noscript

Please Wait...

ramadan2024

Les menaces d’al-Sabhane et les accusations de Jubeir: des coups d’épée dans l’eau

Les menaces d’al-Sabhane et les accusations de Jubeir: des coups d’épée dans l’eau
folder_openAnalyses access_time depuis 6 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

   Par Samer R. Zoughaib

Les responsables saoudiens ont récemment procédé à une escalade verbale contre le Hezbollah et l’Iran. Certains naïfs de la politique au Liban commencent à rêver d’un renversement des rapports de force. Voilà pourquoi leurs paris n’ont aucune chance de se concrétiser.

Les menaces d’al-Sabhane et les accusations de Jubeir: des coups d’épée dans l’eau

Le tweet du ministre d'État saoudien pour les Affaires du Golfe, Thamer al-Sabhane, également chargé du dossier libanais, violemment hostile au Hezbollah, a provoqué une poussée d’adrénaline chez les milieux politiques du 14-mars. Le ministre saoudien a déclaré que «les crimes inhumains commis par le parti du diable (en allusion au Hezbollah) se retourneront de facto contre le Liban. Les Libanais doivent choisir s'ils sont avec ou contre lui.» Les débris du 14-mars et certains cercles du Courant du futur se sont remis à rêver, interprétant les propos d’al-Sabhane comme le signal d’une campagne globale et multiforme contre la Résistance au Liban. Ils ont été confortés dans leurs illusions par le chef de la diplomatie saoudienne, Adel Jubeir, qui a affirmé, quelques jours plus tard, que «l'Iran déstabilise le Moyen-Orient à travers le Hezbollah et les attaques terroristes».

Les «stratèges» du 14-mars ont commencé à véhiculer des scénarios prévoyant de «grands bouleversements qui vont réduire l’influence de l’Iran dans la région et, par conséquent, celle du Hezbollah au Liban». Le signal de ces changements sera la nouvelle loi des sanctions contre la Résistance, que le Congrès américain s’apprêterait à voter à la rentrée. Cela s’accompagne de rumeurs sur une décision européenne d’inscrire le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, après des pressions exercées par les pétromonarchies du Golfe.

Certains de ces nostalgiques de l’ère américano-israélienne, toujours à l’affût du moindre signe susceptible de leur remonter le moral, se sont empressés de lier les vastes manœuvres militaires «israéliennes» ainsi que le raid de l’aviation sioniste contre des positions de l’armée syrienne à Misiaf, à l’ouest de la province de Hama, au changement tant attendu.

Pour apporter un coup de pouce local à cette «campagne en préparation aux niveaux régional et international», des personnalités et des forces politiques se sont portées volontaires pour rencontrer à mi-chemin les Saoudiens et les autres. Le Courant du futur s’est même senti obligé, après les propos d’al-Sabhane, de se fendre d’un communiqué critiquant le Hezbollah et son intervention en Syrie.

Encore des paris perdus

Une fois de plus, les débris du 14-mars se lancent dans des paris perdus d’avance. Totalement ignorants des mécanismes de la géopolitique, sous-tendus par des rapports de force, croient-ils réellement que quelques mots sur twitter, une déclaration de Jubeir ou de nouvelles sanctions américaines sont susceptibles de changer les réalités sur le terrain, dessinées avec le sang des martyrs? Les succès enregistrés par la Résistance contre les takfiristes au Liban, et par l’armée syrienne et ses alliés en Syrie, ont drastiquement modifié les rapports de force. Tous les plans américains et «israéliens» de renversement du régime syrien et du président Bachar al-Assad, ou de démembrement de la Syrie, ont été enterrés dans le désert sous les chenilles des chars syriens. Le changement d’attitude de l’Europe vis-à-vis du Hezbollah n’est qu’un vœu pieux. Preuve en est que les pays européens (France, Espagne, Italie, Allemagne…) n’ont pas appuyé les tentatives américaines de modifier le rôle de la Finul au Liban-Sud.

Enfin, les manœuvres «israéliennes» sont un signe de faiblesse et de peur et non pas de puissance. Les experts et les commentateurs «israéliens» ont quasi-unanimement expliqué que ces exercices ont pour but de simuler une opération pour stopper une offensive de la Résistance en Galilée et l’occupation de colonies.

Des messages vides de sens

En fait, le tweet d’al-Sabhane et la déclaration de Jubeir traduisent la confusion et l’incohérence qui dictent la politique étrangère du royaume. Ils ont adressé des messages vides de sens, qui n’ont aucune portée stratégique. Al-Sabhane a voulu faire un écran de fumée, qui complète celui que le 14-mars a dressé au Liban, pour atténuer l’éclat des victoires de la Résistance contre les takfiristes au Liban et en Syrie. Il a voulu dire, à ses acolytes libanais, qu’ils ne sont pas seuls, et que bientôt des changements vont se produire. En sommant les Libanais de choisir s’ils veulent être «avec ou contre» le Hezbollah, le ministre saoudien veut inciter le Premier ministre Saad Hariri, plutôt enclin au compromis avec toutes les forces politiques internes, à ne pas aller trop loin dans sa relation avec le Hezbollah et son allié, le président de la République Michel Aoun.

La déclaration de Adel Jubeir avait, elle, une fonction plutôt interne à l’Arabie saoudite. Le chef de la diplomatie saoudienne a dit que «les déclarations du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif faisant état d'un rapprochement (entre Téhéran et Riyad) sont risibles». Il a accusé «l’Iran de soutenir le terrorisme et le Hezbollah». Cette escalade verbale vise à maintenir une impression d’intransigeance et de fermeté que le prince héritier Mohammad Ben Salmane veut se donner à l’intérieur du royaume pour faire taire ses détracteurs au sein de la dynastie des Saoud. Mais en réalité, Ben Salmane fait lui-même des appels du pied dans toutes les directions pour régler les crises qu’il a provoquées à cause de ses politiques incompétentes et irrationnelles. Il s’entretient au téléphone avec l’émir du Qatar, qu’il prétend vouloir mettre au pas; il envoie des signaux aux Iraniens à travers la coopération pour le hajj (pèlerinage); il se désengage en Syrie et autorise la Jordanie à refroidir le front sud…

En faisant beaucoup de tapage et de bruit sur le Hezbollah et l’Iran, les Saoudiens veulent surtout faire oublier la répression qui s’abat sur des princes en vue des Saoud (des informations font état de l’enlèvement et de la séquestration du prince Abdel Aziz ben Fahd) et le renforcement des relations avec «Israël». Sur ce plan, le correspondant des médias publics «israéliens», Shimon Aran, a révélé qu’«un prince saoudien a récemment visité «Israël» en secret où il a rencontré de hauts responsables».

Spécialistes des paris perdus et des alliances stériles, les débris du 14-mars ont interprété les coups d’épée dans l’eau d’al-Sabhane et de Jubeir comme le signal d’une vaste campagne qui doit aboutir à de profonds bouleversements.

Leur attente risque non seulement d’être longue mais aussi décevante.

Source: french.alahednews

Comments

//