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Le vrai blocage et l’impossible solution

Le vrai blocage et l’impossible solution
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Soraya Hélou

C’est vrai que peu de Libanais croyaient que les réunions de trois jours des participants au dialogue national pouvaient aboutir à un miracle, mais le résultat a été encore moins significatif que prévu. En trois jours, les participants au dialogue ont discuté pendant à peine huit heures, deux heures le premier jour, trois heures le second et trois heures le troisième, selon le même scénario. Au début quelques minutes pour les salutations et les formules de politesse, autant pour une rapide revue de presse, chacun voulant commenter les échos parus dans les médias au sujet de cette initiative, puis une petite introduction du président de la Chambre, à la fois parrain et modérateur du dialogue, avant de passer aux discussions proprement dites, entrecoupées de sorties pour parler au téléphone discrètement ou de concertations bilatérales. Face à ce tableau, n’importe quel observateur indépendant aurait compris que huit heures sont un temps insuffisant pour régler les nombreux problèmes du Liban. A moins qu’elles ne soient trop longues, sachant qu’en réalité, le feu vert du déblocage est attendu de l’extérieur, pour le camp du 14 Mars en tout cas. Et dans ce cas, lorsqu’il arrivera, il aura l’effet d’un mot d’ordre qui ne prendra que quelques minutes pour être retenu et exécuté... Car comment expliquer autrement la volte-face de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora qui représente le bloc parlementaire du Futur à la conférence du dialogue entre mercredi et jeudi ? Mercredi Siniora a accepté la proportionnelle totale pour le Parlement, moyennant un vote sur base confessionnelle au sénat. Jeudi, il est revenu sur le sujet pour affirmer qu’il n’a jamais accepté le mode de scrutin proportionnel total pour les législatives. A quelque chose malheur est bon, le fait que le ministre des Télécommunications ait enregistré tous les débats à partir de son téléphone portable pourrait servir à vérifier si «ces fuites» sont vraies, à condition que là aussi il n’y ait pas de tentative de trucage.

Le vrai blocage et l’impossible solution

Mais de toute façon, la conclusion qui s’impose après ces réunions de dialogue, c’est qu’aucun progrès notable n’a été enregistré dans les deux dossiers les plus importants pour le déblocage politique : la présidentielle et la loi électorale. Les Libanais peuvent attendre, noyés dans leurs problèmes quotidiens, quoi vont des coupures électriques à l’eau polluée en passant par les routes congestionnées et par les denrées de plus en plus chères, sans parler de la nourriture avariée et de l’insécurité alimentaire et environnementale. Pour les participants au dialogue qui attendent encore un feu vert saoudien ou occidental, rien ne presse. Il fallait en effet être naïf pour croire qu’alors que les forces rebelles en Syrie appuyées par l’Arabie saoudite, le Qatar et même la Turquie, tentent de desserrer l’étau autour d’Alep, le Courant du Futur et ses alliés pouvaient débloquer la présidentielle au Liban. En dépit de toutes les analyses sur la possibilité pour le chef du Courant du Futur cheikh Saad Hariri de décider d’adopter la candidature du général Michel Aoun pour la présidence moyennant son retour au sérail, la réalité s’est avérée différente. Malgré toutes ses difficultés financières et au niveau de sa base populaire, Cheikh Saad reste dépendant des décisions saoudiennes. Même si certaines informations ont rapporté qu’il aurait évoqué avec les dirigeants saoudiens au cours de son dernier voyage en Arabie son souhait d’accepter la candidature de Aoun, il est clair qu’il n’a pas été entendu. Les Saoudiens ont montré qu’ils préfèrent maintenir la pression sur le Hezbollah et refuser de lui donner le moindre acquis au Liban. Certains veulent rendre le secrétaire général du Hezbollah responsable du refus saoudien en rappelant que dans son dernier discours, il avait violemment critiqué la politique saoudienne au Yémen et à Bahreïn. Mais le refus saoudien avait précédé ce discours. De l’avis des analystes, ce refus n’est pas lié à un discours de plus ou du moins, il s’inscrit dans la stratégie saoudienne de combattre ce qui est considéré comme «l’influence iranienne» partout dans la région. Pour les Saoudiens, le Liban est une scène de confrontation comme les autres, au Yémen, à Bahreïn, en Syrie et en Irak, mais ici, il ne s’agit pas d’armer des «rebelles» ou de mener des combats directs ou non, mais simplement de bloquer le système et les institutions dans l’espoir de monter la population et les autres parties politiques et confessionnelles contre le Hezbollah pour l’affaiblir, voire plus. Le président de la Chambre Nabih Berry a beau essayer de trouver des espaces de dialogue et de rencontre, le vrai blocage vient de là et il ne peut pas être réglé en huit heures de dialogue, aussi intense soit-il. En fait, le dialogue reste une nécessité, mais dans ce contexte, il ne peut pas aboutir à des solutions...

Source : French.alahednews

 

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