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A Paris et dans d’autres villes en France et ailleurs, «Nuit debout» compte changer le monde

A Paris et dans d’autres villes en France et ailleurs, «Nuit debout» compte changer le monde
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Par Akil Cheikh Hussein

Depuis le 31 mars et les manifestations contre la « loi travail », la France et d’autres pays européens assistent à un phénomène de protestation sous la forme de réunions se tenant nuit et jour dans des places publiques pour discuter et chercher la voie à suivre pour le changement.  

A Paris et dans d’autres villes en France et ailleurs, «Nuit debout» compte changer le monde

A quoi cela ressemble-t-il ? Le mouvement des indignés en Espagne, Syriza en Grèce, Occupy wall Street à New York, Geração à rasca  (génération à la traîne)  au Portugal, ou encore les riots de Londres et les émeutes des banlieues parisiennes, pour des événements  plus ou moins récents en Occident. Les printemps arabes, dans le voisinage direct de l’Europe. Ou pour s’enfoncer un plus loin dans l’histoire,  Woodstok aux Etats-Unis et les événements du mai 1968 en France et pourquoi pas beaucoup plus loin jusqu’en 1870 et la célèbre Commune de Paris.

Revendications légitimes et justes

Le mouvement «Nuit debout» à Paris, dans d’autres villes françaises et ailleurs en Europe ressemble à tout cela, mais surtout pas aux révolutions de fleurs, de fruits et de couleurs, ces dernières étant  beaucoup moins complexes quant à leurs instigateurs et leurs objectifs.

Certes, tous ces mouvements ont avec «Nuit debout» un objectif commun : Un autre projet de société, un monde différent. Revendications tout à fait légitimes et justes dans la mesure où la sauvagerie de l’économie libérale a considérablement réduit la possibilité, pour la grande majorité des gens, de vivre décemment, alors qu’une petite minorité de nantis souvent corrompus s’empare de l’essentiel des richesses mondiales.

De larges secteurs de la population dans les sociétés occidentales ont d’ores et déjà des perspectives économiques et sociales complètement obstruées. Les entreprises émigrent vers l’étranger, le chômage frappe en général jusqu’à 20 ou 25 pour cent de la main d’œuvre active, l’Etat de providence n’existe presque plus, l’austérité prive de plus en plus de personnes, retraités et autres,  de leur minimum nécessaire de revenus. De plus en plus de jeunes diplômés constatent que des années et des années passées aux études ne leur ont servi à rien. Tous les pays d’Occident succombent sous le poids de tout genre de crises dont la dernière est celle liée aux migrants… A tout cela s’ajoute une situation sécuritaire pour le moins inquiétante sous la menace d’un terrorisme préfabriqué par les pouvoirs pour s’en servir pour limiter les libertés des citoyens et les contraindre à supporter le mal de peur de se trouver face au pire.

La faillite

Bref, les mouvements mentionnés ci-haut, y compris « Nuit debout » ont avant tout le mérite de prouver la faillite non seulement des régimes en place, mais également du modèle civilisationnel imposé par le libéralisme sauvage qui sévit en Occident et partout dans le monde.    

C’est donc légitime et juste de protester  contre cet état des choses. Mais ce qui se passe à la place de la République à Paris, relève-t-il vraiment de la protestation ?

Celle-ci suppose la présence de pouvoirs politiques prêts à écouter leurs peuples et à honorer leurs revendications légitimes et justes. Mais ne répondant pas à cette exigence, les régimes en place devraient se heurter à des interventions populaires d’un autre genre et d’un niveau qui serait à la mesure d’un projet comme celui de la construction d’un monde meilleur.

En vérité, «Nuit débout » ne semble pas capable de se diriger vers la réalisation de cet objectif.

Ne nous arrêtons pas devant les plaintes des riverains de la place de la République qui montrent leur indignation face à certains agissements des activistes nuideboutistes comme le vacarme qui empêche les gens de dormir, les ordures mais aussi les vomis et les coins de rues transformés en urinoirs publiques.

Ou devant les accrochages quotidiens entre eux et les forces de l’ordre qui cherchent à les déloger à coup de bombes lacrymogènes auxquelles ils répondent, faute de pierre, par des jets de bouteilles et des éclats de verre.

Ou même devant le fait de chasser hors de la place, tout en le huant et l’insultant, un personnage comme  Alain Finkielkraut , pour ses sympathies israéliennes, alors qu’il était venu pour voir et écouter.

Des personnes qui se proposent de construire un monde nouveau et meilleur  ne devraient pas s’attaquer aux biens publics en cassant des vitrines ou en saccageant des banques et des boutiques. Ils ne devraient pas donner  à un ministre français de l’intérieur l’opportunité de les traiter de «dépourvus d’idéal» ou «animés par le seul instinct de la violence».

Un observateur qui sympathise avec la cause du changement vers le meilleur ne peut que regretter le fait que de quelques milliers de participants au début de la soirée, il ne reste le lendemain qu’une centaine de «Nuideboutiste » alors que les autres sont allés pour «dormir» au lieu de rester «debout».

Bien sûr, il existe des débats et des discussions qui ne manquent pas d’êtres constructifs et enrichissants. Mais les thèmes discutés ne mènent pas très loin. On reste prisonniers de concepts consommés et, pour le reste, pour boire et manger, on apporte à la place de la République des produits de consommation assurés par la société qu’on prétend vouloir changer.

Pourtant, tout n’est pas inutile. Un geste symbolique trace le véritable chemin vers le monde meilleur. Certains ont apporté à la place de la République de la terre et ont planté des légumes.

Conclusion : On n’a pas besoin de veiller toute la nuit sur la place de la République ou ailleurs et discuter  pour changer le monde. Il faut, pour vraiment changer le monde, déserter ces places et ses rues bétonnées et aller loin, là où il y a de la terre, et planter. Légumes, fruits, blé et orge. Et tout le reste. Il suffit de dormir tôt et de se réveiller tôt. 

Source : French.alahednews

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