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Sous les promesses de modernisation, l’Arabie saoudite plus répressive que jamais envers les femmes

Sous les promesses de modernisation, l’Arabie saoudite plus répressive que jamais envers les femmes
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Dans son dernier rapport, la fédération internationale des droits de l'Homme (Fidh) dresse un portrait peu flatteur de l'Arabie saoudite de Mohammed Bin Salman en termes de droits humains. La modernisation du royaume, pourtant promise par le prince héritier, semble encore loin.

Sous les promesses de modernisation, l’Arabie saoudite plus répressive que jamais envers les femmes

En quelques années, l'Arabie saoudite semble s'être modernisée. Depuis 2015, les femmes ont obtenu le droit de voter et même de se présenter aux élections municipales. Plus récemment, en 2017, le royaume leur a accordé le droit de conduire. Et depuis quelques jours, celles-ci peuvent même accéder aux terrains de sport, en tant que spectatrices ou comme compétitrices. Un jour nouveau s'est-il levé ? A en croire la Fédération internationale des droits de l'Homme (Fidh), il n'en est rien. Dans son dernier rapport rédigé en collaboration avec l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), le royaume est décrit comme plus «ultra-répressif» que jamais à l'encontre des «voix divergentes». Et les premières victimes sont les femmes.

«Il y a comme un décalage entre les annonces et la réalité, explique à Marianne Alexandra Pomeon, responsable de l'observatoire chargé de la rédaction de l'étude. Il y a eu un emballement médiatique autour de réformes symboliques. Mais au quotidien, rien n'a changé».

L'impossible émancipation des femmes

Pour illustrer son propos, la Fidh pointe dans son rapport les dizaines d'arrestations arbitraires par mois de juges, blogueurs et journalistes (près de 70 personnes au mois de septembre dernier d'après le rapport), ou encore la poursuite d'activistes pacifiques devant le Tribunal pénal spécialisé destiné initialement aux cas de terrorismes. Selon les statistiques de Human Rights Watch, 40 activistes numériques ont écopé de peines de prison en 2016. La plupart pour «incitation de l'opinion publique» ou «déstabilisation de l'Etat» par exemple.

«Le droit saoudien est volontairement flou, décrypte pour Marianne Yahya Assiri, fondateur de l'ONG de défense des droits humains d'Arabie Saoudite ALQST. Les lois sont appliquées différemment selon les juges, les régions… Les infractions ne sont pas exactement définies. Ce qui favorise la criminalisation des personnes exerçant leur droit à la liberté d'expression». Dans ce contexte, même créer une association peut être puni par la loi. La faute, encore, à des «restrictions et des contours flous». S'il leur est demandé de respecter «la charia, l'ordre public, les bonnes mœurs et l'unité nationale», ces limites donnent aux juges une «large marge d'interprétation». Et peut donc faire interdire n'importe quelle structure.

Dans cet «environnement très fermé pour la défense des droits humains», difficile pour les femmes d'aller vers l'émancipation note le rapport. Et ce n'est pas la permission de conduire qui va changer ça. «Si dans les textes on nous accorde des droits, la culture du patriarcat nous les retire dans la réalité», se désole Hala Al-Dosari, militante saoudienne des droits de l'homme et chercheuse associée au Radcliffe Institute for Advanced Study. La faute au tutorat imposé par la charia.

Celui-ci impose aux femmes l’obéissance à leur «wali al-amr», leur tuteur. En clair : leur mari. «Si un homme veut interdire à sa femme de s'engager ou de voter, il peut le faire et ce sera tout à fait légal», explique la militante pour qui ces annonces n’ont qu’un but : redorer l’image du royaume à l’international.

La clandestinité, seule solution

Les femmes qui veulent s’engager n’ont alors d’autre choix que d’agir dans la clandestinité, via des comptes anonymes sur les réseaux sociaux. Ce qui donne régulièrement lieu à des arrestations. «L'Arabie saoudite est un des champions de la criminalisation des réseaux sociaux», juge Alexandra Pomeon. La Fidh cite par exemple le cas de Alaa Al-Anazi, activiste de 24 ans, placée en détention pour avoir publié, sur les réseaux sociaux, des messages de protestation face aux violences conjugales. Aujourd’hui libérée, elle vivrait sous surveillance des autorités. «En Arabie saoudite, quand on est une femme, on est réduite au silence, poursuit la responsable de l'observatoire. C’est encore plus vrai si on est militante des droits humains».

Source: www.marianne.net

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