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Le référendum britannique et la réussite d’un chantage

Le référendum britannique et la réussite d’un chantage
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   Par Akil Cheikh Hussein

Si l’Union européenne possédait assez de puissance pour vivre plus longtemps, ses dirigeants ne se seraient pas inclinés devant les chantages de David Cameroun qui ne cessait pas de brandir la menace d’organiser un référendum sur la sortie ou non de son pays de cette Union. Il a pu obtenir pour le Royaume-Uni un statut spécial à l’intérieur de l’Union ainsi que de nombreuses concessions et privilèges octroyés à Londres par les autres membres de l’Union pour aider à convaincre les Britanniques de voter pour le maintien de leur pays à l’intérieur de la plus grande institution unificatrice européenne.

Le référendum britannique et la réussite d’un chantage

Si le Royaume-Uni sort de l’Union européenne suite au référendum qui aura lieu le 23 juin 2016, il réussira ainsi à la mise en échec de deux tentatives d’unifier l’Europe. La première est celle tentée, durant une vingtaine d’années et militairement, par l’empereur français Napoléon Bonaparte, avant d’être battu dans la célèbre bataille de Waterloo en 1815.
Il n’est alors pas probable de voir l’UE s’écrouler le lendemain du référendum. Pourtant, il est certain que le vote par les Britanniques pour le Brexit approchera  l’Union de sa fin  inéluctable. En effet, les crises que traine l’UE derrière elle ne lui donneront pas assez de force pour résister à l’effondrement suite à son abandon par la deuxième puissance économique européenne après l’Allemagne.

Une puissance gigantesque

Le mot «écroulement» parait quelque peu alarmiste. Pourtant, il reflète adéquatement la réalité. Les sondages d’opinion, par exemple, signalent que le soutien populaire à l’Union connait, depuis un an, une froideur sensible et de plus en plus intense dans la plupart des principaux pays de l’Union. Surtout que le Grexit (l’abandon de l’Union par la Grèce) est fortement envisageable en réaction à l’état d’appauvrissement qui frappe le pays depuis son intégration à l’Union et l’impuissance de cette dernière à transporter la Grèce dans le paradis de la prospérité capitaliste et néolibérale.
Surtout aussi si le Grexit se présente accompagné de phénomènes semblables qui, dans un avenir proche, pourront prendre des noms comme l’Espaxit, l’Italxit, le Franxit et d’autres termes inventés pour désigner l’effondrement que d’aucuns sentent hanter l’UE que certains pensaient qu’elle était sur le point d’élever l’Europe au rang de la puissance européenne gigantesque et irrésistible.
La possibilité de l’effondrement ne peut aucunement être exclue rien que parce que quelques pays de l’Europe de l’Est s’y cramponnent, comme le font la Pologne ou la partie fasciste de l’Ukraine. Un tel cramponnement se comprend à la lumière de la peur de voir s’évaporer les espoirs nourris -durant les années d’attente devant l’entrée de l’Union- d’une intégration qui leur assurerait, conformément à la croyance hâtive, la prospérité rêvée après des décennies de ce qu’on croyait des perspectives obstruées sous le régime communiste.
Ceux qui scrutent le chantier de l’intérêt porté au scrutin au Royaume Uni et en Europe ne peuvent que remarquer que cet intérêt est focalisé sur le dénombrement, pour chacune des partie concernées, des avantages et des inconvénients liés à la sortie ou au maintien de Londres dans l’Union.
Il est vrai que des résultats positifs ou négatifs affecteront les eaux parties, britannique d’une part, et européenne d’autre part, suite à la décision finale du Royaume-Uni. Mais les paris vont à ce propos dans tous les sens et le fait est peu utile de courir derrière les détails lorsqu’on veut saisir les répercussions stratégiques de l’événement.

Dégringolade politique

Ce qui est encore plus utile -puisque les partisans et les opposants sont plus ou moins égaux du point de vue nombre- est de s’interroger sur ce que signifie le recul de l’Union aux yeux de la majorité écrasante des Européens: 80 % des Européens refusent l’Union ou ne donne à l’Union qu’une place assez éloignée de leurs centres d’intérêts. Cela constitue, conformément au concept démocratique, une preuve éclatante d’un affaissement  politique de l’Union européenne dans la mesure où la démocratie devient, conformément au fait établi, le gouvernement de 20 % du peuple et non pas le gouvernement du peuple par le peuple. Même le 20 % restant n’est assuré que parce que les cercles hégémoniques ont recours à une propagande faite de toute sorte de manipulations et de machinations pour influencer les options et les décisions des électeurs.
Exemples: Les Etats-Unis ont rempli les caisses de leurs banques au Royaume-Uni d’argent destiné à organiser des campagnes de propagande pour le maintien du Royaume dans l’Union. Plus insidieuse encore est la propagande anti-Brexit à partir d’hypothèses selon lesquelles le président russe, Vladimir Poutine, serait très heureux si le Royaume-Uni en arrive à abandonner l’UE. Tout cela tout en sachant que Poutine ou toute autre partie russe n’ont pris aucune position vis-à-vis de cette question.
Des interrogations sérieuses se posent sur les véritables visées qui ont poussé Cameroun à organiser ce référendum. On sait que depuis la naissance du Marché européen commun -qui est l’ancêtre de l’UE- le Royaume-Uni pose un pied à l’intérieur et un pied à l’extérieur de l’Europe. Il ne participe non plus à plus d’un traité européen comme celui en rapport avec la monnaie unique, et il ne cesse de proférer des menaces de quitter l’Union ou des chantages pour ne pas la quitter.
En Effet, avant que son parti conservateur ne gagne les élections, ce qui lui a permis de devenir Premier ministre, Cameroun avait commencé à faire chanter les Européens en menaçant à partir de 2013 d’organiser un référendum  sur la sortie de l’Union si son pays n’obtient pas un «statut spécial» et un traitement préférentiel à l’intérieur de l’Union.
Après son arrivée au pouvoir, il a obtenu ce qu’il avait exigé et il est devenu un grand partisan de l’idée du maintien de son pays à l’intérieur de l’Union. Quant à l’Europe, elle doit le soutenir pour affaiblir les positions des sceptiques britanniques.   
Il cherche maintenant  à faire chanter les Britanniques eux-mêmes en les coinçant entre deux choix: «La sécurité économique en restant dans l’Union, ou le saut dans l’inconnu qui mène à davantage de chômage et d’inflation, en abandonnant l’Union».  
En d’autres termes, avec ou sans référendum, le Royaume-Uni restera dans l’Union car la décision est déjà prise, en toute démocratie, par Cameroun tout seul. Quant aux électeurs pressés devant les urnes, il ne s’agira que d’un rituel vide parmi les rituels de la démocratie.

Source: french.alahednews

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