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Discours de sayed Nasrallah le 31 août 2017

Discours de sayed Nasrallah le 31 août 2017
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Au nom de Dieu

Pour commencer, je voudrais vous présenter mes excuses, à tous.  J’aurais dû être avec vous, à  Baalbeck en cette journée grandiose et à cette occasion tout aussi grandiose, tout comme je m’étais rendu à Bint Jbeil le 25 mai 2000. Hélas, les circonstances sont différentes, l’avant- guerre de juillet 2006 est différent de l’après- guerre de 2006. Surtout en de tels jours : les Israéliens sont en colère, Netanyahu est en colère et le projet des Américains et des Israéliens dans la région est sur le point de s’effondrer. Les frères n’ont donc pas accepté ma demande de me rendre sur place à Baalbeck. Ils m’ont dit : Il faut que la joie reste une joie. Je vous présente donc mes excuses et j’aurais réellement voulu être avec vous, quel qu’en soit le prix.

Discours de sayed Nasrallah le 31 août 2017

Je vous souhaite donc à tous la bienvenue et je bénis cette victoire grandiose, celle de l’armée, du peuple et de la résistance contre tous les terroristes qui occupaient notre chère terre libanaise. Nous annonçons ensemble que le 28 août 2017 est la fête de la seconde libération. Je vous remercie aussi, vous tous qui êtes venus de toutes les régions du Liban et je remercie en particulier nos chers habitants de la Békaa pour votre réponse rapide et rayonnante à mon appel. De toute façon, c’est ce que j’attendais, parce que c’est comme cela que vous avez toujours été, des gens loyaux, fidèles et dévoués.

Permettez-moi de commencer par le volet spirituel et religieux avant  de passer au politique.  Aujourd’hui est le 19ième jour du mois du  pèlerinage, connu chez les musulmans sous le nom du Jour de Arafat. En ce jour, plus de deux millions de pèlerins se tiennent en un même lieu, portant le même habit qui ressemble à  un linceul blanc. On ne peut pas distinguer le riche du pauvre, ni le suiveur du suivi, ni encore le chef du subalterne, tous prient Dieu, et  demandent Son aide, dans une scène qui ressemble au Jour de la Résurrection, où les hommes se tiennent dans un même lieu pour rendre compte de leurs actes, être récompensés ou punis.

Ce spectacle impressionnant à Arafat exprime la force de cette oumma qui ignore ses points forts et a été empêchée jusqu’à ce jour de les utiliser dans l’intérêt de ses populations.

Ce que nous souhaitons aujourd’hui et nous demandons à Dieu de le réaliser c’est que les consciences se réveillent et que les esprits des dirigeants, des ulémas, des élites et des populations dans notre oumma arabe et islamique soient éclairés et parviennent à nous sortir  de cette crise-discorde qui frappe notre monde arabo-musulman. Cette crise se concrétise par la discorde confessionnelle, le takfirisme, les guerres civiles qui aveuglent les gens, les plus sages et les plus jeunes et pousse le croyant à douter de ses croyances. Notre discours en ce jour précis, à partir de Baalbeck s’adresse aux pèlerins pour qu’ils rentrent chez eux sains et saufs, pleins de foi et avec des prières reçues et acceptées.

Toujours dans le cadre de cette occasion religieuse, nos pensées vont à Karbala où, en un jour comme celui-ci, le huitième du pèlerinage, l’imam Hussein, a quitté avec les membres de sa famille et ses partisans, La Mecque pour Karbala pour que cette religion et cette oumma se réveillent. Il a ainsi été soumis à l’attaque, sacrifiant ce qu’il a de plus cher, son fils en bas âge, les siens, ses partisans, ses femmes toute sa grande famille…Cet imam, ce sacrifice ainsi que le petit-fils du Prophète, l’imam Ali ben Abi Taleb resteront nos phares et nous Les saluons aujourd’hui.

Toujours en cette neuvième journée du pèlerinage qui tombe cette année le 31 août selon le calendrier chrétien, le régime libyen déchu a enlevé le chef imam sayed Moussa Sadr et ses deux compagnons cheikh Hassan Yacoub et sayed Abbas Badreddine, les éloignant de leurs familles et privant la oumma de ce chef éclairé qui concentrait en lui les rêves et les aspirations de la oumma. A ce sujet en particulier, je ne peux rien ajouter à ce qu’a déclaré hier le grand frère, le chef du mouvement Amal et le président de la Chambre Nabih Berry. Je voudrais en cette occasion, le remercier pour ses positions nationales courageuses et sages comme d’habitude, qui montrent une nouvelle fois qu’il est l’homme des défis en période de crise, une garantie nationale d’unité lorsque les divisions menacent le Liban. Je ne peux plus rien ajouter, sinon déclarer à l’imam disparu de force, de cette place même où il avait tendu la main alors que des milliers de fidèles avaient répété son serment : Notre imam aimé et notre chef inspirateur, je voudrais vous rassurer : vos fils à Amal et au  Hezbollah poursuivent le chemin que vous avez tracé et ils continueront sur cette lancée dans la résistance, la libération, le développement, à servir l’Homme, à protéger le Liban, son unité, son indépendance et sa souveraineté ainsi que l’unité de ses fils et la coexistence entre les chrétiens et les musulmans, la paix civile, la défense des déshérités, les relations privilégiées avec la Syrie, la défense de Jérusalem et de la Palestine. Sur ce chemin, nos frères ont donné des milliers de martyrs et ils ne changeront pas leurs positions. Ils sont remplis d’espoir que vous puissiez revenir à vos fils comme vous avez toujours été le chef, l’inspirateur, le maître et celui qui mène le chemin vers la Vérité et les victoires.

Chers frères et sœurs, la seconde libération que nous célébrons aujourd’hui à Baalbeck est un des fruits de l’arbre que vous avez planté, cher Imam, tout comme la victoire de juillet 2006 et la libération du 25 mai 2000. Chers frères et sœurs, nous nous réunissons aujourd’hui pour célébrer une nouvelle union nationale, une nouvelle victoire et une nouvelle libération. Permettez-moi de commencer par l’adoption d’une même appellation. J’ai parlé précédemment de « la seconde victoire ». Mettons-nous donc d’accord sur l’appellation  de « seconde libération », car les victoires sont trop nombreuses au point que nous ne pouvons plus les compter. La première victoire a été réalisée en 1985, lorsque l’armée d’occupation israélienne s’est retirée du Mont-Liban, de Beyrouth et d’une partie de la Békaa Ouest, de Rachaya, de Tyr, de Saïda, de Nabatiyé vers la bande frontalière. C’était une grande victoire pour le Liban. En 1993, une nouvelle victoire et en 1996, encore une autre malgré les martyrs de Cana, jusqu’à la grande victoire de 2000 et ensuite la victoire de 2006…Jusqu’à aujourd’hui. Je ne veux plus donner de numéro  car je crains d’oublier une victoire. C’est pourquoi je souhaite que  nous nous mettions d’accord sur la seconde libération. Que signifie cette victoire ? Comment l’avons-nous réalisée ? Quels en sont les acquis et les conséquences ? Autant de questions importantes auxquelles un discours, seul, ne peut pas répondre.

Toutefois, je vais essayer de répondre à certaines d’entre elles, dans la mesure du possible. Aujourd’hui, je voudrais  m’exprimer pour l’Histoire. Je ne veux pas entrer dans des   polémiques. Mais pour la vérité historique, certaines choses doivent être dites.

D’abord, un terrorisme a mis la main sur nos frontières à l’est et au nord. A la frontière Nord, la situation a été rapidement réglée et l’armée libanaise a exercé son contrôle sur cette partie de la frontière d’une façon acceptable. Elle a empêché cette frontière ainsi que les localités du Liban Nord de devenir un fief pour les groupes armés. Le  problème a eu lieu à la frontière est, c’est-à-dire entre nous et la Syrie.  Des groupes armés takfiristes et terroristes ont pris le contrôle d’une zone géographique des deux côtés de la frontière, des milliers de kilomètres ( je donnerai le chiffre à la fin du discours) et ils ont constitué une menace réelle pour le Liban et la Syrie. Mais comme la Syrie était tout entière en proie à la violence,  la menace était plus focalisée sur le Liban. De plus, ce terrorisme avait dévoilé ses intentions concernant le Liban. Il avait annoncé sa détermination à y entrer et à s’y installer pour y créer un émirat. Au minimum, il voulait s’emparer de Baalbeck et du Hermel, ainsi que du Nord et arriver jusqu’à la mer Méditerranée. Je n’invente rien. Tout cela est vérifié et documenté. Je dis cela pour la vérité historique. Cet ennemi a donc exercé son terrorisme : bombardements des localités, envoi de voitures piégées, envoi de kamikazes avec des ceintures explosives. Tout cela ne s’est arrêté que peu avant la dernière opération de libération.

Depuis le début de ce développement dangereux, les Libanais se sont divisés comme à l’accoutumée. En effet, nous nous sommes divisés sur un ennemi clair, que les pays arabes et la Ligue arabe considèrent comme tel au moins en paroles. Je parle de l’ennemi Israël. Mais sur cet ennemi aussi, les Libanais étaient divisés et se trouvaient face à trois options :

  1. Adopter une attitude de neutralité, et ne pas intervenir car on ne comprend rien à ce qui se passe.
  2. adopter une position positive. Je dis bien positive qui ne va pas jusqu’à la coopération : c’est-à-dire apporter des facilités à condition qu’on ne s’approche pas d’eux.
  3. Adopter la confrontation. D’importantes forces politiques au Liban, avec une large opinion publique ont appuyé le choix de la confrontation. Nous au Hezbollah, nous sommes allés sur le terrain pour cette confrontation.

 Au départ, nous avons combattu aux côtés de l’armée syrienne, car lorsque nous parlons de frontières et de menaces, il n’est plus question de territoire libanais ou syrien. Il s’agit d’un même territoire des deux côtés qui a été contrôlé par les terroristes et qui représente une menace pour les deux côtés.

Aux côtés de l’armée syrienne, nous avons commencé à nous battre dans le rif de Qousseyr. La bataille a  duré des années. La ligne s’étendait, du côté libanais ( mettons de côté la bataille menée du côté syrien), de rif al Qousseyr jusqu’à Masnaa et Jdaïdet Yabous, dans toute cette zone passée d’une façon ou d’une autre sous le contrôle des groupes armés.

Nous nous sommes battus là- bas, puis à  l’intérieur du territoire libanais dans la  chaîne orientale, dans les montagnes et   dans le jurd. Avec l’armée syrienne, nous avons eu beaucoup de martyrs et de blessés tombés dans cette  bataille, mais nous allions de victoire en victoire, reprenant le contrôle du territoire et encerclant les groupes armés, jusqu’à la dernière phase en juillet 2017. Naturellement, pendant toutes ces années, l’armée libanaise avait mené des batailles en territoire libanais dans le jurd   de Ersal. Tout  le monde en connaît les aspects controversés. Je ne souhaite pas entrer dans ces détails aujourd’hui. L’armée a aussi mené des batailles dans les jurds de Ras Baalbeck et de Qaa et elle a eu des martyrs.

Tout au long de la période précédente, l’Etat libanais n’a pas pu prendre une option décisive, pour la confrontation militaire, à cause des divisions politiques et des contradictions dans les choix politiques.  Chacun avait son contexte et son opinion sur le sujet. Mais pour être juste, il faut préciser que l’Etat est  entré dans une confrontation sécuritaire avec les groupes armés sur la scène interne libanaise et avec leurs réseaux et leurs cellules dormantes. Dans ce contexte, l’armée, les FSI, la Sûreté générale et la Sûreté de l’Etat ont obtenu des résultats très importants et très impressionnants.

Au cours de l’été 2017, le moment est venu d’en finir avec l’occupation de ce qui  reste de jurd et de frontière, d’autant que la menace est redevenue plus pressante, à travers la préparation de l’envoi de voitures piégées ou de kamikazes portant des ceintures explosives  pour lancer des attentats. A cette période, des informations étaient parvenues dans ce sens. Certains ont alors dit que ces informations étaient lancées pour faire peur. Mais   des informations précises disaient que Daech   se préparait à envahir deux  localités libanaises dans la Békaa, à Baalbeck Hermel, après avoir tué une partie de leurs habitants et pris le reste en otages pour les échanger par la suite avec des détenus à Roumié et dans d’autres prisons libanaises, ainsi que pour imposer des conditions précises à l’Etat libanais.

Cela se disait. Mais hier, les frères dans l’unité d’information militaire ont découvert un CD  (apparemment, les terroristes avaient oublié de le détruire) dans lequel un chef de Daech dit clairement vouloir attaquer deux localités libanaises. Il a même évoqué Qaa et Ras Baalbeck, qualifiant leurs habitants de « croisés ». Il voulait les envahir. Je souhaite que vous regardiez  l’extrait qui sera diffusé sur les chaînes de télévision. Nous n’avons pas donné tout le CD car il contient des phrases stupides…

Il est donc clair que le terrorisme aux frontières a été réactivé et avec force, à partir du printemps et l’été devait être une échéance  dangereuse. Nous avons décidé de commencer par libérer le jurd de Ersal et de Flita. Nous avons coordonné avec l’armée syrienne et tout le monde le sait. Nous en avons informé les responsables de l’Etat. Si l’Etat voulait d’ailleurs mené la bataille de la libération du jurd de Ersal en juillet, nous n’y aurions  eu aucun problème. Au contraire, nous aurions donné tout ce qui aurait pu nous être demandé dans cette bataille.

Ce que je sais- et je rappelle que tout ce que je dis aujourd’hui est destiné à la vérité historique- c’est que l’armée libanaise était prête à mener cette bataille. Mais des remarques au niveau de la décision politique ont suscité des  hésitations et la décision n’a pas été prise. Nous nous sommes donc rendus au jurd de Ersal, nous, la résistance et dans le jurd de Flita, nous  étions avec l’armée syrienne. Certes, les hésitations n’étaient pas dues à des faiblesses dans les capacités de l’armée libanaise, mais à cause de considérations politiques et certaines humanitaires ou du même genre.

Nous avons donc accompli cette  mission dont l’exécution a pris quelques jours. Nous avons libéré la terre qui était occupée par l’ex-Front al Nosra dans le jurd de Ersal et dans le jurd de Flita, sous la houlette de l’armée syrienne. Nous avons aussi libéré des frères pris en otages et retrouvé les dépouilles de nos martyrs. Vous avez tous vécu cette victoire encore proche.

Mais comme d’habitude, au Liban, au lieu de célébrer la victoire, les Libanais se sont lancés dans des polémiques. Certains ont dit qu’il n’y a pas eu de bataille véritable et qu’il s’agit d’une comédie. 27 martyrs, c’est une comédie ?

Nous avons malgré tout dépassé cette question et nous avons commencé à préparer la dernière étape. Nous avons aussi  informé tout le monde que nous voulions en finir avec cette menace cet été, car, en toute franchise, nous ne voulions pas que l’hiver et la neige arrivent alors que l’armée et la résistance sont encore en état d’alerte dans le jurd.

Certains s’installent devant leurs chauffages sur le littoral et ne se soucient de rien. Mais en même temps, des soldats et des résistants qui veillent dans le jurd du côté libanais et du côté syrien. Il fallait donc que cette situation soit réglée.

Il y a eu des discussions directes. On nous a ainsi demandé d’attendre un peu car l’Etat libanais souhaite prendre la décision de laisser l’armée accomplir le travail de libérer le reste du jurd de Ersal, de Fakiha, de Ras Baalbeck et de Qaa, jusqu’à la frontière. Nous avons dit que nous en serions très heureux et que nous sommes prêts à faire tout ce qu’on nous demande, si on nous le demande, en territoire libanais. Et si on ne nous demande rien, pas de problème, nous serons de l’autre côté de la frontière avec l’armée syrienne.

J’ai même dit, des frères ont transmis ces propos à qui de droit, que la fin de cette bataille soit accomplie par l’armée libanaise qui couronnera cette libération qui a commencé depuis plusieurs années. Nous sommes à la dernière étape et qu’elle soit accomplie par l’armée libanaise. C’est ce qui s’est passé grâce à Dieu. Les deux opérations simultanées ont eu lieu « l’aube du jurd » et « Si vous revenez, nous reviendrons »  ont commencé en ce samedi matin béni et se sont achevées le lundi 22 août 2017. Tout le territoire libanais a été libéré et la frontière a été sécurisée. L’émirat de Daech est tombé. Même chose du côté syrien. La terre a été libérée et les terroristes chassés. Même si on ne peut pas dissocier cette bataille de celle qui se déroule en Syrie et en Irak, je peux dire que le territoire qui était occupé par les terroristes le long de la frontière au Liban et en Syrie était de 3684 km2.  Autrement dit, il faisait trois fois la superficie de la bande frontalière. 2920 km2 en territoire syrien et 764 km2 en territoire libanais. Certains seront surpris par ces chiffres. Au cours de la première étape, 624 km2 ont été libérés en territoire libanais et la libération a été achevée au cours de la seconde étape avec les 140km2 restants. Après ces précisions, je voudrais m’arrêter sur quelques points :

1-La décision prise par l’Etat libanais de laisser l’armée mener la bataille de « l’aube du jurd » est un développement très important. Elle représente une forme de l’exercice de la décision politique souveraine. Je ne dis pas cela pour faire plaisir. Je tiens à être précis et donner à chacun son droit, en toute franchise. La pratique de la décision souveraine est l’une des réalisations de ce nouveau mandat représenté par le président général Michel Aoun. L’homme dont je disais – et au Hezbollah nous avons cru et nous continuons de le faire- qu’il est courageux et fort, un chef indépendant qui ne suit pas et ne cède pas devant aucun Etat ou ambassade. Il ne craint pas les menaces ni les pressions et n’est pas attiré par les appâts. Je dis cela pour la vérité historique. Certains seront dérangés par ce que je dis, mais certains, au sein de la classe politique et dans les médias, le savent déjà.

Lorsque la victoire du jurd de Ersal a été remportée en juillet, les Américains ont envoyé aux responsables libanais un message de colère et de dérangement qui se  résumait ainsi : il ne fallait pas laisser le Hezbollah mener cette bataille. Lorsque l’Etat a décidé de confier à l’armée la seconde phase de l’opération dans le jurd de Ras Baalbeck, de Qaa et de Fakiha, les Américains ont aussi demandé que la bataille n’ait pas lieu. Ils ont même menacé de suspendre les aides à l’armée libanaise si l’Etat libanais maintient sa décision.

Ceux qui croient que je ne dis pas la vérité peuvent protester. Tout doit être clair, même s’il s’agit de secrets. Les Libanais doivent savoir qui est leur ami et qui profite d’eux ou cherche à exploiter leur sang et à jouer avec leur sort.

Je m’adresse surtout à vous,  habitants de Baalbeck, de Fakiha, de Aïn, de Qaa, de Hermel,  vous, les « voisins » de Daech au cours de la dernière période. Les Etats-Unis ne voulaient pas que Daech quitte vos collines, vos montagnes et votre jurd. Lorsqu’ils ont vu qu’il y avait une insistance pour mener cette bataille, les Américains ont demandé son report jusqu’à l’année prochaine, pour que les terroristes continuent à vous menacer un an de plus, avec les risques pour Daech d’envahir vos localités. C’est cela les Américains.

Il y a donc eu des pressions qui ont créé un malaise quelque part. Les Américains exerçaient des pressions et menaçaient de suspendre  leurs aides à l’armée. C’est là qu’intervient le point que j’ai évoqué plus tôt et qui concerne le chef de l’Etat, un président comme le général Michel Aoun. Il a cette qualité qui préserve le prestige de l’Etat et la décision prise a préservé le prestige de l’Etat. Sans cette décision, vous le savez tous, il n’y aurait plus eu d’armée fiable, de prestige, de reprise de confiance dans l’Etat et ses institutions…tout cela est terminé.

Où seraient en effet la souveraineté, la liberté et la libre décision dont nous parlons sans cesse, si les Américains peuvent annuler une décision prise par l’Etat libanais, qui plus est, est dans l’intérêt du Liban et dans celui de sa population, en particulier celle qui réside dans les localités de la Békaa ?

Le président Aoun a réuni le Haut Conseil de Défense en présence du Premier ministre, des ministres concernés et des chefs militaires et sécuritaires et il a tranché la décision libanaise.

Pour être juste, je dois préciser que le Premier ministre a approuvé la décision. Quant au président de la Chambre, ses positions sont connues avant et après cette bataille.

Nous sommes donc devant une nouvelle expérience au Liban au cours de laquelle une décision politique réellement souveraine a été prise. C’est un début prometteur. C’est à partir de là que nous commençons à reconquérir la souveraineté de l’Etat et celle de la décision, en prenant des positions courageuses conformes à l’intérêt national global.

Cela est en harmonie avec l’intérêt du Hezbollah. Quel est-il ? Un jour, ils  disent qu’il consiste à maintenir la présence des terroristes dans le jurd et le lendemain, c’est le contraire. Il faut s’en tenir à une opinion ! Cette conformité entre les intérêts du Liban et du Hezbollah pourrait expliquer la colère des Américains face aux résultats enregistrés par la double opération du jurd. Je me base sur ce point et sur ce qu’a déclaré le président Michel Aoun au cours de la cérémonie à la direction de la Sûreté générale à l’occasion de l’anniversaire de sa fondation, pour préciser qu’il y a encore un territoire libanais occupé par les Israéliens dans les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba. Ce territoire attend lui aussi une décision courageuse. En ce jour de célébration de la seconde libération et pour que la première libération soit complète, nous demandons à l’Etat libanais de mettre au point un plan pour la libération des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba. Je ne demande pas que l’on déclare la guerre ou que l’on entre dans une guerre contre Israël, mais de traiter la question avec sérieux et d’établir un plan global, politique, médiatique, psychologique, culturel, éducatif, diplomatique, sécuritaire, militaire etc, dans ce but.

Que l’Etat libanais vienne dire : Une partie de notre territoire est occupée dans les fermes de Chebaa et à Kfarchouba et voici le plan pour la ramener sous la souveraineté libanaise. Nous, au Hezbollah, nous accrochons beaucoup d’espoirs sur la réalisation de ce projet sous le mandat du président le général Michel Aoun.

2-L’armée libanaise a accompli un travail immense pour lequel elle doit être remerciée et félicitée. Nous disons qu’il faut renforcer la confiance politique dans la capacité de l’armée à accomplir les missions difficiles et dangereuses, d’une façon professionnelle et précise. Cette confiance doit être renforcée chez ceux qui prennent les décisions politiques. Quand ils prennent justement une décision, ils ne doivent plus avoir peur ni pour les pertes, ni pour les civils, les chefs militaires et le commandement de l’armée, ainsi que l’armée tout entière ont montré qu’ils sont dignes de confiance. L’appui  à l’armée libanaise pour qu’elle soit plus forte est notre revendication depuis longtemps. Car cela renforce la capacité du Liban et sa puissance face à tous les dangers. Le renforcement de l’armée n’annule pas l’équation en or. Au contraire, cela la rend plus solide et efficace. Plus l’armée est forte et plus la résistance est forte et plus le peuple le sera. Mais il aura toujours besoin de plus de force encore pour faire face aux menaces et aux ambitions israéliennes. Comme l’a déclaré le président Nabih Berry hier, ils ont recommencé à vouloir mettre la main sur notre eau, notre pétrole et notre gaz, ainsi que  le long de la frontière…Ceux qui croient que nous voulons une armée faible se trompent ou sont suspects.       

L’armée libanaise doit rester en dehors des conflits politiques. Elle doit continuer à faire l’unanimité des Libanais pour le bien du Liban et de la patrie. Celui qui se barricade derrière l’armée pour attaquer la résistance et l’inverse aussi, même si c’est plus rare, nuit à l’armée. Permettez de garder l’armée loin des conflits et cherchez d’autres barricades.

3-La justice exige que dans l’évaluation des résultats de cette bataille, nous rendions hommage aux martyrs de l’armée syrienne, du début jusqu’à la fin. Cette armée a eu un grand nombre de martyrs et de blessés tombés sur cette terre dont nous célébrons aujourd’hui la libération, surtout au cours des deux dernières batailles.

On peut dire qu’ils se sont battus pour nous, pour le Liban, à notre demande. En toute franchise, la libération du jurd de Flita, de Jarajir et de Kara ne faisait pas partie des priorités actuelles du commandement syrien. Ce commandement mène une bataille sur l’ensemble de sa patrie. Il a des priorités de combat sur d’autres fronts. Nous avons été voir le commandement et nous lui avons demandé  de nous aider en disant : la situation du jurd doit être réglée ainsi que celle de la frontière car elle constitue une hémorragie etc. il a donné son accord, en dépit de ses priorités différentes. Pour le commandement syrien, cela ne voulait pas dire grand-chose que l’ex-Front al-Nosra  se rende à Idlib ou soit éliminé dans le jurd de Ersal. Même chose pour les combattants de Daech dans le Qalamoun ouest. Au contraire, je dirais que l’évacuation des combattants de Daech du Qalamoun ouest vers une autre région était gênante pour le commandement syrien, car elle se produisait pour la première fois avec cette organisation terroriste.

Nous lui avons donc demandé, en affirmant qu’il s’agit d’une question nationale et humaine qui fait l’unanimité au Liban. Nous sollicitons votre aide pour que vous nous rendiez ce service. Nous ne pourrons pas connaître le sort des militaires enlevés qu’à travers ce compromis. Nous avons pourtant essayé…Vous voulez plus de détails ? Je me suis personnellement rendu auprès du président Bachar Assad à Damas et je lui ai dit :  M.le président, nous avons cherché des sources et nous avons alerté la Sûreté générale –je suis entré dans ces détails- nous avons obtenu des indications. Des recherches ont été effectuées. En vain. Même chose pour les sources des SR de l’armée et celles du Hezbollah, car il y a des combattants qui se sont rendus. Si la bataille se termine sans que le sort des soldats enlevés ne soit  connu, cela provoquera une grande crise humaine au Liban. Nous avons donc besoin de votre aide. Le président a répondu que cela va provoquer une gêne pour lui, mais malgré tout, il a accepté. Je l’ai remercié et j’ai demandé comment devait se faire les négociations. Il a répondu : si le gouvernement libanais souhaite les mener, il doit nous présenter une demande officielle. C’est ce dont j’ai déjà parlé et qui a provoqué un grand tollé dans le pays.  Il a poursuivi : si vous au Hezbollah vous voulez le faire, il n’y a pas de problème. C’est donc ce que nous avons fait. Les négociations ont abouti et le commandement syrien a supporté la gêne.

Aujourd’hui, je voudrais vous dire : le commandement syrien a supporté d’être coincé pour le Liban, non pour la Syrie. En tout état de cause, en ce jour de célébration de la seconde libération, nous remercions le commandement syrien, représenté par le président Bachar Assad. Nous remercions aussi nos frères syriens, en particulier l’armée arabe syrienne dans toutes ses unités pour leur participation détermination dans la réalisation de cette libération.

Puisque nous évoquons le sujet syrien, il est normal d’aborder la question de la coordination entre les deux pays. Certains croient que lorsque nous appelons à une telle coordination, nous cherchons à imposer notre vision au gouvernement libanais.  C’est faux. Nous donnons simplement notre avis. Certains prônent la non coordination avec violence et de façon humiliante, nous nous donnons notre avis et nous considérons que la coordination est dans l’intérêt du Liban, économiquement, sur le plan sécuritaire et même sur le plan politique. Nous n’exerçons pas de pression et nous ne cherchons pas à faire chuter le gouvernement pour imposer la coordination avec le gouvernement syrien. Nous n’avons aucune intention de ce genre et nous voulons que ce gouvernement reste en place. Pour l’instant, c’est à nos yeux, ce qui sert l’intérêt des Libanais.

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