noscript

Please Wait...

Et s’il s’agissait d’une lutte d’influence interne aux Etats-Unis?

Et s’il s’agissait d’une lutte d’influence interne aux Etats-Unis?
folder_openAnalyses access_time depuis 13 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Soraya Hélou
Pour la troisième fois en quelques mois, le site Wikileaks fait la une de l’actualité internationale. Après ses révélations sur la guerre américaine en Irak, le voilà qui publie près de 200000 documents secrets américains relevant pour la plupart d’une correspondance entre le Département d’Etat américain et les différentes ambassades dans le monde. Officiellement, Wikileaks se procure les documents grâce à un piratage des sites secrets officiels américains. Mais de plus en plus d’analystes se posent des questions sur la crédibilité de cette théorie basée sur la capacité de particuliers fussent-ils des génies de s’introduire sur des sites aussi protégés que ceux du Département d’Etat américain.
Déjà, lors des révélations sur la guerre américaine en Irak, des rumeurs avaient circulé sur une éventuelle participation américaine à la communication des documents au site Wikileaks. Désormais, cette thèse fait son chemin. Certains analystes accusent même directement la CIA d’être derrière le transfert des documents pour des raisons liées au rapport de forces internes au sein de l’administration américaine. Selon ces analystes, ce n’est pas un hasard si les 200 000 documents publiés par le site relèvent tous du Département d’Etat. Il faudrait voir dans « cet acharnement sur le Département d’Etat » la main du Pentagone ou encore de la CIA, irrités par la diplomatie américaine qui ne tient pas vraiment compte des considérations propres aux militaires. Selon une thèse qui circule de plus en plus dans les instituts d’études stratégiques à Washington, le Pentagone souhaite avoir son mot à dire dans la politique étrangère américaine d’autant que depuis la guerre en Afghanistan et en Irak, près de
500 000 soldats américains se retrouvent sur le terrain dans des pays étrangers et constituent une cible privilégiée pour les attaques « des ennemis des Etats-Unis ». Les militaires américains interviennent ainsi de plus en plus dans la décision américaine en matière de politique étrangère, puisqu’ils considèrent qu’ils sont les premiers concernés. C’est ainsi les militaires qui ont mis à leur service le secrétaire d’Etat de l’époque Collin Powell chargé de convaincre les membres du Conseil de sécurité de l’existence d’armes de destruction massive en Irak et justifiant par conséquent l’attaque américaine contre ce pays. Ce sont aussi les militaires américains qui définissent la stratégie à adopter en Afghanistan et  en Iran ainsi qu’en Irak. C’est encore un militaire (le général Petraus en l’occurrence) qui avait sommé le pasteur Jones à renoncer à son projet de brûler le Coran « parce qu’il mettait en danger la vie des boys » (les soldats américains) déployés dans les pays musulmans. Selon le rapport d’un institut d’études stratégiques américain sur la dernière réunion de l’Otan il est ainsi dit que cette organisation est désormais un instrument entre les mains des Etats-Unis lesquels ont remplacé la diplomatie par la force. Désormais, affirme le rapport, le Pentagone et les militaires sont beaucoup plus influents au sein de l’Administration américaine que les politiques ou les diplomates. Et quand ceux-ci cherchent à imposer une ligne de conduite, ils sont vite rappelés à l’ordre par les militaires. La publication des documents diplomatiques par le site Wikileaks pourrait ainsi s’inscrire dans le cadre de pressions exercées par les militaires sur le Département d’Etat, jugé trop mou dans certains dossiers ou au contraire prêt à engager le pays dans de nouveaux affrontements alors que celui-ci (et les militaires parlent en connaissance de cause) n’en a pas les moyens.
Que cette thèse soit vérifiée ou pas, une chose est sûre, la diplomatie américaine n’est plus ce qu’elle était au temps de Kissinger, dans les années soixante dix. Désormais, ceux qui pèsent dans la politique américaine, ce sont les militaires. Ce sont eux qui ont poussé vers le retrait américain partiel d’Irak. Ce sont eux aussi qui poussent aussi vers un nouveau retrait des troupes américaines d’Afghanistan et c’est encore eux qui décideront ou non d’une attaque militaire contre l’Iran. Les premières révélations de Wikileaks sur le comportement des troupes américaines en Irak visaient ainsi à accélérer le retrait de ces troupes et aujourd’hui, elles viseront à semer le trouble entre les alliés des Américains et entre le Département d’Etat et ses interlocuteurs, surtout les chefs d’Etat arabes et européens, qui ne peuvent qu’être dérangés par la publication des conversations échangées avec les ambassadeurs américains ainsi que celle des évaluations américaines de leurs compétences. Il ne faut pas perdre de vue le fait que même si elles sont gênantes, les dernières révélations du site ne mettent pas en cause le Pentagone et n’évoquent  pas les sujets militaires. De quoi faire réfléchir


Comments

//