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Discours du secrétaire général du Hezbollah sayed Nasrallah le 7 décembre 2017

Discours du secrétaire général du Hezbollah sayed Nasrallah le 7 décembre 2017
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Au nom de Dieu que Dieu vous bénisse

Le sujet de mon discours ce soir porte sur la dernière décision américaine, à travers laquelle le président des Etats-Unis d’Amérique a reconnu Al-Qods comme la capitale «d’Israël», que nous appelons l’entité sioniste. Mais comme nous sommes encore dans l’atmosphère de la joie qui entoure la naissance du Prophète, permettez-moi de présenter mes vœux à tous les musulmans dans le monde pour cette célébration bénie.

Chers frères et sœurs, comme cela a été dit hier, nous avons le sentiment aujourd’hui  de nous trouver face à une nouvelle promesse de Balfour. Une seconde en fait.

C’est peut-être une coïncidence, mais c’est aussi probablement voulu que cent ans après la première promesse de Balfour, une seconde apparaît.

Je voudrais évoquer trois titres à ce sujet. En résumé bien sûr, bien que le sujet soit très vaste et il y a de nombreux points que l’on pourrait évoquer.

Le premier  titre porte sur la prise de conscience des dangers de la décision américaine et la mise en lumière de certains d’entre eux.

Le second titre porte sur la signification de cette décision, ce qu’elle cache et ce qu’elle indique. Quant au troisième titre, il est consacré à la position qu’il faut adopter. Ensuite, il y aura une conclusion.

1-La mise en lumière des dangers que renferme la décision américaine

Lorsque nous prenons conscience des dangers que comporte la décision américaine, cela nous pousse à réagir et à assumer les responsabilités qui s’imposent. En même temps, il s’agit d’être averti quand des voix s’élèveront ces quelques jours, c’est ce que je prévois d’ailleurs, dans le monde arabe et musulman, pour dire que cette décision n’a pas d’importance, dans une tentative de minimiser sa portée pour la faire passer.

Pour parler des dangers que cette décision comporte, une petite introduction s’impose. Nous savons tous  que l’ennemi israélien et cette entité dans tous ses commandements, ne respectent pas les décisions internationales. C’est une constante, si nous revoyons toutes les résolutions internationales, nous constatons qu’ils ne la respectent pas, comme ils ne respectent pas les conventions, les traités et les accords qu’ils ont eux-mêmes signés. Ils ne respectent pas non plus la volonté internationale, ni la communauté internationale. Ils ne font donc aucun cas de ce que disent les pays arabes ou musulmans, les Etats européens, la Russie, la Chine, l’Amérique latine, Canada ou encore l’Australie.

Pour cette entité, seuls comptent les Etats-Unis d’Amérique et leur position. C’est connu.

Par conséquent, au cours des précédentes décennies, les gouvernements de l’ennemi qui se sont succédé au pouvoir tentent de judaïser Al-Qods et de la confisquer dans toutes ses dimensions, sur le plan humain et sur celui des habitations ou encore au niveau des symboles sacrés.

Mais, en même temps,  les administrations américaines qui se sont succédé au pouvoir, en leur qualité de «parrains des négociations et du processus de paix», cherchaient à préserver un minimum d’équilibre entre les Etats de la région et Israël et avec leurs alliés arabes. Par conséquent, elles fixaient parfois des limites et parfois elles donnaient leur feu vert aux décisions israéliennes.

Par exemple,  concernant le processus de pousser les Palestiniens de Al-Qods à l’exode, les Américains alternaient la politique de l’autruche et à des positions de condamnation.

Même chose au sujet de la décision israélienne de construire des colonies et de confisquer les maisons et les terres des Palestiniens autour de la mosquée Al Aqsa.

Donc, la position américaine entravait d’une façon ou d’une autre le contrôle total par les Israéliens de Al-Qods et l’exécution de leur plan dans cette ville.  

Après cette introduction, le danger que représente la décision américaine apparaît clairement. Car, en fait, qu’a donc dit Trump ?  Il a dit aux Israéliens que Al-Qods, tout entière, dans ses quartiers ouest et est, est à vous. Elle vous appartient et est votre capitale. Elle est aussi sous votre souveraineté. Le barrage américain tactique qui était dictée par la diplomatie et par la gestion américaine des négociations dans une volonté d’étudier les positions pour trouver une sorte d’équilibre entre l’entité sioniste et les Etats arabes et islamiques, tout cela est tombé grâce à un coup fatal.

Aujourd’hui, le gouvernement ennemi, Netanyahu et son groupe, savent que le barrage est tombé et qu’il n’y a plus devant eux aucun obstacle américain. Ce qui entraîne de nouveaux dangers progressifs que je vais détailler.

  1. Quel est le sort des habitants palestiniens de Al-Qods est ? Quel sera leur sort après la décision américaine ? Seront-ils contraints à obtenir la nationalité israélienne ? Comme les Arabes de 1948 ? Ou bien seront-ils contraints à l’exode ? S’il y avait  auparavant des réserves sur l’exode des Palestiniens de Al-Qods est, elles ont sauté avec cette décision américaine.

2- Quel est le sort des biens palestiniens à Al-Qods est ? Avant cette décision, on assistait à une mise en scène israélienne sur la destruction d’une maison, la confiscation d’une terre, sous divers prétextes, tous fallacieux. Mais maintenant, quel sera le sort des biens Palestiniens ? Seront-ils totalement détruits et confisqués ? C’est possible, car sur le plan de la souveraineté, il n’y a plus d’obstacle américain et les Israéliens peuvent agir en toute souveraineté. Quel sera dans ce cas le sort des biens palestiniens, des maisons, des champs et des terrains ?

3- Auparavant, lorsque l’ennemi construisait une colonie  de 100 ou 200 habitations, les Européens et les Américains élevaient la voix et les Israéliens ralentissaient le rythme, prenaient des pauses, se faisaient plus discrets. Maintenant, nous allons assister à une accélération folle du mouvement de colonisation, sans freins, ni frontières à l’intérieur de Al-Qods est et tout autour.

4- Al-Qods va s’élargir vers la Cisjordanie sous le titre du «Grand Al-Qods». Demain tout ce qui sera rattaché à Al-Qods aura le même statut que cette ville et sera donc en dehors des négociations, si celles-ci existeront encore. Donc, le mouvement d’occupation de Al-Qods de  toutes les façons qu’exécutaient les Israéliens sera accéléré et sera achevé en un temps record. C’est là que réside aussi un des dangers de la décision.

5- Quel sera le sort des Lieux sacrés musulmans et chrétiens. Cela aussi c’est un grand danger.

Dans le passé, Al-Qods avait un statut spécial reconnu internationalement.

Aujourd’hui, que devient ce statut spécial ? La souveraineté sur les Lieux saints chrétiens et musulmans, selon la décision américaine, sera entre les mains des Israéliens. Ils seront libres de faire ce qu’ils veulent. Nous entendons depuis quelque temps déjà des voix s’élever pour réclamer la reconstruction du Temple, selon les  directives sionistes en ce sens.  La décision américaine pourrait être considérée comme l’occasion historique pour le faire. Les Lieux saints musulmans et chrétiens sont en danger et nous devons tirer la sonnette d’alarme à leur sujet. Mais le plus en danger est la mosquée Al Aqsa.  Nous ne devons pas nous étonner si un jour nous nous réveillons et nous apprenons qu’un pas de cette mosquée a été détruit, soi-disant parce que des fouilles étaient effectuées ou des constructions tout autour qui ont causé l’effondrement d’une partie de la mosquée. Tout cela peut désormais arriver et le sort des lieux saints chrétiens et musulman est en danger. En particulier la mosquée Al Aqsa.

6- La cause palestinienne dans son ensemble, dont Al-Qods est le cœur, sont en danger. Car si nous retirons Al-Qods, que restera-t-il de cette cause ? Rien ! Trump dit aujourd’hui  au monde arabe et musulman, il n’y a plus de cause palestinienne. C’est fini. Il y a des Palestiniens, dont certains, selon ses propres termes, vivent en Israël et d’autres en dehors.  Il faut leur trouver une solution, les installer quelque part, en Jordanie, au Sinaï ? Il faut leur donner une forme d’autonomie peut-être… Que faire de ceux qui sont à Gaza ? Voilà ce que devient ce gros dossier.  Il n’y a plus de cause palestinienne, ni même de négociations sur le sort de Al-Qods, puisqu’il n’y a plus de Al-Qods à négocier. Dans toutes les négociations, pourtant, les Palestiniens étaient d’accord sur Al-Qods pour capitale, même s’ils divergeaient sur ses frontières et celles de l’Etat palestinien, s’il s’étendait du fleuve à la mer ou s’il fallait se contenter des frontières de 1967. Aujourd’hui, les Américains ont totalement éliminé ce sujet.  En plaçant Al-Qods en dehors des négociations, Trump a carrément éliminé le processus de paix.  Certains disaient depuis quelque temps que le processus de paix était moribond. Trump a eu le courage d’annoncer son décès. Malgré cela, il y  aura probablement des voix dans le monde arabe pour insister sur son maintien.

7- Je finis par ce dernier danger. Si Les Américains ont réussi à prendre Al-Qods, à laquelle les Palestiniens et les mondes arabe et musulmans tiennent plus que tout, quel sera désormais le sort de la Cisjordanie ? Quel sera le sort du Golan ? Quel sera le sort des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba ? Celui qui ose s’emparer de ce que son ennemi a de plus cher et de plus sacré, hésitera-t-il à prendre le reste ? C’est donc l’ensemble du conflit avec l’ennemi israélien qui est menacé si on se tait sur la décision américaine d’une si grande gravité.

Voilà donc une partie des dangers que comporte cette décision. IL s’agit d’une réflexion rapide. Mais si on prend un peu de recul et qu’on réfléchisse plus longuement, on découvrira sans doute d’autres dangers, surtout si la décision passe  en silence. Car, au-delà du conflit arabo-israélien, cette décision montre la propension américaine à ne rien respecter dans le monde arabo-musulman. La oumma qui se tait sur le viol de Al-Qods et se tait sur l’agression contre son identité, son âme et sa civilisation peut renoncer à tout pour satisfaire les Américains.

Le second titre porte donc sur les indices que montre cette décision.  

2-Certaines indications. En annonçant hier sa décision Trump a montré, selon toute probabilité, que la plus grande partie des Etats du monde ne l’appuient pas, avec des tons différents. De même, il semble que les pays arabes et musulmans rejettent cette décision. Autrement dit, la plupart des pays du monde ne sont pas d’accord avec cette décision. Certains la rejettent, d’autres la regrettent, d’autres encore la condamnent. Quelles que soient les subtilités des mots utilisés, le désaccord avec cette décision est clair. Malgré cela, Trump a voulu l’adopter, sans tenir compte ni de ses alliés européens, ni de ses alliés arabes et musulmans, ni de l’ensemble de ce qu’on appelle la communauté internationale. En fait, si tous ces Etats ne constituent pas la communauté internationale, qui constitue celle-ci ? Washington ? Vous savez pourtant que les Etats-Unis ont mené des guerres contre des Etats accusés de ne pas « respecter la volonté de la communauté internationale ».  Mais où est donc son propre respect de la communauté internationale ? Où est son respect des autres Etats  et du monde ? Ce qui s’est passé hier est un manque de considération total envers tous les pays du monde, de toutes les capitales et de tous les gouvernements du monde. Tout cela pour Israël. J’en reparlerai à la fin.

En même temps, Trump sait et ceux qui travaillent au sein de son administration le savent aussi, qu’il y a dans sa décision une insulte ( et pas seulement un manque de considération) envers les sentiments d’un milliard et quatre cents cinquante millions de musulmans dans le monde, ainsi qu’envers les sentiments de millions de chrétiens qui ne sont pas d’accord avec cette démarche. Ceux-là aussi se sentent insultés et considèrent la décision comme une provocation. Car la ville qui abrite leurs lieux saints et leur identité religieuse, leur civilisation et leur histoire a été donnée à un Etat sioniste artificiel. Par conséquent leur Histoire et leurs valeurs ont été confisquées.  Nous sommes donc face à un homme et une administration qui ne respecte pas les sentiments, la dignité, les émotions et la conscience de milliards et de centaines de millions d’’individus qui vivent dans cette région et dans le monde.

Autre indication ; ce qui s’est passé hier est une violation des résolutions, des décisions et des accords conclus sous la houlette des Etats-Unis eux-mêmes. Cela a d’ailleurs été dit hier par des gouvernements, des Etats, de grandes figures politiques et même par l’Autorité palestinienne elle-même. Nous sommes donc face à une administration américaine qui ne respecte pas les décisions internationales, alors qu’elle demande aux pays du monde de les respecter. Nous sommes face à une administration américaine qui ne respecte pas non plus ses propres engagements, ses accords et ses pactes et qui ne donne aucune garantie. Elle peut donc balayer du jour au lendemain tout ce qui avait été conclu et ne fait aucun cas des accords et des conventions déjà conclus. Cela signifie qu’à partir de maintenant, il n’y a plus de stabilité dans le monde, et que la loi de la jungle règne. Cela signifie aussi que le monde est soumis aux envies du locataire de la Maison Blanche.

Une autre signification s’impose aussi et elle se traduit par cette question : quel est le poids des alliés des Etats-Unis pour les Etats-Unis eux-mêmes ? Qu’il s’agisse des alliés arabes ou musulmans. Les pays arabes et musulmans sont plus de 50, ils sont importants et ont leur poids. Malgré cela que représentent-ils pour les Etats-Unis ? Que représentent-ils pour Trump, dans un sujet aussi épineux ? Rien ! C’est un point important à retenir. Avant l’annonce de la décision de Trump, nous avons entendu des informations selon lesquelles tel émir, tel roi, tel président et tel leader l’ont contacté pour lui demander  de renoncer ou pour lui exprimer leur désaccord. Les a-t-il écoutés ? Il faut donc que les dirigeants arabes et musulmans, les leaders,  les gouvernements et les peuples sachent qu’ils n’ont aucune importance aux yeux de Trump et de son administration, aux yeux des Américains. Surtout dans une affaire aussi délicate et sacrée. Ils doivent garder cela en tête. Ceux qui, au cours des dix dernières années, pensaient qu’il fallait se rapprocher des Etats-Unis, maintenant que l’influence d’Israël a baissé doivent comprendre que toute leur théorie est fausse. Ils se sont mis à ménager les intérêts des Américains en pensant qu’Israël a perdu de son influence auprès des Etats-Unis. Mais tout cela s’est avéré faux. Les Américains n’ont pas tenu compte de leurs émotions, de leur volonté et même de leurs supplications. Pour eux, seul compte Israël dont les intérêts, la dignité et les sentiments prévalent sur tout le reste. Sans parler de sa sécurité et de la nécessité de préserver sa force.

Nous sommes donc aujourd’hui devant une agression américaine flagrante contre Al-Qods, ses habitants, ses symboles sacrés, son identité et la civilisation qu’elle représente. Ce qu’a fait Trump hier est une grande injustice et un déni historique de la plus grande gravité. Il s’agit aussi d’un acte d’une arrogance inégalée qui impose à tous une confrontation.

3- Au sujet de la position : Face à cette agression américaine  flagrante et condamnable contre nos lieux sacrés, contre notre ville sacrée contre le peuple palestinien, contre notre oumma arabe et islamique, contre notre civilisation et notre histoire, nous devons assumer nos responsabilités.

Hier, des analystes israéliens – qui étaient d’ailleurs d’anciens responsables sécuritaires, militaires et politiques et qui sont de toute façon proches du Premier ministre ennemi- ont déclaré que toutes les protestations contre la décision de Trump de déplacer l’ambassade des Etats-Unis de tel Aviv vers Al-Qods n’ont aucune valeur. Les peuples arabes et musulmans, les Libanais et les Palestiniens doivent entendre cela. Selon ces analystes, il ne se passera  rien dans le monde arabo-musulman. C’est important de le souligner pour mieux comprendre ce qui se passe depuis 2011. Il ne se passera donc rien dans le monde arabo-musulman, parce que les peuples arabes et islamiques ont oublié la Palestine, l’ont abandonnée tout comme ils ont abandonné Al-Qods et les Palestiniens, car chaque pays et chaque peuple sont occupés par leurs propres problèmes. Aucun d’eux n’a le temps de prendre position sur ce sujet ou de lancer une réaction. C’est ce qu’ont dit les analystes israéliens, en toute impudeur. Il ne s’agit donc pas d’informations spéciales. Ils l’ont dit à la télévision, directement et dans les médias israéliens.  Ils ont même dit que ce thème a été discuté auparavant entre les Américains et les Israéliens. Le fait de l’exprimer ainsi publiquement est une insulte importante au monde arabo-musulman et même à l’ensemble de la communauté internationale.  Ils sont convaincus que personne ne réagira. Et si quelqu’un prend la parole à ce sujet, il le fera pendant trois ou quatre jours avant que les choses se tassent et la décision de Trump de reconnaître Al-Qods comme la capitale d’Israël passera sans problème. Rien ne devrait donc changer en Palestine, ni dans les mondes arabe et musulman. C’est ce que pensent les Américains et les Israéliens et c’est cette analyse qui les a poussés à agir et à adopter cette décision folle. C’est pourquoi nous sommes face à de lourdes responsabilités.

Cela c’est la position. Maintenant, je vais proposer quelques initiatives concrètes que j’ai divisées en deux parties.

La première partie : prendre des positions claires de condamnation, de dénonciation, de rejet et de refus de cette agression américaine et de cette initiative dangereuse. En même temps, il faut déclarer la solidarité avec le peuple palestinien et l’appui à la Palestine et à la cause de Al-Qods, en rappelant qu’elle nous concerne tous et qu’elle est de notre responsabilité à tous. C’est, à mon avis, la moindre des choses. Certains pourront dire : à quoi cela sert, les paroles ? Moi je dis, que la position, les discours et les communiqués sont importants. Bien entendu, ils ne suffisent pas. Il faut utiliser tous les moyens de condamnation possibles, mais le faire en paroles est aussi important.

Si nous regardons par exemple les réseaux sociaux. Celui qui les utilise pour condamner cette décision ne sera pas victime de tirs ou d’oppression comme celui qui le fait sur le terrain.  Mais il doit quand même le faire. Si toute personne libre et digne condamne sur les réseaux sociaux la décision de Trump et considère que Al-Qods est la capitale éternelle de l’Etat palestinien, cela fera des millions de tweets et de réactions sur ces mêmes réseaux. Les Américains et les Israéliens  ne pourront pas y être insensibles et ils verront qu’ils doivent affronter un vaste courant d’opinion publique hostile. A mon avis, c’est important et c’est la moindre des choses. Toute personne digne dans le monde arabo-musulman devrait le faire.

C’est une des chances qu’offrent aujourd’hui les réseaux sociaux  et les responsables de ces réseaux ne peuvent pas fermer les comptes s’il s’agit de plusieurs millions de personnes. Il faut dix millions de personnes, et croyez-moi c’est possible.

Faites-le donc ce soir, demain, au cours des prochains jours. Tous les jeunes, les hommes, les femmes doivent réagir, c’est un devoir et c’est le moins qu’on puisse faire pour Al-Qods.

Même chose pour les communiqués de condamnation. Toutes les associations, les partis, les institutions, les écoles, les universités, les associations culturelles, les médias, les politiques etc du monde arabe et musulman doivent en publier. Nous ne devons pas nous taire. Personne ne doit se tenir : à quoi cela sert-il ? Ou : que puis-je faire tout seul ? Justement, si nous le faisons tous, personne ne sera en train d’agir seul. Si nous protestons tous, il y aura un vaste mouvement de refus qui ne peut qu’avoir un impact important. Nous devons nous exprimer sur la question, organiser des conférences, des débats, des meetings pour exprimer notre position.

Il faut aussi organiser des sit-ins et des manifestations. Il y a aujourd’hui des manifestations du peuple palestinien, avec des blessés. J’ignore s’il y a des martyrs, mais le mouvement devrait prendre de l’ampleur, dans le monde entier, les communautés arabes et musulmanes doivent manifester. Au point que Trump sera obligé de se demander dans quel piège il s’est-il fourré  et dans quel mur il s’est précipité. Ce sera une bonne leçon à donner à tous ceux qui ont prévu qu’il n’y aurait pas de réaction dans le monde arabo-musulman. Les manifestations dans le monde seront un message fort adressé à cette agression flagrante. Elles seront aussi un message fort de solidarité avec le peuple palestinien qui se tient chaque jour en première ligne pour défendre Al-Qods et les lieux saints, ainsi que l’ensemble de la Palestine.

Nous ne demanderons pas aux Etats arabes et musulmans de couper leurs relations avec les Etats-Unis. Nous ne voulons pas adopter un plafond haut, car nous voulons parler du possible.

Donc, au stade minimal, les Etats arabes et musulmans devraient convoquer les ambassadeurs des Etats-Unis  dans toutes les capitales arabes et islamiques pour leur exprimer un refus officiel de cette décision. Certes, des communiqués ont été publiés à ce sujet et des discours ont été prononcés. Mais la convocation de l’ambassadeur américain est une démarche symbolique qui a sa portée particulière. Une opposition officielle sera enregistrée pour l’Histoire et pour l’avenir et elle constitue une des formes de refus politique et moral qui a son impact.

Voilà quelques idées, mais le grand titre reste que nous sommes tous responsables de ne pas nous taire. J’insiste sur ce point, car certains diront immédiatement : à quoi cela sert-il de protester et de parler ? A quoi servent un tweet, un communiqué, un sit in, une manifestation, une conférence ou même la convocation d’un ambassadeur ? Je le répète, tout cela est sûrement utile. Certes, ces actes n’auront pas un effet déterminant, mais ils ont un impact certain sur le plan moral, tant chez l’allié que chez l’ennemi.

Le second titre porte sur les mesures destinées à consolider la position et à faire pression sur l’administration américaine pour qu’elle revienne sur sa décision ou pour qu’elle la gèle. Que personne ne dise que c’est impossible pour les Américains. Ceux-ci agissent selon leurs propres intérêts et ils sont pragmatiques. Il arrive parfois qu’ils soient insultés et combattus et qu’ils décident malgré tout d’ouvrir une ligne de contact avec ceux qui agissent comme cela.  Si vous êtes fort et respectable, ils vous accusent de faire du terrorisme, et en même temps, ils cherchent des moyens d’établir un dialogue avec vous et vous envoient des messages exprimant leur désir de négocier avec vous...

La preuve est donnée par les nombreux accords  qu’ils ont signés avant de s’en retirer lorsque leurs intérêts ont dicté cette attitude.

Il faut aussi exercer des pressions sur l’entité israélienne  pour qu’elle ne s’empresse  pas de concrétiser les conséquences de la décision américaine au sujet de Al-Qods capitale éternelle d’Israël, que ce soit au niveau des  habitants, des expropriations ou encore des Lieux saints et des colonies de peuplement.

Toujours sur le plan des mesures, je dirais que ce serait magnifique si les relations étaient coupées avec les Américains. Mais il faut être réaliste et il faut donc au minimum couper les relations sur le sujet israélien.

Qu’a donc dit Trump ? Il a affirmé que cette décision est en faveur d’Israël. Il faut donc lui montrer que ce n’est pas le cas.

Il a aussi déclaré que cette décision est en faveur du «  processus de paix ». nous devons donc lui prouver que cette décision est aux antipodes du processus de paix, pour qu’il y renonce.

Quelles sont donc les autres mesures possibles pour renforcer notre position et augmenter les pressions ainsi que pour transformer cette menace en une opportunité ? Il faut arrêter tous les contacts avec l’ennemi israélien, que ce soit de la part des Palestiniens, ou encore des Etats arabes  ou encore des Etats islamiques. Il faut arrêter les contacts déclarés et secrets, au-dessus de la table ou en dessous. Si ces contacts se poursuivent, que serions-nous en train de dire à Trump et à Netanyahu ? Nous serions en train de leur dire : prenez Al-Qods et faites ce que vous voulez !

La rupture des relations diplomatiques avec Israël, la fermeture des ambassadeurs, l’expulsion des ambassadeurs, c’est donc le moins qu’on puisse faire. Il s’agit après tout de Al-Qods ! C’est la dernière ligne, la dernière chose à laquelle s’attendaient les deux mondes, arabe et musulman.

Il faut aussi arrêter toutes les démarches de normalisation des relations, entamés par plus d’un pays arabe, musulman et du Golfe, plus précisément sur les réseaux sociaux, à travers les visites, les rencontres et les interviews données aux médias. Tout cela doit s’arrêter.

Aujourd’hui, toute démarche en vue de la normalisation des relations est la pire trahison à l’égard de Al-Qods, après la décision annoncée hier.

 

Il faut donc faire revivre tous les canaux du boycott arabe et renforcer leur application au Liban et ailleurs. Il ne faut plus être laxiste avec untel qui s’est rendu en Palestine occupée pour y tourner un film et avec tel autre qui a rencontré des journalistes israéliens. Il faut donc revenir à une attitude ferme dans l’ensemble du monde arabe et islamique.

Parmi les mesures très importantes, il y a l’annonce palestinienne et arabe de la fin des négociations, pour ceux qui y croient encore, jusqu’à ce que Trump revienne sur sa décision.  Parce que ce dernier affirme que sa décision est en faveur du « processus de paix ». Il faut donc lui dire : qu’avez-vous fait ? vous avez fait exploser ce processus ! Il faut donc lui dire que ce processus est terminé et qu’il a été tué. Nous autres, nous ne croyons pas en ce processus depuis le début. Mais là je parle des choix possibles pour tous. Lorsque nous disons à Trump qu’il n’y aura pas de retour aux négociations avant qu’il ne revienne sur sa décision de considérer Al-Qods comme la capitale d’Israël, ce sera un message clair. D’ailleurs, ces négociations sont gelées depuis quand déjà ?...On peut donc les geler encore un an, deux, trois ou même cinq !

Ce que veut Trump, c’est justement  dire : voilà, nous en avons fini avec Al-Qods. Poursuivons les négociations et nous acceptons la solution des deux Etats, si les deux parties l’acceptent.

Il faut donc- et je crois que c’est requis et possible- que les Palestiniens et les Arabes disent : voilà, les négociations, c’est fini. Si vous voulez qu’elles reprennent, vous devez M.Trump revenir sur votre décision ! C’est une position naturelle et il ne s’agit pas de rompre les relations avec les Etats-Unis.

Une autre décision qui pourrait, à mon avis, avoir un impact important, serait de convoquer un sommet arabe extraordinaire, puisqu’il y a une réunion extraordinaire de la Ligue arabe au niveau des ministres des Affaires étrangères samedi. Un sommet de l’Organisation de la Coopération islamique a été convoqué par la Turquie en sa qualité de présidente de cette organisation. Je propose à ces deux institutions de publier un communiqué clair et contraignant pour leurs membres dans lequel elles considèrent que Al-Qods est la capitale éternelle de l’Etat palestinien. Elle n’est donc pas susceptible d’être négocier ou de faire l’objet de concessions. Toute négociation ultérieure ne devrait pas avoir Al-Qods sur son ordre du jour. Une telle démarche devrait pousser Trump à revoir sa décision.

Parmi les conséquences de la décision de Trump, l’appel à une nouvelle initifada palestinienne. Des responsables palestiniens ont lancé un appel dans ce sens et nous les appuyons totalement. Une telle intifada et une recrudescence des activités de la résistance palestinienne, selon les considérations des Palestiniens de l’intérieur eux-mêmes est la réponse la plus importante et la plus dangereuse pour les Américains à la décision de Trump.

Mais il ne faut pas jeter la responsabilité d’une telle action sur les seuls Palestiniens. Je voudrais demander au monde arabe et musulman l’appui moral, matériel et en armes au peuple palestinien dans sa nouvelle intifada, si ce peuple décide de la mener. Le peuple palestinien ne doit pas être laissé seul pour défendre Al-Qods. Le monde arabe et musulman doit se tenir à ses côtés.

Aujourd’hui, au moment où Trump annonçait sa décision concernant Al-Qods, le parlement américain adoptait à l’unanimité un projet de décision dans lequel les aides à l’Autorité palestinienne devraient être suspendues parce que cette Autorité donne des aides aux familles des martyrs  ( le mot martyr est de moi) et aux familles des condamnés palestiniens par la justice israélienne.

Une telle décision devrait pousser les Etats arabes et islamiques à appuyer le peuple palestinien dans son intifada, à ne pas l’abandonner et à ne pas le poignarder dans le dos. Ou, à tout le moins, à ne pas le trahir et le vendre sur le marché de la lâcheté politique. La plus importante réponse  est donc une nouvelle intifada palestinienne et un sommet islamique qui décidera que Al-Qods est la capitale éternelle de l’Etat palestinien, une décision qui ne peut faire l’objet d’aucune négociation ou concession.

Les Américains et les Israéliens doivent donc voir et sentir une unité autour du choix de la résistance.

Je suis convaincu que ces mesures devraient pousser Trump à regretter sa décision, lui et son administration. Et au final, il pourrait revenir sur cette décision, ou geler ses effets diplomatiques et politiques. Même si ce que nous voulons, ce n’est pas le gel des effets, mais l’annulation pure et simple de la décision et l’échec de la décision et de l’agression qu’elle constitue.

Dans ce contexte et face à cette nouvelle agression, nous appelons tous les Etats arabes et islamiques à arrêter leurs guerres et leurs conflits internes. Il faut arrêter la guerre au Yémen, en Syrie et en Libye. En Irak, la guerre est finie. Mais il faut partout, dans le monde arabe et musulman, rechercher des solutions et des règlements politiques.

Ces dernières années en particulier, les conflits entre les pays arabes et musulmans ont été aiguisés et se sont approfondis, mais il est urgent et important d’œuvrer à les régler. Il faut chercher à se retrouver et à s’entendre, car la cause centrale qui nous unit, nos symboles sacrés sont en danger et nous ignorons quelles mesures d’escalade sont encore prises.

Au Liban, heureusement, il n’y a pas de conflit sur cette question. Au contraire, ce point fait l’unanimité. Hier, le président de la République a pris une position forte et importante et nul ne la contredit. Le président de la Chambre a adopté une position similaire, ainsi que le Premier ministre. Et demain le Parlement tout entier prendra position sur le sujet dans le cadre d’une réunion extraordinaire.

Il s’agit donc d’un point qui fait l’unanimité, non d’un sujet de conflit. Il ne s’agit même pas d’un point englobé par la politique de distanciation et il ne concerne pas les affaires internes du pays. C’est une question qui concerne tous les Libanais, tous les arabes et tous les musulmans, ainsi que toute personne noble, ayant des principes et qui croit en la justice. Car il s’agit d’une cause juste qui porte sur des croyances et des symboles sacrés, ainsi que sur une civilisation. Nous sommes tous concernés par ce développement historique et son évolution. Et nous devons tous assumer nos responsabilités. Chacun doit s’exprimer de la manière qui lui convient pour montrer sa solidarité avec ce dossier. Que ce soit par des si tins, des conférences, des réactions scolaires ou universitaires des syndicats, des réunions, des communiqués des parties politiques ou des personnalités religieuses. On ne peut pas se contenter d ‘un simple communiqué. Il faut une action soutenue. Car nous sommes devant une grande confrontation, un grand développement historique et une  agression américaine très importante. Notre action doit donc être à la hauteur de l’événement. Des manifestations ininterrompues dans plusieurs villes. J’appelle donc à une grande manifestation populaire pour condamner cette décision américaine injuste et pour exprimer notre solidarité avec le peuple palestinien et avec les lieux saints chrétiens et musulmans, ainsi qu’avec notre ville sacrée Al-Qods. Cette manifestation est prévue lundi. Nous aurions pu la faire demain, mais nous avons préféré la reporter de deux jours pour assurer la plus grande participation possible, car les Américains et les Israéliens vont scruter cette manifestation.

Ils diront deux : voilà, deux cents ou même mille personnes sont descendues. Et alors ? Il est question de millions de personnes. Où sont-elles ? C’est pourquoi j’insiste pour une grande participation, lundi dans l’après- midi dans la banlieue sud de Beyrouth. Tout le monde est invité à y participer, notamment nos frères palestiniens dans les camps. J’invite tout le monde à participer à cette manifestation qui aura pour titre la protection de Al-Qods et celle des lieux sacrés chrétiens et musulmans, ainsi que la solidarité avec le peuple palestinien. Nous devons dénoncer cette décision injuste, cette approche arrogante de Trump et chercher à y mettre un terme.

Je voudrais conclure ce discours par un hommage au peuple palestinien, dans les territoires occupés, dans les camps et dans la diaspora. Surtout ceux qui sont descendus hier et aujourd’hui dans la rue. Nous les verrons encore sans doute au cours des prochains jours, ces jeunes, ces adolescents, ces femmes qui affrontent l’occupation, l’oppression et l’injustice, qui sont frappés, humiliés, torturés parce qu’ils se trouvent en première ligne dans la défense de la Palestine. Ils se sacrifient sans peur et nous devons leur rendre hommage pour leur courage et nous devons les appuyer et les soutenir jusqu’au bout.

Permettez-moi de finir avec un proverbe libanais qui dit qu’il ne faut pas craindre une mauvaise chose car elle peut se transformer en une chance.

Nous sommes aujourd’hui, en mesure de transformer la menace en opportunité, le danger en réalisation et nous sommes en mesure de transformer l’arrogance de l’ennemi en défaite. Mais il faut pour cela avoir la volonté d’agir, d’être présent. Si jusqu’à présent, toutes les actions de l’ennemis e sont retournées contre lui, c’est à cause de la détermination, de la solidité, de la patience et du dévouement, ainsi que de la loyauté et de la fidélité de ceux qui lui font face, qui sont prêts à tous les sacrifices ets ont solidaires, sans qu’une partie cherche à trahir l’autre.

Aujourd’hui, Trump a adressé une grande menace que le peuple palestinien et les peuples de notre oumma arabe et musulmane, ainsi que tous les hommes libres et de bonne volonté du monde, peuvent transformer en une chance pour réaliser leurs intérêts et assurer leur présence.

Traduit par Al-Ahednews

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