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Trois échecs saoudiens en moins de trois mois

Trois échecs saoudiens en moins de trois mois
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   Par Samer R. Zoughaib

L’échec de la tentative de l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh de renverser la table au Yémen s’ajoute à la longue liste des fiascos saoudiens en un temps record.

Trois échecs saoudiens en moins de trois mois

La mort de l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, tué lundi 4 décembre alors qu’il tentait de fuir vers les régions contrôlées par sa tribu des Sanhan, au sud de Sanaa, marque l’échec de la tentative saoudo-émiratie de renverser la table au Yémen. Entre la date où Saleh a annoncé qu’il changeait de camp et rompait son alliance avec Ansarullah (les Houthis) et celle où il a trouvé la mort, trois jours seulement se sont écoulés. Trois petits jours pour qu’Ansarullah absorbe le choc causé par le revirement de l’ancien président et lance une violente contre-attaque.

Le plan de Saleh, conçu avec l’aide et le soutien actif des Emiratis, visait à prendre le contrôle de Sanaa, isoler Ansarullah dans le Nord du pays, et conclure un accord avec l’Arabie saoudite, laquelle mène une guerre sans merci contre le Yémen depuis mars 2015. Ce conflit a provoqué une des pires crises humanitaires de l’histoire récente, selon les Nations unies, avec sept millions de personnes touchées par la famine, des centaines de milliers d’autres atteintes de choléra, et des dizaines de milliers de morts et de blessés.

Mais Ali Abdallah Saleh et ses nouveaux «alliés» ont une nouvelle fois fait de mauvais calculs. Pourtant, l’ancien président a dirigé le pays pendant 33 ans et il est connu pour être une bête politique, qui a résisté à de nombreux défis, dont une tentative s’assassinat fomentée par ceux-là même qui l’ont soutenu dans son ultime coup de force.
 
Selon des experts du dossier yéménite à Beyrouth, Ali Abdallah Saleh a commis quatre erreurs qui ont conduit à sa perte:

-Il n’a pas bien évalué la réaction d’Ansarullah. Depuis le mois d’août, les milices de l’ancien président étendaient leur influence dans la capitale et les Houthis les laissaient faire. Il a interprété le manque de réaction de leur part à de la faiblesse alors qu’en réalité Ansarullah observait tout ce qui passait et se préparait discrètement à tous les scénarios.

-Les principales tribus yéménites, y compris celle de Saleh, les Sanhan, n’ont pas soutenu son coup. Les tribus ont en fait été surprises par le revirement de l’ancien président, qui a annoncé subitement la fin de son alliance avec les Houthis et l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations avec l’Arabie saoudite. Or les Yéménites n’ont ni compris ni admis un alignement sur un Etat agresseur, qui s’emploie depuis presque trois ans à détruire leur pays, à tuer et affamer leurs enfants. De plus, quelques jours seulement avant son revirement, Saleh avait fait l’éloge de l’Iran et fustigé l’Arabie saoudite.

-Le parti de Saleh, le Congrès populaire, n’a pas suivi son chef dans ce revirement que certains ont perçu comme une trahison et d’autres comme une aventure mal calculée.

-Les Saoudiens et les Emiratis n’ont pas tenu leur promesse de procéder à un débarquement aéroporté aux portes de Sanaa pour soutenir les milices de Saleh, qui ont été très vite débordées par les combattants d’Ansarullah.

L’Arabie sacrifie ses alliés

Cet épisode tragique de la guerre du Yémen prouve, une nouvelle fois, que les Saoudiens font de très mauvais calculs en politique et n’hésitent pas à sacrifier leurs amis, contrairement à l’Iran qui n’abandonne jamais un allié, quelle que soit la difficulté de la situation dans laquelle il se trouve. Cette loyauté a forgé la crédibilité de la République islamique, qui dispose aujourd’hui de nombreux amis et alliés partout dans le monde.

L’épisode yéménite constitue le troisième échec d’envergure essuyé en moins de trois mois par l’Arabie saoudite dans la région.

Le premier est consécutif au referendum organisé le 25 septembre par le leader kurde Massoud Barazani. Soutenu ouvertement par «Israël» et en coulisses par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, cette tentative de sécession, qui aurait dû aboutir au dépeçage de l’Irak, s’est terminée par une cuisante défaite pour ceux qui l’ont initié et soutenu. Barazani et ses alliés n’ont pas du tout anticipé la réaction rapide et déterminée de Bagdad, qui en l’espace d’une semaine à peine, a repris la ville pétrolière de Kirkouk et toutes les régions occupées par les Peshmergas depuis 2013. Cette opération a été préparée avec l’aide du général Qassem Soleimani, qui s’est rendu dans le Kurdistan quelques jours avant le début des opérations de l’armée irakienne et des Forces de la mobilisation populaire (Al-Hachd Al-Chaabi) pour récupérer les territoires pris par les Kurdes. La rapidité de la réaction a étouffé, une fois pour toute, les projets de partage de l’Irak, au cœur de la stratégie américaine depuis des années.

L’Arabie saoudite a essuyé son deuxième échec au Liban, début novembre, dans l’affaire Hariri. Aucun des objectifs fixés par Riyad n’a été atteint. Ni le remplacement de Saad Hariri par son frère Bahaa, ni le renversement du gouvernement libanais, ni l’éclatement d’incidents sécuritaires à caractère confessionnel, ni le maintien par Saad Hariri de sa démission, et encore moins l’isolement du Hezbollah. Un nombre impressionnant d’échecs qui mériterait que la «médaille du fiasco permanent» soit délivrée à l’Arabie saoudite et à ses nouveaux dirigeants inexpérimentés.

S’il fallait tirer une leçon de ces trois échecs, c’est qu’il n’est pas bon d’être un allié de l’Arabie saoudite dans la région car soit on finit dans un cercueil, comme Ali Abdallah Saleh, soit en pré-retraite politique, comme Barazani, soit on subit une grande humiliation, à l’instar de celle infligée à Saad Hariri.

Source: french.alahednews

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