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Démission forcée de Hariri: agendas identiques de l’Arabie saoudite et d’«Israël»

Démission forcée de Hariri: agendas identiques de l’Arabie saoudite et d’«Israël»
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   Par Samer R. Zoughaib

L’onde de choc provoquée par la démission forcée du Premier ministre Saad Hariri a été absorbée sur les plans politique, économique et sécuritaire grâce à la gestion remarquable de la crise par le président de la République Michel Aoun et les principaux responsables du pays. L’Arabie saoudite n’a pas réussi à atteindre ses objectifs primordiaux, qui correspondent exactement à ceux d’«Israël». Mais elle continue d’essayer.

Démission forcée de Hariri: agendas identiques de l’Arabie saoudite et d’«Israël»

La calme, la retenue et la sagesse, adoptés par le président de la République, Michel Aoun, dans la gestion de la crise actuelle, provoquée par la démission forcée du Premier ministre Saad Hariri et son assignation à résidence surveillée dans le royaume wahhabite, ont permis de déjouer les objectifs à court terme que s’étaient fixés les Saoudiens, conduits par le prince héritier Mohammad Ben Salman. Le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, avait donné le ton dès dimanche 5 novembre, en adoptant des propos apaisants et en refusant de débattre du contenu du texte de la démission lu par Saad Hariri, bien qu’extrêmement virulent à l’égard de la Résistance et de l’Iran. Sayyed Nasrallah a affirmé que ce texte a été écrit par des mains saoudiennes et imposé au Premier ministre, et qu’il convenait, par conséquent, de ne pas y répondre afin d’éviter le piège tendue par Riyad. Les Saoudiens espéraient que l’annonce de la démission et les raisons invoquées par Saad Hariri dans le texte qui lui a été imposé, suffiraient pour provoquer une grave polémique dans le pays, feraient monter la tension dans la rue, et provoqueraient la déstabilisation du pays. Rien de tout cela ne s’est produit. Le président Aoun, soutenu par le chef du Législatif Nabih Berry et le leader druze Walid Joumblatt, a refusé de prendre acte d’une démission présentée sur le sol d’un pays étranger. Cette position a vite trouvé un écho favorable auprès de l’opinion publique libanaise, y compris la rue sunnite, qui a estimé que le traitement infligé à Saad Hariri, constitue une atteinte à la dignité nationale, vu que la présidence du Conseil des ministres est un symbole fort de la souveraineté du pays.

Echec de la diversion saoudienne

La diversion saoudienne, qui consistait à focaliser le débat sur les raisons invoquées par Saad Hariri pour démissionner, a échoué. Certes, quelques hommes politiques et journalistes ont bien tenté –conformément aux instructions du ministre saoudien Thamer al-Sabhane- de rediriger le débat vers cette question. Mais devant l’ampleur de l’indignation nationale, leurs voix restent inaudibles. Surtout que le Courant du futur et son bloc parlementaire, n’ont pas couvert cette poignée de mercenaires, qui refusent de reconnaitre l’anormalité de la situation.

Le président Aoun a consolidé sa stratégie en procédant à de larges concertations avec l’ensemble de la classe politique, dans le but de renforcer l’unité nationale. Le message transmis à tous les interlocuteurs qu’il a reçus lundi et mardi au Palais de Baabda est clair: l’heure n’est pas à la recherche d’un successeur à Saad Hariri ni à réfléchir à la composition du prochain gouvernement, mais au retour du Premier ministre à Beyrouth. Le Courant du futur a couvert cette démarche en publiant un communiqué, mardi, affirmant qu’il «attendait le retour au Liban du président Hariri».

Parallèlement, le président Aoun a présidé des réunions sécuritaires et économiques afin d’absorber les éventuelles conséquences de la démission forcée de M. Hariri. Sur le plan de la sécurité, l’armée et les services de renseignement ont été appelés à rester vigilants. Dans ce contexte, la troupe a installé de nouveaux barrages et multiplié ses patrouilles au Liban-Nord, notamment dans la région de Halba. D’autre part, les milieux économiques et financiers n’ont pas observé une sortie de capitaux du Liban, et les pressions sur la livre étaient moins fortes que prévues. Mardi, ces pressions ont baissé de moitié et la Banque du Liban (BDL) a dépensé quelque 150 millions de dollars plus qu’à l’accoutumé, un montant jugé raisonnable par les experts.

Renforcer l’unité nationale

La priorité est donc de renforcer la scène interne et de poursuivre les contacts avec les capitales amies de l’Arabie saoudite pour qu’elle autorise le retour de Saad Hariri à Beyrouth. Il ne fait plus de doute qu’il est retenu contre son gré. Les détails rapportés par son garde du corps Mohammad Diab, rentré seul mardi soir à Beyrouth, l’attestent. Celui qui est censé ne pas quitter le Premier ministre d’une semelle a affirmé aux autorités officielles qui l’ont entendu qu’il ne savait pas où se trouvait M. Hariri. Il a aussi ajouté que les téléphones portables de ses compagnons ont été confisqués.

Les questions pressantes posées par la France et la Grande-Bretagne sur le sort de M. Hariri aux autorités saoudiennes commencent à donner leur fruit. C’est pour cela qu’elles ont organisé une visite éclair au Premier ministre à Abou Dhabi, mardi, pour donner l’impression qu’il est libre de ses mouvements. Mais cette mise en scène n’a pas convaincu ni à Beyrouth ni dans les capitales occidentales. La presse internationale aussi commence à se poser des questions. Le New York Times a publié, ce mercredi, un article intitulé: «Où est Saad Hariri? Les Libanais veulent savoir». La journaliste Anne Barnard écrit notamment: «Le Liban est habitué aux affronts contre sa souveraineté. Israël l’a occupé pendant des années et les troupes syriennes sont restées encore plus de temps (…). Mais personne n’aurait pu imaginer assister à un spectacle comme celui qui s’est produit ces derniers jours. Saad Hariri, le Premier ministre, qui n’avait donné aucun signe sur son intention de démissionner, entreprend un voyage imprévu en Arabie saoudite, d’où il annonce sa démission. Cela a choqué même ses plus proches conseillers. Depuis, il n’est toujours pas revenu au Liban et personne ne sait si et quand il va retourner». Citant le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk, la journaliste poursuit: «Il (M. Machnouk) admet qu’il n’a pas parlé à M. Hariri depuis que le Premier ministre est allé en Arabie saoudite. Il reconnait l’incertitude à laquelle le Liban est confronté. Il a dit qu’il semble que l’Arabie saoudite a dicté, au moins, le timing de la démission».

La classe politique libanaise réclame donc le retour de son Premier ministre avant de parler de toute autre chose, au grand dam de l’Arabie saoudite et d’«Israël». Dans ce contexte, la «dixième chaine de télévision israélienne» a dévoilé, ce mercredi, l’existence d’une campagne diplomatique préparée par l’entité sioniste pour soutenir sur la scène internationale les politiques de Riyad. La chaine parle d’un «document secret inédit appelant les ambassadeurs d’‘Israël’ à appuyer les positions saoudiennes dans la guerre du Yémen», à mener une campagne contre ce qu’elle a appelé «l’expansion chiite dans la région» et «à convaincre les dirigeants du monde à empêcher l’intégration du Hezbollah dans le prochain gouvernement».

A ceux qui doutaient encore que l’agenda politique régional de l’Arabie saoudite est identique à l’agenda sioniste, la preuve est venue de la bouche même des «Israéliens».

Source: French.alahednews

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