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La partition de l’Arabie saoudite n’est qu’une question de temps

La partition de l’Arabie saoudite n’est qu’une question de temps
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Par Ali Mourad*

Dans son discours, la dixième nuit de Muharram, le secrétaire général du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah, a adressé plusieurs messages très importants, évoquant les risques du projet de séparation de la région du Kurdistan, sur les pays de la région soulignant que «la question du Kurdistan ne consiste pas en un référendum ou une autodétermination, mais consiste en la fragmentation de la région sur des critères ethniques». Sayed s’est penché sur ce sujet soulignant que «la scission du Kurdistan conduira à la division de l'Arabie saoudite, l'un des pays les plus menacés par la fragmentation dans la région».

La partition de l’Arabie saoudite n’est qu’une question de temps

Son Éminence pouvait avertir tous les pays de la région, du danger du mouvement kurde sur l'avenir de la région en général, sans nommer un pays spécifique, mais en nommant l'Arabie Saoudite et en disant qu'elle est éligible à la division cela a suscité à observer de près cette possibilité et se pencher sur les indices de la fragmentation de l’Arabie.

Le projet de fragmentation a toujours été remis en question. De nombreuses voix doutaient sur l’origine et la fiabilité de l’idée de diviser la région sur des bases nationales, religieuses et sectaires. Les versions et les écrits à cet égard sont nombreux, la version la plus célèbre est celle du penseur sioniste britannique Bernard Lewis dans ce qu'il appelle «le nouveau Moyen-Orient».

Lewis a évoqué, depuis les années 1970, dans plusieurs de ses livres, la division des pays du Moyen-Orient et de l'Asie centrale en plusieurs petits états ethniques. Bien sûr, la plupart de ce qu'il a prédit dans sa vision du monde en 1994 dans son livre "The Shaping of the Modern Middle East" a échoué, à l'exception de la division du Soudan, qui a réussi en 2010. Le penseur et l'historien égyptien Dr. Abdel Wahab al-Messiri avait déclaré dans un article publié en 2006 intitulé «Le Nouveau Moyen-Orient dans l'Imagination américaine et Sioniste» : «il est certain que la stratégie occidentale envers le monde musulman depuis le 19 éme siècle découle de la conviction que le monde arabe et musulman devrait être divisé en différents états ethniques et religieux, de sorte qu'il soit facile à contrôler». Al-Messiri cite avec ironie dans son article, certains des écrits des néo-conservateurs à Washington et à «Tel-Aviv» sur la division des pays arabes, en raison de leur échec à dépasser la première étape du projet en juillet 2006, lorsque la résistance a vaincu l'ennemi dans le sud du Liban, comme le répète toujours Sayed Nasrallah dans la plupart de ses discours lorsqu'il parle des réalisations de la résistance.

Les anciens plans pour la division de l'Arabie saoudite

Dans la carte inspirée par le schéma divisionniste de Bernard Lewis, l'Arabie saoudite apparait, divisée en trois états: le premier à l'Est pour les arabes chiites, le second en Occident appelé l’«État islamique Saint», le troisième au centre appelé l'«État saoudien indépendant», ainsi que l’annexion d’une partie des territoires du nord (Tabuk) à la Jordanie, et les zones de Jizan, Najran et Asir dans le sud qui feront de nouveau partie du Yémen.

Le 1er juin 2006, Ralph Peters, un officier américain à la retraite, a publié dans le Journal des forces armées «Armed Forces Journal», un article intitulé «les limites du sang» (Blood Limits).

Cet article contient un schéma similaire à celui de Louis, comprenant certains détails et explications plus évidents. L'officier américain considère que les Saoudiens souffriront de la perte d'une grande partie de leurs terres, tout comme le Pakistan. Il ajoute que les Saoudiens contrôlent les deux lieux saints à Makkah et Madinah et traitent les sanctuaires de manière féodale, ce qui a causé de grands problèmes aux musulmans du monde en raison de l’idéologie Wahhabite qu'ils imposent à tous les musulmans.

«Peters» présente l'idée de l'indépendance d’Al-Hijaz de l'autorité des Saoudiens pour être dirigée par un conseil représentant les diverses écoles islamiques dans le monde entier semblable à un «Vatican islamique». En ce qui concerne la région de l'est riche en pétrole, Peters souligne qu’elle doit être gouvernée par sa population indigène chiite, les frontières de la Jordanie s’étendront pour inclure une partie du nord saoudien alors qu’une partie du sud rejoindra le Yémen.

Le changement des points forts en points faibles

Il est vrai que la plupart des plans de division de notre région développés par les Occidentaux n'explique pas en détails le parcours exact à adopter, mais leur raisonnement peut être déduit. Tout d'abord, il est normal que tous les pays possédant une force interne de dissuasion soient difficiles à diviser, une force interne acquise par la volonté populaire et nationale selon laquelle se forme une force militaire capable de contrecarrer toutes tentatives de division. Dans le cas de l'Arabie Saoudite, il n'y a ni élections, ni système démocratique, et le pouvoir est entre les mains d’un seul homme aux pouvoirs absolus qui nomme son héritier, en l'absence de toute autorité qui surveille le règne du gouverneur. On peut dire que le régime saoudien repose sur trois facteurs qui ont longtemps consolidé sa gouvernance et contribué à sa continuité: l’histoire de l’entourage du régime, la cohésion de la famille royale et la protection américaine.

L’histoire de l’entourage du régime

En fait, même l’entourage du régime dans la région tribale de Najd n'a pas choisi la famille saoudienne selon le système démocratique de Shura, puisque Al-Saoud ont toujours levé l'épée contre la plupart des tribus jusqu'au début du 20ème siècle. Avec la montée de la renommée d'Abdel Aziz un contrat oral a été conclu, basé sur l'allégeance au roi et la bénédiction de l'établissement religieux en échange des gains dont bénéficieraient les autres tribus.

Les fils des tribus ont participé à la plupart des guerres d'Abdul Aziz pour contrôler de vastes zones du territoire de la péninsule arabique en échange d’une part du butin. Avant la découverte du pétrole, Abdul Aziz a fait face à un gros problème qui est son incapacité à assurer les fonds et les armes pour ces tribus, qui contribuaient à la mise en place de l’état saoudien, et craignait leur infidélité à cet égard.

Plus tard, avec la découverte du pétrole, Al-Saoud ont fusionné les tribus de Najd dans les institutions du gouvernement et ont nommé leurs fils dans les postes ministériels et les départements officiels. Mais ils détenaient toujours la part la plus importante des postes administratifs dans les ministères et les établissements militaires (la garde nationale est constituée de brigades contrôler par les fils de ces tribus). Ce phénomène a été bénéfique à la plupart des fils des tribus à l’exception des habitants des régions de l'est, de l'ouest et du sud du Royaume qui ont été privés de ces avantages. Au point qu’une règle considérant les habitants de la région de l’est d'Asir, de Jizan et de Najran, des citoyens de deuxième et troisième degré, a dominé dans les régions orientales et méridionales. Cette mentalité a été accompagnée par un sentiment d'injustice chez les habitants de ces zones, qui sont obligées d'obéir et de céder à cette situation, et tout mouvement la dénonçant est confronté par la violence et la politique de «la poigné de fer» du régime interne (jusqu’aujourd’hui).

Après la mort de l'ancien roi Abdallah, le roi Salman a adopté et a poursuivi une politique qui a causé la défaillance du système, tant au niveau des guerres perdantes dans la région, et la politique d'inondation du marché pétrolier, ce qui a conduit à la chute des prix du pétrole et la dégradation de l'économie jusqu’au déficit. Deux ans et demi est la durée du règne de Salman jusqu'à présent, cette période a témoigné de la suppression de la plupart des privilèges et des offres et des bonus dont bénéficiaient principalement les enfants de l’entourage royal, avec le déclin de l'influence de l'autorité religieuse dans la société et notamment à Najd (en raison de la politique menée par le fils Mohammed Bin Salman pour parvenir au trône).

Aucun signe d’amélioration sur le plan de l'économie n’est visible dans l’avenir proche à la lumière de la détérioration continue de l’économie et l’évolution du niveau d'endettement pour combler le déficit. Tout cela affectera l’entourage incubateur du régime dont les intérêts commencent à être affectés, en particulier avec l'émergence du conflit tribal dans le contexte de la crise saoudo-qatarie, et l'incitation mutuelle des deux pouvoirs.

La cohésion de la famille royale

Les fils d'Abdul Aziz ont toujours fait leur possible pour montrer des signes d'harmonie et d'unité entre eux même au bon milieu des crises. Au cours de la crise entre le roi Saoud et son frère Faisal au début des années 1960, ils ont voulu à tout prix dépeindre à leur peuple que leur consensus envers Faisal a réglé leur différend et a conduit au retrait de Saoud.

Plus tard, avec l'escalade du conflit entre Abdullah et le clan al-Sudairi, il était primordial qu’aucune information concernant leurs problèmes ne soit diffusée dans les médias, mais certains diplomates américains ont révélé certains détails du conflit, en particulier la course entre les émirs pour la nomination du fils de l’un d’eux successeur au trône.

Salman et son fils, ont peut-être eu de la chance que les princes Sultan et Nayef sont décédés avant le roi Abdallah, en particulier suite à l’hésitation d’Abdullah au sujet de la succession de son fils Mitaeb. Bien que Salman ait essayé de manigancer un scénario pour nommer son fils héritier au trône, mais les événements qui ont suivi l'exclusion de Moukrine en Avril 2015 et l’isolement Mohammed bin Nayef en Juin 2017 confirment sans aucun doute que l'homme essayait d'absorber les réactions familiales qui sont jusqu’à présents inconnus.

La famille royale en Arabie Saoudite a changé durant les décennies passées. De temps en temps des informations se déroulent concernant l'arrestation d'un prince, la mise d'un autre sous surveillance ou l'isolement du ministre de la Garde nationale Mitaeb bin Abdullah de son poste et la fusion de son ministère avec le ministère de la Défense. Il est clair que ses mesures punitives ne sont pas liées à la désobéissance des princes, mais ces procédures sont plutôt des opérations proactives en raison du manque de confiance qui règne et les possibilités de complots contre le prince héritier au trône. Ainsi, le roi saoudien a préparé le terrain pour les conflits futurs entre les princes de la famille régnante et l'émergence d'alliances secrètes pouvant conduire à des coups d’état dans plusieurs régions ou au moins créer des troubles conduisant à la déclaration de l'état d'urgence au sein de la famille royale, notamment suite à l’affaiblissement de la force centrale à Riyad, à la dégradation économique et aux mesures restrictives adoptées.

La protection américaine

Le président américain Donald Trump avait déclarée au cours de ses discours électoraux, à plusieurs reprises, «que les pays du Golf ne seront pas en mesure de survivre sans notre protection». Trump veut à tout prix faire payer aux saoudiens le prix de protection américaine qui durent depuis les années 1980 et qui selon lui a été fait gratuitement. Les saoudiens ont été furieux, lorsque l’ancien président américain Barack Obama a laissé entendre dans une interview accordée au magazine The Atlantic en Mars 2016, que l’Amérique ne pouvait pas considérer l’Arabie Saoudite comme un allié et que «le Riyad doit arrêter de profiter gratuitement de la politique de protection et de prise en charge et commencer à résoudre ses propres problèmes seule et ne plus nous demander de mener des guerres en son nom». Et peu de temps après l'ex-chef des renseignements saoudiens Turki al-Faisal, a publié un article intitulé «Non... Monsieur Obama», dans lequel il a exprimé la crainte qui a saisi Al-Saoud de l'idée de la rupture des relations avec Washington, au moment où les membres du Congrès voulaient adopter la loi «Jasta», qui condamne Riyad pour sa participation aux attentats du 11 septembre 2001.

Cette peur se reflète dans la précipitation saoudienne envers Trump avec sa victoire aux élections présidentielles. Riyad a cherché à satisfaire Trump pour de nombreuses raisons, notamment parce qu’au cours de la dernière année de la présidence de Barack Obama l’escorte du roi saoudien ont eu le sentiment que Washington a décidé d'abandonner la famille royale. L'expansion et la consolidation de cette croyance affaibliront un pilier fondamental sur lequel se base le régime pour maintenir sa cohésion interne. L’entourage du roi sait bien que le pouvoir à Riyad ne peut pas continuer à gouverner si Washington décide que sa validité est terminée. Tout cela a emmené le roi Salman et son fils à mettre les clés du royaume entre les mains de Trump avec la vision 2030 de Mohamad ben Salman et poursuivront dans cette voix jusqu’à offrir à Trump le royaume en entier, ce tourbillon dans lequel se fonce le roi et son fils dégradera la situation interne en Arabie.

La compagnie Aramco, la fierté d’Al-Saoud qui se sont toujours vantés d’avoir sa grande majorité (qui rémunère la plupart du budget du trésor public), est sur le point d'être mise en vente en 2018 et fera son entrée à la bourse bientôt, l'investisseur américain prendra la part la plus grande dans cette vente, Al-Saoud perdront ainsi le contrôle de la compagnie. De la une question se pose: Si Al-Saoud sacrifie leur trésor sacré «Aramco», que restera-t-il à la famille royale face aux Américains qui cherchent à avaler l’économie saoudienne, pour des raisons internes et externes ?

L'Arabie saoudite semble aujourd'hui avoir cédé au choix qu’elle a pris en se jetant dans les bras américains. Auparavant, Riyad a eu plusieurs chances d’avoir son indépendance des américains et de lancer une politique personnelle qui ne repose pas sur l’ingérence de Washington. Il est clair pour les analystes et observateurs que Riyad a choisi de se livrer plus que jamais aux projets américains dans la région, tout en connaissant son destin et le résultat de ce choix. L’Arabie soutient, en partenariat avec les sionistes, les projets de division de l'Irak qui nuira à Téhéran, en premier lieu, et à la Turquie en second lieu, et cherche la liquidation de la cause palestinienne et à dévoiler leur relation avec l’entité sioniste, croyant peut-être que sa relation avec «Tel Aviv» pourra retarder le projet de division de l’Arabie.

Source : Alahednews, traduit par l'équipe du site

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