moi où est l’intervention iranienne au Liban ? J’accepte un seul exemple. Montrez-moi où le Hezbollah représente les intérêts de l’Iran ? Montrez-moi quel intérêt iranien le Hezbollah sert qui ne soit pas  un intérêt libanais ? Dire que le Hezbollah sert les intérêts de l’Iran est une grande injustice.  Nous sommes les alliés, les amis de l’Iran et nous sommes fiers de cette relation stratégique et idéologique, basée aussi sur la foi, mais je vous le dis en toute franchise : l’Iran n’intervient en rien dans les affaires libanaises. Ni dans l’échéance présidentielle, ni dans les autres. Les Iraniens ne posent aucun véto sur aucune personnalité. D’autres Etats le font. Le Liban est plongé dans les élections législatives. Que l’on me dise où l’Iran intervient dans ces élections ! Par contre, je peux vous dire qui sont les Etats, les capitales et les ambassades qui se mêlent de ces élections. Je vais parler tout à l’heure des législatives. Mais je le répète, qu’on me donne un seul exemple de l’intervention de l’Iran dans els affaires internes libanaises.

Une autre question, dans ce sillage. Que l’on me donne un seul exemple d’une action du Hezbollah qui ne soit pas dans l’intérêt du Liban, mais dans celui de l’Iran ? Que l’on sorte des slogans et des grands titres. Pour l’Iran, le Liban est un allié, un ami et un frère. L’Iran ne lui veut donc que du bien et elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour cela. Elle est prête à l’aider, non seulement dans la dimension résistance, mais elle souhaite aussi aider à l’armement de la troupe officielle, elle souhaite aider au développement, dans le dossier du pétrole et celui de l’électricité, bref dans tous les domaines. Mais je le dis aux Libanais : c’est votre gouvernement qui refuse cette aide. Il y a donc un Etat qui veut nous aider, dans tous les domaines, pas seulement au sujet de la résistance, mais le problème est que le gouvernement refuse.

Toujours au sujet des souvenirs de février. Cela fait des années que l’intifada populaire se poursuit à Bahreïn. Résistance, détermination, défi, des ulémas en résidence surveillée, dont l’ayatollah cheikh Issa Kassem, des dignitaires religieux, des symboles, des milliers de jeunes sont en prison mais les manifestations se poursuivent, malgré les condamnations injustes et même l’exécution injuste des peines de mort.

En dépit de toutes les mesures contre lui, ce peuple n’a pas cédé et selon mes informations, il ne compte pas le faire. Ni après sept ans, ni même après dix ! Il continue à réclamer ses droits. Il continue à souffrir et à subir les injustices, sans faiblir.

Mais je voudrais toutefois attirer l’attention sur un problème très grave qui se déroule à Bahreïn. J’ai déjà dit une fois que ce qui se passe dans ce royaume, c’est un changement démographique qui ressemble au projet israélien. Des gens m’ont critiqué pour avoir dit cela. Aujourd’hui, je veux confirmer ce que j’avais dit. . Le royaume est l’un des rares pays dans le monde qui punit ses citoyens par le retrait de la nationalité. Bahreïn est le pays qui distribue sa nationalité à des gens venus du monde entier. Regardez sur les réseaux sociaux des Bahreïnis qui chantent l’hymne national du pays en pakistanais  ou en langue hindoue et ne connaissent que quelques mots d’arabe. Ces gens-là sont naturalisés et les Bahreïnis sont déchus de leur nationalité. Le plus irritant c’est que ceux qui privent les Bahreïnis de leur nationalité ne sont pas de Bahreïn. On les a amenés pour qu’ils gouvernent ce pays.

Au bout sept ans de soulèvement populaire, nous ne pouvons que déclarer notre appui médiatique. Que pouvons-nous faire d’autre ? Nous ne pouvons que déclarer notre appui à ce peuple opprimé et prier pour lui. Certes on nous accuse de faire bien plus. Mais c’est faux. Nous ne pouvons que déclarer notre appui dans les médias. Mais même cela, c’est utile dans cette période difficile.

Je voudrais évoquer la situation du Yémen en un paragraphe, avant de parler des législatives. Il n’y a rien de nouveau dans ce dossier, mais j’estime ne pas avoir le droit de l’occulter, les instances internationales disent que 20 millions de personnes sont menacées de famine et des milliers d’entre elles sont atteintes de choléra. Malgré cela, les bombardements se poursuivent tous les jours, les massacres se déroulent tous  les jours et le monde entier se tait.

Chers frères et sœurs, dans le monde arabo-islamique, de rares voix parlent de l’injustice subie par les Yéménites. La nôtre en fait partie. Malgré cela, on veut nous faire taire. Les Libanais et nous, en particulier, sommes menacés pour nous pousser à nous taire.  Pourquoi ? Parce qu’il nous arrive à certaines occasions de dire que ce qui se passe au Yémen est une agression d’une rare cruauté. Dans ce pays, il y a des massacres, des persécutions, de la barbarie. Ö Arabes et musulmans, ö monde, arrêtez cette agression. Voilà ce que nous disons et c’est cette voix qu’on veut faire taire, même si elle n’a aucun impact sur le cours des événements. Je vais vous dire toutefois qu’inchallah, cette voix ne se taira pas. C’est le moins que nous puissions faire pour ce peuple héroïque qui se bat et qui résiste.

J’en arrive aux élections. Il faut en parler calmement. Nous avons donc une échéance électorale et une nouvelle loi basée sur le mode de scrutin proportionnel. Cette loi est plus juste que les précédentes, même si elle aurait pu être meilleure, au sujet notamment du découpage des circonscriptions. Malgré ses failles, cette loi électorale est la meilleure adoptée au Liban.

Certains disent que cette loi est celle du Hezbollah. Moi je dis que non. Elle ressemble à celle présentée par le gouvernement Mikati. Le Hezbollah est partenaire dans l’élaboration de cette loi et il a été influent dans sa conception, mais au final, toutes les composantes politiques au sein du gouvernement ont approuvé cette loi. En tout cas, que l’on dise que c’est la loi du Hezbollah ou non, elle n’en reste pas moins une fierté pour le Liban, car il s’agit d’une réalisation politique, l’une de splus importantes de ces dernières années.

L’importance de cette loi est qu’elle a ouvert la voie à tous ceux qui ont un certain poids populaire à être représentés au sein du Parlement. Tout ce qui se disait sur les autobus est fini. Certains continuent pourtant à vouloir en parler. Mais je vous le dis, il n’y en a plus, nulle part. Partout, il faut obtenir le coefficient d’éligibilité pour obtenir un siège. Et pour l’obtenir, il faut avoir une certaine popularité. Ce n’est donc plus le principe de la majorité. Il faut désormais obtenir un pourcentage précis de voix.

L’autre particularité de cette loi est qu’elle ne permet pas à une partie de mener une bataille de vainqueur ou de vaincu. C’était vrai dans la loi basée sur le mode de scrutin majoritaire. Maintenant, ce n’est plus possible. Chacun aura sa part, selon son pourcentage de voix. Nul ne peut éliminer l’autre. Ce principe devrait donc nous mener vers des élections plutôt calmes, qui ne provoquent pas une discorde dans le pays, parce que la bataille n’est pas menée sur le principe du vainqueur et du vaincu.

Dans ces élections, nous allons vers une bataille qui n’opposera pas deux camps. Il n’y a pas de division verticale dans le pays, comme c’était le cas en 2009. Il n’y a pas le camp du 8 Mars allié au CPL et le camp du 14 Mars. Aujourd’hui, il y a des forces politiques qui vont former des listes. Dans une même liste, il y aura des personnalités de ce qu’on appelait le 14 Mars ( je ne sais pas si cela existe toujours) et d’autres du 8 Mars( je ne sais pas non plus si cela existe encore)Je ne vais pas entrer dans ce débat maintenant. DE plus, il peut y avoir des candidats proches du 8 Mars sur plus d’une liste et même chose pour le 14 Mars. La situation sera donc confuse.

Sur cette base, on pourra par exemple vois le CPL, le Courant du Futur et le PSP s’allier dans une circonscription et se retrouver dans des listes opposées dans d’autres. Par contre, le Hezbollah et le mouvement Amal sont alliés dans toutes les circonscriptions. Il se peut que nous soyons, avec le mouvement Amal ou seuls, alliés au CPL dans telle circonscription et en rivalité dans d’autres. Tout comme, tel parti du 8 Mars peut être le rival d’un autre parti lui aussi du 8 Mars dans certaines circonscriptions.

Ce sera possible et normal dans ces élections. Il faut laisser les forces politiques voir leurs intérêts et agir en conséquence. Nous autres, nous avons demandé à nos alliés de faire leurs choix, sans se soucier de nous, en tenant compte de leurs intérêts propres. Nous leur avons dit : nouez les alliances que vous voulez, faites vos intérêts. Je voudrais démentir ce qui se dit dans certains médias. Nous n’imposons aucune liste, ni des candidats à aucune force politique. Nous ne choisissons pas un candidat que nous imposons à un parti.

Certes, nous aimerions que nos amis et nos alliés soient sur des listes unifiées ou communes. Certes, nous le souhaitons et nous pouvons aider pour que cela arrive, mais nous n’imposons rien à personne. Chacun doit faire son propre intérêt électoral et politique. Les susceptibilités existent, es alliances peuvent se faire dans telle circonscription et se défaire dans telle autre. Tout cela deviendra clair lorsque les listes seront formées. Deux formations seulement ont tranché leurs alliances et ont décidé leurs listes depuis des mois. Il s’agit d’Amal et du Hezbollah. Pour toutes les autres formations, les alliances ne se préciseront que lors de l’annonce des listes.

Maintenant, ce que nous entendons, c’est que le Hezbollah souhaite obtenir la majorité des sièges parlementaires à travers ces élections. C’est faux. Mais pourquoi tient-on un tel langage ?

Certains peuvent ne pas avoir de problème à dire cela pour plusieurs raisons. Par exemple, la volonté de faire peur à certains Etats, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, les Emirats, etc dans le but de solliciter leur aide. Ils disent ainsi : cette loi donne l’avantage au Hezbollah et lui permet d’obtenir la majorité des sièges parlementaires. Aidez-nous pour éviter cela. Donnez-nous un appui financier et médiatique, réconciliez-nous les uns avec les autres, mettez-nous dans de mêmes listes et imposez-nous les uns aux autres. Sinon le Hezbollah aura l’ensemble du Parlement sous son contrôle. Bien entendu, il s’agit d’une affirmation fausse, mais certaines parties libanaises vendent depuis longtemps, de fausses marchandises libanaises au monde.

Il peut y avoir une autre raison pour dire cela qui vise à exercer des pressions pour amender la loi électorale, sous prétexte que cette loi permet au Hezbollah d’avoir la majorité parlementaire. D’ailleurs, d’ici jusqu’aux élections, nous devons nous attendre à plus de pressions sur le Hezbollah, des sanctions financières, des listes et des noms sur les listes terroristes, de nouveau le TSL, ce TSL politisé qui obéit à des considérations politiques, attendez-vous donc à ce qu’il ait un rôle dans les prochaines élections et malheureusement, il y aura une nouvelle tentative pour utiliser politiquement le sang du martyr Rafic Hariri dans les batailles politiciennes.

Il peut donc y avoir plusieurs raisons, mais la réponse est au Liban, justement dans cette loi. Un parti, aussi important soit-il, pas seulement le Hezbollah, qui puisse obtenir seul une majorité parlementaire. Je dis cela pour que vous fassiez attention. A la fin des élections, certains voudront dire : nous avons remporté une grande victoire en empêchant le Hezbollah d’obtenir la majorité parlementaire. Ce sont des paroles.  Ceux qui disent cela se battent contre les moulins à vent. Ils se placent devant le miroir et se battent contre eux-mêmes. Aucun parti politique, au Liban, aussi important soit-il, ne pourra obtenir la majorité parlementaire. D’autant que les élections n’opposent pas deux camps, dans le cadre d’une division verticale. C’est pourquoi un parti ne pourra dire, à la fin des élections, qu’il a obtenu la majorité parlementaire. Les alliances se font entre les ennemis d’hier et contre les alliés d’hier. C’est pourquoi le résultat sera mitigé.

Nous allons donc vers les élections, disons dans un climat relativement calme. Nous autres, nous avons tranché nos alliances. Avec le mouvement Amal, notre alliance remonte à des années. C’est une affaire terminée. Nous sommes aussi en accord avec les forces du 8Mars. Nous n’avons pas de problème. Nous l’avons dit depuis le début.

Avec les Forces Libanaises- je laisse le CPL pour la fin-, il n’y a aucune alliance. Ce qui est normal, vu que nous sommes en désaccord sur els questions politiques. Nous ne nous retrouvons donc pas non plus dans les élections. C’est normal et nul ne peut s’en vanter, ni nous, ni elles.

Avec le Courant du Futur, depuis deux mois, à chaque occasion ses responsables disent : Nous nouerons des alliances avec toutes les parties sauf le Hezbollah. Mais messieurs, qui vous dit que nous voulons nous allier à vous ?  Calmez-vous et soyez tranquilles. Vous n’êtes pas obligés de vous énerver. Il n’a jamais été question d’une alliance entre nous et vous. Il n’y a donc aucune raison pour que vous vous fâchiez ! Ils considèrent que leur bataille est avec le Hezbollah, mais je tiens à leur dire que notre bataille électorale à nous n’est pas contre qui que ce soit. En 2018, nous nous battons électoralement parlant contre personne. La loi électorale permet à chacun de dire ce qu’il veut et d’obtenir sa part de représentativité. La loi proportionnelle réduit l’intensité des batailles et permet de ne pas avoir à inventer des batailles virtuelles.

Avec le CPL, l’alliance politique est solide et forte. Le document d’entente est tient bon, mais cela ne signifie pas que nous sommes devenus un seul parti. Nous pouvons donc avoir des divergences  sur certains dossiers et dans certaines positions. Comme nous sommes en février, je voudrais donc confirmer l’entente du 6 février ( 2006). Notre relation ne peut pas être ébranlée par une position divergente sur un point, même si certains dossiers sont difficiles et parfois, l’incident est amer. Mais en définitive, les deux parties tiennent à préserver leur alliance politique. Au sujet des élections, nous discutons ensemble et jusqu’à présent, nous nous disons que chacun doit se sentir libre de faire ce qu’il juge bon pour lui. Nous n’avons donc aucune obligation. Dans certaines circonscriptions, nous serons sur les mêmes listes, dans d’autres sur des listes différentes. Du moment que la bataille n’est pas pour casser l’adversaire, nous et le CPL, nous cherchons à servir nos intérêts électoraux. Mais cela n’influe en rien sur l’alliance qui nous lie.

Au sujet du PSP, et du 8 Mars, nous avons déjà dit que le débat est ouvert et aucune décision n’a encore été prise. Il y a au 8 Mars des personnalités de toutes les confessions et connues. Pour nous, le sujet des alliances sera facile. Je voudrais conclure en rappelant aux Libanais qu’après toutes les expériences vécues, il ne peut y avoir au Liban, une majorité d’une seule couleur. Il ne peut pas y avoir une majorité appartenant à un seul camp politique. Aucune partie ne peut donc gouverner seule le Liban, indépendamment des autres. Il ne s’agit pas seulement de composantes confessionnelles, mais bien des principales forces politiques. Ce pays a une composition particulière, une formule spécifique et il repose sur une situation de partenariat. Une fois que l’on sait cela, on comprend qu’il n’est pas nécessaire de soulever de gros problèmes, puisqu’au final, il faudra aller vers le partenariat.

Il reste un point qui concerne nos candidatures. Nous trancherons au cours des prochains jours cette question. Je ne parle pas des listes mais des candidats. Les listes viendront plus tard. Nous nous entendrons avec  nos frères d’Amal pour voir qui est candidat dans quelle circonscription et avec les autres alliés sur la composition des listes. Nous autres, nous déciderons les candidats membres du Hezbollah. Inchallah vous les connaîtrez lundi ou mardi. J’apparaitrai à la télévision et j’annoncerai les candidats, avec des explications sur le choix qui concernent leurs qualifications.

Je m’arrête là sur ce sujet, car j’aurais l’occasion de l’évoquer dans d’autres discours au cours des deux prochains mois.

Je conclus en revenant à sayed Abbas, cheikh Ragheb et à notre cher hajj Imad ainsi qu’à tous nos martyrs pour leur dire : nous avons préservé votre testament et nous continuerons à le faire. Nous porterons votre sang, vos objectifs, vos visages, vos noms, votre pensée, votre cerveau et vos instructions et nous amènerons de nouvelles victoires au Liban, en Palestine, en Syrie et dans l’ensemble de la région. Allez dans la grâce de Dieu.

 

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