Nigéria: l’armée bombarde un camp de déplacés par erreur, au moins 70 morts

Au moins 70 personnes, dont des civils et six humanitaires de la Croix-Rouge locale, ont été tuées lorsqu'un avion de l'armée de l'air nigériane a bombardé par erreur un camp de déplacés dans le nord-est du Nigeria. D'après Médecins sans Frontières, plus de 100 autres personnes sont blessés.

Selon un dernier bilan, 70 personnes ont été tuées et au moins 100 autres blessées dans des frappes aériennes menées par erreur par l’armée nigériane sur un camp de déplacés dans le nord-est du Nigeria, a annoncé mardi l’organisation Médecins sans Frontières qui annonçait auparavant 50 morts.

«MSF confirme qu’un bombardement de l’armée nigériane s’est produit dans un camp de déplacés internes à Rann, au Nigeria», peut-on lire dans un communiqué. «Les équipes de MSF ont vu 120 blessés et 50 morts à la suite de ce bombardement», précise l’organisation humanitaire.

«Cette attaque à grande échelle contre des personnes vulnérables qui ont déjà fui des violences extrêmes est choquante et inacceptable», a déclaré le Dr Jean-Clément Cabrol, directeur des opérations de MSF.

L’armée nigériane a reconnu son erreur mais sans donner de bilan. Le commandant des opérations de l’armée dans l’État de Borno a cependant indiqué que des travailleurs humanitaires du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de MSF faisaient partie des victimes. Le CICR a annoncé ce mardi soir que 6 de ses travailleurs avaient été tués.

Aucun bilan officiel n'était disponible mardi soir, mais un officier supérieur nigérian a confirmé qu'il y avait «énormément» de victimes.

La mauvaise cible

Un officier supérieur nigérian a confirmé sous couvert d'anonymat qu'il y avait «énormément» de victimes. «Il y a eu un malheur aujourd'hui à Rann, un avion de chasse a frappé la mauvaise cible», a-t-il précisé. Des employés locaux de MSF et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et deux soldats ont également été blessés, a-t-il ajouté.

«Nous avons reçu des informations faisant état de regroupements de terroristes de Boko Haram quelque part dans la région de Kala-Balge», a expliqué de son côté le major général Lucky Irabor, lors d’un point presse à Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno.

«Nous avons obtenu les coordonnées et j’ai ordonné à l’aviation d’intervenir pour résoudre le problème. La frappe a été menée, mais malheureusement il s’est avéré que des habitants ont été touchés», a-t-il ajouté.

Une «regrettable erreur opérationnelle»

Le major général n'était pas en mesure de fournir un bilan des victimes, précisant toutefois que des civils avaient été tués et des employés locaux de MSF et du CICR blessés. «Ce sont le résultat du brouillard de la guerre», a-t-il ajouté. «C'est malheureux, c'est la raison pour laquelle cette guerre doit prendre fin».

Le président nigérian Muhammadu Buhari a déclaré dans un communiqué qu'il avait appris avec « une profonde tristesse » ce bombardement qu'il qualifie de «regrettable erreur opérationnelle», tout en appelant les populations au calme.

MSF et le CICR prennent en charge les distributions alimentaires dans les camps de déplacés de Rann. Ces déplacés se sont réfugiés dans ces camps après avoir fui les violences perpétrées par le groupe terroriste Boko Haram.

L’insurrection de Boko Haram contre le gouvernement nigérian a fait au moins 20 000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés dans ce pays depuis 2009. Les autorités nigérianes affirment que le conflit est entré dans sa phase finale.

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