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La France quitte progressivement le Liban, et probablement à jamais

La France quitte progressivement le Liban, et probablement à jamais
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Ibrahim al-Amine (al-Akhbar)

La France a envoyé un de ses hauts diplomates à Beyrouth pour questionner une personnalité très proche du Hezbollah à propos de la situation qui prévaudrait lorsque l’acte d’accusation sera émis, avant la fin de l’année. Le même diplomate s’est également informé sur les estimations des parties libanaises concernant la nature des événements qui pourraient avoir lieu, comme la situation sécuritaire, le gouvernement, les ententes internes qui furent instaurées suite aux événements de mai 2008 couronnées par l’accord de Doha. Le diplomate a cependant posé les questions de manière directe:
Est-ce qu’il s’attend à ce que le Hezbollah ferme devant l’Etat ses zones d’influence pour empêcher toute tentative d’arrêter, de détenir ou d’amener un prévenu que le procureur général international souhaite ? Est-ce que cela va être accompagné par la proclamation d’un mouvement qui annulerait le rôle de tous les appareils de l’Etat ? Est-ce que les forces internationales agissant dans le sud seraient-elles gênées sous la forme de heurts avec la population et la situation ira-t-elle probablement plus loin comme le fait de viser quelques-unes de leurs unités ? Qu’en est-il à propos du retour aux enlèvements qui viseraient des membres ou fonctionnaires d’Etats occidentaux participant au conseil de sécurité ou aux agressions que commettraient des parties inconnues?
Les diplomates d’autres Etats indiquent qu’il est difficile d’obtenir des réponses précises pour éloigner ces inquiétudes, mais les Français ont pensé qu’ils pouvaient obtenir quelques garanties ou assurances directes de la part du Hezbollah. C’est ce qui était visé lorsque l’ambassadeur français à Beyrouth, Denis Pietton, a demandé de rencontrer le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrullah, mais il a rencontré son adjoint, sheikh Na’im Qassem, qui a veillé en toute clarté à ne donner aucune assurance, bien qu’il n’ait pas indiqué qu’il y a une intention de commettre quoi que ce soit.
Il faut indiquer qu’au cours d’une rencontre en France, il y a peu de temps, des responsables français ont questionné une personnalité libanaise ayant des rapports étroits avec le Hezbollah à propos des mêmes sujets, et ont entendu des réponses qui ne permettent pas d’obtenir des garanties particulières. Sachant que la partie française a maintes fois essayé de dire qu’elle est concernée par le maintien de la stabilité au Liban et que la position de Paris envers le tribunal international est une position de principe qui se veut éloignée de toute tentative d’entraîner le Liban vers la guerre civile. Mais Paris répète à tous ceux qui lui posent la question que l’acte d’accusation du tribunal international exige la participation des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, ce qui n’est pas assuré actuellement. Mais à Beyrouth, certains ont une autre opinion sur la position française, d’autant plus qu’au cours des discussions qui ont eu lieu le mois passé, des responsables français ont dit qu’ils donneraient le signal à l’opinion publique libanaise et au tribunal international en arrêtant le projet de reconstituer le crime, qui fut cependant exécuté il y a quelques jours dans une des bases militaires françaises. Mais est-ce qu’il y a vraiment des raisons aux craintes françaises ?
Il est clair, d’après les concernés, que Paris n’a pas encore réussi à approcher la situation libanaise de manière différente de celle du précédent président Jacques Chirac. La cellule endurcie au ministère des affaires étrangères, ainsi qu’un groupe dans la direction de l’armée, continuent à adopter une position semblable à ce qu’elle était auparavant, et l’autre partie présente dans les appareils de sécurité et quelques conseillers du président Sarkozy ne possèdent pas assez de force pour renverser la scène, ce qui rend la discussion franco-syrienne assez positive au niveau des relations bilatérales mais complexe et peu positif en ce qui concerne le dossier du Liban.
Autre point concernant les calculs français au Liban: la France continue à être influencée par les calculs des autres Etats, comme les Etats-Unis, d’une part et l’Arabie saoudite et l’Egypte de l’autre, ce qui s’est reflété par la faiblesse pour entreprendre de bonnes relations avec toutes les parties au Liban. La décision de recevoir le président du parlement Nabih Berri a été prise après que les endurcis aient réalisé, avant les autres, qu’il n’y a aucun échappatoire à contacter l’ensemble, au Liban. Mais les responsables de cette décision pensent qu’ils peuvent trouver une marge particulière dans la relation avec le président du parlement, mais ils seront vite sous le choc lorsqu’ils l’écouteront lors des discussions qui auront lieu très prochainement. Mais la même cellule endurcie a énergiquement agi pour annuler le projet de visite prévue du général Michel Aoun à la capitale française, où il devait rencontrer le président Sarkozy, et il semble que ceux qui sont responsables de cette annulation pensent que de cette manière, ils font du chantage à Aoun lui-même et derrière lui, au Hezbollah et la Syrie. Le général Aoun a précisément une position stable et claire vis-à-vis de toutes ces questions, il n’oublie pas le rôle négatif de certains cercles français contre lui, non pas seulement aujourd’hui, mais depuis longtemps, et il ne peut oublier le rôle que certains ont voulu jouer en 2005 en l’empêchant de revenir au Liban suite à l’assassinat du premier ministre Hariri et le retrait de l’armée syrienne du Liban.
Il demeure finalement que Paris représente, en cet instant, la véritable image du vieux continent comme l’ont désigné les Américains il y a peu de temps. La France exprime clairement le recul des capacités européennes à assumer le rôle d’intermédiaire qui empêcherait les Etats-Unis d’être les seuls au Liban. Et c’est ce rôle qui agit négativement dans les autres dossiers concernant la région, notamment le dossier des négociations arabo-israéliennes. Ce qui signifie que la France ne peut attendre du Liban plus que ce qu’elle ne donne, d’autant plus que dans les prochains jours, la présence française reculera encore plus, et ressemblera plus à la présence d’un Etat d’Amérique Latine… Il semble que Sarkozy est fortement concerné pour réduire la taille de la France à sa propre taille!

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