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Qu’en termes peu diplomatiques, ces choses-là sont dites!

Qu’en termes peu diplomatiques, ces choses-là sont dites!
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Par Soraya Hélou

De façon instinctive, les Libanais croient qu’une ambassadrice pourrait être plus sensible à leurs problèmes qu’un ambassadeur. Pourtant leur expérience avec les diplomates américaines n’est pas très encourageante. Il y a eu d’abord Michel Sison, puis Maura Connelli et à chaque fois, les ambassadrices suivaient la même politique, cherchant à augmenter les divisions des Libanais pour favoriser les politiques américaines et israéliennes. Elles commençaient toutefois par afficher leur ouverture en direction des Libanais et leur volonté d’aider ce pays. Cette fois, la nouvelle ambassadrice Elizabeth Richard, qui vient de prendre ses fonctions à Beyrouth n’a pas pris la peine de cacher ses intentions ou son programme. A peine arrivée au Liban et après une réunion protocolaire avec le ministre des Affaires étrangères Gebrane Bassil, l’ambassade a publié un communiqué au nom de Mme Richard pour affirmer que celle-ci souhaite démanteler le réseau financier du Hezbollah. Mme Richard ne s’est embarrassée de formules de courtoisie, se souciant visiblement peu du fait que cette déclaration pourrait être interprétée comme une ingérence directe dans les affaires internes du pays. Elle a depuis le début annoncé clairement ses couleurs et au moins, les choses ont le mérite d’être claires. Dans un langage bien peu diplomatique, que seuls les Etats-Unis peuvent se permettre, elle a annoncé son programme d’action au Liban, visant à affaiblir, sinon à détruire, le Hezbollah.

Qu’en termes peu diplomatiques, ces choses-là sont dites!

Qu’est-ce qui pousse l’ambassadrice des Etats-Unis à dévoiler aussi rapidement et aussi clairement ses objectifs ? Certes, l’arrogance des Etats-Unis est connue, surtout depuis que ce pays a pris le commandement du monde après la chute de l’empire soviétique. Mais il y a plus que cela. Les Américains croient qu’ils peuvent se permettre de faire ce genre de déclaration car les Libanais sont divisés sur la question du Hezbollah. En affirmant qu’elle cherche, au cours de sa mission au Liban, à détruire le réseau financier du Hezbollah Mme Richard ne choisit pas seulement son camp au Liban, mais elle pousse aussi les Libanais à le faire, disant indirectement que si les Libanais veulent être les amis des Etats-Unis, ils doivent s’aligner sur cette position.

Mme Richard a voulu ainsi rallumer la mèche du conflit qui avait opposé un moment le Hezbollah aux banques libanaises avant d’être réglé à l’amiable par des négociations calmes et réalistes, tenant avant tout compte de l’intérêt du Liban. Car, n’en déplaise à Mme Richard et à l’administration qu’elle représente, le Hezbollah et sa large base populaire ne sont pas un acteur secondaire sur la scène libanaise. Les ostraciser, les exclure et les pousser dans leurs derniers retranchements ne sont pas dans l’intérêt des Libanais et du Liban. Les banques libanaises, ainsi bien sûr que le gouverneur de la Banque centrale l’ont bien compris puisqu’après que certaines d’entre elles ont pris des mesures improvisées, ils sont revenus à la négociation et à l’idée du compromis, d’abord pour préserver leurs propres intérêts et ceux du Liban et des Libanais.

Combattre le Hezbollah aujourd’hui, c’est mettre en cause la stabilité interne du pays, à un moment où celui-ci a plus que jamais besoin de l’unité de tous ses fils, face à un ennemi barbare et fou, le terrorisme radical. Dans la même déclaration, Mme Richard précise d’ailleurs qu’elle souhaite œuvrer pour la stabilité du Liban et pour le renforcement de la coopération entre son pays et le Liban. La seule question qui se pose est la suivante : comment compte-t-elle s’y prendre alors qu’elle vise à diviser les Libanais et à mettre au ban du pays une de ses composantes les plus importantes, à savoir le Hezbollah et sa base populaire ?

Il est clair que la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis au Liban ne veut pas comprendre que le Hezbollah est un facteur de stabilité au Liban. D’abord, son intervention en Syrie, même si elle fait l’objet d’une controverse politique, a permis concrètement de fermer les frontières du Liban aux combattants des groupes terroristes, facilitant ainsi la mission de l’armée libanaise déployée à la frontière du côté libanais. Si les combattants du Hezbollah n’avaient pas participé aux côtés de l’armée syrienne à la libération de Qousseyr et de la plus grande partie du Qalamoun, des miliciens terroristes de «Daech» et du «front Al Nosra», l’armée libanaise aurait dû subir des centaines d’assaut de leur part vers le Liban. Elle aurait peut-être réussi à les repousser mais à quel prix pour elle et pour le pays, surtout après la suspension du don saoudien ? Ensuite, son rôle sur le plan interne est de faciliter l’entente, de chercher des solutions aux nombreux problèmes politiques, sans toutefois faire des compromis sur ses convictions et sur ses principes. Si ce n’était pas le cas, pourquoi le Courant du Futur, en dépit de ses positions politiques en flèche et de l’hostilité déclarée de l’Arabie saoudite, continue-t-il de dialoguer avec lui, s’il n’y trouvait pas son compte et celui du Liban ?

Dans ce cas, comment interpréter la déclaration de l’ambassadrice des Etats-Unis autrement que comme une volonté indirecte de déstabiliser le Liban et de semer la zizanie entre ses composantes ? Alors que certaines parties libanaises commençaient à être convaincues que les Etats-Unis seraient en train de se dissocier de la politique israélienne dans la région, et au Liban en particulier, la déclaration d’Elizabeth Richard a donné une preuve éclatante du contraire. L’administration américaine, quelle qu’elle soit, se désintéresse complètement des intérêts du Liban et ne songe qu’à ceux des israéliens qui voient dans le Hezbollah leur principal ennemi car il est le seul à les avoir vaincus. La guerre de 2006, voulue et planifiée par la secrétaire d’Etat américaine de l’époque Condoleeza Rice se poursuit donc sous une autre forme. Le plan reste le même, les objectifs aussi et c’est une fois de plus, une femme qui le porte. Elle connaîtra probablement le même sort que les autres. Sa mission au Liban se terminera et le Hezbollah restera, allant de victoire en victoire...

Source : French.alahednews

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