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La Syrie reprend progressivement le contrôle de ses frontières

La Syrie reprend progressivement le contrôle de ses frontières
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   Par Samer R. Zoughaib

La reconquête progressive par l’Armée arabe syrienne et ses alliés des frontières du pays est un signe que la Syrie est en passe de gagner la guerre contre les groupes takfiristes et leurs soutiens régionaux et internationaux.

La Syrie reprend progressivement le contrôle de ses frontières

L’un des plus importants attributs d’un Etat indépendant est l’existence de frontières sur lesquelles les autorités nationales exercent leur souveraineté sans partage. Les pays occidentaux et régionaux qui ont attisé la guerre contre la Syrie, ont bien compris que pour gagner la guerre, il était indispensable de prendre le contrôle des frontières afin d’introduire, librement, sans surveillance, et en grandes quantités, des armes et des combattants, venus d’une centaine de pays.  

Dès le début de la guerre, les groupes extrémistes, soutenus par des puissances régionales et internationales, se sont donc employés à prendre le contrôle des frontières pour priver le pouvoir central à Damas de l’un des principaux attributs de l’Etat et, plus important encore, pour faire venir armes et combattants.

Au Liban, qui partage avec la Syrie 375 kilomètres de frontière, l’ancien président de la République, Michel Sleiman, et l’ex-Premier ministre Najib Mikati, sont les principaux responsables, aux côtés du 14-Mars, du désordre indescriptible qui a régné dans la zone frontalière. On se souvient des propos tonitruants de Sleiman et de Mikati, qui déclaraient que «le Liban ne fermerait jamais sa frontière devant les réfugiés (…) et ne renverrait jamais en Syrie un opposant au régime». On se rappelle aussi très bien de la visite de députés et de personnalités du 14-Mars à Ersal, pour se solidariser avec la localité après les mises en garde du ministre de la Défense de l’époque, Fayez Ghosn, sur la présence d’«Al-Qaïda» dans cette bourgade. Le Liban a été l’un des premiers pays à fermer les yeux sur les transferts d’armes et de combattants vers la Syrie, ce qui a permis aux extrémistes de tous poils de contrôler plus de 200 kilomètres de frontières communes, allant de Wadi Khaled à Chebaa, en passant par l’Anti-Liban. La frontière est devenue une passoire, empruntée non seulement par des hommes armés, mais aussi par des dizaines de journalistes occidentaux, qui se rendaient illégalement en Syrie pour couvrir le conflit à partir des régions dominées par les extrémistes, alimentant ainsi la vaste campagne de propagande destinée à déstabiliser l’Etat syrien et ses institutions.

La Turquie aide les takfiristes

Le même scénario s’est produit en Turquie. Les autorités d’Ankara ont aidé militairement les groupes extrémistes à prendre le contrôle de tous les points de passage avec la Syrie. Dès 2013, le pouvoir central à Damas n’avait plus aucune présence sur les 822 kilomètres de frontière commune. Une partie a été contrôlée par les milices kurdes, une autre par «Daech», et une troisième par des groupuscules directement manipulés par les services de renseignements turcs. C’est à travers la frontière syro-turque que les extrémistes du monde entier allaient gonfler les rangs des takfiristes en Syrie et en Irak, et que «Daech» acheminait le pétrole qu’il vendait à des intermédiaires turcs pour 5 dollars le baril. Le «Front al-Nosra» était même arrivé sur le littoral méditerranéen, en 2015, prenant le contrôle de la localité de Kassab, à Lattaquié, avec l’aide directe de l’artillerie turque.

Même chose à la frontière syro-jordanienne (375 kilomètres), où l’Etat a perdu le contrôle de tous les passages, le dernier étant celui de Nassib, occupé par les extrémistes en 2015. Les opérations militaires étaient planifiées par le centre de commandement appelé MOK, qui regroupait, en Jordanie, des représentants des extrémistes, des agents de la CIA, et des officiers jordaniens et saoudiens.

«Ceinture de sécurité» dans le Golan

Toujours dans le sud syrien, «al-Nosra» et d’autres groupes extrémistes ont tenté d’établir une «ceinture de sécurité» le long du Golan, avec l’aide de l’armée «israélienne». Cette aide s’est traduite par un appui militaire direct, à travers des tries d’artillerie et des raids aériens menés contre des positions de l’Armée arabe syrienne, l’acheminement d’armes, de munitions et de vivres, et les soins apportés à plus de 2000 «rebelles» dans les hôpitaux «israéliens», selon les informations publiées par la presse sioniste.

La frontière orientale avec l’Irak, longue de 605 kilomètres, a été presqu’entièrement prise par les takfiristes de «Daech», qui l’ont abolie pour proclamer leur soi-disant «califat», à cheval entre les deux pays.

En 2014, l’Etat syrien ne contrôlait plus qu’une toute petite portion de sa frontière.

Tout a donc commencé au Liban, dès 2011, et c’est à partir du Liban que tout devait changer. Le tournant a été la bataille de Qoussair, en 2013, lorsque la Résistance a repris cette région adossée au Hermel, et à partir de laquelle les takfiristes menaçaient le nord de la Békaa. Il y a eu, ensuite, la bataille du Crack des Chevaliers (Qalaat el-Hosn), qui a permis de sécuriser la frontière au niveau de Wadi Khaled. Les batailles successives menées par la Résistance et l’armée syrienne dans le Qalamoun occidental, à Zabadani, Madaya et Wadi Barada, ont permis de chasser les terroristes d’une grande partie des zones frontalières. L’offensive en cours dans les jouroud de Ras-Baalbek, Qaa, Qara et Jarajir, permettra de sécuriser définitivement la frontière avec le Liban, à l’exception d’une petite zone au niveau de Mont Hermon (Jabal al-Cheikh).

L’armée syrienne a également entamé la reconquête de la frontière avec la Jordanie, reprenant près de 150 kilomètres au niveau de la province de Soueida. Elle est également arrivée à la frontière avec l’Irak, où elle élargit sa présence en direction de Bou Kamal, vers le Nord. La prise de Deir Ezzor, dans les semaines ou les mois à venir, permettra à l’Etat syrien d’étendre son contrôle sur 400 kilomètres de frontière avec l’Irak.

Dans le nord, la majeure partie de la frontière entre Lattaquié et la Turquie est contrôlée par l’Etat. Mais la situation reste complexe au niveau d’Idleb (contrôlée par les takfiristes), Efrin (sous contrôle kurde), et Jarablous, directement occupée par l’armée turque. La frontière Nord-est aussi est sous contrôle kurde.

Même si la reconquête par l’Etat de toutes ses frontières n’est pas encore achevée et pourrait prendre du temps, le processus est entamé. Et l’on peut dire que l’époque où armes et combattants affluaient des quatre côtés vers l’intérieur de la Syrie est désormais révolue.

Source: french.alahednews

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