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L’establishment américain veut destituer Trump

L’establishment américain veut destituer Trump
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Par Samer R. Zoughaib

Le chaos politique qui règne à Washington n’est pas le résultat d’une mauvaise gestion administrative ou de l’amateurisme de l’équipe Trump mais le signe d’une véritable guerre entre le président américain et le «Deep state», véritable détenteur du pouvoir.

L’establishment américain veut destituer Trump

Les décisions prises par le Congrès américain, qui ont transcendé les clivages partisans entre Républicains et Démocrates, sont de nature à paralyser l’action du président Donald Trump, aussi bien dans les dossiers domestiques qu’internationaux.

La loi la plus grave adoptée par le Congrès est un texte de 70 pages instaurant des sanctions contre la Corée du Nord, l’Iran et la Russie. Ce texte impose unilatéralement à tous les autres Etats du monde de respecter ces interdictions commerciales. Ces sanctions s’appliquent donc tout autant à l’Union européenne et à la Chine qu’aux Etats officiellement ciblés.

Concrètement, cette loi punit toute entité commerciale qui oserait conclure des affaires avec ces trois pays. C’est le cas de la Russie qui est le plus troublant, car d’importants projets énergétiques sont en cours d’exécution ou sont envisagés entre ce pays et des Etats membres de l’Union européenne, notamment le doublement d’un gazoduc dans le nord du continent. Des sociétés européennes -Wintershall, E.ON Ruhrgas, N. V. Nederlandse Gas et Engie- risquent carrément d’être ruinées si l’Union européenne ne réagit pas pour les protéger. Elles perdent le droit de concourir à des appels d’offres américains, tous leurs avoirs aux Etats-Unis et sont interdites d’accès aux banques internationales.

Les mesures prises par le Congrès sont d’autant plus troublantes qu’elles interviennent alors que le président Trump et son homologue russe Vladimir Poutine ont eu un entretien de plus de deux heures en marge du sommet du G20 de Hambourg, un tête-à-tête qualifié de constructif par les deux dirigeants.

Empêcher tout rapprochement avec la Russie

L’objectif de ces sanctions prises par le Congrès est donc de contrecarrer la stratégie de Trump visant à améliorer les relations avec Moscou et d’initier une coopération entre les deux pays sur de nombreux dossiers internationaux, conformément aux promesses de campagne du président américain. Attaqué de toutes parts dans l’affaire dite de «l’ingérence russe dans la campagne présidentielle», le locataire de la Maison-Blanche a signé cette loi à contrecœur. S’il ne l’avait pas fait, il aurait nourri les soupçons pesant contre lui et aurait été accusé de ne pas respecter «l’unanimité nationale», exprimée par le soutien bipartisan à la loi des sanctions. Trump a donc promulguée cette loi un peu malgré lui, et n’a pas manqué d’accuser le Congrès d’être responsable de la dégradation des relations avec la Russie, ce qui pourrait avoir des conséquences «dangereuses».

Preuve supplémentaire que la loi sur les sanctions s’inscrit dans le cadre d’un bras de fer entre la Maison-Blanche et le pouvoir législatif, la décision prise par les élus, vendredi 4 août, d’empêcher le président de procéder à des nominations au sein de l’Exécutif pendant le congé du Congrès, tout le mois d’août. Cette disposition vise, surtout, à empêcher le remplacement du ministre de la Justice, Jeff Sessions, que Trump accuse à demi-mots de ne pas le protéger contre l’«enquête russe».

Ce qui se passe aujourd’hui aux Etats-Unis est une sorte de coup d’Etat fomenté par le «Deep State» (l’Etat profond) contre le président. Cela prouve que le vrai détenteur du pouvoir aux Etats-Unis n’est pas le président, élu au terme d’un processus démocratique, mais l’administration politique et militaire, chargée de la continuité de l’Etat au-delà des alternances politiques et des clivages partisans.

Alliance entre Républicains et Démocrates

Dans ce bras de fer, Républicains et Démocrates ont conclu une alliance contre le président, qui est censé être républicain. Mais la réalité est beaucoup plus compliquée. En effet, le secrétaire général de la Maison-Blanche, Reince Priebus, ancien président du Parti Républicain, a été limogé par Trump, qui le soupçonnait d’être responsable des fuites quotidiennes qui empoisonnent la vie politique dans le pays, notamment celles sur la prétendue collusion entre l’équipe Trump et le Kremlin. Cela signifie que les plus hautes sphères du Parti républicain sont impliquées dans les tentatives de déstabilisation du président, sans doute pour préparer le terrain à l’«Impeachment», la destitution, qui pourrait intervenir dans quelques mois. En limogeant Reince Priebus, Trump est donc entré en conflit avec l’establishment républicain.

Il l’a remplacé par John Kelly, ancien général des Marines et ministre de la Sécurité nationale, qui a été chargé de réorganiser et de «nettoyer» la Maison-Blanche. Mais dès la nomination de Kelly, une vague d'articles critiques envers le conseiller à la sécurité nationale, le général HR McMaster, est apparue dans la presse, qui l’a accusé d'être «anti-israélien», de collaborer avec des responsables de l'époque du président Barack Obama et d'être caractériel. Cette campagne vise clairement à entraver la tentative de reprise en main de l’administration présidentielle, truffée de fonctionnaires qui font plus allégeance au «Deep State» qu’au président Trump. Les critiques contre McMaster sont d’ailleurs apparues dès que celui-ci a commencé à travailler avec Kelly pour exclure du Conseil national de sécurité des membres appartenant à l'aile nationaliste.

Ces coups-bas vont au-delà de la simple lutte de pouvoir. Ce sont deux visions qui s’affrontent: celle de Trump, qui privilégie la coopération avec la Russie et le développement de l’économie américaine, et la doctrine de Paul Wolfowitz, basée sur la confrontation et la suzeraineté, comme l’écrit Thierry Meyssan dans Voltairenet.org. Wolfowitz, «s’était mis au service du président républicain Bush père pour lutter contre la Russie. Il devint secrétaire adjoint à la Défense, dix ans plus tard, sous Bush fils, puis président de la Banque mondiale. L’année dernière, il apporta son soutien à la démocrate Hillary Clinton. En 1992, il avait écrit que le plus dangereux compétiteur des Etats-Unis était l’Union européenne et que Washington devait la détruire politiquement, voire économiquement», poursuit Meyssan.

En recollant tous les morceaux du puzzle, on comprend mieux les enjeux de ce qui se passe actuellement à Washington: l’establishment veut contourner les résultats de l’élection américaine, qui ont porté au pouvoir un homme hors-système. Cela nous amène à nous poser de sérieuses questions sur les limites de la démocratie américaine.

 Source: French.alahednews

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