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La tactique du report, une carte de plus en plus inutile

La tactique du report, une carte de plus en plus inutile
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Soraya Hélou

Alors que l’opposition dans son ensemble a placé le dossier des faux témoins en tête des priorités, depuis plus d’un mois, le camp du 14 mars cherche à reporter son examen par tous les moyens. Le dernier en date des reports a eu lieu mercredi dernier sans même un prétexte valable, puisque la raison officielle était l’emploi du temps chargé du Premier ministre à Londres où il effectue une visite officielle, alors qu’il est quand même rentré le soir même pour assister le lendemain à la réunion de la conférence de dialogue. En somme, la tactique est devenue claire: on reporte sous divers prétextes en attendant la publication de l’acte d’accusation et on court-circuite les tentatives de l’opposition de paralyser le pays en passant outre ses revendications.  
Un petit rappel s’impose: Après la fameuse déclaration du Premier ministre au quotidien saoudien « Al Chark Awsat » dans laquelle il reconnaissait l’existence du dossier des faux témoins, la démarche normale aurait été de déférer cette affaire devant la justice libanaise. Mais jamais rien ne se passe comme prévu au Liban, surtout parce que les intentions déclarées ne sont pas conformes aux désirs cachés. Il a fallu un débat pour que le Conseil des ministres accepte d’examiner le dossier. Ensuite il a fallu un autre pour demander au ministre de la justice de préparer une étude juridique sur la question. Finalement et après de nombreux reports pour cause officielle de maladie, le rapport a été publié et au lieu d’accélérer le processus, une nouvelle polémique est née sur la question de savoir s’il faut le déférer devant les tribunaux ordinaires ou devant la Cour de justice. Chacun y a été de son opinion, alors que la question ne se pose même pas: l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri ayant été déféré en 2005 devant la Cour de justice, le dossier des faux témoins qui ont cherché à détourner l’enquête et à la pousser vers de fausses pistes avec des conséquences graves sur la situation interne du pays et sur les relations libano-syriennes, est considéré comme faisant partie du grand dossier de l’assassinat. Mais le 14 mars a voulu polémiquer sur la question, sur fond de report de la réunion du Conseil des ministres destinée à examiner ce dossier.
Comment dans ces conditions ne pas avoir le sentiment que les multiples reports s’inscrivent dans le cadre d’une tactique préméditée, visant à gagner du temps… jusqu’à la publication de l’acte d’accusation? Même le coup d’éclat du président de la Chambre Nabih Berry qui avait poussé ses ministres à se retirer de la réunion et à refuser d’en participer à une autre tant que le dossier ne sera pas examiné n’a pas modifié cette tactique. Le 14 mars s’est contenté de répondre à l’initiative de Berry par des promesses renouvelées et concrètement rien ne s’est passé.
Pourtant, de retour d’une visite officielle à Paris, Berry avait obtenu des autorités françaises la promesse de contacter les Syriens et les Saoudiens pour consolider le parapluie sécuritaire qui protège le Liban. Il était donc prêt à donner du temps pour que ces efforts franco-syro-saoudiens puissent se concrétiser et il en avait convaincu ses partenaires au sein de l’opposition. Toutefois, le dernier report de la séance du Conseil des ministres sans la moindre raison valable a montré que le 14 mars n’a aucune intention sérieuse de traiter le dossier. L’opposition a riposté en boycottant élégamment la réunion de la conférence du dialogue d’abord pour montrer l’importance qu’elle accorde au dossier des faux témoins et ensuite pour exprimer son désaccord avec la tactique du report. Le message s’adresse aussi bien au camp du 14 mars et au Premier ministre en particulier, mais aussi au chef de l’Etat qui bon gré mal gré est en train de participer à la tactique du report. L’opposition n’a certes pas voulu boycotter les initiatives du président, mais exprimer fortement son mécontentement et rappeler à ceux qui ne l’ont pas encore compris que la situation est grave et qu’elle ne laissera pas l’acte d’accusation annoncé du TSL, provoquer le chaos et semer la discorde entre les Libanais. Les petites tactiques ne marchent plus et le temps ne sera pas une arme utilisée contre l’opposition… 

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