noscript

Please Wait...

ramadan2024

Les déplacés syriens, dernière carte de l’Occident contre Damas et le Hezbollah

Les déplacés syriens, dernière carte de l’Occident contre Damas et le Hezbollah
folder_openAnalyses access_time depuis 6 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

   Par Soraya Hélou

Près de 7000 déplacés syriens ont quitté le Liban dans «les autobus de la défaite» qui ont mené les combattants d’«al-Nosra» du jurd de Ersal vers Idlib. En dépit des exigences de l’ONU et des pays occidentaux, le processus du retour des déplacés syriens dans leur pays est ainsi déclenché, même si les chiffres sont encore minimes comparés au nombre total de déplacés syriens au Liban (près de 1,5 million de personnes). Toutefois, selon des sources libanaises haut placées, ce processus est désormais irréversible et tout devrait être fait pour l’accélérer au cours des prochains mois. La question qui se pose toutefois est la suivante: pourquoi les pays occidentaux et l’ONU sont si hostiles au retour des déplacés syriens installés au Liban chez eux, alors qu’ils n’ont pas protesté lorsque la Turquie a renvoyé en Syrie près d’un demi-million de déplacés syriens?

Les déplacés syriens, dernière carte de l’Occident contre Damas et le Hezbollah

A ce sujet, il est bon de rappeler que lors de l’élection du président Michel Aoun à la tête de l’Etat, le 31 octobre 2016, la principale question posée aux politiciens par les diplomates occidentaux en poste au Liban était la suivante: Est-ce que le nouveau président compte mener un dialogue avec Damas pour entamer le processus de retour des déplacés syriens chez eux? Cette question tournait tellement à l’obsession que la représentante du secrétaire général des Nations Unies à Beyrouth Sigrid Kaag a déclaré à plusieurs reprises que le retour des déplacés syriens «doit être volontaire, sûr, et décent». Autrement dit, presque impossible...

D’autant que, selon des sources diplomatiques bien informées, au cours de la dernière réunion du groupe de soutien au Liban dans la crise des déplacés syriens à Bruxelles en avril dernier, les pays donateurs ont brandi la menace d’arrêter leurs aides au Liban si celui-ci renvoyait les déplacés chez eux sans tenir compte des conditions posées par la communauté internationale.

Pourtant, le Hezbollah a entamé il y a plus d’un mois un processus limité de retour dans certains villages du jurd et aujourd’hui, ce processus se poursuit dans le cadre de l’accord avec «al-Nosra».

Selon les sources diplomatiques précitées, les pays occidentaux et l’ONU ne pouvaient pas s’opposer à un tel retour parce qu’il est effectivement volontaire, les civils ayant eux-mêmes pris l’initiative de demander à ce que leurs noms soient inscrits sur la liste des partants. Mais ils n’en suivent pas moins avec une grande attention la suite des événements dans ce dossier.

Si l’on jette un coup d’œil sur les développements en Syrie, on constate que le projet occidental de renverser le régime syrien a totalement échoué. En six ans, les Occidentaux et leurs alliés régionaux ont tout essayé pour renverser le régime syrien, d’abord par les manifestations populaires, puis en  transformant la confrontation en conflit armé, d’abord à travers «l’Armée Libre de Syrie», puis à travers les groupes terroristes «al-Nosra» et «Daech», sans parler de toutes les autres organisations, dont on oublie désormais le nom, parce qu’elles n’ont pas fait long feu, s’empressant de fusionner ou de se combattre les unes les autres.

Même l’ancien ambassadeur des Etats-Unis à Damas Robert Ford, qui a joué un rôle crucial dans la formation des groupes de «l’opposition syrienne» au début du conflit dans ce pays a reconnu récemment, dans un entretien, que les Etats-Unis et leurs alliés n’ont plus «de levier» en Syrie. Les seules forces sur lesquelles ils peuvent encore compter sont les Kurdes. Mais toutes les autres formations ont provoqué des catastrophes dans le pays et les Etats-Unis ont dû arrêter le programme d’aides aux forces de «l’opposition», cédant ainsi à la demande russe.

Pour toutes ces raisons, les pays occidentaux et l’ONU pensent que la dernière carte utilisable qui leur reste est celle des déplacés syriens dans les pays voisins de la Syrie et en particulier au Liban. Si ces déplacés rentrent chez eux, non seulement le crédit ira à l’Etat syrien représenté par le président Bachar al-Assad mais de plus, ils feront perdre une carte de pression sur Damas et ses alliés, sachant que jusqu’à présent, c’est l’Occident, à travers les organisations de l’ONU qui finance la plus grande partie des dépenses des déplacés syriens hors de chez eux.

En termes plus clairs, le maintien des déplacés syriens au Liban a trois objectifs pour les Etats-Unis et leurs alliés: premièrement, il leur permet de tenir l’Etat libanais en menaçant de suspendre les aides ou de les réduire en cas de décision libanaise qui ne va pas dans le sens de leur politique. Deuxièmement, ils peuvent constituer potentiellement un vivier de forces hostiles au Hezbollah, et l’étincelle d’une nouvelle discorde entre sunnites et chiites, si un jour la décision de déstabiliser le Liban est de nouveau prise. Troisièmement, ce sont autant de voix dont sera privé Damas en cas d’organisation d’élections anticipées en Syrie. Pour ces trois raisons, les Etats-Unis et leurs alliés multiplient les avertissements pour empêcher le Liban d’entamer un dialogue avec Damas au sujet du retour progressif des déplacés. Mais avec le dernier accord conclu avec «al-Nosra», le processus est entamé et il ne devrait plus s’arrêter, n’en déplaise à tous ceux qui y sont opposés...

Source: french.alahednews

Comments

//