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La Justice Internationale entre les assassinats de Hariri et Arafat!

La Justice Internationale entre les assassinats de Hariri et Arafat!
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Fadwa Nassar

Au cours d’un meeting ayant rassemblé des milliers de personnes, à Umm al-Fahem en Palestine occupée, sous le thème « protéger les constantes palestiniennes » plusieurs responsables politiques palestiniens ont réclamé que la lumière soit faite sur l’assassinat du dirigeant palestinien, premier président de l’Autorité palestinienne et président de l’OLP, Yasser Arafat. Ils ont réclamé la mise en place d’un tribunal international pour découvrir et juger les assassins de ce grand dirigeant de la lutte palestinienne.
L’assassinat du dirigeant palestinien Yasser Arafat a été exécuté par empoisonnement. Il est décédé à Paris, au mois de novembre 2004, des suites du mal qui a ravagé son corps. Les experts médicaux affirment qu’il avait été empoisonné alors qu’il était assiégé à Ramallah, dans ce qui est appelé « al-Mouqataa ».
Qui l’a assassiné ? Et pourquoi ? Depuis 5 ans, les experts et les contre-experts se bousculent pour fournir des explications et des preuves. Politiquement, son assassinat sert l’Etat sioniste et tous ceux, Palestiniens, arabes et étrangers, qui avaient trouvé qu’il représentait une défense encore coriace contre l’effritement de ce qui est appelé les constantes palestiniennes, soit les revendications palestiniennes premières, la libération du territoire et l’instauration d’un Etat indépendant et souverain « sur toute parcelle de terre libérée ».
Que ce soient les sionistes, d’abord, puis les grandes puissances et notamment la France, où se trouve le dossier médical du premier président palestinien, et leurs complices arabes et palestiniens, et même au sein du Fateh et de l’Autorité palestinienne, tous ont voulu tourner la page, sans faire la lumière sur ce qui peut être considéré jusqu’à présent comme le plus grand assassinat politique des dernières décennies dans le monde.
Yasser Arafat fut une grande personnalité historique. Dès les années 60, il a dirigé un des plus grands mouvements de l’histoire de la résistance à l’occupation. Reçu par d’éminentes personnalités historiques dans le monde, par de nombreux chefs d’Etats arabes et internationaux, il s’était retrouvé, à l’ONU en 1974, pour narguer et défier toutes les puissances impériales. Populaire au sein de son peuple qui y voyait le symbole de sa lutte et de la libération, il est demeuré une figure représentative du combat palestinien, malgré les graves erreurs qu’il avait commises, la plus importante étant celle de la signature des accords d’Oslo. D’ailleurs, il l’avait compris et a essayé, autant que possible, d’y remédier au cours de l’Intifada al-Aqsa, en soutenant et en protégeant les combattants, sinon en leur donnant les ordres de combat et en les armant.
L’assassinat d’une telle personnalité aussi imposante dans le cours de l’histoire internationale n’a fait broncher ni l’ONU, ni le conseil de sécurité, ni « la communauté internationale », au contraire. Les représentants de « la légalité internationale » ont tout fait, en s’aidant bien évidemment des complices locaux et régionaux, pour étouffer une telle affaire.
Quelques mois plus tard, en février 2005, était assassiné le premier ministre libanais, Rafiq Hariri par l’explosion de sa voiture et du convoi qui l’accompagnait. Sans nous attarder cependant sur la différence entre les deux hommes politiques, tant au niveau de leurs orientations, de leur stature internationale ou de leur popularité, la manière dont la « légalité internationale » a agi envers les deux assassinats est tout à fait différente.
S’il est de plus en plus évident que l’Etat sioniste est responsable de l’assassinat de Hariri, surtout après les preuves apportées par sayyid Hassan Nasrullah, secrétaire général du Hezbollah, concernant la surveillance par le biais des drônes israéliens de l’ancien premier ministre et de son parcours quotidien dans les rues de Beyrouth ou aux alentours, mais aussi par la présence d’un grand nombre de collaborateurs qui ont exécuté des assassinats et qui auraient pu participer à celui-ci, l’appel à instaurer un tribunal international, sous l’égide de l’ONU, mais dominé par les Etats-Unis et les puissances occidentales, a entièrement dévié l’enquête pour perdre le fil de la vérité dans les dédales des intérêts impérialistes.
Avec l’aide d’agents locaux et régionaux, qui pérorent encore aujourd’hui sur sa nécessité, les puissances ayant confisqué la « communauté internationale » ont voulu instaurer le tribunal international concernant l’assassinat de Hariri pour détruire la résistance armée au Liban et tous ceux qui la soutiennent, Etats et peuples. En falsifiant des données, en inventant et s’appuyant sur des faux témoins, le tribunal international qu’ils ont instauré est devenue une arme « légale » contre le Hezbollah, après qu’il ait été une arme contre la Syrie. Au gré des volontés politiques des grandes puissances, le tribunal international modifie ses données et ses témoins. Il n’a jamais voulu prendre en compte, même pas une seconde, l’explication possible de la responsabilité sioniste dans l’assassinat de Hariri.
Il faut se poser la question de savoir pourquoi la « communauté internationale » n’a pas instauré un tribunal pour découvrir et juger les assassins du président Arafat. Bien que les assassins soient connus dans les deux cas, et qu’ils soient les mêmes (à moins de prouver le contraire), la cause de leur assassinat n’est pas la même : pour Arafat, son assassinat ouvrait la porte à l’abandon des « constantes » palestiniennes et permettait d’installer au pouvoir le concepteur des accords d’Oslo, un homme qui n’a aucune foi dans la résistance, bref, un homme qui a remis toutes les cartes palestiniennes entre les mains des Etats-Unis. Pour Hariri, son assassinat ouvrait grande la porte à une instabilité politique interne pouvant entraîner la destruction de la résistance ou du moins son éloignement du champ de bataille contre l’Etat sioniste.
Si pour l’assassinat de Arafat, la « communauté internationale » s’est tue, c’est parce qu’elle ne souhaite pas que la découverte de son assassinat dévoile toutes les implications locales, régionales et internationales d’un tel acte, dont l’ampleur pouvait déstabiliser plus d’une personnalité ou d’un pouvoir alliés. Mais puisque l’instabilité du Liban est recherchée pour déstabiliser la résistance et lui supprimer son environnement protecteur, le tribunal international fut conçu de manière à poursuivre cet effort de déstabilisation. Dans les deux cas, la vérité a été refusée car elle pourrait mener au principal fauteur de troubles dans la région, l’Etat sioniste. Dans le cas du Liban, et parce que la résistance du Hezbollah menace la suprématie de l’Etat sioniste, c’est l’instabilité politique qui est recherchée. Dans le cas de la Palestine, parce que les successeurs du président assassiné assument le rôle qui leur a été fixé par les puissances impériales, c’est la stabilité assurant la tranquillité de l’occupant qui est exigée.
Les Palestiniens qui réclament aujourd’hui l’instauration d’un tribunal international pour découvrir et juger les assassins du président Arafat sont en droit de le réclamer. Mais à moins de changer le rapport de forces sur le terrain, la « communauté internationale » fera la sourde oreille car, comme pour la question des faux témoins discutée au conseil des ministres libanais, il y a des dossiers tellement graves qu’ils font tomber des têtes et des pouvoirs, locaux et régionaux. Cette réclamation a au moins le mérite de montrer l’hypocrisie et la complicité de ce qui s’est auto-proclamé « communauté internationale ».


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