noscript

Please Wait...

ramadan2024

Un courant favorable au report de l’acte d’accusation émerge aux Etats-Unis…

Un courant favorable au report de l’acte d’accusation émerge aux Etats-Unis…
folder_openAnalyses access_time depuis 13 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Soraya Hélou- Londres

Il est désormais certain que le Liban est entré dans une sorte de période de trêve au moins jusqu’au mois de janvier. Les menaces concernant la publication imminente de l’acte d’accusation du TSL connaissent une pause et le Conseil des ministres est en congé des fêtes de fin d’année. Toutefois, les agressions verbales du camp du 14 mars contre le Hezbollah et l’opposition en général ne semblent pas vouloir baisser d’un cran, comme si ce camp, se sentant en perte de vitesse n’a le sentiment d’exister que s’il acte ses adversaires. Le camp du 14 mars multiplie donc les déclarations dans lesquelles il affirme que ce n’est que partie remise et que l’acte d’accusation du TSL devrait paraître au plus tôt, ajoutant que le Hezbollah se comporte comme un accusé. Ces menaces à peine déguisées sont étayées par des déclarations de responsables occidentaux comme ministre britannique des AE qui a annoncé récemment que le Liban connaîtrait des troubles à partir du mois de janvier 2011. Ces déclarations sont d’ailleurs étonnantes surtout de la part de responsables occidentaux qui en principe ne se permettent pas d’annoncer ce genre de mauvaises nouvelles ouvertement et les transmettent généralement, lorsqu’ils en ont par des voies diplomatiques ou sécuritaires. Mais voilà, au Liban rien ne se passe jamais comme dans le reste du monde.
Ces déclarations intempestives ressemblent en effet plus à des menaces visant à maintenir la pression sur le Hezbollah et l’opposition, plutôt qu’à des données vérifiées. C’est comme si la communauté internationale craignait que le report évident de l’acte d’accusation (il avait été annoncé pour l’été, puis pour septembre et récemment pour décembre) ne permette au Hezbollah de sentir qu’il a gagné la première manche et par conséquent d’affaiblir encore plus le camp du 14 mars  déjà affaibli par ses mauvais choix, ses changements d’orientation ( comme le voyage en Iran du Premier ministre Saad Hariri) et les fuites de Wikileaks qui montrent le double langage d’une grande partie de ses membres. Pourtant, selon des sources diplomatiques bien informées, le Hezbollah pourrait ne pas avoir gagné la première manche mais peut-être toute la bataille du TSL. Ces sources révèlent en effet qu’il existe un courant de plus en plus important  au sein de l’administration américaine, notamment dans le National Security Council, qui penche pour la non publication de l’acte d’accusation dans un proche avenir. Selon ces sources, la thèse de ce courant repose sur les données suivantes : d’abord la menace de la publication de l’acte d’accusation est plus utile comme moyen de pression que sa publication effective. De plus, si cet acte est publié, sans entente préalable entre les Libanais, le Hezbollah et l’opposition risquent fortement de mettre à exécution leurs menaces de réagir. Sans avoir une idée précise du plan d’action de l’opposition, les partisans de cette théorie sont convaincus que celle-ci placera le pays sous son contrôle, avec ou sans violence, (et si elle renverse la majorité parlementaire sans le moindre acte de violence, la communauté internationale ne peut qu’accepter ce processus politique démocratique- tous les diplomates et émissaires internationaux sondés sur cette question y ont répondu très clairement). Dans ce cas, le camp du 14 mars ne sera plus au pouvoir ou y sera minoritaire, sans moyen d’influer sur les décisions importantes. De la sorte, la communauté internationale serait privée de son meilleur allié au Liban, qui basculerait presque entièrement dans l’axe dit syro-iranien. Les intérêts occidentaux recevraient ainsi un coup important puisqu’ils perdraient une prise directe sur le cours des événements au Liban et en l’absence d’un plan d’agression israélien clair et aux résultats garantis, cela risquerait de renforcer encore plus l’opposition et le Hezbollah en particulier. Dans ce contexte, ce courant pencherait donc vers un report de la publication de l’acte d’accusation pour une période prolongée, de manière à maintenir la pression sur le Hezbollah tout en observant l’évolution des données régionales, notamment le dialogue entre la communauté internationale et l’Iran.
Un autre courant au sein de l’administration américaine, notamment au Département d’Etat traditionnellement plus proche du  lobby sioniste, pense au contraire qu’il faut publier l’acte d’accusation au plus tôt pour accélérer le processus de déstabilisation du Liban et de division des Libanais. Jusqu’à présent, le premier courant semble en train de marquer des points et s’il y a eu un nouveau report, c’est qu’il peut y en avoir d’autres. Sans oublier le fait que le TSL est en train de se transformer en fardeau avec les irrégularités juridiques dans les amendements de son statut, les révélations de Wikileaks sur les contacts entre le procureur Bellemare et les renseignements américains. Ce n’est sans doute pas un hasard si dans son dernier discours politique le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a affirmé que des scandales pires que ceux de Wikileaks attendent le TSL… Pour l’instant donc, on ne peut pas dire qu’un courant américain a remporté la partie. Mais aux Etats-Unis et au sein de la communauté internationale, de plus en plus de voix penchent vers un report de l’acte d’accusation…Le camp du 14 mars ne peut pas ignorer cette tendance et il cache ce nouveau camouflet en haussant le ton. Une fois de plus, il vit dans ses illusions et le réveil n’en sera que plus dur.        

Comments

//