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Réfugiés: l’intérêt du Liban est de parler à Damas

Réfugiés: l’intérêt du Liban est de parler à Damas
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   Par Samer R. Zoughaib

Le refus du Premier ministre Saad Hariri et des ministres des Affaires sociales, Mouïn Merhebi, et de l’Education nationale, Marwan Hamadé –pour ne citer qu’eux- d’établir des contacts politiques officiels entre le Liban et la Syrie pour organiser le retour des déplacés syriens risque d’avoir de graves conséquences sur la sécurité et la stabilité du Liban.

Réfugiés: l’intérêt du Liban est de parler à Damas

L’attitude des débris du 14-Mars montre qu’ils sont soient complices d’un plan visant à instrumentaliser les réfugiés pour servir de sombres desseins, ou qu’ils ne sont pas affranchis des pressions exercées par des acteurs régionaux et internationaux, ce qui les empêche de faire passer l’intérêt supérieur du Liban avant toutes les autres considérations.

La position du chef du gouvernement et de certaines personnalités issues des rangs de l’ex-14-Mars est d’autant plus inadmissible que le Liban a, depuis longtemps, atteint le degré de saturation dans l’accueil des réfugiés et se rapproche du point de rupture. Avec 1,2 millions de déplacés inscrits sur les registres du Haut-commissariat des Nations unies (HCR), et plusieurs centaines de milliers non-inscrits, le tiers de la population est composé de réfugiés, soit la densité la plus élevée au monde.

Les conséquences négatives de cette présence, aussi bien pour les réfugiés qui vivent dans des conditions difficiles, que pour le Liban, ne sont plus à prouver:

-Fortes pressions sur l’économie du fait de la concurrence déloyale des travailleurs syriens, et de l’explosion des dépenses publiques dans les domaines de la santé, de l’énergie et de l’éducation.
-Endommagement de l’infrastructure, déjà insuffisamment développée, et qui est aujourd’hui contrainte de supporter la présence de deux millions de personnes supplémentaire.  
-Multiplication des frictions sociales, qui se traduit par une hausse sans précédent de la criminalité.
-Danger pour la sécurité nationale à cause de l’utilisation par les terroristes des campements syriens comme lieux de refuge et de recrutement, comme l’a récemment montré l’incident d’Ersal.

Les Occidentaux savent

Les diplomates occidentaux en poste à Beyrouth savent pertinemment que les organisations terroristes recrutent leurs combattants dans la centaine de camps dispersés sur les montagnes d’Ersal. Et pourtant, les grandes puissances ainsi que les Nations unies ne ratent pas une occasion pour dire qu’elles sont opposées à un retour des réfugiés dans leurs villes et villages en Syrie. L’argument avancé est que le retour ne peut pas être forcé, et que la sécurité des réfugiés ne peut pas être garantie après leur retour en Syrie. Marwan Hamadé a déclaré que le «Liban ne peut pas accepter que les réfugiés aillent dans une grande prison». Il est clair qu’un tel discours vise à dissuader les déplacés à rentrer chez eux. Pourtant, les Nations unies ont elles-mêmes annoncé que près d'un demi-million de Syriens sont rentrés chez eux depuis le début de l'année. Le HCR évoque des tendances notables de retours spontanés de réfugiés mais aussi de déplacés internes. Selon Andrej Mahecic, porte-parole du HCR, plus de 440000 déplacés internes sont ainsi rentrés chez eux. Outre ces personnes déplacées, environ 31000 autres Syriens qui s'étaient réfugiés dans les pays voisins sont rentrés volontairement en Syrie depuis le 1er janvier 2017. Ce chiffre porte désormais à quelque 260000 le nombre de réfugiés qui sont volontairement revenus en Syrie depuis 2015.

Les arguments sur les mauvais traitements infligés par les autorités aux réfugiés désireux de rentrer chez eux sont totalement faux, La stratégie dite de «réconciliation» est, en effet, la pierre angulaire de la politique sociale du gouvernement syrien, dans le but de priver les terroristes de tout soutien populaire. Même des «insurgés», qui ont porté des armes contre l’Etat et ses forces armées, voient leur situation régularisée du moment qu’ils ont déposé les armes. Qu’en serait-ce alors pour les civils, les femmes et les enfants?

Ne pas légitimer l’Etat

Le refus des puissances occidentales d’encourager le retour des réfugiés sert, en fait, deux objectifs:

-Garder les camps de réfugiés en réserve pour y recruter des hommes armés afin de combattre l’Etat syrien. Les Etats-Unis ont déjà expérimenté et mis en œuvre l’instrumentalisation des réfugiés lors des guerres d’Afghanistan et du Nicaragua, dans les années 80.
-Donner une image à l’opinion publique arabe et internationale que l’Etat syrien, «défaillant», est incapable de s’occuper de son peuple, ce qui lui ôte toute légitimité en tant qu’interlocuteur responsable.

Or cela est parfaitement faux, car l’Etat syrien continue d’assurer les besoins de base à la population, y compris aux 6 millions de déplacés internes, en dépit de la guerre mondiale contre la Syrie.

La classe politique libanaise doit comprendre que la question des réfugiés est vitale pour la survie du Liban et que ce dossier doit être soustrait aux tiraillements politiques internes, comme l’a dit, vendredi, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem.

Selon des informations sûres, plusieurs centaines de milliers de réfugiés syriens sont originaires des régions du Qalamnoun, de Homs et de Hama, où le niveau de sécurité est acceptable pour leur retour. Beyrouth doit absolument saisir cette occasion pour organiser leur retour en coopération avec les autorités de Damas… avant qu’il ne soit trop tard.

Source: french.alahednews

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