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Une première manche remportée et la bataille continue

Une première manche remportée et la bataille continue
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Soraya Hélou
Les données révélées par sayed Hassan Nasrallah au cours de sa conférence de presse du 9 août occupent la scène médiatique. Depuis ce jour, les réactions à la fois internes, dans le monde arabe et en « Israël » se multiplient, tantôt pour critiquer les données du sayed et le plus souvent pour affirmer qu’elles sont sérieuses et méritent qu’on s’y attarde. Ce qui est sûr, c’est que cette conférence de presse a modifié la perception générale du travail du TSL, en pointant du doigt « Israël » et ses agents.
Avec sa logique implacable, ses présomptions et les indices qu’il a relevés, le secrétaire général du Hezbollah a réussi à ébranler l’opinion publique arabe et libanaise. Au point qu’un sondage réalisé après cette conférence montre que plus de 60% des Libanais sont désormais convaincus qu’Israël est derrière l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, alors qu’un peu plus d’1% continuent à estimer que le Hezbollah pourrait y être impliqué et 2% croient à une éventuelle implication de la Syrie.
Quant à l’opinion publique arabe, un sondage réalisé par le site al Jazeera.net a montré que 78% des citoyens arabes considèrent les preuves avancées par sayed Nasrallah suffisantes pour accuser l'entité sioniste de l'assassinat, alors que 21% les trouvent insuffisantes.
De plus, une grande majorité des Libanais est désormais convaincue que l’acte d’accusation annoncé du TSL est une source de discorde interne pour le Liban, alors qu’une partie non négligeable pense que l’action du TSL est politisée.
C’est dire que la conférence de presse a atteint son principal objectif qui est d’agir sur l’opinion publique et de créer un climat favorable à l’accusation portée contre « Israël ». Alors que pendant cinq ans, les doigts accusateurs se sont pointés vers la Syrie et ses alliés au Liban, notamment ce qu’on a appelé le fameux système sécuritaire libano-syrien, aujourd’hui, la piste israélienne fait son chemin dans les esprits. Certaines personnalités politiques libanaises ont eu beau chercher à minimiser la portée des accusations et des documents présentés par le sayed, en décidant qu’ils ne sont pas convaincants et en essayant de mettre en doute leur véracité, une grande partie des Libanais a préféré écouter attentivement sayed Nasrallah et réfléchir sur ses révélations. Les « irréductibles opposants » ont d’ailleurs été pris à leur propre jeu. Alors qu’ils cherchaient encore à dénigrer les éléments de preuves présentés par le secrétaire général du Hezbollah, la réaction du procureur du TSL, le juge Daniel Bellemare, est venue montrer la légèreté de leur prise de position et surtout leur incapacité à suivre l’évolution des événements. De même, en refusant d’évoquer même l’hypothèse d’une implication israélienne, ils ont montré leur courte vue, ainsi qu’une insistance suspecte à vouloir protéger l’ennemi tout en préférant accuser le Hezbollah. Un coup terrible leur a donc été porté lorsque M.Bellemare a réclamé qu’on lui remette les documents présentés par sayed Nasrallah, montrant ainsi qu’il les juge suffisamment crédibles pour faire l’objet d’un examen sérieux et approfondi. Les détracteurs du sayed se sont alors empressés d’affirmer que la réaction du procureur Bellemare a mis le Hezbollah au pied du mur. Car, comment pourrait-il remettre les documents à une instance dont il ne reconnaît ni la légitimité, ni la crédibilité ? Et s’il refuse de donner les documents qu’il a utilisés dans la conférence de presse au procureur du TSL, il sera aussitôt accusé de faire obstruction à la justice internationale et de ne pas être en possession de documents sérieux puisqu’il craint de les donner…Là aussi, c’était mal connaître sayed Nasrallah qui a aussitôt trouvé la parade en décidant de remettre les documents à la justice libanaise, laquelle peut en faire l’usage de son choix. La remise de ces documents ne signifie en aucun cas que le Hezbollah accorde plus de crédibilité au TSL. « Le Hezbollah remet ses documents à la justice libanaise, il n’est aucunement concerné par l'enquête internationale et sa position à son égard est bien connue » souligne un communiqué publié par les relations médiatiques du parti.
Donc, Il s’agit simplement d’un signe de bonne volonté à l’égard de la justice libanaise et de Saad Hariri en particulier, qui reste aux yeux du parti le principal concerné par l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, ne serait-ce que par les liens de sang qui les lie tous les deux. La priorité pour le Hezbollah est de préserver l’unité interne, notamment au sujet de cette cause nationale. Et il n’hésitera devant aucune initiative qui permettrait de réorienter l’enquête vers une piste plus sérieuse, celle de la culpabilité d’Israël. S’il n’avait pas mené cette campagne, les salons et les médias libanais grouilleraient encore de rumeurs sur les scénarios de l’accusation du Hezbollah et nul ne songerait à « Israël ». Sayed Nasrallah a donc réussi à renverser la donne et à obliger le procureur Bellemare à creuser, même pour la forme, la piste israélienne. Il a remporté cette manche. A quand les suivantes?

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